Mon calendrier de l’Avent m’offre l’occasion de revenir sur mon année vinicole, tout au long du mois de décembre. Les vins qui m’ont fait vibrer, tout au long de l’année.
Depuis quelques années, les vins d’Adi Badenhorst ont pris un place grandissante sur les tablettes de la SAQ. Le succès du Sécateurs rouge et blanc est indéniable et The Curator (encore une fois tant en rouge qu’en blanc) fait office de formidable rapport qualité prix.
C’est toutefois sa cuvée de cinsault The Drifter qui vient le plus me chercher. C’est un vin vibrant, du côté plus léger du spectre, mais qui est très franc sur les cerises, avec une trame épicée qui ajoute un peu de complexité. Son taux d’alcool modéré de 13% fait que la bouteille sera plus vite que vous ne l’auriez pensé. Bref, un genre de vin qu’on n’attend pas lorsqu’on regarde les stéréotypes sud-africains – qu’on devrait complètement oublier, en fait…
Les informations techniques sont à peu près introuvables, le vin n’est même pas mentionné sur le site du producteur. On sait d’après le site de la SAQ qu’il s’agit de vignes d’une cinquantaine d’années, dans la région du Swartland, où est située le domaine de M. Badenhorst. On peut spéculer qu’il s’agit d’une nouvelle cuvée, essentiellement distribuée au Québec.
Nous sommes présentement sur le deuxième arrivage de ce vin au Québec et les quantités commencent à diminuer. Sauf à la SAQ Jean-Lesage à Québec, où le conseiller a eu le même coup de coeur que moi et a commandé tout ce qu’il a pu. Au moment d’écrire ces lignes, il leur restait une centaine de bouteilles.
Mon calendrier de l’Avent, débuté en 2016, m’offre l’occasion de revenir sur mon année vinicole, tout au long du mois de décembre. Les vins qui m’ont fait vibrer, tout au long de l’année.
En février, on a eu l’immense plaisir d’accueillir à Québec une délégation de vignerons ontariens du groupe Somewhereness. C’est lors de la classe de maître menée par Véronique Rivest, assortie d’une dégustation à l’aveugle, qu’on a vu tout le potentiel des vins issus du Niagara. Cette dégustation se concentrait sur les rieslings, chardonnays, pinots et assemblages bordelais, avec un pirate de haut niveau au-travers.
Ne retenir qu’un vin parmi tous ceux-ci, j’irais avec le County Chardonnay 2013, de Norman Hardie, le seul vigneron basé à Prince Edward County du groupe Somewhereness. Le fait d’être dans PEC, que ce soit le climat légèrement plus frais ou les sols calcaires de cette presqu’île qui s’avance dans le lac Ontario? Probablement un peu des deux. Mais au final, on avait dans le verre un vin qui jouait l’équilibriste entre ampleur et tension avec brio.
On a parfois l’impression que les vins ontariens sont chers, mais c’est en les plaçant avec des vins issus de certaines des régions les plus prestigieuses au monde qu’on constate à quel point la région mérite d’être découverte et appréciée à sa juste valeur. Dans ce cas, en face du Meursault Vieilles Vignes 2014 de Buisson-Charles, il ne déméritait pas, même s’il lui concédait une vingtaines de dollars…!
Pour mettre la main sur ce vin, il faudra attendre la cuvée 2016, puisqu’une bonne partie du vignoble de Prince Edward County a subi un gel dévastateur en mai 2015. Je serai certainement en file pour mettre en mettre quelques unes en cave.
Les journées qui raccourcissent. Les matins qui sont de plus en plus froids (et bientôt, enneigés). Pas de doute, l’hiver et le temps des Fêtes est à nos portes, les occasions d’ouvrir de belles bouteilles entre amis aussi. Voici une dizaine de choix hautement personnels de ce que je mettrais sur ma table pendant cette période de festivités!
Pour l’apéro!
Difficile de faire plus festif que le pop d’une bouteille de bulles lors de l’arrivée des invités. Puisque c’est pour les Fêtes, pourquoi pas recevoir les invités au Champagne…
Cava 1312 Mestres: Provenant d’un vieux domaine familial en activité depuis le 14e siècle et inventeur même du mot “Cava”, ce mousseux bio offre un rapport qualité-prix toujours impeccable autour de 20$. Je sais que j’en ai parlé récemment, mais c’est trop bon pour le passer sous silence!
