Vendredi après-midi, j’arpente les allées du Salon des Vins avec mon ami Rémy Charest et il me mentionne entre deux kiosques: “Viens, on va aller dire bonjour à Meliza Jalbert chez Hope Family Wines!”
En arrivant, on goûte à la Roussanne de Austin Hope, qui offre un fruité croquant et une belle complexité avec la petite touche de viognier ajoutée et au Traena Marsanne/Viognier qui plaira aux amateurs de vins blancs modernes et bien en chair. Ce dernier est moins dans ma palette stylistique, mais pourra plaire à certains. Bref, une belle surprise et un vin en ligne avec ce que je connaissais de l’étiquette et que j’avais goûté antérieurement.
Ensuite, Meliza nous a servi le Liberty School Cabernet-Sauvignon 2010 et je tends mon verre avec un air dubitatif. Je m’attendais à un vin pas vraiment sérieux, préfabriqué et dans la lignée des autres cabs californiens d’entrée de gamme et de masse. Bref, mes attentes étaient à zéro. Toutefois, ici la surprise était totale puisqu’on retrouvait dans le verre un vin tout à fait honorable. Oui, il était du côté moderne du spectre, mais on est très loin de la caricature que je m’en faisais.
Ce qu’on retrouve dans notre verre est expressif et offre une belle représentation du cabernet du Nouveau Monde. Pas de sucre résiduel comme dans l’infâme Ménage à Trois, pas d’alcool à outrance (il titre un modeste 13.5%) ni non plus de saveurs vanillées en prédominance. On y retrouve le bon côté des vins du Nouveau Monde, avec un vin facile à aimer, qui offre beaucoup de fruit tout en gardant un certain côté sérieux qui manque trop souvent aux vins californiens selon moi.
Il fera certainement un malheur avec le BBQ cet été et je vais certainement le rentrer dans la rotation de vins estivaux. Comme quoi il est toujours bon de laisser ses préjugés à la porte lorsqu’on commence à déguster, car on ne sait pas où ça va nous mener!
Un vin marquant, c’est aussi un vin partagé entre amis autour d’un bon repas. Lorsque le vin est aussi charmant que la compagnie avec laquelle il est dégusté, c’est un beau bonus! C’est tout à fait ce qui est arrivé avec les vins de Broc Cellars cette année.
Lors de notre passage à San Francisco en octobre dernier, nous avons passé 3 belles soirées chez Terroir, où les découvertes vinicoles ont été nombreuses (et heureuses!). La dernière journée, le barman nous recommande d’aller faire un détour chez Arlequin Wine Merchant pour mettre la main sur une bouteille de Broc Cellars. Et hop! On marche une petite demie-heure et on glisse dans le sac de voyage un Cabernet Franc Whole Cluster 2011 de Broc Cellars.
De retour à la maison, on reçoit l’ami Rémy Charest à souper et on extirpe cette bouteille de la cave. Un Cabernet Franc californien à 11.9% d’alcool, d’une fraicheur exemplaire, je me douatais bien que ça allait tomber dans ses cordes… Si bien que le domaine est maintenant représenté par Les Vieux Garçons (un nouvel arrivage vient de faire son apparition, d’ailleurs… Il n’y restera pas trop longtemps, ne tardez pas!).
À l’automne, j’ai ouvert avec une amie la Cuvée 12.5, un assemblage principalement à base de syrah. En moins de deux, la bouteille était disparue, sous les concerts d’éloge et d’exclamation. Le nez était expressif et avenant, la bouche était sur les fruits et sur les épices, mais surtout avec une fraîcheur qui défiait tout entendement. On est loin ici des vins californiens lourds, trop boisés et sucrés… Il m’en reste une bouteille que je vais avoir beaucoup de difficulté à conserver bien longtemps…
Pour ces deux expériences, toutes en fraîcheur et en “buvabilité” et pour la petite fierté d’avoir ramené un peu de Broc au Québec, l’ensemble des cuvées du domaine mérite une place dans mes vins marquants de 2012.
