Soave Classico Pieropan 2008

Lorsqu’on évoque le Soave, ou de manière plus large les vins blancs du Veneto, on pense d’abord à des vins un peu ennuyants, faciles à boire mais sans personnalité. Afin de contrer cette perception (et d’augmenter leur reconnaissance sur le marché mondial), certains producteurs ont choisi d’ajouter du Chardonnay ou du Sauvignon Blanc et de faire vieillir en barriques aux traditionnels Graganega et Trebbiano en cuves. Certains, comme Leonildo Pieropan, ont plutôt choisi de se concentrer à optimiser la qualité de l’assemblage traditionnel afin de donner le meilleur vin possible. La philosophie de Pieropan a été bien résumée par Matt Kramer dans Making Sense Of Italian Wine:

No oak. No chardonnay. The real thing.

Pieropan Soave Classico 2008
Pieropan Soave Classico 2008

Vendanges manuelles, le moins d’engrais (biologiques…!) possible, l’assemblage traditionnel de Graganega et Trebbiano, une expérience de 40 vendanges: toutes des raisons pourquoi les vins de Pieropan reçoivent régulièrement des critiques favorables de Gambero Rosso. Leurs 16 Tre Bicchieri (la récompense maximale donnée par Gambero Rosso) sont auant de raisons qui nous poussent à essayer leurs produits.

Leur Soave Classico 2008, en vente à moins de 20$ à la SAQ est tout à fait le type de vin blanc que je recherche et apprécie. Droit et honnête, on y retrouve au nez des notes de melon miel et de fleurs blanches. La bouche est bien minérale soutenue par une acidité vivifiante, ce qui en a fait un accompagnement parfait pour les linguine alle vongole (linguine aux palourdes), au goût de la mer bien présent. Et avec seulement 12% d’alcool par volume, les qualités rafraîchissantes de cet assemblage de 85% de Garganega et 15% de Trebbiano ont été particulièrement mises de l’avant lors de cette chaude soirée d’été.

Le Soave Classico est leur vin d’entrée de gamme, mais on retrouve aussi dans leur gamme deux cuvées provenant de crus spécifiques dans le Soave, La Rocca et Calvarino. Le premier est entièrement fait de Garganega tandis qu’on retrouve 30% de Trebbiano (l’assemblage classique de Soave) dans le second. Ils produisent aussi deux vins de dessert, un Recioto del Soave et un Passito. Dans le cas de tous ces vins, je n’ai pas eu encore la chance d’y goûter, mais l’expérience avec leur simple Soave démontre que ce sont des producteurs sérieux et que le reste de leurs produits doit être fait avec la même attention aux détails. Un producteur à découvrir, si ce n’est pas déjà fait.

Les Copains d’abord – Kick My Glass Italie

Parmi les copains de Fouduvin, il y a un concept de dégustation particulièrement sympathique, qui vient jouer sur le sentiment de fierté et de compétition naturel d’un groupe d’amis passionnés du vin. Baptisé Kick My Glass, le concept est pourtant simple: chacun amène un vin qu’il apprécie, le sert aux autres à l’aveugle. S’en suit un vote et celui qui a apporté le vin gagnant se fait payer son souper par les autres. Simple et efficace pour mettre de l’animation dans une soirée: merci Pedro the Lion.

En ce Vendredi du Vin où on cherche à déguster le vin des copains, je reviens sur cette dernière soirée Kick My Glass, sous le thème de l’Italie.

Castiglione Falletto
Castiglione Falletto

Afin de ne pas avoir un biais prévisible dans l’ordre de service, celui-ci a été déterminé par tirage au sort et a été organisé en deux vagues de 5 vins, le plat principal étant arrivé au début de la 2e vague.

