Un trio ibérique

C’est toujours plaisant de retrouver des amis autour d’une table, avec de bons plats et de bons vins. C’est tout à fait l’esprit d’une récente soirée organisée à la maison. Au menu, une petite tranche d’Espagne sous la forme de tapas variés et de vins de la péninsule ibérique. Bref retour sur trois vins servis lors de cette sympathique soirée où il n’y avait aucune prise de notes, aucune technique, seulement bien du plaisir.

Le Douro au Portugal - Source:titoalfredo @ Flickr
Le Douro au Portugal - Source:titoalfredo @ Flickr

J’ai servi à l’aveugle et en confrontation les trois vins suivants, tout d’abord seuls, puis ensuite accompagnés de dattes farcies au chorizo, dans une sauce tomate et poivron, des albondigas (boulettes de viande espagnoles) et des champignons farcis, qui furent d’ailleurs un grand succès…!

  1. Post Scriptum de Chryseia, Douro 2007
  2. Les Terrasses Priorat 2006, Alvaro Palacios
  3. Montecillo Gran Reserva Rioja 2001

Tout d’abord plus réservé, le Post Scriptum détonnait un peu lorsque mis en comparaison avec les deux autres puisqu’il mise beaucoup plus sur la finesse que la puissance. Il a donc paru un peu faible et moins aromatique que ses compagnons, mais il n’en restait pas moins un vin bien agréable. C’était bien, mais à ce prix de 27$, je ne suis pas certain que je vais en racheter.

Le gagnant de la soirée est sans contredit Les Terrasses, il fut le préféré de 6 des 7 convives. Puissant, complexe, très long en bouche, mais tout de même bien équilibré: il possède tous les éléments pour plaire. À noter que le millésime présentement en vente à la SAQ mais que les bouteilles servies sont du millésime 2006, vieillies à la succursale de Lévis. La foule en redemandait et j’encourage tous ceux qui ont 30$ à mettre sur une bouteille à se ruer sur celles qui restent à la SAQ, comme je vais probablement faire…

Le Montecillo s’est bien débrouillé, même s’il a été servi à la suite d’un vin unanimement apprécié. Pour plusieurs, il s’agissaient d’une rare expérience avec un vin de près de 10 ans d’âge. Il est souple et commence à prendre une teinte un peu tuilée, signe de son âge un peu plus avancé. Il s’agit d’un achat un peu à l’aveugle que je ne regrette pas du tout, puisqu’il s’agit d’une belle expression du terroir et du savoir-faire de la Rioja. Le vin commence son plateau, il est déjà bien agréable et va continuer à se bonifier au cours des prochaines années. J’aimerais bien voir de quoi se chauffe le 1981, aussi disponible présentement à la SAQ, au modique prix de 73$.

Alors que les deux premiers titraient au-delà de 14% d’alcool (même 14.5% pour Les Terrasses), on doit de noter que le Montecillo présente un très raisonnable 13%, ce qui aide grandement à son équilibre.

Un trio ibérique
Un trio ibérique

Une belle incursion dans l’univers des vins de la péninsule ibérique, que je connais trop peu qui donne le goût d’en découvrir plus!

Aperçu des vendanges 2010 en France

Dans le Figaro de ce matin, on offre un aperçu de la vendange 2010 dans les différentes régions vinicoles françaises. Les résultats seront disponibles dans les prochaines années, mais il est toujours intéressant de se pencher sur le climat dans les différentes régions et surtout de regarder le tout rétrospectivement.

Voici quelques morceaux choisis, en vous invitant à aller lire la chronique complète sur le site du Figaro.

Bordelais -Encore un grand millésime
Dans le Bordelais la très forte médiatisation du millésime 2009, a généré des prix élevés. On se retrouve avec un second grand millésime sur les bras, mais on n’ose plus le clamer. «Personne ne nous croira, mais le millésime 2010 est très grand!» s’excuse presque un propriétaire.

