Le Koshu, un vin typiquement japonais

Du centre-ville de Tokyo, l’amateur de vin peut sauter dans un train vers l’ouest et deux heures plus tard, il se retrouve au coeur du Japon viticole, la préfecture de Yamanashi (s’il ne s’égare pas dans les réseaux de transport en commun de la mégapole…).

Lors de mon séjour au Japon en novembre dernier pour le travail, ma curiosité envers le vin japonais m’a poussé à ramener une bouteille de Koshu Toriibara Vineyard 2011 de Grace Winery. J’ai pu en trouver au Tokyu FoodShow, sous la station Shibuya, après une recherche plus ardue que prévu.

Vignoble de Toriibara, Yamanashi

Selon la légende, le cépage Koshu aurait été introduit au pays du Soleil Levant par des moines bouddhistes au 12e siècle, via la route de la soie. Toutefois, son origine exacte demeure inconnue puisque selon José Vouillamoz dans Wine Grapes, son profil d’ADN ne correspond pas à aucun autre cépage connu. D’abord utilisé comme vin de table, il est vinifié commercialement depuis le 19e siècle. Les Japonais le considèrent comme le cépage signature de l’archipel, puisque c’est le seul endroit sur la planète où il est cultivé.

Puisqu’il a été cultivé comme raisin de table pour si longtemps, la viticulture japonaise utilise traditionnellement des vignes en pergola. Ce mode de positionnement de la vigne est très efficace pour augmenter le rendement et produire des belles grappes, mais ce n’est pas nécessairement ce qu’on recherche dans le but de produire du vin. Certains vignobles commencent à changer cette pratique et opter pour un positionnement des vignes qui permet de mieux contrôler le rendement et ainsi obtenir des saveurs plus concentrées.

Koshu

Grace Winery est un domaine familial fondé en 1923 et c’est présentement la quatrième génération qui est aux commandes, avec la présence d’Ayana Misawa. Le domaine cherche aussi à exploiter les flancs des montagnes de la vallée de Yamanashi, comme dans le cas du vignoble de Toriibara, au tout début de la page.

Dans le champ, le Koshu est reconnaissable à sa peau épaisse et sa couleur rosée. Toutefois, dans le verre, le Koshu est spectaculairement transparent. Il est assez aromatique au nez, avec des notes de pomme verte sur une jolie trame minérale, avec une acidité moyenne. Typiquement japonais, le Grace Koshu Toriibira Vineyard donne plutôt dans la pureté et la nuance, quitte à ne pas avoir une finale en bouche particulièrement longue. Il accompagnera très bien une cuisine toute en délicatesse et en détails, comme des sashimis bien frais.

Koshu Toriibira

Au Québec, difficile de trouver du Koshu. La SAQ a commercialisé une cuvée il y a deux ans dans un Courrier Vinicole et selon le système d’inventaire de la SAQ, il en resterait 4 à Rimouski. Les commentaires sur Fouduvin.ca n’incitent toutefois pas à faire quelques heures de route pour en trouver… Sinon, quelqu’un sait si on en retrouve en imporation privée? Faudra donc retourner au Japon et ce n’est pas l’envie qui manque!

Coups de coeur au Salon

Un après-midi en bonne compagnie, au Salon des Vins de Québec, ça passe rapidement. C’est bien connu, tout va plus vite quand on a du plaisir. Armé des conseils de Caroline sur comment bien se comporter au Salon et de papilles bien reposées, j’ai écumé les kiosques pour vous (oui, bon. un peu pour moi aussi…). Voici quelques coups de coeur de ces quelques heures de dégustation.

Pour débuter en beauté, il n’y a rien comme déguster quelques Champagnes. Ceux de la maison Ayala s’offrent tout naturellement en entrant dans la salle d’exposition. Toute la gamme est superbe et à un prix tout à fait honnête.