  1. Campo Quadro Punset Barbaresco 2001 – SAQ N° 10816679 – Le Cave à Vins – Détonne un peu dans le premier service, mais dans le bon sens. Plus léger, sans trop de bois et vraiment tout en finesse.
  2. Quintarelli Giuseppe Valpolicella Superiore Classico 2001 – SAQ N° 10811253 – Bpprive – Peu de notes de mon côté, à part le fait que le vin possédait un un beau fruit et pas mal de matière. On note toutefois la citation du Cave à Vins: “Je veux bien être pendu par les couilles s’il n’y a pas de Cabernet Sauvignon là-dedans…” Aux dernières nouvelles, il les avait encore, mais c’est parce qu’il a des bons amis…
  3. Gomba Barolo Sori Boschetti 2001 – Pas disponible à la SAQ – Cayout – Les deux bouteilles n’étaient pas cleans. Un peu de bouchon au nez, pas super franches en bouche. Dommage. Personne n’avait vu le Barolo là-dedans par contre…
  4. Vietti La Crena Barbera d’Asti 2004 – SAQ N° 10820791 – Cath the Cat – Le vin guidoune de la soirée. Ça sent le mélange à gâteau Betty Crocker à la vanille… Dommage, parce que les gens présents disaient que le vin se goûtait pas mal mieux dans d’autres circonstances.
  5. La Poderina Brunello di Montalcino 2003 – SAQ N° 742494 – Esteban – Belle bouche subtilement épicée avec une très belle structure. Bien efficace comme Brunello.
  6. Teroldego Marion Veronese I.G.T. 2004 – SAQ N° 10863660 – Pedro the Lion – Peu de notes ici… s’est fondu dans la masse des autres vins.
  7. Marcarini Barolo Brunate 2003 – Pas disponible à la SAQ – Phil.C – À mon avis, le plus beau des Barolos présentés. Typique Nebbiolo, une très solide trame, toute en longueur et en finesse.
  8. Radici Mastroberardino Riserva Taurasi 1999 – SAQ N° 11061773 – Konquest – Félicitations Au Cave à Vins pour avoir démasqué correctement ce vin, il ne lui manquait que le millésime. (Il se ratrappe pour le Quintarelli…) Un 1999 avec un jeunesse surprenante. Malgré le fait qu’il ait terminé en bas de classement, je suis bien content de mon offrande.
  9. Plateo Agriverde Montepulciano d’Abruzzo 2003 – SAQ N° 10782149 – Konquestte – La plus grande concentration des vins servis. Sans faire dans le jus de planche, c’est un vin plutôt dur pour l’instant. Un monstre tout d’un bloc.
  10. Falletto Asili Barbaresco 2003 – Bruno Giacosa – SAQ N° 10556934 – Lilizen – Équilibre, finesse et longueur. De la grande classe, et éventuellement le vin gagnant, avec 3 votes de première place.

Au final, les trois vins ayant eu le plus grand nombre de votes ont fait un podium relevé.

  1. Falletto – 20 points (5-5-5-3-1-1)
  2. Quintarelli – 17 points (5-5-3-3-1)
  3. Marcarini Brunate – 15 points (5-5-3-1-1)

Pas facile d’y aller à l’aveugle dans ce lineup. La première vague était plutôt homogène, sans grand vin qui en ressorte tandis que la 2e avait plus de différences. Le classement final était très serré, mais je suis persuadé que tous les vins pris indépendamment auraient illuminé n’importe quelle soirée…

Mais ultimement, ce qu’on retient de cette soirée est qu’un copain c’est bien, mais dix copains qui aiment le vin, c’est mieux!

Sottimano Maté 2008

Sottimano Maté 2008
Sottimano Maté 2008

L’été dernier, lors de notre voyage en Italie, nous avons eu la chance d’avoir été reçus chez Andrea Sottimano, à Neive. En préparation à notre visite, j’ai été intrigué par un phrase dans l’article de la revue Cellier consacrée à ce producteur. Sa mère, qui s’occupe des finances de l’entreprise (tout est très familial dans le Piedmont), ne comprenait pas pourquoi son père et lui s’entêtaient à conserver un hectare de brachetto, qui ne produit et ne rapporte presque rien.

Issu d’une production presque confidentielle, à peine 3800 bouteilles et très peu distribué, le Maté 2008 est fait à partir de ces vieilles vignes de brachetto situées près de Treiso. Normalement, le brachetto est vinifié afin de donner un vin frizzante, donc légèrement effervescent, un peu à la manière du Lambrusco produit en Émilie-Romagne. Dans ce cas-ci, le brachetto est plutôt vinifié afin de donner un vin tranquille, ce qui fait du Maté de Sottimano un vin plutôt unique.

