En avoir pour son 70$

On a fait grand bruit la semaine dernière d’un vin de Julia Wine qui allait se détailler à 70$ et être disponibles dans les dépanneurs Couche-Tard de l’est du Québec. La prohibition est finie, plus besoin d’aller à la SAQ et autres arguments du genre. Vraiment?

Julia Wine - Cellier 71Sur le site internet, on mentionne qu’il s’agit d’un vin provenant de Lake County, une région dans le nord de la Californie, expédié en vrac et embouteillé au Québec, ce qui permet de le vendre dans les épiceries et dépanneurs. Par souci de comparaison Total Wine et chez WineLibrary, deux grands détaillants de vin, le Lake County le plus cher se détaille autour de 25$ et les autres sont à 15$ et moins. Même avec les taxes qui financent notre système de santé, on est plutôt loin du compte…

Admettons que, pour un exercice pédagogique, vous avez 70$ à dépenser pour une seule bouteille de vin. Regardons quelques options disponibles sur les tablettes de la SAQ… Comme il y a présentement 1300 vins entre 40$ et 70$ disponibles à la SAQ, vous comprendrez que la liste ci-dessous n’est qu’un échantillonnage!

On peut tout d’abord se tourner vers des grands vins italiens. Sans aucune hésitation, c’est avec une bouteille de Mastroberardino Cento Trenta Taurasi Riserva 1999 que je repars. Souvent décrit comme le Barolo du sud, cette cuvée d’aglianico est définitivement de haut vol et permettra de goûter à un vin à pleine maturité. S’il n’y en a pas dans votre coin de pays, tournez-vous vers la jeunesse du Taurasi Riserva 2007, qui en offrira beaucoup pour de nombreuses années.

Les amateurs de cabernet sauvignon américain choisiront le Kenwood Artist Series, présent dans le millésime 2008 à la SAQ un peu partout en province. Si la lecture du compte rendu de la verticale ouverte l’année dernière sur Fouduvin ne vous donne pas le goût d’en mettre en cave, aucun autre argument pourra y parvenir. De plus, les étiquettes sont particulièrement jolies et mettent de l’avant un artiste différent à chaque millésime, un peu à l’image de Mouton Rothschild, à Bordeaux.

En France, pour le même 70$, on peut trouver de très bons premiers crus de Bourgogne et on a même le luxe du choix entre plusieurs producteurs bien renommés. Que ce soit avec le Beaune Premier Cru Les Sizies du Domaine de Montille, le Morey-St-Denis En la Rue de Vergy de Michel Gros ou le Chambolle-Musigny de Philippe Charlopin, on est en présence de très belle Bourgogne et de producteurs renommés. Si le vin n’est disponible à la SAQ Signature, ne désespérez pas: la livraison est gratuite partout en province dans une SAQ locale et vous pouvez acheter par téléphone!

Avec ces choix, on voit difficilement pourquoi on irait virer chez Couche-Tard pour aller payer un vin 70$. Julia Wine ont aussi annoncé qu’ils allaient offrir une cuvée à 150$ lors de la période des fêtes. J’ai déjà hâte de reprendre ce billet et refaire des suggestions de vins pour ce montant quand même astronomique…

Ceci dit, je n’ai pas goûté au Cellier 71 de Julia Wine et à la lumière de mes suggestions, ça ne me donne pas trop le goût d’y investir le montant nécessaire. Toutefois, si la compagnie me fournit un échantillon, il me fera plaisir de lui faire honneur et d’en faire une critique et comparaison la plus objective possible.

2012 en 5 vins | Vosne-Romanée 1er cru Clos des Réas Domaine Michel Gros 2005

J’ai le plaisir de participer à Mystère et Bourgogne, un club de dégustation à Québec qui se réunit quatre fois par année et où on y déguste des très belles fioles bourguignones entrecoupées de d’autres (provenant de la Bourgogne… ou pas!) à l’aveugle. On peut ainsi déguster plusieurs bouteilles qu’on ne pourrait pas se payer autrement… J’y découvre le haut de la gamme des vins de la Bourgogne, pour mon plus grand plaisir!

Lors de la dégustation XXL II cet été, sur le thème des bouteilles à grands format, on a pu déguster (entre autres!) le Vosne-Romanée 1er Cru Clos des Réas du Domaine Michel Gros, dans le millésime 2005 (à l’avant-plan sur la photo). Il s’agit d’un superbe vin, au fruit encore croquant et avec une longueur exceptionnelle. C’est un vin qui impose le respect par sa finesse et son élégance, plutôt que par sa force brute. Il est excellent dès maintenant mais pourra aussi offrir beaucoup de plaisir dans les 5 années à venir.

Il n’en reste qu’une vingtaines dans toute la province, mais si vous êtes à Ste-Adèle, Laval ou si vous pouvez mettre la main sur la dernière bouteille à la SAQ Signature de Montréal (ils livrent gratuitement partout en province), vous aurez une superbe fiole entre les mains.

