Closson Chase Pinot Noir Closson Chase Vineyard 2012

J’ai adoré mon passage dans Prince Edward County à l’été 2015: le charme tranquille des petits villages de Wellington et Bloomfield, l’omniprésence du lac Ontario, la gentillesse des habitants. Les vins, issues principalement de chardonnay et de pinot noir ont aussi tout pour plaire.

Vignes de Closson Chase
Vignes de Closson Chase

Goûté sur place, le Pinot Noir Closson Chase Vineyard 2012 vibrait de jeunesse et était plein de fruits rouges, avec une tension et une minéralité évidente. Un beau pinot frais et digeste et qui pourra certainement gagner un peu de complexité avec un court séjour en cave. Coup de coeur, je repars avec une bouteille sans hésitation.

J’ai donc été un peu surpris de voir la rapidité de son évolution en cave lorsque je l’ai ouvert la semaine dernière. Les 18 mois passés en cave avaient complètement transformé le vin: le fruit s’était définitivement placé en retrait au profit de notes secondaires et tertiaires: sous-bois, champignons. La minéralité et l’acidité sont toujours là, bien intégrés dans l’ensemble et le fruit jouait plutôt sa part dans le choeur plutôt que d’assumer le lead vocal. Au final, une jolie bouteille, mais à laquelle j’aurais personnellement donné 7-8 ans de plus si elle m’avait été servie à l’aveugle.

Étais-je tombé sur une bouteille au bouchon légèrement défectueux et pas aussi étanche que voulu? À la lumière des commentaires reçus sur la page Facebook lors de la publication de la photo, je ne le pense pas et on peut se demander à quelle vitesse évoluent les pinots de Prince Edward County de manière générale. Ça mérite clairement plus d’expérimentation et un nouveau passage dans cette région vinicole magnifique!

Somewhereness: l’esprit des lieux

La langue anglaise a cette capacité de se prêter sans effort aux néologismes. Parmi ceux-ci, le joli Somewhereness, tiré de Making Sense of Wine, de Matt Kramer. Somewhereness, c’est ce qui nous permet d’identifier qu’un tel vin vient d’un tel endroit, qu’il a été fait dans des conditions particulières. C’est ce qui me rend heureux dans une bouteille de vin.

On ne peut pas faire semblant, avec l’esprit des lieux (somewhereness). On ne peut pas le fabriquer. En fait, on ne parvient même pas à en comprendre la source. Mais quand on goûte un vin qui l’exprime, on le sait tout de suite.  – Matt Kramer, Making Sense of Wine.

C’est autour de ce terme porteur qu’une douzaine de vignerons de la péninsule du Niagara se sont regroupés afin de faire connaître leur région. Montrer ce qui rend cette région coincée entre le lac Ontario et le Niagara Escarpment unique. Montrer vers où une région somme toutes assez nouvelle sur l’échiquier mondial peut faire de mieux lorsque les meilleurs producteurs tirent dans la même direction, sans pour autant renier l’individualité de chaque domaine et l’unicité de chaque vignoble.

Ce groupe était à Québec en ce joli lundi de février, pour faire goûter l’esprit du Niagara aux sommelier et aux médias de Québec, avec, en prime, une dégustation à l’aveugle menée par la toujours aussi inspirante Véronique Rivest.

Au menu, une vague de riesling inspirants qui ont su combiner avec brio dans le même verre sucre et acidité, dans un impressionnant exercice d’équilibriste. Un joli tir groupé dans lequel le Cave Spring Riesling CSV 2010 s’est démarqué par sa complexité et sa grande buvabilité. Il s’agit du genre de vin qu’il est très difficile de recracher lors d’une dégustation… Même si les taux de sucre atteignaient jusqu’à 15 g/L (pour le Charles Baker Picone Vineyard 2013), on ne les goûtaient presque pas puisque le vin possède cette acidité qui garde la bouche bien vive.

Du côté des chardonnays, c’est la fraîcheur du climat que les vignerons mettent de l’avant dans le verre, dans un formidable tir groupé. Dans les trois verres, toujours un équilibre entre l’ampleur d’un chardonnay bien mûr, d’un élevage discret et bien maîtrisé et de la fraîcheur du climat ontarien. J’ai eu une faible préférence pour le County Chardonnay 2013 de Norman Hardie, qui avait un petit extra de vitalité, quoique le Saunders Vineyard 2013 de Bachelder et le Tête de Cuvée 2011 de Hidden Bench n’étaient pas loin derrière. En pirate dans cette vague, le Meursault Vieilles Vignes 2014 de Buisson-Charles, complétait la vague avec brio.

