Cinq rouges sous 20$

Vous avez 20$ à investir lors de votre prochain passage à la SAQ, mais vous ne savez pas quoi choisir parmi les 1000 produits qui sont disponibles à ce prix? Voici 5 coups de coeur qui méritent votre attention lors de votre prochain passage en succursale.

Les Griottes du Vissoux

On commence par un vin qui disparaîtra en moins de deux à la fois des tablettes et de votre verre: le Beaujolais Les Griottes 2011 du Domaine du Vissoux. On profitera des dernières journées chaudes de l’automne pour se replonger brièvement dans l’été avec toute la fraîcheur que ce vin amène. Des petits fruits rouges un peu sûrets, une belle acidité et le goût d’en boire une autre gorgée. Une belle réussite d’un de mes producteurs préférés dans le Beaujolais. Pour 16.25$, mais hâtez-vous, il n’en reste presque plus dans le réseau. Sinon, on surveille avidement un deuxième arrivage.

Du Fer Servadou…?

Si vous mentionnez le Fer Servadou ou l’appellation Marcillac, la majorité des gens vous regarderont avec un drôle d’air. Ils ne devraient pas, car cette appellation du Sud-Ouest est à découvrir et les trois vins qui sont disponibles à la SAQ sont tout à fait recommendables. Mon préféré est la cuvée Laïris, de Jean-Luc Matha, disponible un peu partout (et en ligne) pour la modique somme de 16.15$. Le Fer Servadou (ou Mansois), lorsque cultivé dans les côteaux de Marcillac, donne des vins plus légers que lorsque cultivé à Madiran, situé tout proche. Au nez, on retrouve des notes de poivre et de framboise alors qu’en bouche, on découvre une rusticité pas du tout déplaisante et une belle vivacité. Une belle découverte!

Un Bourgogne modeste

De la bonne Bourgogne, sous 20$? Vraiment?

Tout à fait. Alors que les grandes cuvées se vendent plusieurs centaines de dollars, le Domaine Champs Perdrix ne démérite pas. D’accord, ce n’est pas dans la même ligue que les grands crus de la région, mais il s’agit d’une belle introduction à la région. On prend ici avantage du millésime 2009, encensé par la critique qui donne des vins riches et généreux, même dans les appellations plus modestes comme ce Bourgogne générique. C’est vif et léger, avec un nez sur les cerises et une longueur surprenante. Il est déjà très agréable mais il pourrait aussi tenir quelques années en cave. Au moment d’écrire ces lignes, il en restait surtout dans la grande région de Montréal, mais il vaut bien la peine de faire un petit détour…

Expression de Chinon

La vallée de la Loire est le terroir de prédilection du cabernet franc, un cépage qui ne laisse personne indifférent. Certains lui reprochent sa verdeur alors que d’autres, au contraire, la recherchent. Le Chinon 2009 Expression d’Alain Lorieux est tout à fait dans cette veine. On y détecte des notes de poivron et de fraise, avec une trame fermement ancrée dans la terre. Les tanins sont bien présents et apportent une belle structure, sans toutefois prendre toute la place. Un vin qui ne goûte pas que le fruit, qu’on gagne à découvrir. Il est largement disponible dans toute la province, pour 17.70$.

La chaleur du Sud

Avec le Minervois 2011 Les Plots, du Château Coupe-Roses, on retrouve toute la chaleur et la générosité du sud de la France. On y retrouve, au nez, des fruits noirs et des épices amenés par la syrah majoritaire, une ampleur en bouche venant de la grenache et une structure qui n’est pas étrangère au cinsault qui complète l’assemblage. Un vin qui se laisse aimer sans peine, vendu 18.10$ et disponible partout. Il est aussi disponible en format de 500ml, pour ceux qui veulent en faire l’essai…

Quelques vins pour l’apéro

Avec l’arrivée des vacances, le beau temps qui se met de la partie et les soirées qui s’étirent à l’extérieur, on est souvent à la recherche de rafraîchissements pour la fin de l’après-midi, à partager entre amis. Comme on est tous parfois à court d’idées, ou pour faire des découvertes, voici quelques idées en vrac!

Des bulles!

