Dolcetto d’Alba Enzo Boglietti 2009

Un dolcetto moderne
Un dolcetto moderne

Vous êtes familiers avec le dolcetto, ce cépage piémontais? Sinon, prenez quelques minutes pour lire cet article d’Eric Asimov dans le New York Times en 2007 et celui-ci d’Evan Dawson sur Palate Press au début de l’année.

C’est fait?

Vous aurez donc un meilleur contexte sur ce que j’ai eu dans mon verre récemment. Lorsqu’on fait référence à un vin simple, un vin de pizza ou à un vin qui cherche à procurer le plaisir immédiat, on pourrait tout aussi bien mettre la photo de cette bouteille produite par Enzo Boglietti.

Comme explication du contexte, on pourrait aussi citer les notes de Marc-André Gagnon sur vinquebec.com, à propos des derniers millésimes:

  • 2007: Des arômes et des saveurs de fruits noirs. Ample en bouche. Une belle forme. Une longueur sur le fruit.
  • 2008: Celui-ci est rouge foncé avec des arômes de fruits des champs sur une note végétale. Une belle bouche assez ample. Une saveur fruitée, de la cerise. Acidité rafraîchissante. Tanins légers. Bel après-goût de fruit à noyau.
  • 2009: Très juteux. Une masse de fruits sur une belle acidité, en équilibre. Riche et consistant. De belles saveurs qui rappellent les figues. Très longue finale sur les fruits à noyau. Encore meilleur que le 2008

Le 2009 que j’ai eu m’a semblé tout à fait dans la veine moderne de la viticulture, avec un boisé un peu plus présent que dans les notes trouvées sur Vinquebec.com. Il faut savoir que je suis habituellement plutôt sensible à ce type de notes et que ce n’est pas ce qui m’attire dans un vin.

Heureusement, ce dolcetto possède du fruit à revendre et une acidité assez importante pour garder le tout en équilibre. Servi plus frais, la structure tannique et l’acide prennent un peu plus de place, ce qui est une bonne chose d’après moi.

Toutefois, comme plusieurs vins italiens, la vraie place de ce vin est à table. Il y sera alors très polyvalent, affichant la légèreté nécessaire pour être servi avec des pâtes, l’acidité nécessaire pour faire face à de la sauce tomate et pourra même faire face à des grillades. Je l’imagine bien cet été, où il viendra arroser un repas servi sur la terrasse.

Pour un peu moins de 21$, il en reste dans 56 succursales à travers la province au moment d’écrire ces lignes. Dans le même style, le dolcetto de Sottimano est aussi tout à fait recommendable.

Les vins d’Andrea Sottimano: la passion du terroir

À notre arrivée au vignoble Sottimano, j’étais nerveux. Il s’agissait de notre première visite chez un producteur du Barbaresco de notre voyage, et on commençait par la visite que j’anticipais le plus. Dans les courriels que nous avions échangés, grâce au contact fait par André Papineau de chez Vinealis, Andrea Sottimano m’avait paru tout à fait sympathique. Pourtant… j’étais nerveux dans l’auto…!

Pour cause… Voici ce qu’en disait le guide Gambero Rosso, dans leur édition de 2007 à propos de la maison Sottimano.

“A visit to the Sottimano estate on the border of the municipalities of Neive and Barbaresco, and a chat with young Andrea and his father, Rino, reveal the clear-headedness, care, research and enthusiasm that they bring to their work in the vineyard and cellar. They have 14 hectares planted to vine that they run with the help of the rest of the family. But proof of the Sottimano pudding is in our tatstings… The wines presented were excellent and revealed a technical expertise based on skilful use of small barrels and examplary stylistic precision and cleanliness.”

Heureusement cette nervosité a vite disparu en pénétrant dans le vignoble familial, où nous avons été accueillis par la soeur d’Andrea, preuve que le vignoble est une entreprise bien familiale. Les vendanges, s’étirant sur une vingtaine de jours, sont ainsi complétées avec moins d’une dizaine de personnes, plus de la moitié étant des membres de la famille!

Nous avons ensuite été entraînés dans la cave et dans les chais par Andrea, le vigneron et meneur de cette entreprise familiale, sous la maison sise à Cotta’. “Mon père a acheté la maison pour la cave uniquement. Des voûtes comme ça, ça n’a pas de prix!” nous confie-t-il dans un joyeux mélange de français et d’italien. Les voûtes sont en effet idéales pour le vieillissement du vin, avec une température stable, mais surtout une humidité très importante.

Vieilles bouteilles de 1975 en garde chez Sottimano, réserve personnelle d'Andrea pour les belles occasions.
Vieilles bouteilles de 1975 en garde chez Sottimano.

Sous les voûtes sont alignés les barriques contenant les vendanges précédentes, qui vieillissent tranquillement. Les barriques sont fabriquées par la maison bourguignonne François Frères, qui approvisionne aussi les grands domaines de la Bourgogne. Seulement 25% de barriques neuves sont utilisées dans l’élevage (et elles sont réutilisées jusqu’à 4 passages), mais elles demeurent un aspect important du travail aux chais. En étroite collaboration avec les tonelliers, les vins sont goûtés et les compositions des barriques sont ajustées, car il n’existe pas une recette unique. “C’est comme un vêtement, il ne va pas de la même manière à tous”.

