Le petit vin de la coop…

Sur le blog de la SAQ, on parle récemment des vins produits par des coopératives de producteurs, qui sont souvent dénigrés par les amateurs. Plusieurs coopératives ont une historique de privilégier les rendements plutôt que la qualité dans le choix de ses raisins. Toutefois, cette impression est en train de changer, car certaines coop ont raffiné avec un souci du détail plus important de manière à conserver les caractéristiques du terroir même si les raisins proviennent de plusieurs producteurs différents.

Ma coopérative préférée est sans contredit les Produttori del Barbaresco. Provenant du nord-ouest de l’Italie, le Barbaresco se tient habituellement dans l’ombre de son grand frère Barolo. Les deux régions produisent des vins à base de nebbiolo, selon des techniques similaires, avec une différence au niveau du terroir dans lequel poussent les vignes. Situé près de la rivière Tanaro, le Barbaresco est généralement reconnu pour produire des vins un peu plus approchables en jeunesse que ceux produits 15 km plus au sud…

Produttori del Barbaresco - Langhe Nebbiolo
Produttori del Barbaresco – Langhe Nebbiolo

Les Produttori produisent à chaque année environ 420 000 bouteilles, provenant uniquement de nebbiolo. Ils divisent leur offre en trois gammes: le Langhe Nebbiolo, provenant de jeunes vignes, le Barbaresco DOCG, un assemblage des diverses parcelles et une variété de cuvées parcellaires, produites dans les meilleures années.

Présentement disponible à la SAQ pour la modique somme de 22.15$, le Langhe Nebbiolo est une merveilleuse introduction au style de vin produit dans le Piedmont, sans avoir à dépenser une fortune. Un nez typique de roses et de goudron, des tannins fermes et structurés (mais pas nécessairement agressifs, puisque les vignes sont jeunes) et des notes de cerise et de réglisse en finale. Vous vous en douterez, on doit aimer le vin qui ne goûte pas que les sempiternels petits fruits rouges… Le 2008 est le meilleur vin de 22$ que j’ai goûté, alors que le 2009 vient tout juste de prendre domicile dans la cave.

Le Barbaresco DOCG 2006 a recueilli tous les fruits provenant des vignobles habituellement vinifiés indépendamment et une bouteille ouverte cet été par l’ami Rémy Charest m’a convaincu de laisser dormir encore mes bouteilles pour un peu plus longtemps. Par contre, je ne dis pas que je ne me laisserai pas tenter lorsque j’aurai un viande de qualité à griller sur le BBQ…

Un terroir en pleine adolescence

Du 13 au 15 mai dernier, j’ai participé à TasteCamp, une réunion de blogueurs vinicoles. Pour sa troisième édition, le goupe a visité la région du Niagara, des deux côtés de la frontière, après avoir visité Long Island et les Finger Lakes lors des deux éditions précédentes. Je dois admettre, qu’avant mon arrivée au Niagara, je ne connais que très peu les vins qui y sont produits, même s’il s’agit d’une des régions vinicoles les plus proches de chez moi.

Dès les premiers moments de la fin de semaine, le ton était donné. Accueillis au Château des Charmes par Paul Bosc Jr. devant une carte des différentes régions et sous-appellations de la région, nous avons pu apprécier les efforts des vignerons de bien connaître les conditions dans lesquelles ils doivent travailler. C’est en partie grâce à l’implication de l’université Brock, située à Ste-Catharines, qui a largement étudié la géologie et le climat de la région du Niagara.

Paul Bosc Jr. expliquant les terroirs du Niagara
Paul Bosc Jr. expliquant les terroirs du Niagara (Cliquez pour un agrandissement de la carte)

Au Château des Charmes, nous avons eu rendez-vous avec trois échantillons tirés de différentes barriques d’Equuleus 2010, le vin-phare du domaine. Avec différents types de barriques (barriques neuves plus ou moins toastées, de même qu’une barrique vieille de trois ans), on a pu apprécier les différences que ce traitement apporte, malgré le jeune âge évident de ce qui était servi. J’ai préféré l’échantillon avec le bois neuf moins toasté, mais il a été difficile d’évaluer un vin à ce stade de son vieillissement. Ensuite, nous avons pu goûter au produit fini, le Equuleus 2007, la preuve que des assemblages de type bordelais de bonne qualité sont possibles dans le Niagara, du moins, lors des années les plus chaudes.

Toutefois, lors de la dégustation avec plusieurs producteurs de Niagara-on-the-Lake, on a toutefois pu constater que tous n’étaient pas rendus au même niveau de maturité. Les meilleurs producteurs ont une bonne offre, mais la qualité est parfois hétérogène. Les meilleures impressions vont à l’ambitieux assemblage bordelais de Stratus, aux pinots de chez Lailey Vineyards ainsi qu’au Cabernet Franc de Ravine Vineyard.