Champagne Ayala

Le Ayala Brut Majeur est disponible pour 47$, mais c’est surtout le Ayala Majeur Rosé (57$) et le Ayala Zéro Dosage Brut Nature (53$) que je retiens. Le premier est tout en fruit et en fleur, avec une bouche fraîche, droite mais tout de même bien enveloppante. Un vin qui danse et en met plein la vue. Le second est plus minéral et pur, avec définitivement la fraîcheur à l’avant-plan. Le fait qu’il soit non-dosé le rend d’autant plus aérien.

Pour se gâter, on tâte du Perle Nature 2002, une merveille de complexité et de longueur et on souhaite être en mesure de se payer ce Champagne haut-de-gamme (119$) lors de son retour à la SAQ Signature prochainement.

On poursuit ensuite au kiosque du Marchand de Vin pour aller dire bonjour à Thomas Perrin et déguster les vins produits par la famille Perrin. Du modeste Perrin Réserve qu’on retrouve en produit régulier à la SAQ jusqu’au très prisé Château de Beaucastel, on ne se trompe pas. Le Gigondas La Gille est impressionnant, offre la puissance d’un millésime chaud comme 2009 mais reste toujours en équilibre. On le ressent en bouche pendant un long moment, et ce n’était certainement pas dû qu’à mes papilles fatiguées…! Il s’agit assurément d’un bel achat qui tiendra la route pendant encore plusieurs années.

Mon plus gros coup de coeur revient toutefois à un vin sicilien, que j’ai pu retrouver au kiosque de Connexion Oenophilia, une agence que je ne connaissais pas. Le Etna Rosso ‘a Rina 2010 de Girolamo Russo est le vin qui m’a le plus enthousiasmé de tout ce que j’ai goûté.

GIrolamo Russo

 

Un vrai beau vin de soif, qui nous fait retourner à notre verre sans cesse, qui est malheureusement vide plus rapidement qu’on pourrait le croire. Beaucoup de fruit, une fraîcheur exemplaire grâce à des vignes en altitude sur les flancs de l’Etna et un traitement au chai qui laisse le le nerello mascalese s’exprimer pleinement. J’adore et je ne tarderai pas à en mettre en cave, puisqu’il est disponible en petite quantité en importation privée, pour un peu moins de 30$.

Il reste encore deux jours au Salon, ce qui est amplement de temps pour compléter ces découvertes et les partager!

2012 en 5 vins | Pearl-Morissette Pinot 2007

Le dernier vin de mon top 5 des vins marquants de 2012 est un choix local, pour deux raisons.

Local, car après tout, le Niagara c’est pas si loin! À la frontière avec les États-Unis dans le sud de l’Ontario, cette région viticole est pleine de potentiel. Déjà, des noms comme Clos Jordanne, Stratus et Tawse commencent à être familiers aux oreilles des buveurs de par le monde. Et c’est pour le mieux!

Local aussi car ce vin est le fruit du labeur d’un vigneron québécois qui, après avoir fait carrière en Bourgogne, a été séduit par une fiole du Chardonnay Claystone Terrace du Clos Jordanne. François Morissette a donc décidé de revenir au Canada et de produire du vin de haut niveau. On peut dire qu’il est en voie de gagner son pari!

J’ai eu la chance de mettre la main sur deux bouteilles de Pinot Noir 2007 de Pearl-Morissette lorsque ma conjointe était de passage dans la région cet été. Depuis, cette cuvée, la première produite par le domaine au volume de 117 caisses, est épuisée mais reste disponible dans certains restaurants de la région de Montréal.

Pearl-Morissette Pinot 2007

Un pinot d’une fraîcheur exceptionnelle, avec un bouquet qui fait plier les genoux, une bouche droite et sans artifices et une finale sans fin. Les mots manquent pour décrire avec précision l’émotion qui était dans le verre ce soir-là.

Chose certaine, je vais choisir avec grand soin les convives qui seront autour de la table lorsque j’ouvrirai ma dernière bouteille. Ils n’auront certainement aucun problème à constater qu’ils seront devant un grand vin.

NB. Le domaine est représenté au Québec par l’agence Vinealis et le Pinot Noir 2007 était disponible au domaine pour la modique somme de 54$. 