Tous les Barbarescos de la maison sont donc vinifiés de manière identique. La fermentation et la macération se fait pendant environ 18 jours, sans levures sélectionnées, après quoi le vin est vieilli en barriques pendant 18 à 20 mois. Aucun filtrage ni collage n’est effectué avant la mise en bouteilles.

Andrea Sottimano, en pleine explication. Photo: http://www.lafite.dk/
Andrea Sottimano, en pleine explication. Photo: http://www.lafite.dk/

La même philosophie prévaut dans les champs. Bien qu’ils ne soient pas certifiés bios, aucun pesticide ou engrais artificiel n’est utilisé et les maladies de la vigne sont traitées avec des produits “eco-friendly”. L’intervention de l’homme se veut minimale dans le but de garder le plus possible l’expression du terroir dans le vin.

En ce sens, le Piedmont et la Bourgogne se ressemblent beaucoup. Les deux régions travaillent en monocépage, avec un cépage ne donnant que très peu de coloration au vin (le nebbiolo en Italie et le pinot noir en France). Comme on a pu le constater dans notre dégustation, les deux régions misent aussi sur la finesse et l’élégance plutôt que la puissance. On a aussi pu constater les différences entre les terroirs, une autre chose chère à la fois aux Bourguignons et au Piedmontais.

La visite s’est ensuite poursuivie dans la salle de dégustation. Des 6 vins qui nous attendaient, les deux premiers sont disponibles à la SAQ. Les autres sont peuvent être commandés en importation privée via Le Maître de Chai, l’agence d’importation de Sottimano au Québec.

  • Le Dolcetto Bric del Salto 2008 m’est apparu tout sur le fruit, comme il se doit pour un bon dolcetto. C’est le seul des vins de la maison qui ne voit pas le bois au cours de son élevage, afin de préserver ce fruit au maximum. En bouche comme au nez, c’est frais et vivifiant et très bien fait. Le millésime 2007 s’est mérité un 90 du Wine Advocate et puisque j’ai goûté les deux lors du voyage, je peux affirmer que j’ai préféré la version 2008, à cause du fruit qui est encore plus présent. [rating:3.5/5]
  • Ensuite, le Barbera d’Alba Pairolero 2007. Élégant avec une belle minéralité, le vin présente le nez exhubérant qu’on retrouve dans des barberas bien faits. C’est un vin avec une belle structure tannique et une concentration de fruits mûrs importante. Le millésime 2006 s’était lui aussi mérité une note de 90 de la part du Wine Advocate. Un superbe barbera qui sera à son meilleur avec un beau plat de viande. [rating:3.5/5]

La dégustation se poursuit ensuite avec les barbarescos de la maison et avec les explications d’Andrea Sottimano, qui parle avec passion de ses terroirs en les pointant sur la carte. Puisque tous ces vins sont vinifiés de la même manière, on a donc dans notre verre uniquement la différence entre les différents vignobles de la maison.

  • Tout d’abord, on commence avec le Barbaresco Fausoni 2006, qui avait été ouvert l’avant-veille. Situé près du village de Neive, ce terroir présente une élégance et un bouquet typique du nord du Barbaresco. Les tannins sont fins et on a une belle longueur en bouche. [rating: 4/5]
  • Ensuite, on passe au Barbaresco Pajoré 2006, lui aussi ouvert l’avant-veille. En contraste avec le Fausoni, le Pajoré, situé plus au sud dans la commune de Treiso, est plus sérieux, plus droit et plus austère. En bouche, c’est soyeux et élégant et très bien fait. Il a beaucoup de potentiel et nécessitera un peu de temps pour livrer son plein potentiel. [rating:3.5/5]
  • On passe ensuite au Barbaresco Cotta’ 2006, vignoble situé dans le sud de la commune de Neive, attenant à la cantina. Beau mélange des terroirs de Fausoni et de Pajoré. On y retrouve les notes florales et la texture soyeuse du Fausoni et l’élégance et la finesse du Pajoré. Le millésime 2205 de vin s’est mérité la note maximale de “Tre Bicchieri” de la part de la bible des vins italiens, le Gambero Rosso. Pour ma part, il s’agit de mon préféré de la série des Barbarescos qui nous ont été servis et qui se mérite amplement les [rating:4.5/5] qu’on lui donne ici.
  • On termine avec le millésime 2001 du Fausoni, ouvert l’avant-veille. Bien qu’il ait perdu un peu de son ampleur au nez, la bouche est toujours aussi soyeuse et élégante. Compte tenu que ce vin de près de 8 ans est ouvert depuis deux jours et qu’il offre toujours aussi de plaisir montre sans aucun doute que les vins peuvent tenir la route encore un certain temps. [rating:4/5]

Ces moments passés en compagnie d’Andrea Sottimano resteront parmi les souvenirs les plus durables de notre voyage en Italie que j’espère me remémorer lors de l’ouverture des bouteilles que j’ai ramené à la maison.

Grazie mille, Andrea.