Reprenons les faits. La pluie qui a balayé la France du Nord en août et en septembre, et même touché la France du Sud, a miraculeusement contourné Bordeaux : «Pas une goutte de pluie et pas de chaleur excessive: les conditions climatiques de 2010 sont exceptionnelles. Nous sommes dans les pas de 1989 et 1990», s’enthousiasme Alain Vauthier, le propriétaire de château Ausone, 1er Cru classé de Saint-Emilion.

La comparaison 1989/1990 est la bonne. Après la très forte médiatisation des 1989, déjà, le monde entier avait du mal à admettre la grandeur des 1990, et les prix du 1990 étaient sortis en retrait de 30 % par rapport à 1989. Les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets.

Quel est le profil des bordeaux 2010? Comme le millésime n’était pas précoce, les raisins blancs ont effectué une maturation complète, ce qui n’était pas le cas ces dernières années. Le sémillon en particulier s’en sort très bien et produira de grands vins. Il est trop tôt pour se prononcer sur la qualité des sauternes. Certes, la qualité des sémillons, qui représentent souvent 90 % de l’encépagement, est de bon augure, mais la botrytisation a été un peu tardive cette année.

Les vins rouges sont partis sur un très grand pied, en particulier dans le Médoc. Les pluies des 14 et 15 septembre ont débloqué les maturités qui avaient pris un peu de retard en raison d’un stress hydrique dû à un été trop sec. Partout, les niveaux d’alcool paraissent très élevés avec, contrairement à 2009, de belles acidités, ce qui est un gage de grande longévité. Seul bémol, le stress hydrique a affecté quelques merlots, en particulier sur les sols les plus légers.

Bref, un deuxième millésime du siècle en deux ans, un 4e dans la première décennie des années 2000. C,est bien beaux, mais un jour les consommateurs vont finir par se tanner du marketing bordelais. Entretemps, ils peuvent toujours compter sur la Chine pour acheter la majorité de leur production

Bourgogne – De belles cuvées de garde
Si les cépages rouges souffrent en Champagne alors que le cépage blanc s’en sort bien, la situation est rigoureusement inverse en Bourgogne. Comprenne qui pourra ! «Si nous avons dû trier le chardonnay, le pinot noir est de grande qualité, avec un très bel état sanitaire», souligne Jean-Claude Mitanchey, le patron du château de Meursault qui progresse d’année en année. Les blancs de la Côte de Beaune s’apparentent aux millésimes 1986 ou 2001, où seuls les meilleurs ont tiré leur épingle du jeu. De meilleures qualités, les vins rouges donneront quelques belles cuvées de garde.

La Côte de Nuits, qui avait déjà subi des gelées hivernales, une floraison chahutée et quelques orages de grêle qui ont réduit les rendements de près de 30 %, a de surcroît pris la pluie qui s’est mise à tomber pendant cinq jours à partir du 24 septembre, alors qu’elle s’apprêtait à couper ses raisins. Les plus patients ont attendu le 4 octobre, ce qui en fait les vendanges les plus tardives des trente dernières années. Comme les charges de raisins étaient faibles, les meilleurs produiront, malgré toutes ces vicissitudes, de fort jolis vins. Mais avec beaucoup de travail.

Comme d’habitude en Bourgogne, il va falloir faire des choix éclairés. Munissons-nous d’un bon guide ou d’un ami de confiance…

Loire – La chasse à l’acidité
Dans la Loire, le mois d’août très frais et le pluvieux mois de septembre ont eu les mêmes conséquences qu’en Alsace, en Bourgogne et en Champagne. Les raisins ont eu le plus grand mal à mûrir, et les acidités sont fortes un peu partout. Le moindre traitement raté, et c’était la catastrophe sur le raisin. Philosophe, un producteur murmurait: «Heureusement, finalement, il y a toujours une année suivante.»

ZONÉ VIN! au quai des Cageux

Pour ceux qui se cherchent quelque chose à faire à Québec jeudi le 30 septembre prochain, un événement quime semble particulièrement sympathique se profile au Quai des Cageux, sur la promenade Champlain. Je me permets de retransmettre l’invitation à cette dégustation.