En plus d’être délicieux et rafraîchissant, il y a un élément festif qui rend instantanément les humeurs meilleures. Et en plus, contrairement à la croyance de certains, pas nécessairement besoin de prendre une deuxième hypothèque pour ouvrir des bulles de temps à autre!

Par exemple, le superbe pétillant naturel You Are So Bubbly est disponible chez Insolite Importation pour un peu plus de 20$. Il vient en caisses de 6, parfait pour finir l’été!

Sinon, on peut aller chercher dans le nord de l’Italie, où on produit le Prosecco. Souvent, ce sont des bulles pas trop chères et pas trop compliquées. Sur le patio, l’accord avec des chips nature sera surprenant et particulièrement réussi. Une fin d’après-midi au soleil, avec le Prosecco Crede Bisol et des bons amis est un synonyme de bonheur.

Du blanc!

À l’apéro, j’aime servir un vin blanc qui a une bonne acidité mais qui ne donne pas avec excès dans les fruits exotiques, ce qui a tendance à me lasser après une coupe. Par exemple, le Menetou-Salon Morogues du Domaine Pellé ou le Soave Classico de Pieropan (offert aussi en demie-bouteille pour les apéros plus intimes…) font toujours des bons candidats.

Pour les soirs où on cherche à célébrer une bonne nouvelle et qu’on veut augmenter le niveau, on peut se tourner vers le Chablis La Vigne de la Reine du Château de Maligny. Récemment encensé par Jacques Benoît dans La Presse et par Marc-André Gagnon sur Vin Québec, la SAQ écoule présentement les dernières bouteilles du plus récent arrivage. Je n’ai pas goûté personnellement au millésime 2010, mais tout pointe vers une aussi belle réussite que le 2009 dégusté chez un ami l’année dernière!

Du rouge!

Si vous penchez plus vers le rouge, j’ai tendance à privilégier un Beaujolais de bon niveau, comme le Raisins Gaulois, le vin issu des jeunes vignes du mythique domaine Lapierre. Pour 17,65$, vous vous désolerez lorsque la bouteille sera vide, ce qui risque d’arriver pas mal plus rapidement que prévu. Pour un exemple un peu plus structuré, mais qui conserve une fraîcheur exemplaire, le Fleurie Poncié du Domaine Vissoux vient de revenir à la SAQ. Ces deux bouteilles feront un malheur avec un simple plateau de charcuteries, encore une fois, partagé avec des bons amis.

Un Fleurie qui disparaît trop rapidement

Parfois, lorsqu’on ouvre une bouteille pour accompagner le souper, je me dis que j’ai envie de voir comment il va évoluer sur quelques heures, jusqu’au lendemain. Sur deux jours, on a souvent une meilleure idée de ce que le vin a dans le corps: le nez prend de l’ampleur et se complexifie, la bouche, lorsque bien équilibrée reste droite et aucun élément ne prend le dessus sur les autres.

Parfois, malgré toutes nos bonnes intentions, on cligne des yeux et la bouteille est vide. C’est tout à fait ce qui s’est passé cette semaine après avoir ouvert une bouteille de Fleurie Les Garants 2009 de Pierre-Marie Chermette. Pour documenter, il faut même aller extirper la bouteille vide du bac de recyclage…

Les crus de Fleurie sont traditionnellement reconnus pour leur délicatesse et leur féminité. Moulin-à-Vent, tout juste à côté, offre typiquement des vins plus structurés et un peu plus imposants. Oui, il peut y avoir de la structure dans le Beaujolais. La parcelle des Garants, située tout près de cette dernière, offre le meilleur des deux appellations.

Du fruit rouge à revendre, comme dans plusieurs Beaujolais, mais ça ne s’arrête pas là. Des fleurs et une petite pointe d’épice viennent complexifier le nez. En bouche, l’ampleur de 2009, millésime historique dans la région, se fait sentir. Malgré toute la générosité du fruit, il y a toujours cette acidité rafraîchissante qui garde le tout en équilibre. Cette grande sapidité a fait disparaître la bouteille en moins de deux, nous laissant nous demander pourquoi j’en avais pas acheté plusieurs exemplaires

Certes, pour plusieurs, payer 26$ pour un Beaujolais frôle l’hérésie. Effectivement, ce n’est pas donné, mais à ce prix, on est parmi ce qui se produit de mieux dans cette région du monde. À Bordeaux ou ailleurs, pour 26$, on est proche du top des appellations…? Poser la question, c’est y répondre…

Avis aux intéressés: au moment d’écrire ces lignes, il n’en restait que 2 dans toute la province… Toutefois, le Fleurie Poncié 2010 est un peu plus disponible. Quant au Brouilly 2010 qui lui est abondant, il m’a un peu déçu, un peu trop bonbon à mon goût. Préférez-lui le simple Beaujolais Les Griottes et prenez le 6$ économisé pour acheter une belle charcuterie!