Servi à l’aveugle, il a su confondre un palais bien expériementé. À l’oeil, sa pâle coloration pourrait le faire passer incognito dans une vague de pinots. Toutefois, le nez vient contredire cette première impression. On y retrouve un vin très expressif, floral et épicé, le fruit restant bien en retrait. Tout à fait atypique, il fait alors penser à un croisement entre de la syrah et du gamay. La bouche suit, avec l’acidité typique aux vins italiens et toujours dominée par les épices. Il est très digeste, avec un faible pourcentage d’alcool (12,5%), des tannins soyeux et une finale légèrement salée. Délicieux et un peu déroutant.

Somme toutes, il s’agit d’un vin que l’on aime servir à l’aveugle afin de surprendre ses invités ou d’étendre ses propres expériences de dégustation. On n’a pas souvent l’occasion de rencontrer l’expression d’un terroir aussi particulier et c’est une expérience qu’on ne devrait pas manquer.

Grazie mille Andrea. È la prima dei miei tre bottiglie della cantina, sono impaziente d’aprire le altre due!

Era Inzolia 2008

Era Inzolia 2008
Era Inzolia 2008

Avec plus de 350 cépages indigènes, l’Italie regorge d’opportunités pour la découverte. De plus, puisque plusieurs de ces cépages sont cultivés dans le cadre d’appellations moins connues et prestigieuses, les prix sont souvent bien honnêtes. C’est le cas du Era 2008, fait d’Inzolia et offert à la SAQ au prix de 15,45$.

On pense que ce cépage est originaire de l’oeust de la Sicile et c’est dans cette région qu’il est toujours principalement cultivé. On le retrouve aussi en Toscane sous le nom d’Ansonica où une version passerillée est faite à l’île d’Elbe. Il entre aussi dans la production du marsala doré ou ambré.

Le projet ERA est une initiative de la maison piémontaise Cantina Volpi se concentrant sur la viticulture bio, avec les certifications de tous les organismes possibles: I.C.E.A., ISO 9001/2000, BRC et IFS. Les vignobles, répartis un peu partout en Italie (Sicile, Abruzzes, Pouilles, Les Marches, Vénétie), produisent des vins qui sont tous embouteillés à la maison-mère dans le Piedmont. Bien que ça soit moins pire que le Masi Tupungato Paso Doble (vinifié en Argentine, embouteillé en Italie), on est un peu ici en contradiction avec la mission biologique que veut se donner le projet.

Nonobstant ce petit accroc à la mission du projet, ce qu’on retrouve dans la bouteille est de très bonne qualité. La SAQ qualifie ce vin avec la pastille Fruité et Vif et dans ce cas-ci, la description est tout à fait appropriée. Le nez est expressif, avec des notes d’agrumes et de pommes vertes. La bouche est cohérente et est bien équilibrée par l’acidité qui nous accueille en début de bouche. Somme toutes, il ne s’agit pas d’un vin bien complexe, mais rien n’accroche et on en redemande, surtout à ce prix!.

[rating:2/5] – Code SAQ: 11015638 – 15,45$

 

Nino Franco Faive 2007

Nino Franco Faive 2007
Nino Franco Faive 2007

L’arrivage Cellier de novembre 2009 propose une sélection de vins mousseux du monde entier. On cherche à faire découvrir des bulles provenant d’un peu partout, mais pas de champagne. Lors d’une soirée dégustation vins et fromages (sur laquelle je reviendrai plus tard…), nous avons servi un mousseux de cet arrivage pour l’apéro: le Nino Franco Faive 2007.

Principalement reconnue pour son prosecco, la maison Nino Franco est présente en Vénétie depuis 3 générations.

En marge de l’appellation DOC Prosecco, Nino Franco propose ici un mousseux rosé composé à 80% de Merlot et 20% de Cabernet Franc. La couleur est extraite par une courte macération des raisins sur leurs peaux. Ensuite, la méthode champenoise est appliquée, à savoir une première fermentation en cuves inox puis une seconde fermentation en bouteilles.

Dans le verre, on ne se prend clairement pas la tête. On note tout d’abord la fraîcheur et l’acidité bien enveloppée par les notes fruitées apportées par les cépages rouges. C’est agréable et se laisse boire tout seul. Parfait en apéro pour ses bulles fines et son caractère rafraîchissant. Apprécié par tout le monde présent lors de notre souper, il servira de belle introduction pour les partys des fêtes, offrant une alternative originale à la Blanquette de Limoux, bien bonne mais souvent servie machinalement année après année.

[rating:2.5/5] – Code SAQ: 11140720 – 22,95$