Un vin ukrainien – Muscat Massandra 2004

(19 novembre: Bonjour! Si vous voulez continuer à voyager à travers les vins du monde, n’hésitez pas à faire un tour sur la page principale ou abonnez-vous avec les icônes à votre droite! Merci! Julien)

J’aime bien expérimenter avec des vins provenant de vignobles non traditionnels. Lorsque j’ai eu la chance d’animer les Vendredis du vin, mon thème portait sur les vins provenant de pays en dehors du top 10 des producteurs mondiaux. Une invitation au voyage que j’aime renouveler régulièrement.

Ainsi, au début de l’année, je suis tombé un peu par hasard à TV5 sur le reportage Chasseur de Crus (qu’on peut heureusement revoir entièrement en ligne), dans le cadre de l’émission Envoyé Spécial. On y suit un importateur de grands vins de marchés moins connus pour le compte de grands clients parisiens, Claude Gilois, de l’agence Vins du Monde.

Au milieu du reportage, on parle du domaine de Massandra, situé près de Yalta, en Ukraine. Le domaine semble magnifique, et l’histoire qui l’accompagne tout autant. Fondé à la fin du 19e siècle afin de fournir des vins pour la cour du Tsar à son palais d’été près de Yalta. On y fait des vins à base de tokay, pinot gris et de muscat.

Domaine Massandra - Yalta
Domaine Massandra – Yalta

Lors de la révolution russe de 1917, puis lors de l’arrivée des troupes de Staline dans la région, l’avenir de la cave était incertain. Toutefois, la légende dit qu’après dégustation des vins de la région, Staline a décidé de conserver le vignoble et de faire transférer tous les vins des palais des Tsars dans les tunnels de la cave. On y retrouve des vieux vins de Massandra, mais aussi des cuvées anciennes venant de France et d’ailleurs en Europe. Lors de la seconde guerre mondiale, la collection de vins a été dispersée afin de la préserver du pillage des troupes allemandes. C’est ainsi que la cave est maintenant une des réserves les plus importantes de vin ancien au monde.

Ainsi, peu après le visionnement du reportage, j’ai essayé de trouver un moyen de me procurer un de ces vins afin d’en faire l’essai. Les vins de Massandra sont importés au Canada par United Stars, une agence d’importation qui semble spécialisée dans les pays de l’ancien bloc de l’Est. Ils importent des vins de la Moldavie, de l’Ukraine, de la Géorgie, etc. Pas tout à fait des vignobles traditionnels…! Un coup de chance a fait qu’un arrivage Vintages à la LCBO comportait deux vins de Massandra, un muscat et un vin de dessert rouge.

Le Muscat Massandra 2004 se présente dans le verre avec une couleur ambrée très soutenue. Au nez, j’ai trouvé que les notes dominantes étaient l’abricot séché, l’écorce d’orange avec un peu de figues séchés. On y sent un peu l’alcool ayant servi à la fortification du vin, mais sans qu’il prenne trop de place et qu’il y soit dérangeant. En bouche, le vin est consistant avec le nez, les notes de fruits séchés étant toujours présents. Bien qu’il ait été dégusté seul à la fin d’un repas, il aurait fait sensation avec un plateau de noix et de fromages bleus.

Je renouvellerais donc l’expérience sans hésiter, afin de bien ouvrir notre palais à des nouvelles saveurs. Dommage que le vin ne soit pas distribué au Québec…

[rating:2.5/5] – Code LCBO: VINTAGES 73155 – 15,95$

Dégustation Cellier – Les beaux barolos 2004

Lors du dernier arrivage Cellier, surnommé Objectif Monde, les arrivages était plutôt hétéroclites. Toutefois, neuf de ces vins étaient issu de l’appellation Barolo, au nord-ouest de l’Italie.

Située au sud d’Alba, la zone d’appellation contrôlée (DOC) du Barolo a tété établie en 1966, bien que des vins sont faits dans cette région depuis la nuit des temps. Ce n’est toutefois qu’au milieu du 19e siècle, avec le comte de Cavour, que la région a acquis ses lettres de noblesse.