Bien connaître son palais… et ses amis!

Au bureau, on sait que la fin de semaine arrive bientôt quand, vers 15h, quelqu’un arrive dans mon bureau avec une question classique: Quel vin me suggères-tu pour la fin de semaine?

Mine de rien, c’est une question difficile, qui peut générer quelques déceptions si on ne connaît pas les goûts de celui à qui on demande conseil. Un Savagnin du Jura que j’adore ne sera pas nécessairement apprécié par certains collègues au palais plus attirés vers les vins du Nouveau Monde. C’est pourquoi je trouve dommage la mise en valeur d’un vin par son seul score, comme on retrouve présentement avec la promotion James Suckling à la SAQ.

En cette ère 2.0, les conseils des professionnels se mêlent avec ceux d’amateurs passionnés, d’amis et de personnes qui s’improvisent connaisseurs. Afin de mettre un peu d’ordre dans toutes ces recommandations, voici quelques sources qui m’ont fait découvrir de belles bouteilles.

Le Cave à Vins sur Fouduvin.ca

Si vous ne connaissez pas le forum Fouduvin.ca, vous manquez une belle partie du web vinicole québécois. Ce forum de discussion sur le vin compte près de 3500 membres tous aussi passionnés les uns que les autres. Comme avec toute communauté, des liens se forment au fil des interactions et des dégustations.

J’aime particulièrement les recommandations du Cave à Vins. Fan fini de nebbiolo, de Loire et de vins un peu étranges, il sait trouver des perles rares qui sortent tout en finesse des sentiers battus. Il fait vieillir du muscadet biodynamique pour nous le ressortir dans quelques années à l’aveugle et n’a pas peur de sortir un Beaujolais nature lorsque le besoin s’en fait sentir.

Le vin qu’il m’a fait découvrir: Toute la gamme de Mastroberardino. Il a apporté un Riserva Centotrenta 1999 à une dégustation à la maison et a découvert le Radici 1999 que j’avais apporté dans une dégustation à l’aveugle. Dans les deux cas, j’ai grandement été impressionné par la qualité de ce que cette maison peut produire.

Rémy Charest

Au Québec, lorsqu’on met dans la même phrase les mots vin, blog, québec, il est fort probable qu’on croise le chemin de Rémy. Les lecteurs reconnaîtront probablement son nom puisque j’ai commenté à quelques reprises des vins qu’il a importé au Québec. Amateur de vin naturels dans la mesure du possible, ou du moins fait dans le plus grand respect du produit et du terroir, on peut le lire sur À Chacun sa Bouteille et The Wine Case, ses blogs vin, mais aussi sur Palate Press et sur Twitter.

Si vous n’avez pas encore lu Natural wine: it’s complicated, naturally, je vous incite à le faire à l’instant. Publié au printemps 2010, cet article reste selon moi une superbe mise au point sur le monde du vin naturel.

Rémy Charest
Rémy Charest

Le vin qu’il m’a fait découvrir: J’ai l’embarras du choix ici… J’opterai toutefois pour La Petite Arvine de René Favre et fils. Un cépage typiquement suisse, salin, avec une acidité vivifiante et à des lieux des vins préformattés que l’on goûte trop souvent. Un vrai goût de terroir et de savoir-faire passé depuis plusieurs générations.

Eric Asimov

Il est chroniqueur vin au New York Times. Il est le neveu d’Isaac Asimov. Tout geek amateur de vin devrait déjà être interpellé. Toutefois, regardant de plus près, on remarque que M. Asimov aime les vins bien équilibrés, respectant le terroir et les gens qui les font. Il est difficile de mieux résumer sa pensée que dans sa présentation sur le site du Times:

From grape to glass, wine is a wonderfully expansive topic. It hurts me to see it reduced so often to tasting notes, those comically over-specific efforts to capture aromas and flavors in a phrase. If you want to know whether a wine smells more like guava or jackfruit, I’m afraid I’m not your guy. Frankly, wine is greater and more interesting than that.