2012 en 5 vins | Broc Cellars

Un vin marquant, c’est aussi un vin partagé entre amis autour d’un bon repas. Lorsque le vin est aussi charmant que la compagnie avec laquelle il est dégusté, c’est un beau bonus! C’est tout à fait ce qui est arrivé avec les vins de Broc Cellars cette année.

Broc CellarsLors de notre passage à San Francisco en octobre dernier, nous avons passé 3 belles soirées chez Terroir, où les découvertes vinicoles ont été nombreuses (et heureuses!). La dernière journée, le barman nous recommande d’aller faire un détour chez Arlequin Wine Merchant pour mettre la main sur une bouteille de Broc Cellars. Et hop! On marche une petite demie-heure et on glisse dans le sac de voyage un Cabernet Franc Whole Cluster 2011 de Broc Cellars.

De retour à la maison, on reçoit l’ami Rémy Charest à souper et on extirpe cette bouteille de la cave. Un Cabernet Franc californien à 11.9% d’alcool, d’une fraicheur exemplaire, je me douatais bien que ça allait tomber dans ses cordes… Si bien que le domaine est maintenant représenté par Les Vieux Garçons (un nouvel arrivage vient de faire son apparition, d’ailleurs… Il n’y restera pas trop longtemps, ne tardez pas!).

À l’automne, j’ai ouvert avec une amie la Cuvée 12.5, un assemblage principalement à base de syrah. En moins de deux, la bouteille était disparue, sous les concerts d’éloge et d’exclamation. Le nez était expressif et avenant, la bouche était sur les fruits et sur les épices, mais surtout avec une fraîcheur qui défiait tout entendement. On est loin ici des vins californiens lourds, trop boisés et sucrés… Il m’en reste une bouteille que je vais avoir beaucoup de difficulté à conserver bien longtemps…

Pour ces deux expériences, toutes en fraîcheur et en “buvabilité” et pour la petite fierté d’avoir ramené un peu de Broc au Québec, l’ensemble des cuvées du domaine mérite une place dans mes vins marquants de 2012.

2012 en 5 vins | Enzo Boglietti Barolo Fossati 2005

Des bouteilles qui nous permettent de replonger dans des souvenirs en plus d’offrir un grand moment dans le verre, on n’en croise pas tous les jours. C’est justement ce qui s’est passé avec cette bouteille du Barolo Fossati 2005 d’Enzo Boglietti.

Barolo Fossati Enzo Boglietti

Ramenée de mon voyage au Piedmont en 2009, où on a séjourné au Pilone Votivo, un superbe agriturismo  propriété de la femme d’Enzo Boglietti. Avant notre départ, on se rend au vignoble à La Morra, où on est reçu par M. Boglietti. Au menu, dégustation des crus du domaine et c’est le Fossati qui s’est démarqué et qu’on a décidé de ramener.

La bouteille est restée bien à l’horizontale pendant quelques années jusqu’à ce qu’on se joigne à la dégustation Kick My Glass en janvier. Le concept est tout à fait amusant: on se rejoint dans un restaurant apportez votre vin avec une bouteille de vin a l’aveugle. Les participants dressent alors leur top 3 au courant de la soirée et le gagnant se fait payer le lunch par les autres…!

Carafé préalablement pendant 3 heures, le vin s’est montré sous son meilleur jour et même si on l’a servi à l’aveugle, il a ressorti du lot malgré la compétition intense auquel il a fait face. Dans le continuum entre producteur “modernes” et “traditionnels” à Barolo, Boglietti est fermement du côté des modernes. Le vin toutefois ne manque pas d’élégance et de complexité

Si vous voulez mettre la main sur cette bouteille, c’est directement au domaine pour environ 35 euros à l’époque. Au moment d’écrire ces lignes, une succursale de la SAQ à Laval a 10 bouteilles en main, pour 84$ chacune.

Une superbe bouteille, qui nous a ramené en Italie et qui nous a payé un souper!