Boire généreusement pour Banques Alimentaires du Québec

Vins Généreux | Source: SAQ.com
Vins Généreux | Source: SAQ.com

Du 17 au 19 avril prochain, c’est la campagne annuelle de la SAQ Vins généreux, où la société d’État va remettre 1$ par bouteille de vin blanc vendu à Banques Alimentaires du Québec.

Déjà à sa 5e édition, cette campagne a permis de donner un coup de pouce à cet organisme qui répond à 1.6 millions de demande d’aide alimentaire par année. Si vous consultez ce blogue, vous n’avez fort probablement pas besoin de cette aide (coupez sur le vin, sinon!!), mais tous n’ont pas la même chance.

Pour donner le goût de participer généreusement à cette campagne, voici quelques vins blancs qui méritent l’attention. En plus, avec l’arrivée du beau temps, c’est le temps de faire quelques réserves!

  • Amateurs de vins blancs qui offrent une présence en bouche, découvrez le romorantin, ce cépage provenant de la vallée de la Loire. Avant uniquement une curiosité, on en retrouve de plus en plus sur les tablettes (4 au moment d’écrire ces lignes!). La cuvée François 1er du Domaine des Huards avait été mon coup de coeur du dernier Salon des vins de Québec.
  • Amateurs de vins fruités et exotiques, faites changement du Kim Crawford Sauvignon Blanc et découvrez le cépage albariño, originaire du nord-ouest de l’Espagne. Vif et aromatique, avec des notes d’agrumes et de fruits à chair blanche, il fera des miracles avec la température qui augmente ou à table avec une paella aux fruits de mer. Allez-y avec celui de Laurent Miquel, d’un arrivage Cellier récent. D’un terroir atypique pour l’albariño, c’est tout à fait délectable et sous la barre des vingt dollars.
  • Pour ceux qui cherchent une texture plus grasse dans leurs vins blancs, c’est le moment de découvrir ce que peut faire un homme qui se passe de présentations dans le monde du vin: Aubert de Villaine. Celui derrière les vins de la Romanée-Conti possède avec son neveu un domaine en Côte Chalonnaise, un peu au sud des appellations prestigieuses de la Côte d’Or. Les Clous 2012 est une introduction parfaite pour ceux qui hésitent encore à découvrir la Bourgogne ou un achat avisé pour ceux qui veulent s’éloigner un peu des prix devenus (hélas!) stratosphériques de la Côte d’Or.

Une invitation au voyage

Voyager, c’est merveilleux. Voyager avec le vin comme fil conducteur, c’est encore mieux. On rencontre alors des gens passionnés par ce qu’ils font, qui cherchent à transmettre ce qu’il font de mieux. De plus, les régions viticoles sont généralement agréables à visiter et on y mange habituellement très bien.

Invité à monter une dégustation sur le thème de l’invitation du voyage, je me suis replongé dans mes souvenirs et j’ai décidé d’emmener les convives avec moi, en servant le tout à l’aveugle pour voir ce que peuvent évoquer ces vins chez eux.

Premier arrêt: le nord de Barcelone avec un Conca del Riu Anoia l’Hereu 2012 de Raventos i Blanc. Il me ramène plus près de l’été avec des souvenirs de la plage du centre-ville de Barcelone, des tapas au jamon iberico, de l’apéro pris sur les places publiques près de notre appartement de Gracia.

On pose ensuite nos ailes en pleine mer Égée, sur le caillou volcanique de Santorini. Ici, le vin respire l’air chaud et salin, sans sacrifier l’acidité et l’équilibre qu’on attend d’un vin particulièrement bien fait. Ici, l’assyrtiko d’Hatzidakis a réussi à lui seul à nous faire regarder les offres de billet d’avion pour la Grèce pour aller rêver des couchers de soleil magiques…

On continue avec un petit voyage dans le temps avec le Beaujolais Quintessence 2005 du château de Vaugirard. Pour un prix relativement abordable, on montre qu’un gamay peut vieillir en beauté. Ici, 6 ans de foudre et 3 ans de bouteille plus tard, le Beaujolais se présente sous son plus beau jour, loin du Beaujolais Nouveau cheap ou de Brouilly-qui-ne-goûte-pas-grand-chose. À servir impérativement à ceux qui n’aiment pas le Beaujolais, pour les amadouer…

Chez COS
Chez COS

On se dirige ensuite un peu plus au sud, vers un coin de la Méditerranée qui a une place spéciale pour moi, puisqu’on y a séjourné à l’été 2013: la Sicile. Chez COS plus précisément, le Cerasuolo di Vittoria 2011 a été décrit par les convives par généreux, ensoleillé et maritime à la fois, qui résume plutôt bien l’esprit de l’extrémité sud-est de cette grande île.

