Un vin sans alcool buvable (oui, ça existe!)

Mise à jour 2016-10-02: Trois ans après l’écriture de ce billet, il est toujours aussi pertinent et les statistiques de fréquentation du site le montrent bien. Le Natureo blanc a réussi à rester le meilleur vin sans alcool disponible au Québec. Par contre, pour ce qui est du Natureo Rouge, nouvellement disponible à la SAQ, ce n’est définitivement pas aussi bien réussi.

Les sceptiques seront con-fon-dus-dus-dus, disait le capitaine Bonhomme. Et dans le domaine des vins désalcoolisés, ceux qui affirment qu’ils ne sot pas buvables auront raison dans la très grande majorité du temps.

Photo: Torres.es
Photo: Torres.es

Toutefois, si vous avez une femme enceinte dans votre entourage ou que vous souhaitiez tout simplement diminuer la quantité d’alcool servi pendant les Fêtes (et on sait que ça peut être assez important parfois), ne perdez pas espoir. Le Perrier-jus de canneberge n’est pas votre unique solution.

Le Natureo de la maison catalane Torrès est un vin blanc sec fait à base de muscat, qui est ensuite désalcoolisé avec la technique dite du “spinning cone“. Au final, le vin titre que o.5% d’alcool par volume et conserve autant que possible les caractéristiques du vin original. Cette technique est aussi employée par certains vignerons californiens qui souhaitent récolter leurs raisins aussi murs que possible mais conserver le degré d’alcool dans le vin tout juste sous la barre du 14% (souvent pour des raisons fiscales, puisque passé cette limite le vin est plus taxé aux États-Unis).

Lorsque servi à l’aveugle en apéro de la dégustation que j’ai organisé au bureau, personne n’a pu détecter qu’il s’agissait d’un vin désalcoolisé. Le caractère floral et extrêmement aromatique du muscat est à l’avant-plan. En bouche, le vin garde quand même une certaine acidité qui assure que le vin ne soit pas lourd ou pâteux, comme peuvent l’être certains vins sans alcool. Il reste un peu de sucre en fin de bouche, mais l’équilibre est quand même atteint.

Les opinions sur le Natureo sont diverses. François Chartier et Karyne Duplessis-Piché le recommandent alors que ce blogueur britannique, dans un article particulièrement coloré, affirme que la finale disparaît “plus vite qu’un lépreux dans une soufflerie” (!!!).

Pour le modeste prix de 9,10$, vous pouvez vous faire votre propre opinion, mais ne tardez pas puisque la SAQ en commande habituellement que lors de la période des Fêtes et qu’il a tendance à disparaître assez rapidement des tablettes.

2013 en trois temps

Le temps passe vite! Le congé des Fêtes est déjà à nos portes et on pense déjà à 2014. Avant de sabrer le mousseux le 31 au soir, je jette un petit coup d’oeil sur l’année qui se termine.

Un peu moins de vin, beaucoup plus de bonheur

Je vais me souvenir de l’année 2013 toute ma vie puisque c’est en septembre qu’est née Gabrielle, qui illumine nos journées depuis ce temps. À part bouleverser notre quotidien, l’arrivée d’un troisième membre de la famille a modifié mes habitudes d’achat et de consommation de vin… Forcément, le blog a un peu ralenti, faute de vin au début de l’année et faute de temps par la suite…!

C’est ainsi que la cave a pris du mieux, à force de faire quelques achats que je ne pouvais pas laisser passer et de garder les bouteilles significatives pour ouvrir avec ma douce moitié…

zèbre

L’effet collatéral est que je vais surveiller attentivement les vins du millésime 2013, qui a été difficile dans mes régions de prédilection. Après un printemps froid à la grandeur de l’Europe et de la grêle en Loire et en Bourgogne, ça n’a pas été facile en France. Le Piedmont semble avoir été épargné, comme si j’avais besoin de ça pour augmenter la proportion de nebbiolo dans la cave!