Lanson Brut Rosé: La maison Lanson offre un style de Champagne particulièrement vif, puisqu’en aucun cas leurs vins ne font la fermentation malolactique ce qui les garde particulièrement frais et vifs. Leur Brut Rosé offre ainsi la droiture propre à leur style et le petit extra de richesse qu’on retrouve dans les champagne rosés. Une belle réussite qui vaut amplement le prix demandé.
Si, par hasard, vous ouvrez des huîtres en même temps, c’est vers Les Vignes de Montgueux de Jacques Lassaigne que je me tournerais. Un Champagne extra droit, tendu, salin, où le fruit ne joue qu’un rôle de soutien, au plus grand plaisir de tous (et des bivalves!)
Parce qu’on sera beaucoup autour de la table
La tablée du temps des Fêtes est généralement bien garnie et bien entourée, elle mérite d’être honorée à sa juste valeur. Avec une bouteille format géant, le caractère festif est accentué et on va manquer de vin (un peu) moins vite. Ça tombe bien, la SAQ fait entrer en tablettes un plus grand choix de magnums en prévision de la fin de l’année, en quantité toutefois quelque peu limitées. Hâtez-vous!
Niepoort Dialogo 2015: un vin du Douro qui fait toujours mon bonheur et qui trouvera sa place avec une grande variété de plats des fêtes. On y trouve à la fois le soleil et la générosité des coteaux du Douro et la joie de vivre de Dirk Niepoort, un des maîtres de la région. Sous la barre des 30$ pour le magnum, même le beau-frère n’y verra que du feu.
Le Petalos d’Alvaro Palacios est certainement en lice lorsque vient le temps de déterminer l’étiquette la plus jolie et elle fera jaser autour de la table – surtout en format géant! En plus, le vin dans la-dite bouteille est particulièrement savoureux et permettra de découvrir ce cépage méconnu qu’est le mencia!
Du côté un peu plus léger du spectre, tentez de mettre la main sur un magnum de SP68 d’Arianna Occhipinti. Cet assemblage glougloutant de frappato et nero d’avola ne semble pas venir d’un vignoble situé à un jet de pierre de l’Afrique…! En fait, achetez-en plutôt deux, j’ai toujours préféré ce vin après un an ou deux en bouteille, il gagne alors en complexité et en profondeur.
Parce qu’on veut se gâter un peu
Parce qu’on veut (se) gâter pendant les fêtes, on a souvent tendant à augmenter un peu le budget vin qu’à l’habitude, mais on y va souvent un peu à l’aveugle car on sort de ce qu’on a l’habitude d’acheter. En même temps, on doit chercher autant que possible un vin assez polyvalent à table.
Bachelder Lowery Vineyards 2014: Un nouvelle preuve que les vins du Niagara peuvent produire des grandes choses. Élégant, il ne cherche pas à imiter ce qui se fait ailleurs en Bourgogne ou en Californie, mais est typiquement ontarien.
Terre Nere Feudo di Mezzo 2013: C’est avec un parti prix évident que je recommande les vins siciliens, après y avoir passé des superbes vacances en 2013. Ceci dit, les vins a base de nerello mascalese issus de la face nord de l’Etna sont parmi ceux qui m’apportent le plus de plaisir et d’émotion. Avec cette cuvée de Terre Nere, on commence à toucher à ce qui se fait de mieux dans l’appellation. Pour ceux qui ne sont pas familiers, pensez à un hybride entre un pinot noir bourguignon et un nebbiolo piémontais. Juste du bon!
Ça fait déjà quelques années que j’ai goûté La Mailloche de Stéphane Tissot, alors uniquement disponible en importation privée. J’en garde un souvenir d’un grand chardonnay qui joue à l’équilibriste entre le gras et la tension. Au moment d’écrire ces lignes, il en reste une dizaine de bouteilles à la SAQ Signature de Québec et fera des merveilles avec les plats un peu plus riches ou même cette célèbre volaille…
Négligé au cours des dernières années, le Porto mérite une seconde chance et c’est avec une grande cuvée qu’il sera possible de refaire des convertis. Du côté Tawny, je me tourne sans hésitation vers le Ramos Pinto Quinta do Bom Retiro 20 ans alors que du côté vintage, on essaiera de cibler quelques millésimes avec un peu d’âge comme le Fonseca Vintage 2000. On se gâte, on le partage à plusieurs et on l’étire tout au long de la soirée, pour en profiter au maximum.