Dernier arrêt, au coeur des terrasses qui bordent le Douro. Ici, le soleil est omniprésent (sauf pendant mes trois jours dans la vallée…) et on ressent dans le vin toute la maturité du fruit que ça peut apporter. Avec son élevage bien dosé qui ne prend pas toute la place, on a rêvé de chorizo et de vues spectaculaires sur le Douro avec le Quinta de la Rosa Reserva Passagem 2011.

Le tout alors qu’il faisait -25 degrés Celcius à l’extérieur, c’était une manière pas mal agréable de passer un vendredi soir…!

Jean-Baptiste Sénat – Mais où est donc Ornicar 2011

Mais où est donc Ornicar 2011
Mais où est donc Ornicar 2011

L’idée préconçue avec les vins des climats sudistes et qu’ils sont plutôt lourds , forts en alcool et marqués par la chaleur ambiante. C’est lorsqu’on découvre un exemple qui sort de ces stéréotypes qu’on se rend compte de l’influence que peuvent avoir les vignerons sur le produit final. C’est ce qui rend le monde du vin si passionnant!

Parti de Paris vers l’arrière-pays de Carcassonne suite à une grève qui le force à revoir ses aspirations professionnelles, Jean-Baptiste Sénat fait ses premières vendanges en 1996 et y cultive Grenache, Cinsault, Carignan, Mourvèdre, Syrah et un petit peu de Merlot. Au centre de tout ça, les différents terroirs du Roussillon s’exprimant au-travers des ces cépages.

Sur les tablettes de la SAQ, on retrouve encore un peu de Mais où est donc Ornicar 2011, un assemblage de Grenache (50%), Mourvèdre (40%) et de Cinsault (10%). À part d’avoir un nom grammaticalement correct, il est débordant de fruits rouges, avec une pointe d’épices qui ajouter une belle complexité. Ce qui marque, c’est surtout la grande buvabilité et le caractère convivial de ce vin.

En faisant un peu plus de recherches sur ce vin, j’ai remarqué que Jean-Baptiste Sénat fait aussi La Nine, que mon amie Marie-Hélène avait amené à la maison lors d’un souper et qu’on avait trouvé particulièrement agréable. Pour ma part, il vient de faire son arrivée sur  ma liste de vignerons à surveiller!

Regarnir la cave

Après le temps des Fêtes et les multiples réunions de familles et d’amis, l’amateur de vin se retrouvera souvent devant une cave significativement plus vide qu’au début décembre. Faudra penser à la regarnir, tant qu’à y être, le faire de manière intelligente…

Surtout, ne pas paniquer à la vue des emplacements vides dans les racks. On ne remplace pas de la même manière des vins qui ont été éclusés sans vergogne par votre beauf préféré que les grands crus sortis pour de la visite particulièrement spéciale. À moins d’avoir profité de la période des Fêtes pour liquider certaines quilles dont le style était tombé en défaveur, on cherchera autant que possible à remplacer dans la même catégorie.

Reserva del fin del Mundo - Photo: SAQ.com
Reserva del fin del Mundo – Photo: SAQ.com

Amateurs du Nouveau Monde (ou les autres qui cherchent à le découvrir), c’est au sud de l’Argentine, en Patagonie, que ça se passe. À 800 km au sud de Mendoza se trouve l’origine de la Reserva del Fin del Mundo, la preuve embouteillée qu’on peut faire du bon malbec sans nécessairement chercher à mettre plus de tout sous le bouchon. Oui, c’est intense et mûr, mais il conserve avant tout une fraîcheur certaine qui garde le tout en équilibre. Servez le avec une belle pièce de viande, il vous en redonnera beaucoup. Sous la barre de 20$, il vous permettra aussi de payer le compte de carte de crédit de janvier.