Du côté des pinots, le Pinot Noir Essence 2011 de 13th Street a su regarder le Savigny-lès-Beaune 1er Cru la Dominode 2013 de Pavelot droit dans les yeux, même s’il lui concède près de 15$ au niveau du prix. Présentés dans le salon qui a suivi la classe de maître, le Wismer-Parke 2014 et le Lowrey 2014 de Bachelder (deux vins vinifiés de manière rigoureusement identique) sont du genre à faire plier les genoux et valent amplement les 45$ demandés, lorsqu’ils arriveront en SAQ au courant du printemps. Surveillez les tablettes et demandez à votre conseiller d’en faire venir près de chez vous!

Service de Chardonnay - Somewhereness
Service de Chardonnay – Somewhereness

Les assemblages bordelais ont été ceux qui m’ont le plus laissé sur ma soif, car peu ont pu approcher l’élégance et le classicisme de la Réserve de Léoville Barton 2012, même si je serais curieux de revisiter le Stratus Red 2012 dans de nombreuses années, qui s’est présenté tout d’un bloc aujourd’hui (et qui ne me donnait pas beaucoup de plaisir, pour être bien franc, malgré de belles promesses).

La dégustation montre qu’ils se comparent sans complexe avec ce qui se fait de mieux sur la planète, au niveau du riesling et du chardonnay à tout le moins. J’en ressors en me demandant pourquoi je n’ai pas plus de vins ontariens en cave, un sentiment que j’éprouve rarement avec autant d’intensité en sortant d’une activité vinicole.

Trois vins pour bien boire à bon prix

Un classique du mois de janvier est de diminuer le prix général des vins qu’on ouvre et qu’on achète. Après tous les excès des Fêtes, janvier est généralement un mois qui mise sur la retenue. Voici quelques découvertes récentes qui aideront à la fois votre porte-feuille et votre palais à se remettre d’un gros mois de décembre.

Faire sa place au soleil

Les vins grecs sont en pleine essor depuis quelques années, notamment grâce au travail de l’agence Oenopole (et de Théo Diamantis!) qui ont fait la belle part aux vins du pays de Platon dans leur portfolio. Une fois qu’on passe par-dessus les noms de domaines difficilement prononçables et les cépages qui leurs sont propres, on découvre des vins qui allient magnifiquement le soleil et la mer, qui baignent tous deux le pays.

Un classique sur lequel je suis revenu après avoir manqué quelques millésimes est le Savatiano Vieilles Vignes de Papagiannakos, dont les vignes sont situées à un jet de pierre de l’aéroport d’Athènes, où on cultive la vigne depuis des millénaires. Ce n’est pas un vin qui se démarque d’une manière précise, mais l’ensemble est tellement harmonieux qu’il prend sa place tout naturellement à table avec tout ce qui sort de la mer, agrémenté d’un simple trait de jus de citron et d’huile d’olive. On laisse la place à la mer dans l’assiette et dans le verre pour un accord qui marche drôlement bien. Pour 16$ et des poussières? C’est un No Brainer comme dirait l’autre.

Pôpa Friends

J’ai été enchanté de voir apparaitre dans un récent arrivage Cellier le Contos da Terra, produit apr les amis de Quinta da Pôpa, dans la vallée du Douro. Le vin d’entrée de gamme du domaine, produit avec les jeunes vignes, me ramène sur les terrasses qui surplombent Pinh?o, au coeur du pays du Porto. Il fait soleil dans ce verre qui déborde de fruits, mais on évite de tomber dans le piège de la surextraction et de l’alcool trop présent (il titre que 13.5%). Autour de 16$ on ne demandera pas la lune en terme de complexité (on se tourne vers leur Vieilles Vignes 2008 pour ça), mais on a vu le fond de la bouteille beaucoup plus vite qu’initialement anticipé!

Une aubaine en Bourgogne, vraiment?

Les amateur de Bourgogne qui cherchent les aubaines sont plutôt déprimés par les temps qui courent. Quelques maigres récoltes dues aux conditions climatiques défavorables et la demande qui explose pousse les prix à la hausse let les acheteurs comme moi hors de la Côte d’Or. Il est toutefois possible de trouver de la belle Bourgogne à prix décent, si on choisit de s’éloigner un petit peu.

