Nicolas Potel – Bourgogne Rouge 2013

La Bourgogne n’est définitivement pas une région facile d’approche. Avec sa myriade d’appellations, ses producteurs qui gèrent quelques hectares, ses légendes et, malheureusement ses prix qui augmentent sans cesse,  la région a tout pour intimider l’amateur. Toutefois, les vins qui y sont produits peuvent être magiques et une fois qu’on est tombé en amour avec la Bourgogne, il est très difficile de s’en sortir…

Pour ceux qui cherchent plutôt une introduction à la région, c’est vers les vins d’appellation Bourgogne Rouge qu’il faudra se tourner. Celui de Nicolas Potel constitue un bon exemple. Fils de Gérard Potel qui a fait un travail exemplaire au Domaine de la Pousse d’Or, il a grandi dans le monde du vin et fondé sa compagnie de négociant en 1996. Toutefois, suite à des problèmes financiers, il a dû vendre la compagnie à Labouré-Roi en 2004. Il y a officié jusqu’en 2009, quand il a définitivement quitté et fondé le domaine de Roche de Bellène, mais n’a pas pu conserver l’utilisation commerciale du nom Nicolas Potel…

D’une robe rouge translucide et éclatante (à peine plus foncée que certains rosés!), on retrouve au nez des petits fruits rouges et ce côté de cerises surettes que j’aime bien dans ces vins. Avec une petite touche florale et un élevage qu’on sent mais qui ne prend pas trop de place, on a tout pour donne une bonne idée de ce que peut donner un pinot bourguignon bien fait. Mais c’est surtout le côté buvabilité qu’on retient: l’acidité est franche, les tanins sont fins et on en redemande. Contrairement à l’idée préconçue de la Bourgogne, ce n’est pas nécessairement un vin intellectuel mais plutôt un vin de plaisir.

Pour bien comprendre la hiérarchie bourguignonne, il est pertinent de mettre côte-à-côte plusieurs vins du même producteurs, dans des niveaux d’appellation différents. Puisque les vins de cette maison sont bien distribuées sur les tablettes de la SAQ, il est possible de se monter une dégustation avec des amis sans trop de problèmes logistiques. Et, avec un peu de chance, vous allez vous aussi tomber en amour avec la complexité de la Bourgogne.

Note: Merci à réZin pour la bouteille en échantillon. 

Chartier, IGA et vous

La semaine dernière, j’étais invité au lancement de la gamme de vins Harmonies de François Chartier. Si vous avez visité une SAQ depuis l’année dernière, vous avez certainement remarqué l’arrivée sur les tablettes des vins de négoce élaborés et commercialisés en collaboration avec des domaines en France, en Italie et en Espagne. Cette année, il récidive avec une autre gamme de produits vendue en supermarché.

Pour résumer, IGA a approché François Chartier afin de développer une gamme de vins de qualité qui pourraient être vendus dans leurs supermarchés. Quand on sait qu’un peu plus de 25% de tout le vin vendu au Québec (en volume) l’est fait dans le réseau des épiceries et que la qualité du vin offert dans ces magasins est plutôt… discutable, la possibilité d’y occuper une niche est d’autant plus alléchante. Au point de vue marketing, le placement est logique puisqu’IGA tente de se positionner comme étant l’épicerie qui offre le plus de choix et de qualité sur ses rayons.

Reste le problème de la qualité. Pour qu’un vin soit vendu dans ce réseau, il doit être embouteillé au Québec. Transporté par bateau depuis son port d’origine, on doit veiller à ce qu’il ne souffre pas dans le voyage. Ce n’est qu’après avoir fait les vérifications nécessaires que le projet a pu être officiellement lancé. La conclusion est que si le vin est de bonne qualité au départ, il sera de bonne qualité à l’arrivée.

Ainsi, Chartier a pu travailler avec les mêmes domaines que pour sa gamme de vin en SAQ, à la différence principale qu’ils sont plutôt embouteillés à la Maison des Futailles, à Boucherville. Aussi, le contexte réglementaire fait qu’il n’est pas possible d’inscrire ni le millésime, ni les cépages sur l’étiquette des vins vendus en épicerie, limitation contournée par l’information rendue disponible sur le site internet.

