En 1990, le designer de jeux Sid Meier lance Railroad Tycoon, un des premier jeux de simulation d’affaires. Le jeu a connu un tel succès que le genre a pri son envol. Avec cet essor, la série Tycoon a vu le jour, avec quelques très bons titres (Transport Tycoon, Rollercoaster Tycoon), quelques titres curieux, mais bien faits (Pizza Tycoon) et d’autres tout simplement farfelus (Lemonade Tycoon 2, Fish Tycoon).
Ce n’était donc qu’une question de temps avant qu’un studio de développement produise un épisode sur la gestion de vignobles. Ainsi, le 14 octobre dernier était publié Wine Tycoon, par Got Game Entertainment.
La description du jeu nous invite à
Investir dans le vignoble de nos rêves dans une des 10 régions vinicoles françaises, commander les opérations du Château, de s’occuper des vignes et de leur vinification. Une quarantaine de cépages et près de 50 types de vins sont disponibles pour la production.
Ça semble bien, non…? Toutefois, il s’agit d’un de ces jeux où la liste des fonctionnalités est plus intéressante que le jeu lui-même.
Deux modes de jeu sont proposés, le mode “carrière” et le mode libre. Le mode carrière entraîne le joueur à travers les 10 régions viticoles françaises proposées, toutes ayant un niveau de difficulté croissant. Pour progresser au prochain niveau, des objectifs sont proposés (avoir un compte en banque de 1 M$, par exemple). Quant au mode libre, le joueur choisit une région et part de zéro, sans objectif…
Le joueur doit aussi construire les installations nécessaires à la vinification et engager le personnel pour s’en occuper. Malheureusement, engager du personnel se limite à appuyer sur un bouton et tous les individus sont créés égaux, sans qualités ni défauts.
Le travail au champ n’est non plus pas particulièrement excitant. On peut traiter les champs contre les champignons, les insectes, l’infertilité ou la surcroissance. Toutefois, les opérations qu’il faut faire sont répétitives et semblent avoir des résultats limités…
Toutefois, le pire défaut du jeu vient lors de l’étape d’assemblage. On doit obligatoirement respecter les “recettes” en vigueur dans la région. Par exemple, à Bordeaux, on peut faire du St-Émilion, Médoc, du vin de Graves (rouge et blanc) ainsi qu’un Bordeaux générique (rouge et blanc)…
En plus de faire abstraction totale de la notion de terroir et d’appellation, il est impossible de faire preuve de créativité. Dans le Rhône, on commence avec un champ de Carignan. On veut produire une cuvée 100% Carignan pour se créer une petite mise de fond pour démarrer le domaine? Dommage, le seul vin qui utilise du Carignan est un assemblage demandant 3 autres cépages… Ceci n’est qu’un exemple, mais est bien représentatif du manque de vision à long terme présent dans le jeu.
Je ne parlerai pas ici des bugs rencontrés, dont deux assez majeurs qui ont fait planter le jeu de manière brutale. Je suis certain qu’on pourrait trouver des points positifs, mais je crois fermement qu’on part de beaucoup trop loin ici pour éventuellement en faire quelque chose de bien. Même si le jeu ne se vend que 20$ sur Amazon, il s’agit quand même d’un mauvais rapport qualité-prix.