La mort du vin de table

Depuis le 1er août 2009, le vin de table a disparu en France.

La dénomination de vin de table français, auparavant réservée aux vins issus d’une même région ou d’un assemblage de vins de régions françaises différentes, a été remplacée à cette date par une nouvelle catégorie répondant au nom poétique de VSIG (Vins sans indication géographique). Jusque ici, rien de vraiment nouveau…

Toutefois, la réglementation permet aux producteurs d’indiquer le cépage et le millésime sur leurs VSIG. Ainsi, un producteur peut ainsi produire un Pinot français 2006, un Merlot 2004 ou même un Poulsard 2008. Visiblement, l’objectif est de capitaliser sur la tendance cépage/pays. Ainsi, ces vins viendront compétitionner avec les sauvignons néo-zélandais ou les cabernets californiens.

Just.Luc@FlickrLes États-Unis n’apprécient guère cette modification à la réglementation française puisque cette opération vise clairement à contrer l’invasion des vins du Nouveau Monde en sol français. Ainsi, les autorités américaines n’acceptent pas la mention du millésime sur ces vins puisque dans leur réglementation, la mention du millésime sur des vins dont la provenance est simplement un pays n’est pas possible. La solution est en cours de négociation, dit-on à la Commission Européenne.

D’ici là, plusieurs producteurs resteront plutôt conservateurs, d’autant plus que le marché américain compte parmi les plus grands marchés d’exportation pour les vins français. Selon Franck Crouzet, du groupe Castel, un des plus gros producteurs de vin en France, cité dans Vitisphère:

Nous attendons de voir comment vont se positionner nos clients. A partir du moment où nous proposons déjà des vins de France et des vins de cépage IGP, il n’est pas forcément opportun de lancer des vins de cépage de France qui risquent de cannibaliser les ventes de nos produits déjà établis.

Les premiers vins de cépage français risquent d’arriver au Québec cette année, probablement dans les épiceries. On verra si ces changements redonneront un peu de vie au secteur des vins de table français, qui a perdu 16% de sa valeur au cours de l’année 2008.

Via Vitisphère.

Mes coups de coeur de 2009

Photo: ryanovineyards@flickr.comPendant la pause entre Noël et le Jour de l’An, on peut prendre un peu de temps pour réfléchir sur ce qui s’est passé dans la dernière année, entre autres sur les vins dégustés et les belles expériences vinicoles vécues au cours de la dernière année. Dans un élan de nostalgie, voici en vrac le meilleur de l’année 2009, en espérant que 2010 soit aussi généreuse!

Cet été, j’ai eu la chance de faire un voyage de 3 semaines à Barcelone et au Piedmont. Toutefois, si je n’avais à retenir qu’un moment, il s’agirait définitivement de la visite chez Sottimano. Nous avons été très bien reçus, les vins dégustés étaient de très haut niveau et nous avons eu la chance de discuter avec un véritable passionné. Cette rencontre incite fortement vers une meilleure exploration des vins du Piedmont au cours de 2010…!

En mars dernier eu lieu le tout premier Salon des Vins de Québec, avec comme conférencière vedette Sandrine Garbay, maitre de chai au Château d’Yquem. Cette rencontre en soi était déjà tout à fait intéressante, mais le bonus fut la dégustation du Yquem 2003, compliments du Château. Ma première rencontre avec ce vin mythique fut ne fut donc pas dans les meilleures circonstances au strict point de vue de la dégustation, mais ce qu’on a eu dans notre verre s’est chargé à lui seul de rendre ce moment magique.

Aussi dans le cadre du Salon des Vins, j’ai eu la chance d’obtenir une invitation au souper vigneron à l’Aviatic Club en compagnie de Mission Hill, gracieuseté de Rémy Charest (d’À Chacun sa bouteille, de Winecase.ca, Foodcase.ca et Twitter…!). Bien que je n’aie pas été impressionné outre mesure par les vins de Mission Hill, cette soirée est mémorable par les belles rencontres que j’y ai fait et par la qualité du souper qui nous a été présenté. De plus, ça faisait près d’un an que j’échangeais avec Rémy sans se croiser, malgré le fait qu’on habite dans la même ville.

