Coups de coeur au Salon

Un après-midi en bonne compagnie, au Salon des Vins de Québec, ça passe rapidement. C’est bien connu, tout va plus vite quand on a du plaisir. Armé des conseils de Caroline sur comment bien se comporter au Salon et de papilles bien reposées, j’ai écumé les kiosques pour vous (oui, bon. un peu pour moi aussi…). Voici quelques coups de coeur de ces quelques heures de dégustation.

Pour débuter en beauté, il n’y a rien comme déguster quelques Champagnes. Ceux de la maison Ayala s’offrent tout naturellement en entrant dans la salle d’exposition. Toute la gamme est superbe et à un prix tout à fait honnête.

Champagne Ayala

Le Ayala Brut Majeur est disponible pour 47$, mais c’est surtout le Ayala Majeur Rosé (57$) et le Ayala Zéro Dosage Brut Nature (53$) que je retiens. Le premier est tout en fruit et en fleur, avec une bouche fraîche, droite mais tout de même bien enveloppante. Un vin qui danse et en met plein la vue. Le second est plus minéral et pur, avec définitivement la fraîcheur à l’avant-plan. Le fait qu’il soit non-dosé le rend d’autant plus aérien.

Pour se gâter, on tâte du Perle Nature 2002, une merveille de complexité et de longueur et on souhaite être en mesure de se payer ce Champagne haut-de-gamme (119$) lors de son retour à la SAQ Signature prochainement.

On poursuit ensuite au kiosque du Marchand de Vin pour aller dire bonjour à Thomas Perrin et déguster les vins produits par la famille Perrin. Du modeste Perrin Réserve qu’on retrouve en produit régulier à la SAQ jusqu’au très prisé Château de Beaucastel, on ne se trompe pas. Le Gigondas La Gille est impressionnant, offre la puissance d’un millésime chaud comme 2009 mais reste toujours en équilibre. On le ressent en bouche pendant un long moment, et ce n’était certainement pas dû qu’à mes papilles fatiguées…! Il s’agit assurément d’un bel achat qui tiendra la route pendant encore plusieurs années.

Mon plus gros coup de coeur revient toutefois à un vin sicilien, que j’ai pu retrouver au kiosque de Connexion Oenophilia, une agence que je ne connaissais pas. Le Etna Rosso ‘a Rina 2010 de Girolamo Russo est le vin qui m’a le plus enthousiasmé de tout ce que j’ai goûté.

GIrolamo Russo

 

Un vrai beau vin de soif, qui nous fait retourner à notre verre sans cesse, qui est malheureusement vide plus rapidement qu’on pourrait le croire. Beaucoup de fruit, une fraîcheur exemplaire grâce à des vignes en altitude sur les flancs de l’Etna et un traitement au chai qui laisse le le nerello mascalese s’exprimer pleinement. J’adore et je ne tarderai pas à en mettre en cave, puisqu’il est disponible en petite quantité en importation privée, pour un peu moins de 30$.

Il reste encore deux jours au Salon, ce qui est amplement de temps pour compléter ces découvertes et les partager!

Le prix du temps | Léoville Las Cases 1983

J’ai la chance d’habiter non-loin de la SAQ Signature de Québec qui possède un bar à dégustation bien entretenu. Une rotation est assurée à chaque semaine et les nouveaux produits en dégustation sont annoncés via le compte Twitter de la succursale. Lors que la station de dégustation est bien entretenue, il s’agit d’un véritable atout marketing pour cette succursale, un constat que trop peu de conseillers semblent reconnaître.

La semaine dernière, on retrouve dans la station de dégustation un Léoville Las Cases 1983, un deuxième cru classé de St-Julien, entre autres produits bien intéressants… J’ai donc saisi la balle au bond et me suis rendu à l’encontre de cette bouteille.

Leoville Las Cases 1983

Lors de la dégustation, rien à redire. Le vin porte bien ses 30 ans et offre encore un fruit certain et une très belle complexité au nez. L’attaque est franche, mais la finale s’essoufle un peu, sur des notes un peu poussiéreuses. On est visiblement en face d’un grand Bordeaux qui a ses plus belles années derrière lui, mais qui n’est certainement pas encore aux portes d’un centre d’hébergement de longue durée. En 1995, Robert Parker disait qu’il était à boire sans attendre, le constat tient toujours près de 10 ans plus tard.