ZONÉ Vin! au quai des Cageux
ZONÉ Vin! au quai des Cageux

Intéressés et actifs pour la mouvance de la sommellerie, des tendances actuelles de production et de consommation du vin et surtout désireux de faire évoluer l’expérience d’une soirée de dégustation, le duo Fluide Sommellerie et Symbiose Vins lance le projet ZONÉ VIN : un happening vin hybride à mis chemin entre un salon de vins et un 5 à 7 revisité.

L’exercice initial de ZONÉ VIN est d’investir un lieu d’architecture et d’y insuffler le mouvement. Dans une ambiance audiovisuelle scénographiée en fonction du lieu nous ferons émerger des espaces rarement interprétés pour la rencontre du vin et son contexte de dégustation.

L’élite des agences du territoire présentera une sélection d’une vingtaine d’étiquettes par événement (4 choix par visiteur). L’aménagement d’un bar tenu par les acteurs d’un organisme sélectionné permettra aux amateurs de se rassasier tout en amassant des fonds pour une cause spécifique, la première étant de remettre tous les profits à l’Association canadienne des sommeliers professionnels.

L’accès aux soirées se fait par l’achat de billets (mis en vente au Cercle, 228, rue St-Joseph est) pré vendus au coût de 15$.

Pour son amorce le groupuscule auquel se joignent les agences Trialto, réZin, Insolite, Vinum Grappa ainsi que l’ASCP ont choisi de « zoner » le Quai de Cageux, situé au pied des ponts à même les nouveaux aménagements de la promenade Champlain. Cet endroit hautement apprécié des citoyens de Québec donne un accès privilégié à l’immensité du fleuve par ses structures en bois de cèdre et ses œuvres de métal. De plus, il permet la commodité d’un stationnement abondant.

Soyez les premiers à vivre ce moment.

Le quai des Cageux : ZONÉ VIN!

Lieu: Quai des Cageux, près des ponts sur la promenade Champlain
Date: Jeudi 30 septembre 2010
Heure: 17h et 21h (en continu)
Prix: 15$ par personne (4 dégustations)
Stationnement gratuit, proche et abondant

Information
Fréderic Gauthier
Symbiose Vins et Cies
fgauthier@symbiosevins.com
418.951.7462

Les vins de transition…

Le blog a été plutôt muet ces derniers temps, puisque plusieurs changements sont survenus cet été, qui ont à la fois diminué la consommation de vin et le temps alloué à l’écriture…

Vicente Gandia El Miracle 120
Vicente Gandia El Miracle 120

Lors du mariage, avec le médaillon de veau gratiné au Fin Renard, nous avons choisi de servir El Miracle 2006, un assemblage de Tempranillo (65%) et de Syrah (35%) de l’appellation Valencia, sur la côte méditerranéenne. Avant tout un superbe rapport qualité-prix, on y trouve quelque chose pour plaire à tous: des tannins souples, un nez charmeur, un peu de bois (pas trop!). Couplé avec une grillade ou un plat de viande substantiel, il fera des miracles…!

Si les millésimes antérieurs étaient plus difficiles à trouver, on le retrouve maintenant en produit de spécialité en arrivage continu à la SAQ, pour le bénéfice de tous.

Un voyage de noces plus tard, de retour à Québec, la seconde transition prenait place: la prise de possession de notre première maison. Beaucoup de petits détails à arranger, à la fois avant et après le passage chez le notaire.

La veille du déménagement, au milieu de boîtes et dans un appartement presque vide, nous avons ouvert un Santenay Champs Claude Vieilles Vignes 2004, de Lucien Muzard.

Le nez est superbe, ça pinotte amplement. On y retrouve tout ce qu’on peut aimé dans un pinot bien évolué, des épices, un certain côté animal, mais sans trop s’éloigner du fruit. En bouche, on voit clairement que ce vin est sur ses derniers milles. L’attaque est belle est franche, mais le vin disparaît rapidement, sans vraie finale à proprement dire.

Deux jours plus tard, ce qui restait du vin était chose du passé, un peu comme cet appartement que nous venions de quitter. Aujourd’hui, dans la nouvelle maison, on recherchera des vins voués à un avenir brillant, qu’on aimera partager avec des amis à tout moment.

