Importation privée – Mode d’emploi

Au Québec, les vins sont vendus par l’entremise d’une société d’état, la Société des Alcools du Québec (SAQ). Grâce à ce pouvoir d’achat, la variété des produits offert est bien intéressante, avec plus de 10 000 produits présentements listés au répertoire. Malgré ce que certains peuvent en dire, je trouve que nous sommes plutôt bien servis par notre monopole.

Toutefois si, de retour de vacances, vous souhaitez acquérir ce petit rosé désaltérant dégusté sur le bord de la piscine ou le vin de ce petit producteur que vous avez découvert au détour d’une courbe dans l’arrière-pays, il est fort probable que ce vin ne soit pas disponible à la SAQ. Pour mettre la main sur ces produits, on doit se tourner vers l’importation privée.

Il est fort probable que vous avez déjà goûté des vins issus de l’importation privée, puisque ce mode d’achat est bien populaire auprès des restaurateurs. Certains utilisent ce créneau pour donner une signature distinctive à leur carte des vins ou pour agrandir leur portfolio. Les moins scrupuleux utiliseront le fait que le client ne connaît pas nécessairement le prix de détail pour se donner une marge un peu supérieure à l’habitude…

Le processus pour mettre la main sur ces vins est plutôt simple:

  1. On fait du magasinage et on choisit le vin qui nous intéresse. C’est souvent la partie la plus difficile, mais elle est habituellement tout à fait agréable. On fréquente des activités vinicoles (Salons des Vins, dégustations, etc.), on porte attention au restaurant, etc. On peut trouver un répertoire assez complet des agences d’importation de vin sur le site de Samy Rabbat, ou avec les membres du Raspipav, une association d’agences d’importation.
  2. Lorsqu’on a choisi le vin qui nous intéresse, on contacte l’agence qui représente le producteur. Le vin est ensuite livré dans une SAQ près de chez vous (habituellement dans les 7-10 jours suivant la commande), où vous effectuez le paiement. Certaines agences exigent le paiement des frais d’importation directement à eux, dans une facture séparée.
  3. Les vins sont habituellement disponibles en caisse de 12 bouteilles, ou parfois en carton de 6. Un truc afin de pouvoir s’offrir un peu de variété est de monter un groupe d’amis et de partager le tout. Les produits que je propose au bureau ont habituellement un bon succès…!

De plus, les produits sont aussi couverts par la garantie contre les bouteilles défectueuses de la SAQ, puisqu’elles sont vendues par celles-ci. Il faut parfois faire savoir au personnel que cette protection existe, mais c’est bel et bien le cas.

Le tout est bien résumé dans le sympathique vidéo de Rézin.

On peut y faire de belles découvertes, comme certaines que j’ai fait aujourd’hui dans le cadre du salon de la Raspipav… Vous en entendrez parler bientôt sur ce site…!

Tendances 2010 à la SAQ – Les Gagnants

À l’occasion de sa réunion interne Blitz d’information, une conférence pour les agents promotionneles et les délégations commerciales, la SAQ nous offre un regard son administration et, particulièrement sur la gestion des produits qu’elle vend. Bien qu’on n’aie pas les données brutes, les présentations du résumé des résultat des performances des catégories de produits (performances de 2006-2007, 2007-2008 et 2008-2009) sont toujours disponibles sur le web. Plus sommaires au départ, on peut maintenant commencer à tirer plus d’informations et même tirer des conclusions sur les résultats des actions marketing apportées par la SAQ.

Les ventes totales de la SAQ durant la période 2009-2010 ont été de 2.7 millidards $, en progression de 5,1% par rapport à la même période l’année dernière. Les 1301 produits dits courants totalisent 81% des ventes alors que les 8500 produits de spécialité composent le 20% restant, une catégorie en croissance de 6,8%.

Concentrons-nous ici sur les catégories que l’on pourrait qualifier de gagnantes au courant de l’année 2009-2010, alors qu’on se penchera sur celles en dificulté et sur les sous-estimés plus tard.

Photo by 96dpi, Flickr
Photo by 96dpi, Flickr

Les Gagnants

La catégorie de produits la plus importante en valeur est composée des vins rouges du Languedoc. Après un repli d’un peu plus de 8% en 2007, la région rebondit en 2008 avec un gain de près de 7% en poursuit sur sa lancée en 2009 avec une augmentation de 11.6%. Toutefois, lorsqu’on regarde du côté des produits de spécialité, les vins rouges du Languedoc ne sortent pas particulièrement du lot (catégorie un peu plus grosse que la moyenne, mais avec une croissance de seulement 3,3%, sous la moyenne de la SAQ).