Je m’en voudrais aussi de passer sous silence les dégustations auxquelles j’ai pris part à la SAQ Jean-Lesage, à Québec. Bien que j’aie participé à moins de ces événements qu’en 2008, la dégustation de Barolos 2004 et, surtout, celle des Pinots de l’Oregon furent mémorables. Merci à Jean-Pierre Lortie pour ces belles initiatives et, bien que ce chapitre soit terminé, j’ai bien hâte de voir la suite de ses projets…!

J’ai commencé à écrire ce billet en voulant revenir sur les vins qui m’ont marqué au cours de la dernière année. Finalement, je vois bien que ce qui prime sur les vins qu’on déguste ce sont souvent les rencontres que ceux-ci amènent. En 2010, je souhaite faire d’aussi belles rencontres. Faisons-en donc la résolution pour l’année!

Du Beaujolais nouveau…

Le Beaujolais Nouveau est arrivé!
Le Beaujolais Nouveau est arrivé!
C’est demain qu’est mis en vente l’arrivage 2009 de Beaujolais Nouveau. Comme à chaque mois de novembre, les producteurs du Beaujolais expédient par avion des caisses de leur vin pour la mise en vente le 3e jeudi de novembre. Et comme à chaque année, mon site reçoit des visites provenant de recherches sur Google avec comme mot clé Beaujolais nouveau saq 2009, ou une combinaison de tout ça…

Les amateurs de Beaujolais Nouveau seront déçus d’apprendre que seulement 3 vins nouveaux feront partie de l’offre de la SAQ cette année, deux Beaujolais et un Sangiovese Novello, d’Émilie-Romagne, totalisant 3600 caisses pour la grandeur de la province. La SAQ réagit ainsi à la baisse d’intérêt des consommateurs face à ce type de vins, constatée depuis quelques années déjà.

Pour ma part, bien peu d’intérêt pour ce vin nouveau, puisqu’il cadre mal dans mes goûts. Je vais peut-être en acheter 1 pour la curiosité, mais sans plus. Y’a-t’il parmi les lecteurs des amateurs de Bojo Nouveau? Si oui, pourquoi est-ce un vin que vous aimez?

Monsieur, vive le Pinot…!

C’est suite à un voyage à la grand-messe des vins italiens, Vinitaly à Vérone, que Jean-Pierre Lortie est tombé en amour avec le Pinot. À la suite d’une longue journée de dégustation de Barolo et de Barbaresco (pauvre gars…), il s’est fait servir à l’aveugle un Pinot Nero de la maison Varja. Tombé à point, c’était le début d’une histoire d’amour pour ce cépage.

C’est dans cet esprit que commençait la dernière dégustation organisée à la SAQ Jean-Lesage. La SAQ ayant récemment décidé de mettre fin au concept Art-de-vivre, au sein duquel était cadré ces dégustations. (Je dois prendre un peu de temps ici pour tout d’abord féliciter Jean-Pierre pour son travail et sa détermination puisqu’il a vraiment tenu le tout à bout de bras à Québec. Nouvellement employé à la succursale Express Duplessis, on lui souhaite bonne chance dans ses nouveaux projets qu’on a bien hâte de connaître!)

Et c’est en grande forme que la dégustation était menée. Au menu, un aperçu du cépage phare de l’Oregon: le pinot noir. Ainsi, 2 chardonnays pour se faire la bouche, 6 pinots de l’Oregon, le tout agrémenté de 4 pirates.

Line-up
Le plan de la soirée... dévoilé uniquement après la dégustation!

En blanc, le Chardonnay Arthur Domaine Drouhin 2007 s’est avéré le préféré devant le Chardonnay Argyle Willamette Valley 2007, pour son profil franchement plus bourguignon. Toutefois, pas de coup de coeur, du moins pas pour 36$ et 27$ respectivement.

En rouge, la qualité des vins présentés était assez homogène, en ce sens qu’il n’y a pas de gros coup de coeur ni de mauvais vin. On retiendra surtout le Pinot Noir Domaine Drouhin 2006 qui, à 38,50$, représente un très bon rapport qualité-prix. Il est très généreux sans tomber dans l’excès dont souffrent certains pinots californiens. Il s’agit d’un des vins les plus appréciés de la soirée parmi les participants à la dégustation.

Servi en confrontation, la cuvée haut-de-gamme du Domaine Drouhin, le Laurène Dundee Hills 2005, nous a surpris avec sa bouche compacte et faite toute d’un bloc. Son acidité, sa matière et sa structure permettront certainement à ce vin de vieillir en beauté.