La DOCG de Barolo couvre maintenant 1200 hectares, réparties entre près de 130 producteurs différents. On retrouve donc trois types d’appellations: les barolos génériques, les appellations communales et les crus. En passant d’une catégorie à une supérieure, les raisins viennent d’une zone toujours plus délimitée. Par exemple, les raisins dans un Barolo générique peuvent venir d’un peu n’importe où dans l’appellation, ceux d’un vin de Serralunga d’Alba viennent autour du village du même nom, tandis que les raisins composants un Brunate viennent d’une petite pente située à 1200 pieds d’altitude au sud du village de La Morra.

Dans le Piedmont, l’année 2004 est qualifiée de grand millésime par plusieurs. Robert Parker, dans The Wine Advocate, donne une note générale de 96 points au millésime, Decanter donne 4 étoiles et Wine Enthusiast donne 93 points. Inutile de dire que les vins sont dégustés en jeunesse, alors que les Barolos sont souvent appelés à vieillir plus de 10 ans avant de livrer tout leur potentiel.

Barolo, Beppe 1977@Flickr.com
Barolo, Beppe 1977@Flickr.com

En ce sens, on est alors très proche de la Bourgogne, avec ces vignobles morcelés en différentes appellations et producteurs. Les vins sont aussi dans l’esprit bourguignon. Pour reprendre les mots d’Andrea Sottimano, producteur dans L’appellation Barbaresco, toute proche: “On est capable, les Bourguignons et nous, de vivre avec cette couleur pas trop soutenue: on préfère la finesse et l’élégance à la puissance“.

Les Barolos de l’arrivage Cellier de la SAQ représentent bien cet aspiration à la finesse plutôt que la recherche de la puissance à tout prix. Les vins commentés ont été dégustés à l’occasion d’une dégustation thématique en prévision de l’arrivage Cellier, organisée par le dynamique Jean-Pierre Lortie de la succursale Jean-Lesage, à Québec.

On ne se concentre ici que sur les 5 que j’ai trouvé les meilleurs. Les autres, bien que bons, n’étaient pas selon moi aussi bien faits que ceux présentés ci-dessous. Le Beni de Batasiolo, le moins cher de l’arrivage, paraissait effectivement le plus simple tandis que le Monprivato Mascarello, le plus cher de l’arrivage à 122$, ne m’a pas du tout plu avec un nez faisant penser à la moufette.

    • Cerequio Michele Chiarlo Barolo 2004 – 75,00 $

L’un des deux crus de Michele Chiarlo présentés dans cet arrivage et de manière générale, le vin le mieux fait de l’arrivage. Finesse, élégance, beaux tannins serrés, fruit pur, cerise et cassis, fait pour la longue garde mais tout de même agréable dès maintenant: tout y est. Bravo. [rating: 4.5/5]

    • Ornato Pio Cesare Barolo 2004 – 95,00 $

La cuvée haut-de-gamme de Pio Cesare, un cru situé près de Serralunga d’Alba, au sud-est de l’appellation. Les vins issus de cette commune sont habituellement un peu plus concentrés en raison du terroir un peu moins fertile. L’Ornato de Pio Cesare n’en est toutefois pas un monstre de concentration. Des belles notes de cuir et de prune et les éternels tanins du Barolo rendent ce vin particulièrement agréable. [rating:4/5]

    • Monvigliero Mauro Sebaste Barolo 2004 – 40,75 $

Un cru mineur, situé dans l’extrême nord du Barolo, nous offre LE rapport qualité-prix de cet arrivage. Coté à 94 points par Wine Spectator, on comprend pourquoi lors de la dégustation. Assez moderne et très accessible malgré son jeune âge, c’est le vin que je recommanderais pour découvrir (ou faire découvrir) l’appellation. Très réussi. [rating:4/5]

    • Brunate Michele Chiarlo Barolo 2004 – 64,00 $

Le second cru de Michele Chiarlo offert lors de cet arrivage, il m’a semblé légèrement plus fermé que le Cerequio. Il a un peu souffert de la comparaison puisqu’il a été servi immédiatement après le Cerequio. Tout de même, il s’agit d’un beau Barolo au profil plutôt classique avec des notes de tabac, de cuir avec des accents fruités. [rating:3.5/5]