En août dernier, Frédéric Fortin sur le blogue de la SAQ, nommait le Pinot Noir Cloudline 2008 comme son coup de coeur du blogueur.
Le nez est d’une très belle complexité. Les arômes de cerises noires et de petits fruits rouges prédominent d’abord, pour ensuite laisser la place à des notes de muscade et de cannelle. Des effluves de cuir et une pointe vanillée se révèlent finalement et témoignent du passage en barrique.
Suite à cet article, Le Sommelier Fou encense aussi ce vin, en concluant sa note de dégustation par Ici, l’influence de l’homme sur le terroir est claire. Un bourguignon typique, fait en Oregon.
Avec ces commentaires aussi positifs venant de dégustateurs que j’aime bien, j’ai difficilement pu résister lors que je cherchais un pinot pour accompagner la bavette de boeuf à la cannelle tirée de Papilles.
Toutefois, déception… Le nez est tout d’abord sur le fruit, mais celui-ci laisse sa place rapidement à des notes plus typiques de l’intervention humaine que la pureté que j’aime tant du pinot. J’y ai retrouvé des arômes de gomme balloune et de confiture de fraise un peu chimique et industrielle. En bouche, ça s’améliore un peu, puisque l’acidité est bien présente et les tanins sont aimables, même si la finale tombe un peu rapidement. J’ai une certaine difficulté à passer au-delà de ce nez chimique et un peu bonbon, gâchant un peu le plaisir de ce vin.
Si vous êtes à Québec et que vous voulez vous faire votre propre opinion, il en reste 86 à la SAQ sélection de Lévis et 33 à la SAQ de L’Ormière. Sinon, il en reste 25 réparties dans le reste de la province… Même s’il n’est qu’à 20$, je vais vous laisser certainement toutes les autres, ce pinot-là n’est pas du tout dans mes cordes.
Lorsqu’on pense à l’Oregon, les principales images qui viennent en tête sont celles de la côte Pacifique sauvage et des forêts de cèdres géants. Ce ne sont pas nécessairement des conditions que l’on associe spontanément à la viticulture de haut niveau. Toutefois, cette industrie se développe de manière importante depuis les 30 dernières années, avec un buzz particulier autour des vins produits à partir du pinot noir. De retour de quelques jours dans cet état où les visites de vignobles ont constitué un élément central, bref tour d’horizon.
Un bref historique
Les premiers producteurs à s’établir en Oregon sont arrivés dans la région de Dundee en 1965, maintenant l’épicentre de l’industrie viticole oregonaise. Des producteurs, principalement californiens, commencent à découvrir les collines au sud de Portland. La reconnaissance internationale se pointe le bout du nez au début des années 1980, avec des commentaires élogieux de Robert Parker et du Wine Spectator. L’industrie prend ensuite de l’ampleur: des premières AVA déclarées en 1984 (Willamette Valley et Umpqua Valley), on en compte maintenant 16, réparties un peu partout dans l’état.
L’Oregon est alors de plus en plus comparé à la Bourgogne, avec un climat frais, surtout lorsque comparé à la Californie voisine. Il n’y fait jamais vraiment chaud ni froid, La majorité des vignobles se situent dans la vallée de la rivière Willamette, qui occupe environ la moitié nord de l’État à un peu plus d’une heure de route de la côte. On y plante principalement du pinot noir (pour plus de la moitié de la production), du pinot gris (environ 15%) et du riesling. Suivent ensuite du chardonnay et un peu de cabernet sauvignon, surtout planté dans le sud de l’État.
Les collines au nord de McMinnville
Au nord de McMinnville, il faut se perdre dans les petites routes et découvrir les vignobles au détour d’une colline. Alors que la plupart des touristes se dirigent dans les collines de Dundee, la zone un peu plus à l’est près de Carlton permet de fuir un peu les foules et connaître des producteurs un peu plus petits.
Armés de la carte des vignobles de l’association des producteurs de la Willamette Valley, qui est d’ailleurs très bien faite, nous avons mis le cap vers Lenné Estate, une des belles surprises de la région.
