L’itinéraire disait : “Slow boat up the Mekong”, depuis Luang Prabang jusqu’à la frontière avec la Thaïlande. Ce dernier droit au Laos nous permet de voir le lien entre un peuple et son fleuve et de revenir sur cette semaine passée rapidement au pays des millions d’éléphants.
On ne doit pas oublier que les frontières de ce pays communistes sont demeurées fermées à l’extérieur depuis la chute de la monarchie en 1975 jusqu’en 1990. Toujours gouverné par le parti communiste, le Laos doit négocier cette transition vers l’ouverture avec délicatesse, car plusieurs défis guettent le pays.
Les principales sources de revenu au Laos sont l’agriculture et l’exploitation des ressources naturelles du pays, à savoir les forêts et les cours d’eau (en construisant des centrales hydroélectriques). Le rythme de cette exploitation s’est accélérée au cours des dernières années au point où maintenant les forêts vierges couvrent environ 10% du pays, par opposition à environ 75% initialement. Le tout est fait de manière plutôt sauvage, comme on a pu le constater entre Vang Vieng et Luang Prabang. Plusieurs collines ont été coupées à blanc et la repousse ne semble pas proche… La grande majorité de ce bois est exportée au Vietnam et en Chine, deux pays dont les demandes sont sans cesse grandissantes. La déforestation pèse lourd sur l’écosystème et si quelque chose n’est pas fait rapdement, il sera définitivement trop tard…
Le tourisme est aussi en pleine expansion au Laos et apporte, comme toujours, avantages et inconvénients… Le pays a beaucoup à offrir: Luang Prabang est un véritable joyau, Vientiane offre une douceur de vie qui lui est propre, certains paysages de montagne et sur le bord du Mékong sont superbes. Chaque touriste amène son lot de revenus et permet de développer des emplois pour la population locale, ce qui peut être bénéfique. Toutefois, les infrastructures nécessaires à la gestion de cet afflux de visiteurs sont en grande partie manquantes.
On le voit surtout par la gestion des déchets qui est particulièrement déficiente; plusieurs détritus sont laissés à eux-même sur le bord des routes. Par exemple, l’eau consommée par les touristes est embouteillée et produit autant de bouteilles de plastique vides, sans aucune possibilité de recyclage et peu de réutilisation possible. Certains établissements offrent le remplssage de bouteilles avec de l’eau traitée, mais il s’agit vraiment d’une minorité qui semble être consciente du gros problème qui guette le Laos, si le tourisme continue à croître…
Il faut aussi s’assurer que les populations locales reçoivent leur part du bénéfice engendré par le tourisme. Pour cet aspect, je pense que le Laos est sur la bonne voie. Les grandes chaînes multinationales de restauration rapide et d’hôtellerie sont absentes du pays, ce qui laisse plus de place aux initiatives locales. Que ce soit par la taille modeste du Laos en termes touristiques ou un effet du gouvernement communiste qui bloque en partie les investissements étrangers, je ne saurais dire mais les Laotiens peuvent prendre avantage de cette situation avant qu’elle ne bascule. Plusieurs organismes sont aussi fiers de leurs liens avec leur milieu, ce qui augmente la conscientisation du touriste de passage.
Le Laos marche sur la fine ligne entre le développement sain et l’exploitation et c’est à nous de faire notre part pour encourager le pays vers la bonne voie. Sur place, en s’assurant que les retombées de notre voyage vont bien où elles le devraient. À l’étranger, en restant à l’aguet des meubles de teck vietnamiens (souvent produits avec du bois laotien) ou en supportant des causes comme Big Brother Mouse, qui agit au niveau local pour promouvoir l’alphabétisation et la lecture dans ce pays qui n’a aucune librairie…
Finalement, la conclusion de ce périple est probablement que le meilleur moyen de se convaincre que le tourisme doit être équitable est de visiter un pays qui amorce ce virage vers l’ouverture sur le monde.