Est-ce que ce vin vaut 261$? Certainement pas, considérant tout ce qu’on peut avoir pour le même prix. Est-ce qu’il vaut 130$ et un voyage aux États-Unis? Si vous y êtes et que vous le croisez sur votre chemin, peut-être, considérant que le 2011 est offert à 225$ en primeurs.  Mais pour une dizaine de dollars dans une station de dégustation, il s’agit d’une expérience offert à prix honnête. Goûter à un vin de son année de naissance, ça vaut au moins ça…!

Luna Beberide Finca la Cuesta 2009

Ce n’est pas un secret, j’aime bien les vins du Bierzo, cette région du nord-ouest de l’Espagne, qui produit des vins à base de Mencia. Les vins qu’on y produit sont généralement assez costauds, mais les meilleurs producteurs réussissent à conserver une belle fraîcheur dans leurs vins.

C’est donc avec un a priori favorable que j’ai ouvert une bouteille du Finca la Cuesta 2009, de Luna Beberide. Ils cultivent des vieilles vignes de 60 ans situées en altitude, utilisent les levures indigènes pour leur fermentation et n’utilisent pas de pesticides ni d’herbicides dans leur culture. La bouteille est bien jolie en plus… Le tout pour moins de 20$, l’offre est certainement attrayante.

Finca la Cuesta

Lors de l’ouverture de la bouteille, le nez puissant du Bierzo est bien présent avec beaucoup de fruits noirs, des épices et des subtiles notes florales. Toutefois, en bouche, l’alcool prend beaucoup de place et c’est à ce moment que je remarque que le vin tire 14.4%, ce qui vient débalancer un peu l’ensemble et enlever la fraîcheur que je recherchais.

Toutefois, lorsque je suis revenu le lendemain, l’alcool était rentré dans le rang et le vin était nettement plus digeste. J’y ai alors retrouvé le Bierzo que j’aime, un genre d’hybride entre les bons crus du Beaujolais et l’exhubérance des bons vins du sud.

En deux jours, c’est donc passé d’un mauvais achat à un vin auquel je vais probablement donner une deuxième chance, après un peu de temps passé en réclusion à la cave. Il aura alors eu un peu plus de temps pour retrouver son équilibre et que ce soient alors les qualités du Bierzo qui ressortent.

Le millésime 2008 s’est mérité une grappe d’or du guide Phaneuf, des commentaires élogieux de Chartier et le 2009 a reçu un paquet de notes de plus de 90 de la presse internationale.  Il s’agit d’un vin qui offre un bon rapport qualité-prix lorsqu’on lui donne un peu de temps. Vous l’ouvrez tout de suite? Passez-le en carafe quelques heures avant le repas pour lui donner l’occasion de se montrer sous son plus beau profil.

Produttori del Barbaresco | Langhe Nebbiolo 2008

Les gens qui me connaissent personnellement (ou ceux qui lisent ce blog régulièrement) savent que je ne taris pas d’éloge pour les Produttori del Barbaresco, la cave coopérative des producteurs de Barbaresco. J’hésitais même à vous reparler de ce vin pour lancer l’année 2013, puisque j’ai déjà quatre articles qui mentionnent cette coop

Toutes ces bonnes intentions sont toutefois envolées en fumée devant ce verre de Langhe Nebbiolo 2008. Pour vous situer dans la hiérarchie, il s’agit du vin d’entrée de gamme du domaine. Il  disponible à la SAQ pour 22$ et qui a séjourné en cave pendant 2 ans.

Produttori del Barbaresco Langhe 2008
Produttori del Barbaresco Langhe 2008

Les vignes sont plus jeunes ou les parcelles faisant partie de cette cuvée produisent du jus moins conentré. Ainsi, c’est un nebbiolo qui s’ouvre plus rapidement et qui est prêt à boire plus rapidement. Dans le verre, on retrouve un nebbiolo bien classique, avec ces notes classiques de fleurs et de goudron et de cerises amères, le tout soutenu par des tannins bien présents. J’adore ce type de vin structuré, droit et qui ne cherche pas à se prendre pour quelqu’un d’autre.