Des #Vinsignifiants

Les #Vinsignifiants, c’est un petit groupe de dégustation que j’ai lancé avec quelques amis autour du thème de la simplicité. Quelques fois par année (on vise environ 4 rencontres par année), on se regroupe et chacun amène une bouteille autour de 25$ et un petit quelque chose à grignoter. On sert le tout à l’aveugle dans le plaisir et la convivialité la plus totale.

J’y ai fait de belles découvertes vinicoles et le fait de ne pas savoir initialement ce qui est dans notre verre force à se positionner sans préjugés face au vin et permet d’affiner notre palais.

Ce n’est pas compliqué se monter un groupe de dégustation. Rassemblez des gens avec qui vous êtes à l’aise, engagez-vous à une récurrence avec laquelle tous seront à l’aise et lancez-vous! Pas nécessairement besoin d’être un expert, c’est en goûtant qu’on apprend!

Quelques coups de coeur, tout de même

Cette année, j’ai tout de même goûté à quelques très belles fioles au gré des rencontres et des voyages. En voici donc trois, sans ordre particulier.

Girolamo Russo a Rina 2010

Après avoir eu un gros coup de coeur pour ce vin au Salon des vins de Québec, j’ai eu la chance de visiter Giuseppe Russo lors de notre voyage en Sicile. On s’est promené dans les vignes, on a dégusté ses 4 crus provenant des flancs de l’Etna et on a passé une heure merveilleuse. Le a Rina, provenant des vignes plus jeunes, est plein de fraîcheur et se laisse boire dangereusement tandis que le San Lorenzo 2010 (disponible à la SAQ Signature) offre un extra profondeur, sans pour autant sacrifier en buvabilité.

San Lorenzo

Vignoble de Sainte-Pétronille Riesling 2012

Lorsqu’un vigneron local de talent prend la bonne décision de planter un cépage qui risque d’avoir beaucoup de succès au Québec et qui, en plus, reçoit un coup de pouce de Mère Nature comme en 2012, on se retrouve avec le Riesling 2012 du Vignoble de Sainte-Pétronille dans le verre. Il était disponible en quantité lilliputienne au domaine cet été… Si vous avez réussi à mettre la patte dessus, comptez-vous chanceux et faites des heureux l’été prochain ou lors de la saison des huîtres!

Heart and Hands Pinot Noir 2009

Découvert lors de ma première présence à Tastecamp en 2010 dans la région des Finger Lakes, Heart and Hands avait terminé la fin de semaine en grand. Lors de notre retour de Tastecamp Niagara l’année suivante, il nous a été impossible de résister à faire un détour afin d’aller re-visiter le domaine. Depuis ce temps, cette bouteille dormait patiemment en cave. Elle a couronné à merveille notre dernière rencontre des #Vinsignifiants, sur le thème du Nouveau Monde. On sentait une légère évolution, le fruit était encore à l’avant plan et l’équilibre était parfait.

Heart and Hands

Un vin fait par des passionnés partagé avec des bons amis: si ça peut être aussi le thème de 2014, je serai heureux.

 

Trois mousseux pour les Fêtes

Les Fêtes approchent à grands pas et l’envie de partager les bulles croît exponentiellement. Afin de vous donner des idées, voici quelques bulles dégustées récemment qui méritent qu’on s’y attarde!

Vignoble de Sainte-Pétronille Brut Nature 2010

En vente au vignoble – 28$

Élaboré tout près de Québec, face à la chute Montmorency, ce mousseux est composé de Vandal-Cliche à 75% et de Vidal à 25%, provenant du millésime 2010. Le vin a été embouteillé en juillet 2011, et la seconde fermentation s’est faite directement en bouteille en suivant la méthode traditionnelle. Ensuite, il y a eu vieillissement sur lies pendant 24 mois et le dégorgement a eu lieu en juillet 2013. À cette étape, aucune liqueur de dosage a été ajoutée, pour préserver le caractère frais et croquant du vin. En 2010, 500 bouteilles ont été produites et la production est de 1000 bouteilles pour les années suivantes.