Tendances 2010 à la SAQ – Les Gagnants

À l’occasion de sa réunion interne Blitz d’information, une conférence pour les agents promotionneles et les délégations commerciales, la SAQ nous offre un regard son administration et, particulièrement sur la gestion des produits qu’elle vend. Bien qu’on n’aie pas les données brutes, les présentations du résumé des résultat des performances des catégories de produits (performances de 2006-2007, 2007-2008 et 2008-2009) sont toujours disponibles sur le web. Plus sommaires au départ, on peut maintenant commencer à tirer plus d’informations et même tirer des conclusions sur les résultats des actions marketing apportées par la SAQ.

Les ventes totales de la SAQ durant la période 2009-2010 ont été de 2.7 millidards $, en progression de 5,1% par rapport à la même période l’année dernière. Les 1301 produits dits courants totalisent 81% des ventes alors que les 8500 produits de spécialité composent le 20% restant, une catégorie en croissance de 6,8%.

Concentrons-nous ici sur les catégories que l’on pourrait qualifier de gagnantes au courant de l’année 2009-2010, alors qu’on se penchera sur celles en dificulté et sur les sous-estimés plus tard.

Photo by 96dpi, Flickr
Photo by 96dpi, Flickr

Les Gagnants

La catégorie de produits la plus importante en valeur est composée des vins rouges du Languedoc. Après un repli d’un peu plus de 8% en 2007, la région rebondit en 2008 avec un gain de près de 7% en poursuit sur sa lancée en 2009 avec une augmentation de 11.6%. Toutefois, lorsqu’on regarde du côté des produits de spécialité, les vins rouges du Languedoc ne sortent pas particulièrement du lot (catégorie un peu plus grosse que la moyenne, mais avec une croissance de seulement 3,3%, sous la moyenne de la SAQ).

Est-ce qu’on verrait ici les consommateurs se faire la dent avec les vins du Languedoc, habituellement joufflus et faciles à aimer avant découvrir d’autres régions et cépages plus exotiques ou prestigieux? Avec un prix moyen par bouteille de 11,79$, la SAQ veut encourager les consommateurs à découvrir des produits un peu plus chers et prévoit introduire 6 nouveaux produits réguliers entre 15 et 20$ dans son offre. Pour l’instant, le Languedoc est cantonné dans un rôle de bon rapport qualité-prix et la SAQ souhaite que cette réputation soit aussi transférée aux produits un peu plus dispendieux.

En Italie, la Toscane connaît une bonne progression. Une croissance de 10%, à la fois dans les produits courants et de spécialité, mais surtout un prix moyen par bouteille de 17$, ce qui est une bien bonne nouvelle pour le commerçant lorsqu’on veut faire augmenter le panier moyen du consommateur. Dans les produits de spécialité, la Toscane est la 3e région la plus populaire, derrière Bordeaux et les États-Unis, ce qui confirme son importance auprès des consommateurs.

Parmi les actions qui sont envisagées afin de soutenir cette croissance, la SAQ veut promouvoir les vins Toscans lors des périodes où les gens achètent plus (Noël,etc.) et augmenter l’offre de produits dont le prix de vente est supérieur aux prix moyen. Il faudra s’assurer que cette introduction soit faite de manière telle que les consommateurs ne perçoivent pas la Toscane comme une région chère, puisque celle-ci est déjà située au-dessus de la moyenne de la SAQ.

Finalement, la dernière catégorie qui s’en tire plutôt bien est celle des États-Unis, à la fois dans le répertoire régulier que dans les spécialités. Une croissance de près de 25% dans les produits réguliers et de plus de 50% dans les spécialités propulse le pays de l’Oncle Sam vers de nouveaux sommets, menée par deux produits-phare. Sur un chiffre de ventes de 109 M$, près de 20M$ sont occupés à eux seuls par deux produits, le Ménage à Trois de chez Folie à Deux (9.8 M$) et le White Zinfandel de Gallo (9.7 M$). On se souhaite que la SAQ commence à explorer sérieusement les états autres que la Californie… À quand plusieurs bons vins des Finger Lakes…?