Au final, trois vins ont fait leur apparition, un blanc et deux rouges provenant respectivement du Languedoc, du Rhône méridional et de la Toscane. Comme pour la gamme de vins en SAQ, le focus est principalement mis sur les accords qu’il est possible de faire à table plutôt que sur le vin lui-même et c’est encore plus présent dans le cas de la gamme Harmonies.

Lors du lancement au Château Frontenac, nous avons eu la chance d’avoir deux bouchées concoctées par Stéphane Modat. L’accord entre les vins et les bouchées était à chaque fois particulièrement réussi et a même volé le show. Vous n’êtes pas pas Stéphane Modat? Pas grave. En utilisant les ingrédients indiqués sur la contre-étiquette dans votre recette, vous obtiendrez au moins un résultat correct.

Les vins, ils étaient comment? Fort respectables et offrant une option intéressante pour dépanner lorsque la SAQ est fermée. Si vous aimez les vins présents en SAQ, vous retrouverez sensiblement la même chose en épicerie, pour un prix similaire, sans qu’ils soient exactement identiques. Mais il n’y a toutefois rien comme d’y goûter pour se forger sa propre opinion!

Dans le cellier de Sophie

Lors d’une visite chez une amie, elle me mentionnait au détour d’une conversation que lorsqu’elle arrivait dans une succursale de la SAQ, elle se dirigeait généralement vers une bouteille qu’elle connaissait et en achetait deux bouteilles. Du même souffle, elle mentionne son goût pour la découverte de nouveaux vins. Voici donc quelques recommendations pour l’aider à apporter un peu de diversité.

Les Blancs

En blanc, on retrouve deux classiques: le Sauvignon Blanc de Kim Crawford et le chardonnay Bin 65 de Lindeman’s.

En alternative au sauvignon blanc néo-zélandais, je suggère de se tourner vers la cuvée Gaba do Xil de Telmo Rodriguez. Une bouteille toute en fraîcheur faite de godello qui fait une belle place aux agrumes et qui fera des miracles en apéro. Pour un peu moins de 20$, il offre un excellent rapport qualité-prix.

Pour faire changement du chardonnay, on cherche ici un vin plus ample et généreux que le précédent. On reste toutefois en Espagne avec le Gran Viña Sol de Torres. Cette grande maison catalane produit année après année un vin où le bois en bien placé, l’acidité en soutien et le prix toujours raisonnable. Toujours disponible sur les tablettes, j’ai souvent tendance à finir par acheter autre chose, mais je ne devrais pas… Et contrairement au Lindeman’s, le Gran Viña Sol est même bâti pour vieillir quelques années…!

Les Rouges

Clos St-Alphonse. Photo: SAQ.com
Clos St-Alphonse. Photo: SAQ.com

Du côté rouge, on a encore une abondance de vins provenant de Down Under et de vins américains qui cherchent à en mettre plein la vue. Oui, c’est la manière polie pour dire qu’il y a du Apothic Red dans ce cellier (au nombre de bouteilles vendues, c’est un peu normal d’en retrouver un peu partout…!)

Lançons-nous directement en cherchant une alternative au fameux Apothic… Ce qui me dérange le plus est certainement qu’il contienne 18g/l de sucre résiduel (selon le site de la LCBO) et que son acidité est assez faible. J’aurais tendance à suggérer d’aller chercher la chaleur du sud de la France, qu’on retrouve en très bonne quantité dans le Domaine la Montagnette. Toutefois ici, chaleur et fruits sont bien supportés par des tanins bien enrobés.

On y retrouve aussi le cabernet sauvignon RH Phillips 2012, un cabernet sauvignon californien pas trop cher et qui est somme toutes un bon choix. Pour faire changement, dans le style tout aussi ensoleillé mais un peu plus rustique, on explore la section Divers Pays de la SAQ et on choisit le Clos St-Alphose du Château Ksara, au Liban.  Le millésime 2007 vient de quitter les tablettes, remplacé par le 2011. Dans les deux cas, on a un vin gourmand pas compliqué mais qui en offre beaucoup pour les 11 dollars demandés.

