AOC – Appellation Olivier Cousin

On apprend aujourd’hui via le blog d’Alice Feiring qu’Olivier Cousin, vigneron à Anjou, dans la Loire a des problèmes avec l’INAO, l’organisme en charge des règles de production et de classification des vins en France [1. L’INAO est aussi en charge des appellations pour les autres produits alimentaires, comme le fromage. En fait, tout ce qui porte une mention protégée en France est géré par l’INAO.]

Olivier Cousin. Photo trouvée sur le superbe site de Raffaele Bonivento (http://www.raffaelebonivento.com/)
Olivier Cousin. Photo trouvée sur le superbe site de Raffaele Bonivento (http://www.raffaelebonivento.com/)
Depuis près d’une dizaine d’années, Olivier Cousin produit des vins sous l’appellation de Vin de Table, jugés atypiques par le comité d’agrément de l’appellation, donc ne pouvant pas se réclamer de l’appellation géographique d’où ils sont issus. Toutefois, il a récemment produit un vin sous l’appellation AOC: Appellation Olivier Cousin! Traduit en justice pour avoir nui à l’appellation, il vient d’écoper d’une amende salée de 30 000 Euros, une petite fortune pour un producteur possédant que 5 hectares de vignes.

J’ai pu goûter à son chenin blanc il y a quelques semaines au Moine Échanson à Québec et je comprends pourquoi les gens de l’INAO trouvent pourquoi la production d’Olivier Colin ne cadre pas avec leurs catégories. On pouvait y reconnaître les caratéristiques du chenin, des notes florales, de pêches et de miel, tout en conservant une bonne acidité. Toutefois, on y retrouvait aussi des petites touches d’oxydation et une profondeur impressionnante. Il ne s’agit visiblement pas d’un vin facile ou accessible, mais dans les bonnes conditions (ou si on est ouvert à l’aventure et la découverte), la magie peut opérer…

Olivier Colin n’est pas le seul dans sa situation et plusieurs petits vignerons atypiques sont victimes des règles plutôt rigides imposées par l’INAO. Au Québec, on doit en plus se plier aux règles aussi rigides de la SAQ, à moins de se tourner vers l’importation privée. On finit quand même par trouver ces vins hors-normes, mais il faut savoir où chercher.

Quoi faire donc pour encourager la production de ces vignerons? Dans le cas d’Olivier Colin, on peut manifester son mécontentement à Sylvie Augereau (sylaugereau (A) wanadoo.fr) qui se chargera de faire le lien avec les autorités compétentes. De manière plus générale, le pouvoir du consommateur est de parler avec son porte-feuille. Acheter un vin, le partager avec des amis et le faire découvrir, c’est le meilleur moyen d’encourager l’artisan à continuer son travail. Puisque après tout, derrière chaque étiquette se cache un vigneron et son équipe qui se dédient à produire un vin de qualité, qu’il cadre ou non dans des standards définis.

Eating. Drinking. Dancing. Three Trees.

Il y a de ces vins qui ne se prennent pas pour d’autres et qui livrent exactement ce à quoi on s’attend d’eux. Que ce soit un Barolo aux tanins bien serrés, un “fruit-bomb” australien ou un vin gorgé de soleil de Sicile, un bon vin sait livrer la marchandise, comme on dit dans le merveilleux monde du sport.

Metairie Burgens - Three Trees
Metairie Burgens – Three Trees

En ce sens, les vins du domaine de Majas annoncent leurs couleurs clairement. Sur la contre-étiquette, on remarque tout d’abord les gros caractères du slogan Eating. Drinking. Dancing. C’est clair, on sera en présence d’un vin festif qu’on prendra plaisir à boire.

Situé dans le Roussillon, dans la vallée de Fenouillèdes, Agnès et Alain Carrère du Domaine de Majas produisent avec le vigneron néo-zélandais Tom Lubbe les vins de la gamme Three Trees. Certifiés bio par Ecocert depuis 2007, ils sont disponibles au Québec en importation privée via Insolite Importation.

Récemment, j’ai eu la chance de goûter à quelques reprises les vins du domaine et la convivialité transmise par la contre-étiquette se retrouve tout à fait dans le verre.

On retrouve dans le portfolio tout d’abord le Three Trees Carignan. Le fait que le vin soit composé à 100% de carignan peut en rebuter quelques uns, puisque ce cépage a la réputation d’être très tannique, plutôt austère et avec une acidité naturelle plutôt élevée. Toutefois, dans les mains expertes de Tom Lubbe, le carignan perd son côté agressif et devient souple, plaisant et acquiert même un petit côté charmeur. On a effectivement envie de faire comme Aurélia Filion de Bu sur le Web et de se mettre à danser, un verre à la main. Pour un prix d’ami de 17$, j’en rachèterai certainement l’année prochaine…!

Le domaine produit aussi un cabernet franc, le Métairie Burgens. Encore une fois, fidèle à la maxime sur la contre-étiquette, possède la profondeur qu’on attend d’un bon cabernet franc tout en conservant cette convivialité qui en fait un vin de plaisir. Amenée à une soirée par Rémy Charest, elle fut éclusée avec le plus grand des plaisirs sur deux jours. Assez pour passer une nouvelle commande aujourd’hui…

Au moment d’écrire ces lignes, il n’en reste que 4 cartons du Cabernet Franc et le Carignan est malheureusement épuisé. Toutefois, on retrouvera probablement ces vins sur la carte de restaurants bientôt. Si vous les voyez, n’hésitez surtout pas, vous ne le regretterez pas.