Quand on parle de terroir, une bonne partie consiste en reconnaître le potentiel que le climat offre et ensuite travailler avec cette offre. La région est suffisamment mature pour reconnaître que le climat est plus chaud à Niagara-on-the-Lake, suffisamment pour permettre de cultiver des variétés bordelaises avec un bon degré de maturité. Sur le Bench, cette formation rocheuse en surplomb du lac Ontario à l’ouest de Ste-Catharines, le climat est un peu plus frais et on retrouve plus de chardonnay, de pinot et de riesling. Les quelques producteurs qui ont décidé de produire des variétés bordelaises sur le Bench ne m’ont pas convaincu…

Barriques chez Tawse
Barriques chez Tawse
De manière générale, j’ai préféré les vins issus du Bench. Les chardonnays de Tawse sont des produits de haut vol, en finesse et en équilibre, avec une utilisation des barriques juste à point, sans excès et sans masquer le terroir. Au Québec, on vient de recevoir une cinquantaine de bouteilles du Chardonnay Robyn’s Block 2008 qui vaut bien les 49$ demandés. Notre cher monopole offre aussi différentes cuvées Echos pour un peu plus d’une vingtaine de dollars de ce vignoble biodynamique, sur lequel je reviendrai plus en détails plus tard.

Il ne faut pas oublier non plus Le Clos Jordanne, qui produit des cuvées de haut niveau à chaque année, Vineland Estates qui nous a servi un riseling 1989 (qui se vendait 8$ à l’époque!) toujours parfaitement en vie et qui possède un des plus vieux vignobles de la région et 13th Street, un domaine d’envergure plus modeste qui produit un superbe mousseux rosé, parfait pour célébrer l’été qui approche.

Au final, on peut déterminer que la région est pleine de potentiel. Lors des meilleures années, les meileurs producteurs ont une offre de très haut niveau et les autres arrivent à faire des bien bons vins. Lors des moins bonnes années, on reconnaît tout de suite la différence entre les producteurs qui connaissent bien leur terroir et qui savent quoi en tirer des autres. La région commence à trouver un peu de maturité, tant au niveau des vignes que du savoir-faire. Après tout, le terroir, c’est bel et bien la combinaison de ces deux facteurs! Les vins dégustés pendant cette fin de semaine m’ont convaincu de garder un oeil plus attentif sur le Niagara.

Tastecamp North en images

Pendant trois jours en fin de semaine dernière, j’ai participé à TasteCamp North, un regroupement de blogueurs vinicoles et journalistes en visite dans une région vinicole.

De retour à la vie normale, je tente de faire le tri dans mes notes, photos et impressions des quelques 200 vins dégustés durant la fin de semaine, à la recherche de cohérence, thèmes et d’histoires intéressantes à vous raconter sur le blog. Ça viendra, mais entretemps, je vous propose un bref apreçu photographique de la fin de semaine.

Échantillons de 3 barriques de Equuleus, au Château des Charmes
Échantillons de 3 barriques de Equuleus, au Château des Charmes

Au Château des Charmes, notre groupe a servi de test afin d’exprimer nos préférences sur trois barriques différentes d’Equuleus, le vin-phare du domaine. Un regard privilégié sur les questions que les vignerons se posent pendant l’élaboration d’un vin.

Que ce soit dans les vignes ou à l’intérieur, les vignerons aiment partager leur travail et leur philosophie afin que l’on comprenne bien leur ligne de pensée.

Paul Pender, expliquant sa vision du terroir et de la biodynamie, chez Tawse.
Paul Pender, expliquant sa vision du terroir et de la biodynamie, chez Tawse.

Brian Schmidt, de Vineland Estate, en pleine explication
Brian Schmidt, de Vineland Estate, en pleine explication

TasteCamp, ce n’est pas que du vin, et c’était particulièrement vrai cette année, avec le cochon de lait servi chez Ravine Vineyard, le très bon dîner au Château des Charmes et le jarret d’agneau servi chez Treadwell…

Souper chez Ravine Vineyards
Souper chez Ravine Vineyards
Chez Ravine Vineyards
Chez Ravine Vineyards

Il a plu un peu, mais ça n’a pas empêché la bonne humeur et la découverte de la belle région du Niagara.

Journée pluvieuse chez Flat Rock Cellar
Journée pluvieuse chez Flat Rock Cellar
Barriques de pinot, chez Tawse.
Barriques de pinot, chez Tawse.

En se rendant à TasteCamp North

Plus que deux jours avant TasteCamp North, une rencontre d’une trentaine de blogueurs vinicoles qui en est à sa troisième édition. Après Long Island et les Finger Lakes, c’est au tour de la péninsule du Niagara de s’ouvrir aux blogueurs.

Au menu de cette fin de semaine bien remplie, on rencontre environ 45 producteurs avec qui on aura la chance d’échanger sur leurs produits, sur leur philosophie, sur le Niagara et, peut-être, sur le fait que les Maple Leafs n’ont pas gagné la Coupe Stanley depuis 1967…

Pour se préparer et retirer le plus possible de cette course de demi-fond (pas tout à fait un sprint, pas tout à fait un marathon…), quelques étapes sont nécessaires.