Trois rosés pour votre table estivale

Domaine du Vieil Aven
Domaine du Vieil Aven – Photo: SAQ.com

L’été est maintenant fermement arrivé, les terrasses sont ouvertes et les ventes de rosé sont à leur sommet. Parfaits pour l’apéro entre amis, on oublie trop souvent que les rosés font aussi des très bons partenaires à table. En voici trois dégustés récemment qui feront bien des heureux autour de votre table, que ce soit cet été, pour amener un peu de soleil cet hiver ou juste pour montrer qu’un bon rosé, c’est autre chose qu’un Gallo…

Le vignoble de Tavel, dans le sud de la Vallée du Rhône, produit uniquement des vins rosés à base des cépages classiques de la région: grenache, mourvèdre, syrah, cinsault, etc. Sur les tablettes de la SAQ, on en retrouve 5, dont le Domaine du Vieil Aven. La robe, d’un rose soutenu, annonce une bonne concentration et son nez de framboises, soutenu par des notes épicées, est aussi retrouvé en bouche. Ce qui en fait un classique, année après année, c’est qu’il sait aussi conserver une bonne fraîcheur. En plus, il est habituellement disponible aux succursales SAQ Dépôt, ce qui le rend d’autant plus intéressant!

Vin gris de Cigare - Photo: SAQ.com
Vin gris de Cigare – Photo: SAQ.com

La Californie sait produire son lot de sirop pour la toux aux framboises, que certains appellent White Zinfandel. Sucrés et sans acidité, je vais prendre un cooler Casal Domingo avant les deux principaux qu’on a au Québec… Et que dire du Ménage à Trois Rosé, un peu plus sucré que sa version rouge… Ceci étant dit, il ne faut pas mettre tous les rosés californiens dans le même chapeau. Le Vin Gris de Cigare de chez Bonny Doon fait bande à part. D’une couleur plus pâle que le Tavel, les notes dominantes sont florales plutôt que fruitées. L’équilibre et la fraîcheur ne sont jamais très loin, ce qui en fait un candidat idéal pour la dégustation l’été prochain, lorsqu’il aura pris un peu plus de maturité. Entretemps, servez-le avec un filet de poisson grillé sur le barbecue lors d’une jolie soirée d’été!

Cape Bleue - Photo: SAQ.com
Cape Bleue – Photo: SAQ.com

Jean-Luc Colombo est un vigneron réputé du nord de la vallée du Rhône, dont la réputation est bâtie sur ses crus de Cornas (que je n’ai jamais goûté…). On retrouve sur les tablettes depuis le début de l’été un rosé qui porte sa griffe. Les images font rêver: des vignes faisant face à la Méditerranée, non loin de Marseille, des oliviers et de la garrigue et le calcaire blanc qui contraste avec le bleu de la mer. Syrah et mourvèdre s’allient ici pour donner le Cape Bleue 2013: un vin qui tire seulement 12% d’alcool, qui a une couleur qui tire plutôt sur le saumon, avec des notes classiques de framboises et de cerises, mais aussi ce côté olive noire et garrigue qu’on retrouve dans la syrah de cette partie du monde. Amenez-le ainsi qu’un peu de beau temps, je grillerai un poulet sur le barbecue pour l’accompagner.

Le printemps grec

Lorsqu’un amateur de vin parle d’un pays producteur qui l’enthousiasme, la Grèce vient rarement en tête de liste. Au mieux, vous tombez sur quelqu’un comme moi, qui n’hésite pas à recommander un vin grec lorsqu’un collègue demande conseil le vendredi après-midi (ne serait-ce que pour les sortir de leur zone de confort…).