Ses deux années de repos lui ont fait le plus grand bien. Même s’il était très bon lors de son arrivage, il a gagné en maturité et ses composantes sont mieux intégrées. Les tannins sont (légèrement) plus enrobés et ne sont plus à l’avant-plan comme ça peut souvent l’être dans des jeunes nebbiolos.

Même quatre jours plus tard, le vin était encore bien fringant, le nez toujours aussi expressif et la bouche encore bien droite. L’équilibre commençait à se perdre un peu (l’alcool prenait un peu trop de place), mais il était encore tout à fait délicieux.

Si je vous ai donné le goût, le millésime 2010 est malheureusement déjà épuisé (hormis les 11 bouteilles de la succursale de Saint-Raymond, près de Québec). Toutefois, lors des années précédentes, il y a souvet eu plusieurs arrivages sur les tablettes de notre monopole bien-aimé. Il s’agit d’une très belle introduction au nebbiolo, Vous aurez la piqûre et vous voudrez découvrir ce qu’il peut donner dans ses versions plus abouties.

Ma stratégie d’achat à partir du prochain arrivage? Systématiquement en mettre plusieurs en cave et les ouvrir graduellement, en attendant que ses grands frères Barbarescos gagnent en maturité et en sagesse…!

La fraîcheur de la Sicile

La Sicile fait rêver, avec ses côtes ensoleillées donnant sur la Méditerranée, ses eaux turquoises, la vallée des temples, les poissons fraîchement pêchés et apprêtés simplement, le marché de Palermo…

Source: Antonio Ilardo sur Flickr

D’un point de vue vinicole, le soleil du sud gorge les raisins de sucre et les vins qui en résultent sont à l’image de la région: généreux, colorés et qui en mettent plein la gueule. Aussi, on est loin des petits domaines familiaux de la Bourgogne ou du Piemonte, les grands domaines de la région produisant souvent des millions de caisses par année. Au final, les vins qui y sont produits sont souvent très bons, mais pas nécessairement distinctifs. Pour des bons exmples, allez chercher un Cusumano ou vin de Donnafugata. Vous ne serez pas déçus de ce que vous aurez dans le verre, mais est-ce particulièrement Sicilien?

Certains vignerons sont toutefois en marge de ce style de vin, en cherchant à produire des vins plus en finesse, en fraîcheur et qui représentent plus fidèlement leur terroir. La figure de proue de ce mouvement est Arianna Occhipinti, dont un petit arrivage de son SP68 2011 (Nero d’Avola et Frappato) a causé la frénésie dans les SAQ de la province il y a deux semaines. En un peu plus 3 heures, la majorité des 900 bouteilles disponibles se sont envolées.

J’ai pu goûter au SP68 2010 en avril grâce à Leslie Trites à Tastecamp et j’avais mis la main sur quelques fioles du Frappato 2010 en importation privée chez Oenopole et je peux affirmer que le buzz est amplement mérité et il faudra surveiller le prochain arrivage, prévu au printemps 2013.

Entretemps, pour goûter à cette Sicile de fraîcheur, vous pouvez mettre la main sur une fiole de Frappato de l’Azienda Agricola COS. Ce regroupement de trois amis d’université (Giambattista Cilia, Cirino Strano et Giusto Occhipinti, l’oncle d’Arianna…) font du vin depuis les années 1980, un peu à contre-courant des méthodes habituelles. Pour certains de leurs produits, les fermentations sont faites en amphores, un peu comme on retrouve en Géorgie.

Le Frappato disponible à la SAQ est un exemple de fraîcheur, de modération et d’accessibilité. Le nez est sur les cerises légèrement amères, les fraises et les épices. On reconnaît certains accents du sud, sans que ça ne prenne toute la place. En bouche, une saine acidité garde le tout en équilibre et ça se boit comme du petit jus… On pourrait le comparer à un bon cru du Beaujolais, en version un peu plus sudiste.

Associez-le à un plat de pâtes tout simple et il fera des miracles. Dans mon cas, ce fut des spaghetti avec chorizo, tomates cerises fraîches et épinards tout juste tombés et le mariage avec l’amertume des épinards et la fraîcheur des tomates a été tout à fait réussi.