VSP

Contrairement à ce qu’affirme Marc-André Gagnon dans sa courte note, on a affaire à un vin droit avec une belle tension et une longueur appréciable. Servi à l’aveugle à côté des deux vins suivants à un groupe d’une trentaine de personnes, il a été le préféré d’environ le tiers du groupe! La marche était assez haute et il s’est montré à la hauteur.  Je suis bien content qu’il m’en reste une bouteille en cave.

Roederer Estate Brut Anderson Valley

Code SAQ: 294181 – 29,35$

Provenant de la vallée d’Anderson, au nord de la Californie, ce vin est élaboré par la réputée maison champenoise Roederer. Il s’agit d’un assemblage d’environ 60% de chardonnay et de 40% de pinot noir. Le vin est vieilli au moins 2 ans sur les lies avant le dégorgement. Il reste une toute petite touche de sucre résiduel (1.2%) qui est à peine perceptible dans le vin. Il est tout de même classifié comme Brut.

Dans l’assemblage, on retrouve une petite portion de vins vieillis en barriques de chêne, ce qui ajoute une touche de complexité à l’ensemble et est en ligne avec le style de la maison. La production annuelle est de 80,000 caisses.

À la dégustation, on constate qu’il est un peu plus rond et enjôleur en bouche que le Drappier et le Brut de Sainte-Pétronille. Les bulles sont fines et la longueur est trèes bonne. Je le préfère de loin au Mumm Napa, son concurrent direct dans la même gamme de prix.

Champagne Drappier Brut Nature Pinot Noir

Code SAQ: 11127234 – 46,75$

Depuis 1808, ce domaine familial a su s’établir sur des parcelles particulièrement calcaires, situées pour la plupart autour d’Urville, où le Pinot Noir, majoritaire, trouve sa plus belle expression et permet de produire des vins aromatiques très élégants.

Comme le Roederer, seuls les jus de première pression sont utilisés, mais ici le vin complète la fermentation malolactique. Par la suite, tous les vins sont élevés en cuves inox pour préserver la fraîcheur et sont très peu sulfités. Vieillissement de 2-3 ans puis aucun dosage à l’embouteillage. On retrouve alors un mousseux particulièrement sec, avec moins de 2g de sucre résiduel par bouteille.

On note que le vin est fait entièrement de pinot noir, contrairement aux deux autres. On peut imaginer des petits fruits rouges au nez et personne n’oserait vous contredire. En bouche, le vin est ample et en mène large et termine sur une légère amertume pas dérangeante du tout qui sonne surtout l’envie d’en reprendre une deuxième gorgée!

Des vins pour l’arrivée du beau temps

Le beau temps est finalement de retour au Québec, le mercure est à la hausse et une journée ensoleillée n’est plus synonyme de froid frigorifique comme au mois de février. On invite les amis, on sort les chaises de patio et on ouvre une bouteille pour souligner l’arrivée du beau temps.

Au fait, on ouvre quoi au juste? Voici quelques suggestions qui feront le délice de vos convives (ou, du moins, qui feraient mon délice à moi!).

Crémant de Bourgogne Bailly-LapierrePour commencer, pourquoi pas des bulles? J’aurais bien suggéré le Vive la Joie de Bailly-Lapierre, mais après une apparition dans le dernier magazine Ricardo, il n’en reste que 8 à la grandeur de la province… À défaut de pouvoir mettre la main sur cet assemblage de chardonnay et de pinot noir, on se tournera vers le Crémant de Bourgogne “standard” de Bailly-Lapierre, fait à 100% de pinot noir, celui-ci. Il offrira un nez expressif et des bulles bien fines. Ce n’est pas un champagne, mais c’est bien meilleur que certains champagnes produits à la chaîne et sans véritable âme vendus certainement trop chers (je regarde dans ta direction, Veuve-Cliquot Brut)…

Une autre bonne option est de se tourner vers les rieslings allemands, qui offrent souvent des vins avec un très faible taux d’alcool, parfaits (entre autres) pour l’apéro entre amis. Dans le registre abordable, le Riesling Dr. Loosen fait des heureux année après année. Il ne faut pas se laisser déranger par son petit sucre résiduel et le faible 8.5% d’alcool, il est parfait pour cette occasion!