De tous les vins qui y ont été servis cette année, c’est celui-ci que je retiens, devant des grosses pointures comme le Musigny 2008 du Comte de Vogüé, le Bonnes-Mares 2008 de Bruno Clair ou le Chambolle-Musigny Les Amoureuses 2007 de Jadot, sans vouloir insinuer que ceux-ci n’ont pas été appréciés à leur juste valeur.

Je sais, je commence ce palmarès par un vin de 130$. Consolez-vous, le reste du palmarès est un peu plus modeste…!

Cinq rouges sous 20$

Vous avez 20$ à investir lors de votre prochain passage à la SAQ, mais vous ne savez pas quoi choisir parmi les 1000 produits qui sont disponibles à ce prix? Voici 5 coups de coeur qui méritent votre attention lors de votre prochain passage en succursale.

Les Griottes du Vissoux

On commence par un vin qui disparaîtra en moins de deux à la fois des tablettes et de votre verre: le Beaujolais Les Griottes 2011 du Domaine du Vissoux. On profitera des dernières journées chaudes de l’automne pour se replonger brièvement dans l’été avec toute la fraîcheur que ce vin amène. Des petits fruits rouges un peu sûrets, une belle acidité et le goût d’en boire une autre gorgée. Une belle réussite d’un de mes producteurs préférés dans le Beaujolais. Pour 16.25$, mais hâtez-vous, il n’en reste presque plus dans le réseau. Sinon, on surveille avidement un deuxième arrivage.

Du Fer Servadou…?

Si vous mentionnez le Fer Servadou ou l’appellation Marcillac, la majorité des gens vous regarderont avec un drôle d’air. Ils ne devraient pas, car cette appellation du Sud-Ouest est à découvrir et les trois vins qui sont disponibles à la SAQ sont tout à fait recommendables. Mon préféré est la cuvée Laïris, de Jean-Luc Matha, disponible un peu partout (et en ligne) pour la modique somme de 16.15$. Le Fer Servadou (ou Mansois), lorsque cultivé dans les côteaux de Marcillac, donne des vins plus légers que lorsque cultivé à Madiran, situé tout proche. Au nez, on retrouve des notes de poivre et de framboise alors qu’en bouche, on découvre une rusticité pas du tout déplaisante et une belle vivacité. Une belle découverte!

Un Bourgogne modeste

De la bonne Bourgogne, sous 20$? Vraiment?

Tout à fait. Alors que les grandes cuvées se vendent plusieurs centaines de dollars, le Domaine Champs Perdrix ne démérite pas. D’accord, ce n’est pas dans la même ligue que les grands crus de la région, mais il s’agit d’une belle introduction à la région. On prend ici avantage du millésime 2009, encensé par la critique qui donne des vins riches et généreux, même dans les appellations plus modestes comme ce Bourgogne générique. C’est vif et léger, avec un nez sur les cerises et une longueur surprenante. Il est déjà très agréable mais il pourrait aussi tenir quelques années en cave. Au moment d’écrire ces lignes, il en restait surtout dans la grande région de Montréal, mais il vaut bien la peine de faire un petit détour…

Expression de Chinon

La vallée de la Loire est le terroir de prédilection du cabernet franc, un cépage qui ne laisse personne indifférent. Certains lui reprochent sa verdeur alors que d’autres, au contraire, la recherchent. Le Chinon 2009 Expression d’Alain Lorieux est tout à fait dans cette veine. On y détecte des notes de poivron et de fraise, avec une trame fermement ancrée dans la terre. Les tanins sont bien présents et apportent une belle structure, sans toutefois prendre toute la place. Un vin qui ne goûte pas que le fruit, qu’on gagne à découvrir. Il est largement disponible dans toute la province, pour 17.70$.

La chaleur du Sud

Avec le Minervois 2011 Les Plots, du Château Coupe-Roses, on retrouve toute la chaleur et la générosité du sud de la France. On y retrouve, au nez, des fruits noirs et des épices amenés par la syrah majoritaire, une ampleur en bouche venant de la grenache et une structure qui n’est pas étrangère au cinsault qui complète l’assemblage. Un vin qui se laisse aimer sans peine, vendu 18.10$ et disponible partout. Il est aussi disponible en format de 500ml, pour ceux qui veulent en faire l’essai…

La pertinence des machines distributrices

La SAQ est en train de moderniser son image de marque et rénove peu à peu ses succursales. Alors que le très discuté système des pastilles de goût est déjà implanté dans toutes les succursales, le nouveau concept des SAQ Sélection est quant à lui déployé graduellement.

Station de dégustation
Station de dégustation

Si le concept des pastilles vise d’avantage l’amateur moyen pour l’inciter à s’aventurer vers de nouveaux produits dans sa palette de goûts, l’introduction de machines distributrices pour la dégustation s’adresse plutôt aux amateurs curieux voulant essayer des nouveaux produits avant d’acheter une bouteille.

Une portion de dégustation, environ 30 ml, permet de se faire une bonne idée d’un vin, ou de s’offrir une belle expérience de dégustation qui ne pourrait pas être possible autrement. Ainsi, lors de ma visite à la toute nouvelle SAQ Signature de Québec, on retrouvait de bien beaux produits en dégustation, dont le Vega Sicilia Unico 1998, pour la modique somme de 17,50$. Puisqu’il s’agit de la station de dégustation de la SAQ Signature, les produits haut-de-gamme sont légion…!