Pour la (longue) garde, j’ai un faible pour le nebbiolo. On pense immédiatement et avec raison à Barolo et Barbaresco, mais je vous invite à aller chercher un peu plus au nord, dans l’appellation Gattinara. Autrefois preque aussi plantée que ses deux cousines plus au sud, la région a vu son vignoble passer de 40000 hectares à 1500 aujourd’hui, conséquence du phylloxéra et de l’exode vers Milan et Novara. La maison Antoniolo est un leader de l’appellation, misant sur la qualité de ses crus allant jusqu’à les embouteiller séparément depuis plus de 30 ans. Sur les tablettes de la SAQ, cherchez le Gattinara de base, passez le en carafe pendant quelques heures et, si vous aimez, laissez-vous tenter par le San Francesco ou le Osso San Grato, nommé meilleur vin rouge d’Italie par le prestigieux Gambero Rosso en 2006…

Vieilles vignes de Nerello Mascalese sur l'Etna
Vieilles vignes de Nerello Mascalese sur l’Etna

Finalement, pour sortir des sentiers battus, rendez-vous sur les flancs de l’Etna, où pousse des principalement des plants de Nerello Mascalese et de Nerello Cappuccio. Cultivés en altitude (entre 600 et 1000 mètres), ils donnent des vins d’une couleur pâle qui combleront l’amateur de pinot noir. Le plus haut volcan d’Europe a aussi laissé plusieurs coulées de lave au cours des siècles, façonnant ainsi une osaïque géologique particulièrement complexe. La SAQ Signature commercialise depuis cette semaine 5 cuvées Contrada d’Andrea Franchetti, dont on dit le plus grand bien. Dans le registre plus abordable, le Masseria Setteporte 2010 est un achat judicieux pour s’initier à ces vins.

Comme quoi c’est facile de vider et que si on est curieux un peu, c’est aussi très facile de remplir la cave!

Merci à LBV International pour l’échantillon de Reserva del Fin del Mundo.

Fifty Shades of Grey: Opération Charme

L’opération de marketing pour souligner la sortie du film en est une d’envergure. Parmi la myriade d’efforts de marketing, tous plus créatifs les uns que les autres, la SAQ met en vente à partir d’hier (sur SAQ.com, le 22 janvier en tablettes) le vin rouge Fifty Shades of Grey Red Satin. J’ai eu la chance de mettre la main sur une bouteille en primeur. Un vin-événement qui débarque en 48 000 exemplaires sur les tablettes de notre monopole d’état.

Fifty Shades of Grey - le vin
Fifty Shades of Grey – le vin

Un nom un peu cucul (Red Satin, come on!), une bouteille bien lourde pour des points bonus de virilité et une contre-étiquette qui annonce un vin intense et foncé qui offre de puissantes saveurs fraîches et décadentes de baies voluptueuses, agrémentées d’une touche boisée. Pas de nudité sur l’étiquette? Même pas d’allusion sur sur la contre-étiquette? Certains seront déçus!

Étonnamment, malgré un a priori fortement défavorable, je dois conclure que le vin est somme toutes correct. Un nez de fruits rouges intenses, qui ne fait pas dans la subtilité. Le boisé ne laisse pas sa place, tant au nez qu’en bouche. La grosse surprise vient en bouche, ce n’est pas bourré de sucre comme on aurait pu s’y attendre (que 6 g/l), et elle conserve quand même un bonne fraîcheur. Assemblage de Petite Sirah et de Zinfandel, il annonce que 13.5% d’alcool, ce qui est étonnamment raisonnable. C’est mur en bouche, généreux, mais ne dépasse pas la fine ligne qui le ferait basculer du côté obscur. Ceci dit, on n’y retrouve rien d’extraordinaire non plus qui nous incite à prendre une autre gorgée ou de s’en verser un autre verre.

À table, on cherchera à maximiser son potentiel en le servant avec une viande assez saignante et un accompagnement généreux en épices. Pensez canard, cumin, paprika fumé, piment d’espelette.

Au final, ce n’est pas mauvais. C’est tout simplement… générique…!

Si vous voulez amener un vin qui fera jaser dans votre prochain party de filles, il s’acquittera bien de cette tâche-là, certainement mieux que tous les Ménage à Trois de la terre (réunis). Si vous cherchez un vin qui vous en donnera pour le 20$ qu’il en coûte, cherchez un peu plus loin sur les tablettes de la SAQ, il y a plein de meilleures options.

Les 4000 caisses que la SAQ a commandé se vendront certainement très bien, mais si vous lisez ce blog, vous n’êtes certainement pas le public cible car vous vous intéressez déjà trop au vin pour ça.