Le Bourgogne Rouge L’Oeuvre de Perraud Les Forêts saura étancher la soif dudit amateur de Bourgogne qui ne veut pas avoir à sauter un paiement d’hypothèque pour se payer du vin. C’est un Pinot de soif, frais et gouleyant sur les petits fruits rouges et tout en légèreté et en finesse. Un fruité pur pur pur et beaucoup de bonheur dans la bouteille, qui saura vous accrocher un sourire aux lèvres. Il l’a certainement fait pour moi!

Calendrier de l’avent – Vignoble de Sainte-Pétronille Brut 2013

Il m’apparaît tout à fait naturel de faire du Brut 2013 du Vignoble de Sainte-Pétronille le dernier vin de mon calendrier de l’Avent.

Premièrement parce que le vin est délicieux et qu’une visite au vignoble sans repartir avec une bouteille de mousseux, c’est incomplet comme un repas sans dessert. Mais surtout, c’est autour de ce vin qu’on s’est réuni au milieu des vignes de l’Île d’Orléans pour trinquer une dernière fois avec notre ami David Pelletier, Le Sommelier Fou, avec un vin qu’il affectionnait tout particulièrement. Son départ prématuré nous a laissés abasourdis et sans mots.

L’héritage de David chez tous les écrivains du vin, ce sont justement les mots. Ceux drôles, ceux qui font réfléchir, ceux qu’on efface et les quelques uns qu’on laisse finalement en place. Les mots de David, leur couleur unique et la rigueur qu’il y mettait ne sont jamais bien loin dans mon esprit lorsque je m’installe au clavier. J’espère être en mesure de rendre justice à cette inspiration dans chaque article.

David Pelletier, aka. Le Sommelier Fou.
David Pelletier, aka. Le Sommelier Fou.

La bouteille du Brut de Sainte-Pétronille 2013 que j’ai en cave, que j’avais acheté comme les autres, sans trop y penser et juste parce que c’est vraiment du bon vin, a soudainement pris une toute autre signification. Lorsque je l’ouvrirai, ça sera en bonne compagnie, autour d’une bonne bouffe et où il y aura de la joie, des amis, des opinions franches et (beaucoup) de bonne humeur. Et certainement quelques jeux de mots #innocents.

Calendrier de l’avent – La Clarine Farm Piedi Grandi 2014

Un retour sur mon année de dégustation sous forme de calendrier de l’avent vinicole.

C’est lors de leur passage au Québec dans le cadre du salon des Vins d’Importation Privée organisé par le RASPIPAV que j’ai eu la chance de connaître Hank et Caroline de La Clarine Farm. Ils étaient en ville afin de faire goûter quatre de leurs vins de leur portfolio au public et aux restaurateurs.

Nichée dans les Sierra Foothills, à mi-chemin entre Sacramento et Lake Tahoe, les 4 hectares de vigne de La Clarine sont cultivés selon les principes de Fukuoka, connu aussi sous le nom de Do Nothing Farming. D’ailleurs, le texte sur le rôle du fermier et la philosophie en cours au domaine est particulièrement intéressant.

Fukuoka’s ideas were translated into English as “do nothing” farming.  Either the phrase was badly translated or Fukuoka had a wicked sense of humor.  It’s very hard work, but now the work is completely positive.  I kill nothing, I spread no poisons, my farm is very alive.  My soil is my soil, my terroir, and truly sustainable.  And I am very much a part of it.  I would translate Fukuoka as “don’t do anything unnecessary” farming.

So, what is the role of the farmer?  To promote life and to help set up an ecosystem as close to Nature as possible, whereby natural processes and systems can function.  To promote the possibility of “naturalness”.

De la gamme dégustée, je retiens le Piedi Grandi 2014, un assemblage inusité de Mourvèdre et de Nebbiolo, presque à parts égales. Devant ces deux cépages qui ont la possibilité de créer des vins particulièrement imposants, le Piedi Grandi réussit à allier la structure de ces deux cépages et la fraîcheur des montagnes. C’est un vin qui prend tout son sens à table (comme ça devrait être le cas!) et qui a fit des miracles avec la joue de boeuf braisée servie au Clocher Penché le soir même. Un vin qui fait du bien à la fois au bedon et à la tête.

La Clarine Piedi Grandi 2014
La Clarine Piedi Grandi 2014

Les vins de La Clarine sont disponibles au Québec en importation privée via l’agence Les Vieux Garçons et, au moment d’écrire ces lignes, il en restait quelques caisses de 6 bouteilles. Hank et Caroline, vous revenez quand vous voulez!