C’est une heure au nord-ouest d’Halifax qu’on retrouve la région viticole la plus à l’est de l’Amérique du Nord, la vallée de l’Annapolis. Ce petit coin de la Nouvelle-Écosse émerge sur la scène viticole mondiale depuis quelques années avec des vins blancs et des mousseux de grande qualité.
Aujourd’hui, une vingtaine de producteurs se concentrent autour de Wolfville, là où la baie de Fundy devient le bassin de Minas. On est ici tout juste à la limite de la zone de maturation des vitis vinifera, les eaux de la baie venant tempérer le climat et allonger un peu la saison, permettant aux vignes de survivre en hiver et de repousser les épisodes de gel tout juste assez pour permettre aux raisins d’arriver à maturité.
Comptant aujourd’hui une vingtaine de producteurs, la région propose une offre particulièrement cohérente, organisée autour des mousseux et des vins blancs produits à partir d’assemblages de vitis vinifera et de cépages hybrides. On y retrouve bien quelques rouges, mais ce n’est pas avec quoi la région cherche à se démarquer.
L’appellation Tidal Bay a ainsi été mise sur pied en 2012 et une douzaine de domaines produisent maintenant un vin dans cette appellation. Ils mettent de l’avant l’acidité et la minéralité qui caractérisent la région, de même qu’un profil aromatique qui va de pair avec les fruits de mer, un choix logique pour un vin d’un climat maritime comme celui de la Nouvelle-Écosse. N’attendez pas un vin totalement sec, par contre, ils possèdent un peu de sucre résiduel qui vient arrondir un peu les angles.
Quelques producteurs à ne pas manquer
Benjamin Bridge est un des domaines qui a propulsé les bulles néo-écossaises sur la scène mondiale. Plantées à partir de 2001, dans la vallée de Gaspareau, légèrement plus chaude au printemps que les vignobles plantés directement à côté de la baie. À la tête de l’équipe, le Québécois Jean-Benoît Deslauriers s’est attiré des compliments d’un peu partout sur la planète, et pour cause.
Il s’agit du seul producteur néo-écossais dont les vins se retrouvent sur les tablettes de la SAQ. Pour une introduction au style de la maison, tentez de mettre la main sur le Brut 2009 ou 2011 ou optez pour la cuvée Réserve 2010 pour le passer en pirate dans une dégustation de champagnes.
Benjamin Bridge
Magnum de Pétillant Naturel 2016 dans les vignes
Plan des parcelles chez Benjamin Bridge
En plus de ces cuvées qui font l’orgueil de la maison, près de la moitié de la production est composée du Nova 7; cet assemblage à base de Muscat de New York, Vidal, Ortega et L’Acadie composant 11000 des 22000 caisses produites par le domaine. Légèrement pétillant, peu alcoolisé, très aromatique et avec un taux de sucre important, un peu à la manière d’un moscato d’Asti. Les amateurs de Nivole y trouveront chaussure à leur pied et les autres y prendront goût par une chaude journée l’été prochain.
Chez Lightfoot & Wolfville, on n’a pas lésiné sur les moyens pour accueillir les gens en grand, avec une magnifique salle de dégustation et boutique, donnant sur les vignes et des espaces pour accueillir des événements. La qualité de l’accueil rivalise avec la qualité et l’attention protée aux vins, produits en agriculture biodynamique.
On a pu goûter à des vins pleins de vie, typiquement néo-écossais et vachement bien faits. La production étant encore assez limitée, le meilleur moyen de mettre la main sur ces cuvées est de ce rendre sur place (ou de dire mille mercis à un ami qui va vous ramener une bouteille…!
Tous délicieux
Ceux qui cherchent une couleur intense dans leur pinot passeront à côté d’un grand vin.
Une salle de dégustation spectaculaire avec vue sur les vignes et la baie
Lightfoot & Wolfville
Chez Blomidon Estate Winery, le sympathique terrenevois d’origine Simon Rafuse a aussi fait des vins mousseux sa priorité. C’est chez eux que se retrouvent parmi les plus vieillies vignes de chardonnay, plantées au début des années 1980. Témoin de la force et de l’influence des marées, à marée haute, les vignes ont presque les pieds dans l’eau alors que celle-ci se retrouve à près de 100 mètres au large à marée basse! La cuvée tirée des vignes de l’Acadie est aussi particulièrement recommendable.
