Au mois d’avril dernier, j’avais commenté le Cosme Palacio Consecha 2006, un vin de la Rioja, au nord de l’Espagne. À l’époque, le caractère qui était ressorti en avant-plan était le fruit, avec des accents apportés par les barriques de chêne neuves utilisées lors de la vinification.
Lors d’une seconde dégustation cette semaine, les rôles étaient inversés. Les notes dominantes étaient beaucoup plus sur le bois (cèdre, voire même un bon vieux 2 par 4) et le fruit était presque absent au nez. En bouche, c’est similaire, avec un profil très typé bois, tabac avec peu de tanins. Les saveurs sont toutefois franches et bien intenses, comme on pourrait s’y attendre.
Deux explications pour cette différence entre les deux dégustations. Dans un premier temps, lors du souper de Pâques auquel il avait été servi la dernière fois, il était accompagné sur la table par un Ménage à Trois, de la Californie. Ce vin au profil très vanillé, rond et on ne peut plus moderne ne m’a pas du tout plu et a fait passé le boisé du Cosme Palacio comme étant tout à fait raisonnable.
L’autre explication serait que depuis le mois d’avril, mes goûts ont changé légèrement. Un régime de vins italiens avant, pendant et après mon voyage de cet été m’a peut-être modifié le palais et ce que j’attends dans un vin. Plus de finesse, plus d’acidité et un jus beaucoup plus sur le fruit semblent être parmi mes critères récemment. Si ça continue, je vais bientôt tomber dans le pinot, ce qui ne semble pas une mauvaise idée en soi…
Ce vin blanc d’Alsace est à ranger définitivement dans la colonne des bons rapports qualité-prix. Tout d’abord, en tant que produit régulier, on le retrouve assez régulièrement à la SAQ Dépôt, ce qui donne un rabais de 15% supplémentaire lors de l’achat de 12 bouteilles (mixtes…).
Toutefois, le prix n’est pas la seule qualité de ce vin. Fondée en 1896, la maison Willm commercialise ses vins élaborés à partir des cépages alsaciens classiques: Sylvaner, Pinot Blanc, Riesling, Muscat, Pinot Gris, Gewurztraminer et Pinot Noir. Les vins Réserve, d’entrée de gamme, se veulent principalement une expression du cépage qui les composent.
Sous la robe jaune très pâle de ce riesling se cache un vin très aromatique. D’abord servi un peu trop froid, il a révélé en se réchauffant de très belles notes florales et d’agrumes, sans tomber dans l’excès.
L’attaque est vive et bien franche, l’acidité et le caractère minéral prennent alors l’avant plan. Je les aurais souhaités un peu plus en retrait afin de mieux conserver la continuité avec les notes qu’on retrouve au nez. Celles-ci réapparaîssent dans la finale, alors que le choc provoqué par l’acide est un peu passé.
Il s’agit d’un vin qui se laisse boire tout à fait facilement, particulièrement lors des trop rares belles journées de l’été. Parfait pour accompagner les sushis, nous avons pour notre part servi le Riesling Willm avec un tartare de saumon aux saveurs asiatiques et l’accord mets-vin était bien réussi aussi.
Bref, il s’agit d’un riesling tout ce qu’il y a de plus honnête, qui offre tout ce qu’on peut demander d’un vin à ce prix. De la même maison, le pinot gris est aussi tout à fait respectable et est légèrement supérieur au McWilliam’s Hanwood Estate dégusté récemment.
Masi Masianco 2007 Au menu ce soir, nous avions un défi au niveau de l’accord des mets et des vins. Le défi n’est pas tout à fait du niveau des Impossible Wine Pairings de Dr. Vino, mais l’accord reste tout de même difficile. Nous avions la tâche de trouver un vin qui s’accorde bien avec un curry de poulet, tiré d’un de nos livres de Jamie Oliver.
Dans un premier temps, prenez quelques secondes pour lire la recette. Qu’auriez vous servi avec cette recette? Faites-vous entendre dans les commentaires…! De toute manière la recette est bonne, alors on risque de la refaire…!
Pour nous guider dans notre accord, nous avons choisi de nous inspirer de la théorie de la sommellerie moléculaire de François Chartier, animateur de la 24e édition des Vendredis du Vin. Nous nous sommes donc lancés sur la piste aromatique du gingembre, une des composantes principales de ce curry. Nous avons aussi dû composer avec les stocks que nous avions présentement à la maison… 🙂
Une des pistes évoquées par Chartier pour accompagner les plats à forte dose de gingembre est un pinot gris, souvenant provenant d’Alsace, pour sa structure moléculaire complémentaire. De tous les vins présents dans notre cave, le Masianco 2007 de la maison italienne Masi semblait le plus approprié.
Ce vin est un assemblage de pinot gris et de verduzzo, au prix particulièrement intéressant d’un peu moins de 15$ lorsque acheté à la SAQ dépôt. Au nez, les notes principales sont surtout florales, avec en arrière-plan, un peu de pamplemousse. La bouche suit logiquement, avec une acidité bien présente qui vient rafraîchir le tout. Un beau vin d’été, pas tout à fait complexe, mais bien agréable.