Morgon 2010 de Foillard

Vos invités sont plutôt amateurs de vin rouge? Pour ce genre d’occasion, j’essaie de privilégier des vins qui ont un taux d’alcool raisonnable et qui se laissent boire tout seul, un Beaujolais est tout à fait approprié! Non pas la célèbre quille de Georges Duboeuf, mais plutôt un vin du sympathique Jean-Paul Brun, comme par exemple son Beaujolais L’Ancien 2011. Du beau gamay de soif, avec un petit plateau de charcuterie, c’est le bonheur! Pour une dose de bonheur supérieure, ouvrez un Morgon 2010 de Jean Foillard, un producteur phare das le Beaujolais, si vous pouvez mettre la main sur une des fioles restantes!

Pieropan Soave Calvarino 2009

C’est une expérience dont je vais me souvenir très longtemps. Au Salon des Vins de Québec en 2011, tout frais (!) débarqué de l’avion en revenant de la Chine, j’arrive au kiosque d’Enotria pour y rencontrer Andrea Pieropan, du domaine familial du Veneto que j’apprécie tout particulièrement.

Je ressors alors mon italien des grands jours et on déguste la gamme des produits qu’il avait de disponible. On discute des vignobles de la famille, des cuves de béton utilisées pour les fermentations (parce que l’inox, ça donne un goût particulier au vin… Le béton est plus neutre), des débuts du domaine dans l’univers du vin rouge avec le Ruberpan, dans un joyeux mélange d’italien et d’anglais.

Après une dizaine de minutes, une dame s’approche et on se rend compte assez rapidement qu’elle ne parle pas du tout anglais et que tous les représentants de l’agence sont occupés ailleurs. Je m’offre doc comme traducteur improvisé, du français vers l’italien pour une dizaine de minutes. Avant mon départ du kiosque, Andrea pige sous la table et me fait goûter un vin ouvert la veille, pour la journée médias.

Dans le verre, complexité, profondeur, évolution certaine, mais fraîcheur et vitalité aussi. Je suis resté surpris lorsque j’ai su que ce qui m’avait était servi était le Soave Classico du millésime… 1995! Je me doutais bien que ces vins savaient vieillir avec grâce, mais j’en ai eu la confirmation à ce moment.

J’ai donc tenté d’en encaver un peu pour tâter moi-même du vieillissement de ce vin. Toutefois, le plus difficile à faire est de résister à ouvrir une bouteille lors d’un repas de fruit de mer… J’ai réussi à résister près d’un an à conserver une bouteille de Calvarino 2009, mais lorsque j’ai vu passer des crabes dans la cuisine, la tentation était trop forte.

Pieropan Soave Calvarino 2009

On y retrouve un nez d’agrumes avec un petit côté salin était particulièrement invitant. En bouche, avec cette garde de près d’un an, l’acidité s’était tranquillement assagie, mais demeurait toutefois bien présente. C’est un exemple parfait d’un vin droit, intense et focused. Cette acidité laisse un agréable désir d’en reprendre une autre lampée, encore plus avec le beau temps qui commence à faire son apparition.

Décidément, le plus difficile avec ces vins, c’est d’en garder… Je devrais envisager de les stocker à l’extérieur de chez moi, question d’éloigner la tentation…!

Note: C’est présentement le millésime 2011 qui est sur les tablettes. On retrouve aussi quelques exemplaires du 2010 en format magnum, dans une bouteille particulièremet jolie, d’ailleurs.