Ainsi, lorsque l’agence Oenopole m’a contacté pour m’inviter à une soirée dégustation autour des vins grecs, je n’ai pas hésité une seconde. Il faut savoir que cette agence d’importation est à l’avant-poste de la mise en disponibilité des vins de la péninsule hellénique au Québec et ces vins composent environ 25% de leur portfolio! J’avais eu quelques bonnes expériences avec leurs produits, mais je ne pouvais pas m’attendre à une soirée du niveau de celle que nous avons eu.

Orientée sur la découverte des terroirs et des cépages grecs, habituellement méconnus, entre autres à cause de leurs noms intimidants… Ainsi, on a pu se familiariser entre autres avec le moschofilero, le rodvitis, l’assyrtiko et le xinomavro, pour notre plus grand plaisir gustatif. De plus, on a pu constater tout leur potentiel à table avec les (brillants!) accords d’Olivier Godbout.

Comptant pour près de 75% de toute la production grecque, les vins blancs ont tout naturellement pris les devants. On retrouve dans les blancs grecs une tension particulière et une acidité vive, ce qui peut surprendre compte tenu de l’ensoleillement qui orne les couvertures des magazines de voyage… Le sol escarpé, pauvre et bien souvent volcanique, la présence rafraîchissante de la mer, traditions millénaires de vinification. Tout est en place, il ne reste qu’à convaincre le consommateur d’y goûter!

Avec un duo de calmars grillés au paprika fumé et de crevettes épicées à l’ail, trois blancs aromatiques qui feront un malheur lors de l’ouverture de votre terrasse, maintenant que le soleil daigne se pointer le bout du nez. Le Savatiano 2013 de Papagiannakos, correct sans être spectaculaire lorsque servi seul s’est révélé lorsque accompagné du calmar grillé. Quant au moschofilero Mantinia 2013 du domaine Tselepos, il a su allier avec brio l’intensité des fruits exotiques avec un côté droit et salin qui a fait des merveilles avec les crevettes.

On a ensuite pu goûter à deux vins provenant de l’île de Santorini, un caillou volcanique du sud-est de la mer Égée. À cause de la composition du sol, le phylloxera n’a jamais pu s’y implanter et toutes les vignes sont franches de pied! L’assyrtiko y est roi et maître, et est parfois assemblé avec du l’athiri et de l’aidani…

Vignoble de Santorini
Vignoble de Santorini

On a retrouvé dans cette vague les deux stars de la soirée. Le Atlantis 2013 du Domaine Argyros, du haut de ses 18,65$, sera certainement en grandes quantités en cave pour les chaudes soirées d’été, avec ses notes de fruits exotiques et son acidité vive qui garde le tout en équilibre. Quant au Santorini 2012 de Hatzidakis, il était une grosse coche au-dessus de tout le reste. On se demande comment il est possible d’embouteiller autant de qualité pour que 23.55$. Au moment d’écrire ces lignes, il ne reste que 119 bouteilles, réparties dans une poignée de succursales. Habitants de Baie-St-Paul, Rosemère et Sorel, courez vers votre SAQ, vous ne le regretterez pas.

En rouge, c’est le Naoussa Jeunes Vignes du Domaine Thymiopoulos qui a retenu les papilles. On est ici assez proche du Piedmont que j’aime tant, avec un nez complexe de fraises, de poivre et de violettes, avec des tanins fins, mais qui ne laissent pas leur place. Confortablement sous la barre des 20$, il s’agit d’un rapport qualité-prix difficile à battre, qui saura aussi vieillir en beauté dans votre cave pour quelques années, si vous réussissez à ne pas toutes les boires d’ici-là!

Et non, on n’a pas bu de la Restina pendant toute la soirée, contrairement à ce que certains auraient pu penser! Quoique je n’aurais pas dit à un petit ouzo comme point d’orgue à cette soirée particulièrement spéciale…

Merci encore à Élisabeth Lebel d’Oenopole pour l’invitation, à Théo Diamantis pour avoir animé la soirée d’une main de maître et au Cercle de s’être donné à fond dans les accords mets et vins. Les photos de la soirée sont de mon amie Caroline Décoste qui a joué au photographe pendant que mes batteries étaient à plat.