Couplé au curry, le vin prend toutefois un peu plus d’ampleur. Les notes florales sont plus franches et la fraîcheur apportée par le gingembre du plat vient amplifier la longueur du vin en bouche. Bref, un mariage tout à fait réussi…!
Si vous essayez soit ce vin, soit cette recette de Jamie Oliver, n’hésitez pas à me faire part de vos commentaires harmoniques…! De notre côté, la recette est définitivement à réessayer, alors toutes les suggestions sont les bienvenues!
Ce soir, en cette rare belle journée du mois de juillet (à date, on est rendus à 21 jours de pluie en 29 jours…), un vin estival s’imposait. Par estival, j’entends ici un peu comme du théâtre d’été, par opposition à du théâtre en été… Léger, agréable, abordable (à la fois au goût et financièrement)…
Ainsi, lors de mon passage à la SAQ tout près de chez moi, j’avais besoin d’un vin blanc, rafraîchissant, pas trop cher et disponible dans les frigos. Raison: j’avais faim et le souper était rapide à faire. Je ne pouvais donc pas me permettre d’attendre que mon vin refroidisse…
Mon choix s’est alors porté sur l’Australien McWilliam’s Hanwood Estate Riesling 2007, présent en généreuse quantité au frais à la SAQ du Campanile. De plus, au prix de 14,80$, il est difficile de trouver qu’il s’agit d’une mauvaise idée.
On est ici en présence d’un vin visiblement moderne, aux notes d’agrumes, de pommes vertes avec les relents minéraux que l’on s’attend du riesling. En bouche, l’acidité domine, grâce aux notes d’agrumes (ça tombe bien, c’est tout à fait ce que je recherchais pour complémenter mon souper). La bouche est fraîche et agréable, tout à fait ce que je recherchais dans mon vin estival.
Somme toutes, il s’agit d’un vin qui n’est pas terriblement distinctif, mais qui est bien fait et qui offre un rapport qualité prix indéniable. Disponible en ligne et dans 365 succursales SAQ au Québec.
(19 novembre: Bonjour! Si vous voulez continuer à voyager à travers les vins du monde, n’hésitez pas à faire un tour sur la page principale ou abonnez-vous avec les icônes à votre droite! Merci! Julien)
J’aime bien expérimenter avec des vins provenant de vignobles non traditionnels. Lorsque j’ai eu la chance d’animer les Vendredis du vin, mon thème portait sur les vins provenant de pays en dehors du top 10 des producteurs mondiaux. Une invitation au voyage que j’aime renouveler régulièrement.
Ainsi, au début de l’année, je suis tombé un peu par hasard à TV5 sur le reportage Chasseur de Crus (qu’on peut heureusement revoir entièrement en ligne), dans le cadre de l’émission Envoyé Spécial. On y suit un importateur de grands vins de marchés moins connus pour le compte de grands clients parisiens, Claude Gilois, de l’agence Vins du Monde.
Au milieu du reportage, on parle du domaine de Massandra, situé près de Yalta, en Ukraine. Le domaine semble magnifique, et l’histoire qui l’accompagne tout autant. Fondé à la fin du 19e siècle afin de fournir des vins pour la cour du Tsar à son palais d’été près de Yalta. On y fait des vins à base de tokay, pinot gris et de muscat.
Domaine Massandra – Yalta
Lors de la révolution russe de 1917, puis lors de l’arrivée des troupes de Staline dans la région, l’avenir de la cave était incertain. Toutefois, la légende dit qu’après dégustation des vins de la région, Staline a décidé de conserver le vignoble et de faire transférer tous les vins des palais des Tsars dans les tunnels de la cave. On y retrouve des vieux vins de Massandra, mais aussi des cuvées anciennes venant de France et d’ailleurs en Europe. Lors de la seconde guerre mondiale, la collection de vins a été dispersée afin de la préserver du pillage des troupes allemandes. C’est ainsi que la cave est maintenant une des réserves les plus importantes de vin ancien au monde.
Ainsi, peu après le visionnement du reportage, j’ai essayé de trouver un moyen de me procurer un de ces vins afin d’en faire l’essai. Les vins de Massandra sont importés au Canada par United Stars, une agence d’importation qui semble spécialisée dans les pays de l’ancien bloc de l’Est. Ils importent des vins de la Moldavie, de l’Ukraine, de la Géorgie, etc. Pas tout à fait des vignobles traditionnels…! Un coup de chance a fait qu’un arrivage Vintages à la LCBO comportait deux vins de Massandra, un muscat et un vin de dessert rouge.
Le Muscat Massandra 2004 se présente dans le verre avec une couleur ambrée très soutenue. Au nez, j’ai trouvé que les notes dominantes étaient l’abricot séché, l’écorce d’orange avec un peu de figues séchés. On y sent un peu l’alcool ayant servi à la fortification du vin, mais sans qu’il prenne trop de place et qu’il y soit dérangeant. En bouche, le vin est consistant avec le nez, les notes de fruits séchés étant toujours présents. Bien qu’il ait été dégusté seul à la fin d’un repas, il aurait fait sensation avec un plateau de noix et de fromages bleus.
Je renouvellerais donc l’expérience sans hésiter, afin de bien ouvrir notre palais à des nouvelles saveurs. Dommage que le vin ne soit pas distribué au Québec…