Tout d’abord, on lit les entrevues réalisées par Michael Di Caro avec les différents winemakers que l’on va croiser durant la fin de semaine. Il s’agit d’un beau travail de mise en contexte qui nous permettra de se plonger plus rapidement dans le vif du sujet avec les producteurs!

TasteCamp étant aussi un événement social, on consulte la liste des participants et on essaie de tisser des liens. Il y a plusieurs figures qui me sont déjà connues, entre autres parce qu’il s’agit de vétérans des éditions précédentes. La délégation québécoise prend un peu d’ampleur avec @RemyCharest, @DavidSanterre (a.k.a @BandedesVins), @girlonwine (dont je viens de découvrir le blog) et moi-même.

Finalement, on regarde ce qu’on risque de découvrir avec l’excellente mise en bouche de Rémy sur the Wine Case. Ça donne soif, tout ça. On se revoit vendredi!

Du vin en Chine…

Lors de mes deux semaines en Chine, on m’a souvent posé la question suivante: “Et puis, le vin en Chine…?” Dans la majorité des cas, c’était aussi accompagné d’un petit sourire qui en disait long sur la perception des gens sur le vin chinois.

C’est en visitant le pays qu’on prend la mesure de la relation des Chinois avec le vin. Bien qu’on retrouve des vignes en Chine depuis le deuxième siècle avant notre ère, elles furent principalement utilisées comme raisin de table ou pour faire des raisins secs. Encore aujourd’hui, seulement 13% du vignoble chinois, pourtant le quatrième vignoble mondial, est vinifié.

Photo prise lors du Salon international du vin à Hong Kong, le 15 août 2008. (Photo: AFP)
Photo prise lors du Salon international du vin à Hong Kong, le 15 août 2008. (Photo: AFP)

En voulant simplifier un peu, on peut dire que le vin consommé en Chine est rouge et bordelais.

Rouge, parce que le palais asiatique est différent du palais occidental et est plus sensible à l’acidité vive du vin blanc. Ainsi, plusieurs le coupent avec du soda ou du jus de fruit pour en atténuer le goût… De plus, au restaurant, un verre de vin blanc ressemble à s’y méprendre à un verre d’eau, ce qui n’est pas idéal pour quelqu’un qui veut montrer qu’il boit du vin.

Rouge, aussi parce qu’il s’agit d’une couleur qui symbolise le bonheur, la chance et la prospérité en Chine. Or, le symbolisme fait partie intégrante de la culture chinoise et est un facteur important dans le choix du breuvage qui va accompagner le souper.

Bordelais, parce que les Chinois boivent surtout pour le prestige. Le vin est considéré comme un produit de luxe en Chine et plusieurs s’en servent pour afficher leur richesse. Or, le marketing bordelais est très efficace et ils ont su tabler sur la notion de prestige autour de leurs plus grands domaines.

Maintenant, des groupes industriels chinois achètent des domaines dans la région bordelaise, même les très modestes et la Chine forme maintenant le plus grand marché d’exportation des vins bordelais en dehors de l’Union Européenne. La stratégie dans ces investissements est principalement de capitaliser sur l’image de marque de Bordeaux pour vendre le vin à bon prix en Chine.

Avec une croissance de 30% par année lors des trois dernières années et une consommation qui est encore sous la barre d’une bouteille par année par habitant, la Chine est un marché alléchant pour tous les pays producteurs. C’est présentement la France qui détient le haut du pavé des exportations vers la Chine et les autres pays producteurs devront rivaliser de prestige afin de séduire les consommateurs chinois qui veulent goûter au prestige du vin.

Toutefois, en faisant de la recherche pour cet article, j’ai découvert le fait que 90% du vin consommé en Chine était du vin chinois.[1. Les chiffres ne précisaient pas toutefois si cette proportion était calculée selon la valeur ou le volume du vin vendu. J’ai lu qu’en terme de valeur, c’était plutôt 60% du vin consommé en Chine qui était produit localement, mais ces chiffres restent à vérifier.] Ce n’est toutefois pas ce que j’ai constaté à Shanghai, ce qui souligne la différence que je présume importante entre la métropole et le reste du pays.

J’ai toutefois dû faire des pieds et des mains pour trouver du vin chinois à Shanghai, outre le Great Wall que l’on retrouve un peu partout dans les dépanneurs et les petites épiceries. Finalement, je suis passé par hasard à côté de la boutique de Grace Vineyard, un vignoble fondé en 1997 dans la province de Shanxi. J’ai bien hâte d’y goûter, le vignoble ayant reçu des bons mots de Jancis Robinson.

Vous voulez goûter aux vins chinois disponibles à la SAQ? Le Chardonnay Dragon’s Hollow sentait le riz (!) et goûtait la barrique alors que le Cabernet-Sauvignon Dynasty goûté récemment au Salon des vins de Québec est correctement décrit comme… aqueux. Bref, si vous voulez prendre la mesure du vin chinois, ouvrez-vous un Bordeaux, ou attendez un peu!