Eric Asimov - Photo: Tom Wark's Fermentation
Eric Asimov - Photo: Tom Wark's Fermentation

Le vin qu’il m’a fait découvrir: Fleurie Poncié 2009 du Domaine de Vissoux. Dans une entrevue au magazine Cellier, il a déclaré qu’un beau Fleurie du Domaine de Vissoux, c’est de l’émotion pure. Intrigué, j’ai poussé plus loin et y ai découvert un Beaujolais à des lieues de l’idée que des gens s’en font habituellement. Un vin de soif profond et complexe,c ‘est le meilleur des deux mondes. Encore hier nous sommes tombés sous le charme.

Vous aimez le Brouilly de Duboeuf? Essayez ça pour voir!

Brouilly de Georges Duboeuf
Brouilly de Georges Duboeuf

Parmi la liste des vins les plus vendus au Québec, on retrouve, année après année, le Brouilly de Georges Duboeuf. Sa bouteille allongée fait partie des classiques pour célébrer une occasion spéciale avec quelqu’un qui affectionne les vins légers. En 2010, ce Brouilly représentait plus du tiers des ventes de tous les Beaujolais vendus par la SAQ.

Personnellement, je ne suis pas un grand fan de ce vin. Il est certainement bien fait, mais je trouve qu’il est un peu trop générique et qu’il manque de personnalité. Une bouteille ouverte récemment a confirmé mes impressions, même dans le millésime d’exception qu’est 2009 dans le Beaujolais: un nez sur les fraises avec quelques notes d’épices, un peu de minéralité et une longueur correcte, mais le tout reste relativement simple.

Pour les amateurs de Brouilly de Duboeuf curieux, voici d’autres Beaujolais qui méritent les 20$ qui auraient été dépensé sur l’emblématique quille.

Fleurie Poncié 2009, Domaine du Vissoux
Fleurie Poncié 2009, Domaine du Vissoux

Il faut tout d’abord goûter ce qui sort de chez Pierre-Marie Chermette, du Domaine de Vissoux. Sous la barre des 20$, le Beaujolais Les Griottes est tout à fait recommendable. Le profil est clairement Beaujolais, mais son caractère est bien plus affirmé que le Duboeuf. J’ai découvert ce producteur grâce à la formidable entrevue d’Eric Asimov dans la revue Cellier, que je vous invite à lire pour découvrir le personnage s’il vous est encore inconnu. On retrouve deux cuvées de Fleurie, dont il est question vers la fin de l’entrevue, en vente à la SAQ. Le Poncié mérite de dépasser la barre des 20$ tout légèrement et de passer son tour lors d’un escapade au Tim Hortons. Au moment d’écrire ces lignes, il en reste quelques unes dans le réseau, c’est un vin qu’il ne faut pas laisser passer.

Si vous magasinez à la SAQ Dépôt, vous avez probablement croisé sur votre chemin le Brouilly Sous les Balloquets de Louis Jadot. Un nez bien expressif de petits fruits rouges, des tanins souples et aimables, à boire à grandes lampées assez frais, sur la terrasse avec des charcuteries. Avec le rabais offert par la SAQ Dépôt, il revient à 17$, amplement suffisant pour aller au Tim Hortons le lendemain…

Finalement, le Beaujolais l’Ancien de Jean-Paul Brun, un des piliers de la renaissance du Beaujolais mérite notre attention. Faites de vieilles vignes, les parcelles servant à l’élaboration de l’Ancien sont situées un peu partout sur le territoire du Beaujolais, d’où l’appellation générique. L’attention portée au résultat final, avec une agriculture dans le respect de la nature et un traitement minimaliste dans le chai (peu de soufre ajouté), donne ici un vin de soif, qu’il sera agréable de boire légèrement rafraîchi, sur une terrasse avec des charcuteries et des bons amis.

Au final, ce qu’il faut retenir de cet article est qu’il ne faut pas hésiter à être curieux et sortir des sentiers battus. Je suis certain qu’on pourrait écrire un article similaire pour le Ménage à Trois, la coqueluche des Québécois en 2011.