Produisant du pinot à partir de vignes plantées à flanc de colline entre 300 et 600 mètres plantées depuis 2001, Lenné offre trois gammes de produits: le LeNez d’entrée de gamme, le Lenné Estate et des cuvées produites entièrement d’un même clone de pinot. Alors que le LeNez 2009 présentait un côté bonbon un peu dérangeant, le Lenné Estate 2008 offrait un profil plus sérieux tout en gardant résolument un pied au Nouveau Monde. Très réussi!
Chez Brick House, nous avons fait la connaissance d’un chardonnay résolument moderne, de deux pinots (Les Dijonnais et la Cuvée du Tonnelier) particulièrement bien faits. Ce que j’en retient tout de fois est le Gamay 2010 tout juste revenu de l’étiquetage. La jeunesse y était évidente, le fruit tout à l’avant plan et notes épicées classiques de ce cépage. Le millésime 2008 acheté au restaurant La Rambla le lendemain soit était définitivement plus mature et plus placé. De plus, c’était le vin le moins dispendieux de la gamme, qui pourrait s’en plaindre!
Nous avons mis un peu de temps pour trouver la minuscule salle de dégustation de Daedalus Cellars, cachée dans un building plutôt anonyme. En bon québécois, on pourrait qualifier cet arrêt de “guess heureux” du voyage. Sans avoir pu obtenir bien des détails sur les vins au-delà de ce qu’on trouve sur la fiche technique, les vins se sont démarqués du lot. J’ai particulièrement aimé le Pinot Noir Willamette Valley, qui possède la structure qui manquait dans beaucoup d’autres vins goûtés dans la région. Le tout pour un raisonnable 25$, une aubaine pour la région. Leur approche de vinification, proche du mouvement du vin naturel transparaît dans la qualité de ce qu’on retrouve dans la bouteille. Chapeau!
Finalement, c’est dans les Dundee Hills que nous avons rencontré les plus gros domaines, où l’expérience de dégustation était plus commerciale, voire industrielle. Au Domaine Drouhin, les vins étaient superbes mais la salle de dégustation était bondée; il est probablement judicieux de réserver une visite en prenant un rendez-vous à l’avance. Par contre, une fois qu’on a pu accrocher un employé pour une dégustation, tout s’est très bien passé. Le Domaine Serene fut la visite la plus chère que nous avons fait et rien ne nous a marqué… Chez DePonte Cellars, seul un Melon de Bourgogne servi en guise d’apéro nous a séduit. Comme quoi on peut trouver de tout, même dans les régions les plus réputées.
En descendant vers la Californie, la découverte vinicole était toujours au menu, entre autres avec des arrêts chez St-Innocent Winery et chez Abacela. Mais comme ça en fait beaucoup à raconter, on va garder ça pour la prochaine fois!
Pendant trois jours en fin de semaine dernière, j’ai participé à TasteCamp North, un regroupement de blogueurs vinicoles et journalistes en visite dans une région vinicole.
De retour à la vie normale, je tente de faire le tri dans mes notes, photos et impressions des quelques 200 vins dégustés durant la fin de semaine, à la recherche de cohérence, thèmes et d’histoires intéressantes à vous raconter sur le blog. Ça viendra, mais entretemps, je vous propose un bref apreçu photographique de la fin de semaine.
Au Château des Charmes, notre groupe a servi de test afin d’exprimer nos préférences sur trois barriques différentes d’Equuleus, le vin-phare du domaine. Un regard privilégié sur les questions que les vignerons se posent pendant l’élaboration d’un vin.
Que ce soit dans les vignes ou à l’intérieur, les vignerons aiment partager leur travail et leur philosophie afin que l’on comprenne bien leur ligne de pensée.
TasteCamp, ce n’est pas que du vin, et c’était particulièrement vrai cette année, avec le cochon de lait servi chez Ravine Vineyard, le très bon dîner au Château des Charmes et le jarret d’agneau servi chez Treadwell…
Il a plu un peu, mais ça n’a pas empêché la bonne humeur et la découverte de la belle région du Niagara.