Pour ma part, dans un élan contrôlé de dégustation, j’ai choisi le Morey Saint-Denis La Forge de Tart 2006, le second vin du mythique Clos de Tart. Il va sans dire qu’il s’agit d’un vin d’exception, ma première aventure avec un pinot de ce calibre. Ce qui frappe, c’est la finesse et l’équilibre de l’ensemble. Le nez est charmeur et bien ouvert (probablement aidé par la garde plus longue qu’à l’habitude en bouteille ouverte). Les tanins sont bien présents mais rien n’accroche et la longueur en bouche est tout à fait impressionnante.

Un gros merci aux stations de dégustation de la SAQ de m’avoir fait vivre cette expérience de dégustation… sans pour autant vider mon portefeuille!

Monsieur, vive le Pinot…!

C’est suite à un voyage à la grand-messe des vins italiens, Vinitaly à Vérone, que Jean-Pierre Lortie est tombé en amour avec le Pinot. À la suite d’une longue journée de dégustation de Barolo et de Barbaresco (pauvre gars…), il s’est fait servir à l’aveugle un Pinot Nero de la maison Varja. Tombé à point, c’était le début d’une histoire d’amour pour ce cépage.

C’est dans cet esprit que commençait la dernière dégustation organisée à la SAQ Jean-Lesage. La SAQ ayant récemment décidé de mettre fin au concept Art-de-vivre, au sein duquel était cadré ces dégustations. (Je dois prendre un peu de temps ici pour tout d’abord féliciter Jean-Pierre pour son travail et sa détermination puisqu’il a vraiment tenu le tout à bout de bras à Québec. Nouvellement employé à la succursale Express Duplessis, on lui souhaite bonne chance dans ses nouveaux projets qu’on a bien hâte de connaître!)

Et c’est en grande forme que la dégustation était menée. Au menu, un aperçu du cépage phare de l’Oregon: le pinot noir. Ainsi, 2 chardonnays pour se faire la bouche, 6 pinots de l’Oregon, le tout agrémenté de 4 pirates.

Line-up
Le plan de la soirée... dévoilé uniquement après la dégustation!

En blanc, le Chardonnay Arthur Domaine Drouhin 2007 s’est avéré le préféré devant le Chardonnay Argyle Willamette Valley 2007, pour son profil franchement plus bourguignon. Toutefois, pas de coup de coeur, du moins pas pour 36$ et 27$ respectivement.

En rouge, la qualité des vins présentés était assez homogène, en ce sens qu’il n’y a pas de gros coup de coeur ni de mauvais vin. On retiendra surtout le Pinot Noir Domaine Drouhin 2006 qui, à 38,50$, représente un très bon rapport qualité-prix. Il est très généreux sans tomber dans l’excès dont souffrent certains pinots californiens. Il s’agit d’un des vins les plus appréciés de la soirée parmi les participants à la dégustation.

Servi en confrontation, la cuvée haut-de-gamme du Domaine Drouhin, le Laurène Dundee Hills 2005, nous a surpris avec sa bouche compacte et faite toute d’un bloc. Son acidité, sa matière et sa structure permettront certainement à ce vin de vieillir en beauté.

L’autre vin du top 3 de cette soirée est le pinot noir Eola Hills Reserve La Creole 2006. Fruité et charmeur sans tomber dans le côté bonbon, il a su animer les discussions autour de la table. Les autres vins de la même vague (le Argyle et le Rex Hill, tous deux de Willamette Valley) étaient bien proches, mais manquaient ce petit surplus de finesse et de subitilité présent dans le Eola Hills.

Pirates
Arrrrr! Les pirates servis lors des trois éditions de cette dégustation

Les pirates servis lors de la soirée ont su dérouter et faire découvrir des beaux produits. Le Kim Crawford était bien aromatique et souple (comme le dit la pastille!), avec des arômes intenses de limette et de kiwi, typiques du terroir néo-zélandais. La surprise fût pluôt généralisée de découvrir l’Australien Coldstream Hills 2007 comme second pirate. On n’y sent pas la chaleur typique de l’Australie et il cadrait bien avec le Rex Hill servi précédemment. Un pinot sérieux et très bien fait. La Crema 2007, bien que venant d’un climat frais en Californie, m’a semblé un peu quelconque et n’a pas enthousiasmé les foules. En guise de dessert, un Santenay Leroy 1999, qui sentait les arachides et le vieux vin à plein nez. Déroutant, mais passionant comme première expérience avec un vieux millésime de pinot noir.

Somme toutes, malgré l’absence de coups de coeur et de vins qu’on veut acheter à la caisse en sortant de la succursale, la soirée était tout à fait agréable et termine en beauté ce type de dégustations Art-de-vivre. Merci encore, Jean-Pierre!

Dégustation de pinots
Dégustation de pinots de l'Oregon - Un groupe satisfait