L’été dernier, lors de notre voyage en Italie, nous avons eu la chance d’avoir été reçus chez Andrea Sottimano, à Neive. En préparation à notre visite, j’ai été intrigué par un phrase dans l’article de la revue Cellier consacrée à ce producteur. Sa mère, qui s’occupe des finances de l’entreprise (tout est très familial dans le Piedmont), ne comprenait pas pourquoi son père et lui s’entêtaient à conserver un hectare de brachetto, qui ne produit et ne rapporte presque rien.
Issu d’une production presque confidentielle, à peine 3800 bouteilles et très peu distribué, le Maté 2008 est fait à partir de ces vieilles vignes de brachetto situées près de Treiso. Normalement, le brachetto est vinifié afin de donner un vin frizzante, donc légèrement effervescent, un peu à la manière du Lambrusco produit en Émilie-Romagne. Dans ce cas-ci, le brachetto est plutôt vinifié afin de donner un vin tranquille, ce qui fait du Maté de Sottimano un vin plutôt unique.
Servi à l’aveugle, il a su confondre un palais bien expériementé. À l’oeil, sa pâle coloration pourrait le faire passer incognito dans une vague de pinots. Toutefois, le nez vient contredire cette première impression. On y retrouve un vin très expressif, floral et épicé, le fruit restant bien en retrait. Tout à fait atypique, il fait alors penser à un croisement entre de la syrah et du gamay. La bouche suit, avec l’acidité typique aux vins italiens et toujours dominée par les épices. Il est très digeste, avec un faible pourcentage d’alcool (12,5%), des tannins soyeux et une finale légèrement salée. Délicieux et un peu déroutant.
Somme toutes, il s’agit d’un vin que l’on aime servir à l’aveugle afin de surprendre ses invités ou d’étendre ses propres expériences de dégustation. On n’a pas souvent l’occasion de rencontrer l’expression d’un terroir aussi particulier et c’est une expérience qu’on ne devrait pas manquer.
Grazie mille Andrea. È la prima dei miei tre bottiglie della cantina, sono impaziente d’aprire le altre due!
Pendant la pause entre Noël et le Jour de l’An, on peut prendre un peu de temps pour réfléchir sur ce qui s’est passé dans la dernière année, entre autres sur les vins dégustés et les belles expériences vinicoles vécues au cours de la dernière année. Dans un élan de nostalgie, voici en vrac le meilleur de l’année 2009, en espérant que 2010 soit aussi généreuse!
Cet été, j’ai eu la chance de faire un voyage de 3 semaines à Barcelone et au Piedmont. Toutefois, si je n’avais à retenir qu’un moment, il s’agirait définitivement de la visite chez Sottimano. Nous avons été très bien reçus, les vins dégustés étaient de très haut niveau et nous avons eu la chance de discuter avec un véritable passionné. Cette rencontre incite fortement vers une meilleure exploration des vins du Piedmont au cours de 2010…!
En mars dernier eu lieu le tout premier Salon des Vins de Québec, avec comme conférencière vedette Sandrine Garbay, maitre de chai au Château d’Yquem. Cette rencontre en soi était déjà tout à fait intéressante, mais le bonus fut la dégustation du Yquem 2003, compliments du Château. Ma première rencontre avec ce vin mythique fut ne fut donc pas dans les meilleures circonstances au strict point de vue de la dégustation, mais ce qu’on a eu dans notre verre s’est chargé à lui seul de rendre ce moment magique.
Aussi dans le cadre du Salon des Vins, j’ai eu la chance d’obtenir une invitation au souper vigneron à l’Aviatic Club en compagnie de Mission Hill, gracieuseté de Rémy Charest (d’À Chacun sa bouteille, de Winecase.ca, Foodcase.ca et Twitter…!). Bien que je n’aie pas été impressionné outre mesure par les vins de Mission Hill, cette soirée est mémorable par les belles rencontres que j’y ai fait et par la qualité du souper qui nous a été présenté. De plus, ça faisait près d’un an que j’échangeais avec Rémy sans se croiser, malgré le fait qu’on habite dans la même ville.