Simon Rafuse, winemaker chez Blomidon Estate Winery
Certaines des plus vieilles vignes de Chardonnay de la Nouvelle-Écosse
Une superbe cuvée de bulles, à base de l’Acadie
De ce côté de la baie, par rapport à la vallée de Gaspareau ou des environs de Wolfville, le printemps est un peu plus tardif, mais la saison se prolong en automne. “Un avantage” selon Simon Rafuse, “ça nous permet d’avoir des raisins qui mûrissent sans peu du gel sur une base plus régulière. J’échange volontiers une semaine au printemps contre deux à l’automne!”.
Pour s’y rendre
On doit compter une dizaines d’heure de route depuis Québec pour se rendre jusqu’à Wolfville. Selon le degré d’empressement, on pourra choisir de couper la route en deux et de coucher à St-Jean au Nouveau-Brunswick puis de prendre le traversier le lendemain matin. Sur place, planifier quelques jours pour faire le tour sans se prendre la tête, possiblement en combinant avec un saut de puce à Halifax, situé à une heure de route.
Les images nous provenant de Barcelone et des villes environnantes depuis dimanche dernier ne laissent personne indifférent. Dans ce contexte, je vais m’assurer de mettre les vins catalans tout au haut de ma liste d’achats.
Mestres Cava 1312
La maison Mestres sait comment faire du Cava, c’est de chez eux que vient le terme même Cava, créé en 1928, bien que le domaine cultive des raisins depuis le 14e siècle. La cuvée 1312, dont le nom reprend la date de fondation du domaine, a remporté le prix du meilleur mousseux à moins de 25$ du 6e Jugement de Montréal l’an dernier. Paralleda, Macabeu et Xarel-lo s’y allient pour produire un mousseux aux bulles fines, à la bouche qui conjugue la richesse d’un élevage de 18 mois en bouteilles – le double de l’élevage minimal préconisé par l’appellation – et une fraîcheur exemplaire. Difficile de trouver un meilleur mousseux pour les 20$ demandés.
Le Xarel-lo, en plus d’entrer dans l’élaboration des cavas, donne aussi de (très) bons vins tranquilles pour qui sait s’y attarder. Un nez à la fois floral et fruité, tout en équilibre et en délicatesse. En bouche, on a une bonne ampleur et une longueur qui impressionne. Si vous avez suivi la classification de Bill Zacharkiw dans The Gazette, il s’agit d’un vin qui entre clairement dans la catégorie des vins de texture.
Albet i Noya Xarel-Lo El Fanio 2016 – 12674221 – 21,60$ – Agent au Québec: Vintrinsec
J’avais particulièrement aussi aimé les vins blancs du Priorat, avant et pendant mon voyage sur place en mai dernier. Surveillez le retour du Barranc dels Clossos de Mas Igneus sur les tablettes.
Parès Balta Mas Elena 2013
Du côté des rouges, je me tournerai sans hésitation du côté de Parès balta, qu’on connaît principalement pour ses bulles. Le domaine élabore aussi un assemblage bordelais composé de Merlot (50%) cabernet sauvignon et cabernet franc: le Mas Elena. Comme tous les vins du domaine, celui-ci est certifié biologique. Un vin qui mise sur le charme du merlot, avec tout juste ce qu’il faut de barrique pour lui apporter structure et complexité, tout just sous la barre des 20$.
Parès Balta Penedès Mas Elena 2013 – 10985763 – 19,85$ – Agent au Québec: Trialto
Mas Martinet Cami Pesseroles 2012
Pour me gâter sans compter, c’est vers le Priorat que je me tournerais, en tentant de privilégier les vins issus de vignobles ancestraux, avec des vieilles vignes et une part importante de carignan. Le Cami Pesseroles de Mas Martinet fait partie de cette catégorie. Il s’agit d’un vignoble situé sur un ancien chemin reliant Gratallops et Porrera, deux villages en plein coeur de l’appellation. Le vin qui y est tiré par Sara Perez est à l’image de celle qui le fait, direct, sans compromis et transparent. Ce sont les fruits noirs qui dominent, les tanins prennent de la place mais le tout est gardé en équilibre par l’acidité naturelle qu’amène le terroir du Priorat.
Mas Martinet Cami Pesseroles 2012 – 12782097 – 88,00$ – Agent au Québec: Les vins Aldi