L’autre vin du top 3 de cette soirée est le pinot noir Eola Hills Reserve La Creole 2006. Fruité et charmeur sans tomber dans le côté bonbon, il a su animer les discussions autour de la table. Les autres vins de la même vague (le Argyle et le Rex Hill, tous deux de Willamette Valley) étaient bien proches, mais manquaient ce petit surplus de finesse et de subitilité présent dans le Eola Hills.

Pirates
Arrrrr! Les pirates servis lors des trois éditions de cette dégustation

Les pirates servis lors de la soirée ont su dérouter et faire découvrir des beaux produits. Le Kim Crawford était bien aromatique et souple (comme le dit la pastille!), avec des arômes intenses de limette et de kiwi, typiques du terroir néo-zélandais. La surprise fût pluôt généralisée de découvrir l’Australien Coldstream Hills 2007 comme second pirate. On n’y sent pas la chaleur typique de l’Australie et il cadrait bien avec le Rex Hill servi précédemment. Un pinot sérieux et très bien fait. La Crema 2007, bien que venant d’un climat frais en Californie, m’a semblé un peu quelconque et n’a pas enthousiasmé les foules. En guise de dessert, un Santenay Leroy 1999, qui sentait les arachides et le vieux vin à plein nez. Déroutant, mais passionant comme première expérience avec un vieux millésime de pinot noir.

Somme toutes, malgré l’absence de coups de coeur et de vins qu’on veut acheter à la caisse en sortant de la succursale, la soirée était tout à fait agréable et termine en beauté ce type de dégustations Art-de-vivre. Merci encore, Jean-Pierre!

Dégustation de pinots
Dégustation de pinots de l'Oregon - Un groupe satisfait

Deux vins blancs atypiques

On lit souvent que les fromages s’agencent mieux avec les vins blancs. L’accord est même moléculairement correct selon ce qui est présenté par François Chartier dans Papilles et Molécules. Ainsi, lors d’un vin et fromages entre amis il y a quelques semaines, nous avons pu valider cette affirmation avec deux vins totalement différents.

Château Pajzos Tokaji Furmint 2007
Château Pajzos Tokaji Furmint 2007

Tout d’abord, le Furmint Tokaji Château Pazjos 2007 présentait sa robe jaune pâle aux invités. Il s’agit d’un vin blanc sec, provenant d’une région réputée pour ses vins liquoreux, au nord-est de la Hongrie. On laisse ici fermeter le furmint jusqu’à ce que le sucre soit totalement transformé en alcool, puis le vin est vieilli en cuves inox (fort probablement, pour une durée inconnue) avant d’être mis en bouteilles.

Le résultat est un bon petit vin, pas très complexe, d’un équilibre certains. Pour 13,70$, il s’agit d’un très bon rapport qualité-prix et venait complémenter les fromages plus doux tels le chèvre frais et le jeune gouda.

[rating:2.5/5] – Code SAQ: 860668 – 13,70$

 

Servi en parallèle, le Domaine Les Brome Vidal Réserve 2006 avait été choisi comme le vin déroutant de la soirée. Personne n’avait d’expérience préalable avec des vins blancs secs du Québec, encore moins avec le Vidal.

Le Vidal Blanc est un cépage hybride français-américain, cultivé aux États-Unis et au Canada et qui est particulièrement bien adapté au climat nordique. Récolté très tard à la mi-novembre, le Réserve Vidal est fermenté à basse température sur sa lie, directement en barriques neuves américaines, puis bâtonné pendant trois mois pour maintenir la lie en suspension.

Il en résulte un vin au nez extrêmement puissant, dominé par les notes boisées de la barrique. On retrouve certes en appui des notes florales, de fruits exotiques et de miel, mais on sent la main du vigneron à l’avant-plan. La complexité est présente, à la fois au nez comme en bouche et la longueur est bien respectable.

Avec ce caractère “In your face”, on ne peut pas rester indifférent face à ce vin. Bien qu’il ne soit pas mon type de vin préféré (je préfère un peu plus de subtilité et un peu moins de boisé), il est ressorti gagnant de cette vague pour sa fougue et son caractère. À table, il sait tenir tête aux fromages avec plus de corps, tel un Oka ou un St-Paulin. L’accord est aussi surprenant avec un fromage bleu plutôt modéré.

[rating:2.5/5] – Code SAQ: 10919707 – 22,45$