    • Pio Cesare Barolo 2004 – 57,00 $

Servi à l’aveugle, le détenteur de la 6e position du dernier palmarès Top 100 du Wine Spectator, n’a cessé d’évoluer au courant de la soirée. On a tout d’abord identifié le nebbiolo, mais la concentration du vin faisait penser qu’on pourrait plutôt y trouver un peu de barbera. au courant de la soirée, le nez a évolué pour finalement ressembler pas mal à celui de l’Ornato de la même maison. Mérite les critiques élogieuses qu’il a reçu. [rating:4/5]

VDV 23 – Un vin ne fait pas le printemps…

Los 800 - Un délicieux vin du Priorat
Los 800 - Un délicieux vin du Priorat
Pour cette 23e édition des Vendredis du Vin, le président du mois, Rémy Charest du blog À Chacun sa Bouteille, s’est probablement inspiré des premiers chauds rayons du soleil lors de la présentation de son thème. À en lire sa description, on entend les bourgons pousser, les oiseaux gazouiller (twitter…?), le barbecue crépiter et les vacances approcher.

Par contre, trouver un vin de printemps n’est pas aussi simple qu’il en a l’air. Dans un premier temps, il n’a pas fait assez beau et chaud pour sortir de notre routine hivernale et ainsi déboucher le premier rosé de la saison. Pas de terrasse encore, mais ça ne saurait tarder, avec une température prévue de 24 degrés cette fin de semaine. D’autant plus que le rosé vit des jours sombres ces temps-ci, avec l’autorisation des vins de coupage par l’Union Européenne (mélange de vin blanc et de rouge pour faire un vin rosé… comme dans la mauvaise blague).

Bref, le coeur n’est pas encore tout à fait au printemps. L’anticipation de l’été est par contre clairement installée. Contrairement à plusieurs personnes qui sortent les vins blancs légers, le printemps est la saison à laquelle je commence à me réintéresser aux vins plus charnus et costauds, souvent un peu plus du Nouveau-Monde qu’à mon habitude. La raison en est fort simple, ces vins sont mieux appropriés aux grillades qui jalonnent si joyeusement la période estivale.

Ainsi, j’ai ouvert un Los 800 2004, un beau vin de la région du Priorat, en Espagne. Composé de grenache (50 %), carignan (30 %), cabernet sauvignon (10 %) et syrah (10 %). Après avoir découvert ce vin dans le millésime 2003 lors d’un arrivage Cellier l’année dernière, j’avais hâte de déboucher la version 2004. Celle-ci ne m’a pas déçu. Un nez puissant de cacao, de fruits noirs avec une touche d’épice, un bouche sur le kirsch et les bleuets avec des tannins soyeux et une acidité bien présente font de ce vin un breuvage bien équilibré.

Le Priorat le moins cher disponible à la SAQ est très généreux pour le prix demandé de 20$. D’après mes souvenirs, il se compare au millésime 2003 et se compare avantageusement à un grand nombre de vins présents dans cette catégorie de prix.

[rating:3.5/5] – Code SAQ: 10860910 – 20,15$

Mas Elena Penedès 2004

Mas Elena 2004
Mas Elena 2004
Lors de l’arrivage Cellier du 5 mars dernier, quate vins étaient regroupés sous la thématique de vins certifiés agrobiologiques. Parmi ceux-ci, le Petite Sirah Red Truck 2006 s’était montré très agréable.

Lors du même arrivage, on présentait un assemblage bordelais composé de Merlot (61%), Cabernet Sauvignon (31%) et de Cabernet Franc (8%), le Mas Elena Parès Balta 2004. Originaire de l’appellation Penedès en Catalogne, l’élaboration de ce vin se fait selon des critères agrobiologiques. Dans le cas du millésime 2004, les vendanges ont commencé 10 jours plus tôt qu’à l’habitude principalement à cause de pluies dans les premières phases des vendanges. Chaque cépage est ensuite vinifié séparément, en utilisant des levures indigènes puis fermenté pendant 8 mois dans des barriques usagées de chêne français.

Le véritable test étant la dégustation, j’ai trouvé le Mas Elena tout à fait charmeur. Le nez comporte des notes bien intenses de fruits rouges et d’épices. En bouche, les tannins sont bien enrobés et le vin possède une très bon structure. Encore une fois, les notes dominantes sont les fruits rouges et le tout est parfaitement équilibré: pas trop tannique, pas trop acide, juste assez extrait avec une bonne longueur.