Est-ce qu’on verrait ici les consommateurs se faire la dent avec les vins du Languedoc, habituellement joufflus et faciles à aimer avant découvrir d’autres régions et cépages plus exotiques ou prestigieux? Avec un prix moyen par bouteille de 11,79$, la SAQ veut encourager les consommateurs à découvrir des produits un peu plus chers et prévoit introduire 6 nouveaux produits réguliers entre 15 et 20$ dans son offre. Pour l’instant, le Languedoc est cantonné dans un rôle de bon rapport qualité-prix et la SAQ souhaite que cette réputation soit aussi transférée aux produits un peu plus dispendieux.

En Italie, la Toscane connaît une bonne progression. Une croissance de 10%, à la fois dans les produits courants et de spécialité, mais surtout un prix moyen par bouteille de 17$, ce qui est une bien bonne nouvelle pour le commerçant lorsqu’on veut faire augmenter le panier moyen du consommateur. Dans les produits de spécialité, la Toscane est la 3e région la plus populaire, derrière Bordeaux et les États-Unis, ce qui confirme son importance auprès des consommateurs.

Parmi les actions qui sont envisagées afin de soutenir cette croissance, la SAQ veut promouvoir les vins Toscans lors des périodes où les gens achètent plus (Noël,etc.) et augmenter l’offre de produits dont le prix de vente est supérieur aux prix moyen. Il faudra s’assurer que cette introduction soit faite de manière telle que les consommateurs ne perçoivent pas la Toscane comme une région chère, puisque celle-ci est déjà située au-dessus de la moyenne de la SAQ.

Finalement, la dernière catégorie qui s’en tire plutôt bien est celle des États-Unis, à la fois dans le répertoire régulier que dans les spécialités. Une croissance de près de 25% dans les produits réguliers et de plus de 50% dans les spécialités propulse le pays de l’Oncle Sam vers de nouveaux sommets, menée par deux produits-phare. Sur un chiffre de ventes de 109 M$, près de 20M$ sont occupés à eux seuls par deux produits, le Ménage à Trois de chez Folie à Deux (9.8 M$) et le White Zinfandel de Gallo (9.7 M$). On se souhaite que la SAQ commence à explorer sérieusement les états autres que la Californie… À quand plusieurs bons vins des Finger Lakes…?

Importation privée bouchonnée: que faire?

Vendredi soir, pour marquer le début de la fin de semaine, vous décidez d’ouvrir un des vins dénichés auprès d’une agence d’importation privée[1. Au Québec, les vins qui ne sont pas importés par la SAQ peuvent quand même être achetés via les agences d’imporatation qui représentent les producteurs.]. À l’ouverture de la bouteille, horreur, celle-ci est bouchonnée (ou oxydée, etc.) et le constat est immédiat: imbuvable.

Ça peut arriver...
Ça peut arriver...
Normalement, les produits vendus par la SAQ sont couverts par une garantie d’un an contre les défectuosités du produit, notamment la présence de TCA dans les bouteilles. Dans ce cas, le processus est simple: on se présente en succursale avec la bouteille défectueuse, on remplit un p’tit papier nous demandant notre nom et notre numéro de téléphone et le remboursement est fait habituellement sur-le-champ.

Dans le cas des produits obtenus en importation privée, la démarche est légèrement différente. Puisque le processus n’est pas courant, plusieurs employés ignorent le fait que la garantie de la SAQ couvre aussi les produits d’importation privée. Il peut ainsi être judicieux de se munir de la politique de retour de la SAQ, ou au minimum, d’un air assuré car il peut être nécessaire de convaincre le personnel que cette démarche est possible. Il est aussi important de conserver sa facture faite par la SAQ lors du paiement des bouteilles car c’est celle-ci qui prouve que le produit a bien été fourni par la SAQ.

Le formulaire utilisé pour le retour est le même que celui utilisé pour les clients titulaires de permis de restauration, dans lequel on demande le code CUP du produit (inscrit sur la facture) et le numéro de client, qui devrait aussi être sur la facture. Le formulaire est ensuite faxé aux bureau des commandes privées à Montréal et un crédit est envoyé par la poste. Dans mon cas, le délai a été de quelques jours tout au plus.