Je m’en voudrais aussi de passer sous silence les dégustations auxquelles j’ai pris part à la SAQ Jean-Lesage, à Québec. Bien que j’aie participé à moins de ces événements qu’en 2008, la dégustation de Barolos 2004 et, surtout, celle des Pinots de l’Oregon furent mémorables. Merci à Jean-Pierre Lortie pour ces belles initiatives et, bien que ce chapitre soit terminé, j’ai bien hâte de voir la suite de ses projets…!
J’ai commencé à écrire ce billet en voulant revenir sur les vins qui m’ont marqué au cours de la dernière année. Finalement, je vois bien que ce qui prime sur les vins qu’on déguste ce sont souvent les rencontres que ceux-ci amènent. En 2010, je souhaite faire d’aussi belles rencontres. Faisons-en donc la résolution pour l’année!
À notre arrivée au vignoble Sottimano, j’étais nerveux. Il s’agissait de notre première visite chez un producteur du Barbaresco de notre voyage, et on commençait par la visite que j’anticipais le plus. Dans les courriels que nous avions échangés, grâce au contact fait par André Papineau de chez Vinealis, Andrea Sottimano m’avait paru tout à fait sympathique. Pourtant… j’étais nerveux dans l’auto…!
Pour cause… Voici ce qu’en disait le guide Gambero Rosso, dans leur édition de 2007 à propos de la maison Sottimano.
“A visit to the Sottimano estate on the border of the municipalities of Neive and Barbaresco, and a chat with young Andrea and his father, Rino, reveal the clear-headedness, care, research and enthusiasm that they bring to their work in the vineyard and cellar. They have 14 hectares planted to vine that they run with the help of the rest of the family. But proof of the Sottimano pudding is in our tatstings… The wines presented were excellent and revealed a technical expertise based on skilful use of small barrels and examplary stylistic precision and cleanliness.”
Heureusement cette nervosité a vite disparu en pénétrant dans le vignoble familial, où nous avons été accueillis par la soeur d’Andrea, preuve que le vignoble est une entreprise bien familiale. Les vendanges, s’étirant sur une vingtaine de jours, sont ainsi complétées avec moins d’une dizaine de personnes, plus de la moitié étant des membres de la famille!
Nous avons ensuite été entraînés dans la cave et dans les chais par Andrea, le vigneron et meneur de cette entreprise familiale, sous la maison sise à Cotta’. “Mon père a acheté la maison pour la cave uniquement. Des voûtes comme ça, ça n’a pas de prix!” nous confie-t-il dans un joyeux mélange de français et d’italien. Les voûtes sont en effet idéales pour le vieillissement du vin, avec une température stable, mais surtout une humidité très importante.
Sous les voûtes sont alignés les barriques contenant les vendanges précédentes, qui vieillissent tranquillement. Les barriques sont fabriquées par la maison bourguignonne François Frères, qui approvisionne aussi les grands domaines de la Bourgogne. Seulement 25% de barriques neuves sont utilisées dans l’élevage (et elles sont réutilisées jusqu’à 4 passages), mais elles demeurent un aspect important du travail aux chais. En étroite collaboration avec les tonelliers, les vins sont goûtés et les compositions des barriques sont ajustées, car il n’existe pas une recette unique. “C’est comme un vêtement, il ne va pas de la même manière à tous”.
Tous les Barbarescos de la maison sont donc vinifiés de manière identique. La fermentation et la macération se fait pendant environ 18 jours, sans levures sélectionnées, après quoi le vin est vieilli en barriques pendant 18 à 20 mois. Aucun filtrage ni collage n’est effectué avant la mise en bouteilles.
La même philosophie prévaut dans les champs. Bien qu’ils ne soient pas certifiés bios, aucun pesticide ou engrais artificiel n’est utilisé et les maladies de la vigne sont traitées avec des produits “eco-friendly”. L’intervention de l’homme se veut minimale dans le but de garder le plus possible l’expression du terroir dans le vin.