Pour le prix demandé de 18,95, il s’agit d’un bon rapport qualité-prix pour quiconque recherche un vin agréable et charmeur.

[rating:3/5] – Code SAQ: 10985763 – 18,95$

Des belles découvertes au Salon des vins de Québec

Vendredi dernier s’ouvrait le tout premier Salon international des vins et spiritueux de Québec.. Plus de 1000 produits y étaient représentés en une soixantaine de kiosques. On y retrouve des grosses agences d’importation (Vincor), des plus petites ainsi que quelques producteurs. Nous sommes allés visiter le Salon samedi en après-midi et avons eu la chance de goûter des bien beaux produits et d’y faire des bien belles rencontres.

L’après-midi a commencé en grand, avec la conférence de Mme. Sandrine Garbay, maître de chai au mythique Château d’Yquem. Nous avons été gâtés…! La conférence de Mme Garbay nous a permis d’en comprendre un peu plus sur l’élaboration de ce vin. De plus, nous avons eu la chance de goûter au millésime 2003 du Château, compliments de la maison. Bien que le salon ne soit pas le cadre idéal pour déguster une telle bouteille, on tombe facilement sous le charme avec sa longueur impressionnante et une complexité inouie. Le millésime 2003 était exceptionnel en ce sens que les vendanges ont été effectuées en une seule passe plutôt que 4-7 tries successives afin de garder le plus de fraîcheur possible en cette année de grande canicule. Cette chaleur était perceptible dans le vin, sous forme de notes de fruits confits. Un vin d’exception (avec un prix d’exception aussi…).

[rating: 5/5] Code SAQ: 10334063 – 520$

Puisque nous ne pouvions pas passer tout notre salon à boire du Yquem sur le bras du Château, voici quelques notes un peu pêle-mêle sur d’autres vins que nous avons pu déguster dans le cadre du Salon

  • Le Barolo 2004 de Corino Giovanni, en importation privée chez Vinealis, m’a particulièrement plu. Un beau nebbiolo, puissant (mais pas agressif), avec des parfums de fruits noirs bien équilibré par une acidité tout à fait présente. Pour l’instant, sera très bon avec la bouffe, mais peut mériter une petite sieste en cave. De plus, André Papineau, le propriétaire de l’agence d’importation, est un vrai passionné qui transmet facilement son intérêt pour ces vins italiens. [rating:4/5] – IP Vinealis – 49,35$
  • La Buena Suerte 2006, un vin fait de Mencia, dans l’appelation Bierzo (Espagne) est importé au Québec par l’agence d’importation de L’Utopie. Un vin bien honnête, en ce sens qu’on ne cherche pas à tricher avec le consommateur. On laisse le terroir et ce cépage peu connu s’exprimer. Amateurs de cabernet franc de la vallée de la Loire, il s’agira pour vous d’une belle découverte, en plein coeur de votre palette de goût. [rating: 3.5/5] – IP L’Utopie – 28,43$
  • On a goûté Yquem lors de la conférence, mais nous avons aussi pu déguster deux millésime du Château Climens, un grand cru classé de Barsac. Bien qu’il n’égale pas le raffinement qu’offre le mythique château de Sauternes, je ne pense pas que Climens soit totalement hors compétition. Le millésime 2003 (144,00$ – SAQ Signature) présentait le même profil aromatique que l’Yquem, dû aux chaleurs de l’été. Il s’agit vraiment d’un vin “bonbon” où le sucre prend une place importante, avec des notes de pêche et de fruits séchés. Il est toutefois tombé deuxième derrière le millésime 1996 (195,00$ – SAQ Signature), au profil plus classique et beaucoup plus équilibré. On ne peut pas ne pas aimer… [rating: 4/5] pour le 2003 et [rating: 4.5]+ pour le 1996.

D’après les commentaires récoltés auprès des exposants lors du salon et suite à celui-ci dimanche soir, il semblerait que cette première édition du Salon des Vins de Québec fut un succès. Avec une affluence de plus de 10 000 visiteurs, les organisateurs ont déjà annoncé que la seconde édition du Salon se tiendrait en 2011, après une année d’alternance avec celui de Montréal. Bravo!