Conclusion: il est important de conserver ses factures lors d’importations privées! Le corollaire est que si une caisse est partagée entre plusieurs individus, il est important de quand même bien se connaître puisque le remboursement est fait à la personne qui a commandé la caisse auprès de la SAQ.

La pertinence des machines distributrices

La SAQ est en train de moderniser son image de marque et rénove peu à peu ses succursales. Alors que le très discuté système des pastilles de goût est déjà implanté dans toutes les succursales, le nouveau concept des SAQ Sélection est quant à lui déployé graduellement.

Station de dégustation
Station de dégustation

Si le concept des pastilles vise d’avantage l’amateur moyen pour l’inciter à s’aventurer vers de nouveaux produits dans sa palette de goûts, l’introduction de machines distributrices pour la dégustation s’adresse plutôt aux amateurs curieux voulant essayer des nouveaux produits avant d’acheter une bouteille.

Une portion de dégustation, environ 30 ml, permet de se faire une bonne idée d’un vin, ou de s’offrir une belle expérience de dégustation qui ne pourrait pas être possible autrement. Ainsi, lors de ma visite à la toute nouvelle SAQ Signature de Québec, on retrouvait de bien beaux produits en dégustation, dont le Vega Sicilia Unico 1998, pour la modique somme de 17,50$. Puisqu’il s’agit de la station de dégustation de la SAQ Signature, les produits haut-de-gamme sont légion…!

Pour ma part, dans un élan contrôlé de dégustation, j’ai choisi le Morey Saint-Denis La Forge de Tart 2006, le second vin du mythique Clos de Tart. Il va sans dire qu’il s’agit d’un vin d’exception, ma première aventure avec un pinot de ce calibre. Ce qui frappe, c’est la finesse et l’équilibre de l’ensemble. Le nez est charmeur et bien ouvert (probablement aidé par la garde plus longue qu’à l’habitude en bouteille ouverte). Les tanins sont bien présents mais rien n’accroche et la longueur en bouche est tout à fait impressionnante.

Un gros merci aux stations de dégustation de la SAQ de m’avoir fait vivre cette expérience de dégustation… sans pour autant vider mon portefeuille!

Une réflexion sur le site de la SAQ

Sur À Chacun sa Bouteille, on pose aujourd’hui une question bien pertinente: avec tous les moyens de promotion développés par la SAQ au cours des dernières années (Cellier, Tchin-Tchin, Courrier Vinicole), pourquoi est-ce que le contenu développé pour ces publications n’est pas disponible sur internet?

Les réactions à cet article vont même plus loin: Pourquoi est-ce que le site de la SAQ n’a presque pas évolué avec l’adoption de nouvelles technologies disponibles sur internet? Profitons de cette réflexion lancée pour élargir la question: qu’est-ce qui rendrait l’expérience d’achat (ou de e-lèche-vitrine) plus complète et plus agréable?

Je lance quelques idées ici, en espérant susciter la réflexion chez ceux qui ont le pouvoir de changer les choses…

  • Un accès plus ouvert. La SAQ est assise sur une montagne d’information: plus de 10 000 produits différents y sont répertoriés, dont près de 3500 sont disponibles à la vente en ligne. De plus, la majorité des produits sont identifiés et catégorisés. J’aimerais pouvoir avoir accès à ces données, intégrer le tout dans mon site, dans Fouduvin, dans CellarTracker, etc. et ainsi avoir un meilleur accès aux produits offerts par la SAQ.
  • Une revue Cellier virtuelle et intégrée. Quatre fois par année, la SAQ publie la revue Cellier, un beau véhicule promotionnel. Or, la publication est limitée au format papier alors que la qualité du contenu mériterait amplement qu’elle soit davantage valorisée. J’imagine ici une archive du contenu présenté précédemment, avec des liens vers les produits pertinents présentement en stock.
  • Une meilleure expérience de magasinage. Grosso modo, la SAQ devrait prendre exemple sur Amazon: des commentaires d’utilisateurs, ratings, historique d’achat et recommandations, etc.

En informatique, on dit souvent que tout est possible, s’agit simplement d’y mettre de la volonté. Est-ce que cette volonté est présente au niveau de l’équipe qui gère le site de la SAQ? Souhaitons-le nous.