En ce sens, le Piedmont et la Bourgogne se ressemblent beaucoup. Les deux régions travaillent en monocépage, avec un cépage ne donnant que très peu de coloration au vin (le nebbiolo en Italie et le pinot noir en France). Comme on a pu le constater dans notre dégustation, les deux régions misent aussi sur la finesse et l’élégance plutôt que la puissance. On a aussi pu constater les différences entre les terroirs, une autre chose chère à la fois aux Bourguignons et au Piedmontais.
La visite s’est ensuite poursuivie dans la salle de dégustation. Des 6 vins qui nous attendaient, les deux premiers sont disponibles à la SAQ. Les autres sont peuvent être commandés en importation privée via Le Maître de Chai, l’agence d’importation de Sottimano au Québec.
Le Dolcetto Bric del Salto 2008 m’est apparu tout sur le fruit, comme il se doit pour un bon dolcetto. C’est le seul des vins de la maison qui ne voit pas le bois au cours de son élevage, afin de préserver ce fruit au maximum. En bouche comme au nez, c’est frais et vivifiant et très bien fait. Le millésime 2007 s’est mérité un 90 du Wine Advocate et puisque j’ai goûté les deux lors du voyage, je peux affirmer que j’ai préféré la version 2008, à cause du fruit qui est encore plus présent. [rating:3.5/5]
Ensuite, le Barbera d’Alba Pairolero 2007. Élégant avec une belle minéralité, le vin présente le nez exhubérant qu’on retrouve dans des barberas bien faits. C’est un vin avec une belle structure tannique et une concentration de fruits mûrs importante. Le millésime 2006 s’était lui aussi mérité une note de 90 de la part du Wine Advocate. Un superbe barbera qui sera à son meilleur avec un beau plat de viande. [rating:3.5/5]
La dégustation se poursuit ensuite avec les barbarescos de la maison et avec les explications d’Andrea Sottimano, qui parle avec passion de ses terroirs en les pointant sur la carte. Puisque tous ces vins sont vinifiés de la même manière, on a donc dans notre verre uniquement la différence entre les différents vignobles de la maison.
Tout d’abord, on commence avec le Barbaresco Fausoni 2006, qui avait été ouvert l’avant-veille. Situé près du village de Neive, ce terroir présente une élégance et un bouquet typique du nord du Barbaresco. Les tannins sont fins et on a une belle longueur en bouche. [rating: 4/5]
Ensuite, on passe au Barbaresco Pajoré 2006, lui aussi ouvert l’avant-veille. En contraste avec le Fausoni, le Pajoré, situé plus au sud dans la commune de Treiso, est plus sérieux, plus droit et plus austère. En bouche, c’est soyeux et élégant et très bien fait. Il a beaucoup de potentiel et nécessitera un peu de temps pour livrer son plein potentiel. [rating:3.5/5]
On passe ensuite au Barbaresco Cotta’ 2006, vignoble situé dans le sud de la commune de Neive, attenant à la cantina. Beau mélange des terroirs de Fausoni et de Pajoré. On y retrouve les notes florales et la texture soyeuse du Fausoni et l’élégance et la finesse du Pajoré. Le millésime 2205 de vin s’est mérité la note maximale de “Tre Bicchieri” de la part de la bible des vins italiens, le Gambero Rosso. Pour ma part, il s’agit de mon préféré de la série des Barbarescos qui nous ont été servis et qui se mérite amplement les [rating:4.5/5] qu’on lui donne ici.
On termine avec le millésime 2001 du Fausoni, ouvert l’avant-veille. Bien qu’il ait perdu un peu de son ampleur au nez, la bouche est toujours aussi soyeuse et élégante. Compte tenu que ce vin de près de 8 ans est ouvert depuis deux jours et qu’il offre toujours aussi de plaisir montre sans aucun doute que les vins peuvent tenir la route encore un certain temps. [rating:4/5]
Ces moments passés en compagnie d’Andrea Sottimano resteront parmi les souvenirs les plus durables de notre voyage en Italie que j’espère me remémorer lors de l’ouverture des bouteilles que j’ai ramené à la maison.