Un pinot qui nous vient du nord

Domaine Philippe Gilbert - Menetou-Salon 2008
Domaine Philippe Gilbert – Menetou-Salon 2008

Quand on pense pinot noir, on s’oriente instinctivement vers la Bourgogne. Avec raison, les plus grandes expressions de ce cépage y sont produits. Toutefois, d’autres régions produisent du pinot tout à fait enviable, comme on a pu le constater à TasteCamp dans le Niagara en mai dernier.

C’est avec cet a priori favorable que j’ai débouché hier un Menetou-Salon 2008, du domaine Philippe Gilbert, la Loire faisant partie de ces régions qui sont souvent sous-estimées. On y produit deux cuvées selon les principes de la biodynamie depuis 2006, les Renardières, issues de vieilles vignes, et la cuvée Domaine, qui est disponible au Québec.

Malheureusement, je me serais attendu à plus de la part d’un vin de ce prix (26$). Oui, c’un du pinot d’un climat froid, mais ça reste de manière générale plutôt simple et sans une grande complexité pour l’instant. Un peu de fruit, un peu d’épices, un peu de verdeur, sans plus. D’après moi, il ne s’agit pas d’un très bon rapport qualité-prix. Pour le même prix, je choisirai à tous les coups le Village Reserve du Clos Jordanne

Le petit vin de la coop…

Sur le blog de la SAQ, on parle récemment des vins produits par des coopératives de producteurs, qui sont souvent dénigrés par les amateurs. Plusieurs coopératives ont une historique de privilégier les rendements plutôt que la qualité dans le choix de ses raisins. Toutefois, cette impression est en train de changer, car certaines coop ont raffiné avec un souci du détail plus important de manière à conserver les caractéristiques du terroir même si les raisins proviennent de plusieurs producteurs différents.

Ma coopérative préférée est sans contredit les Produttori del Barbaresco. Provenant du nord-ouest de l’Italie, le Barbaresco se tient habituellement dans l’ombre de son grand frère Barolo. Les deux régions produisent des vins à base de nebbiolo, selon des techniques similaires, avec une différence au niveau du terroir dans lequel poussent les vignes. Situé près de la rivière Tanaro, le Barbaresco est généralement reconnu pour produire des vins un peu plus approchables en jeunesse que ceux produits 15 km plus au sud…

Produttori del Barbaresco - Langhe Nebbiolo
Produttori del Barbaresco – Langhe Nebbiolo

Les Produttori produisent à chaque année environ 420 000 bouteilles, provenant uniquement de nebbiolo. Ils divisent leur offre en trois gammes: le Langhe Nebbiolo, provenant de jeunes vignes, le Barbaresco DOCG, un assemblage des diverses parcelles et une variété de cuvées parcellaires, produites dans les meilleures années.

Présentement disponible à la SAQ pour la modique somme de 22.15$, le Langhe Nebbiolo est une merveilleuse introduction au style de vin produit dans le Piedmont, sans avoir à dépenser une fortune. Un nez typique de roses et de goudron, des tannins fermes et structurés (mais pas nécessairement agressifs, puisque les vignes sont jeunes) et des notes de cerise et de réglisse en finale. Vous vous en douterez, on doit aimer le vin qui ne goûte pas que les sempiternels petits fruits rouges… Le 2008 est le meilleur vin de 22$ que j’ai goûté, alors que le 2009 vient tout juste de prendre domicile dans la cave.

Le Barbaresco DOCG 2006 a recueilli tous les fruits provenant des vignobles habituellement vinifiés indépendamment et une bouteille ouverte cet été par l’ami Rémy Charest m’a convaincu de laisser dormir encore mes bouteilles pour un peu plus longtemps. Par contre, je ne dis pas que je ne me laisserai pas tenter lorsque j’aurai un viande de qualité à griller sur le BBQ…

Je ne suis pas un fan de Bordeaux, mais…

Je l’ai affirmé à quelques reprises, Bordeaux me laisse, de manière générale, plutôt indifférent. Par ça, je fais référence à la fois à Bordeaux en tant qu’à l’industrie (c.f. Opération En Primeur) qu’aux vins qui y est produit. Un bref échange sur Twitter est parvenu à la conclusion que je ne buvais pas le right stuff

Ce que je reproche habituellement aux vins de Bordeaux est leur homogénéité qui ne venait pas me chercher. Peu importe la gamme (du Mouton Cadet jusqu’au Pape Clément 2005), j’ai toujours eu l’impression que j’avais affaire à peu près au même vin. Je n’ai pas eu encore d’expérience avec un Bordeaux qui est venu me chercher aux tripes comme pourrait l’a fait un bon Barolo ou un Beaujolais de haut vol.

Il semblerait que le right stuff, ce soit Les Remparts de Ferrière, dans le millésime 2000. Des tannins tout à fait intégrés, un fruit encore présent, une complexité apportée par le côté torréfié du Cabernet Sauvignon: tout était là et présent en même temps. En plus, le vin a évolué favorablement au cours de la soirée, confirmant qu’il lui reste encore quelques bonnes années devant lui. En prime, il y a 10 ans, le vin se faisait avec un taux d’alcool raisonnable de 12.5%, ce qui permet de garder le tout en équilibre. Le site du Château affirme que le second vin peut vieillir jusqu’à 10 ans, mais je suis persuadé que dans les bonnes années, il peut vieillir bien plus longtemps…

Remparts de Ferrière, 2000
Remparts de Ferrière, 2000

Le Château Ferrière est une des plus petites propriétés du Médoc, qui a été sous la direction de la famille Ferrière entre 1777 et 1914. C’est depuis resté une des plus petites propriétés classées dans le sacro-saint classement de 1855.

Je crois que je devrais commencer à être un peu plus patient avec les Bordeaux. Pour ça, je devrai en racheter, ce qui ne me tente pas nécessairement considérant la folie des prix autour des récentes sorties des millésimes 2009 et 2010. Dilemme difficile en vue…