Les vins, le critique et la SAQ

James Suckling à la SAQ
James Suckling à la SAQ

On parle beaucoup ces temps-ci sur la blogosphère québécoise de la visite au Québec de James Suckling (sur Méchant Raisin, à plusieurs reprises, sur le forum fouduvin.ca et sur twitter) et aussi de l’opération marketing de la SAQ qui l’accompagne.

Pour ceux qui ne connaissent pas le personnage, je vous invite à visionner son explication de l’échelle qu’il utilise pour noter les vins, son video tourné avec Gary Vaynerchuck, de Wine Library ainsi que le vidéo d’introduction à son nouveau site web. Avec ça, je pense que vous aurez un protrait d’environ 92 points du personnage…

Pour plusieurs, la SAQ aurait dû privilégier une offre basée autour d’une sélection faite par un critique local (et on sait que le Québec n’en manque pas…). Pour d’autres, la SAQ a fait ici un beau coup marketing pour permettre d’arriver à leur objectif: vendre du vin. Je crois que la vérité se situe à quelque part entre les deux. Je n’apprécie pas particulièrement James Suckling, ni sa confiance absolue dans le système de notation à 100 points, mais on doit admettre que cette opération a été bien profitable pour la SAQ, certains produits qui étaient déjà sur les tablettes se sont envolés dès qu’ils ont reçu le sceau “Suckling”. À force d’y réfléchir, je crois que c’est ce qui me dérange le plus dans toute l’opération: le fait que les consommateurs ont soudainement trouvé un vin plus intéressant (au point d’en acheter à la caisse) alors qu’ils auraient bien pu le faire bien avant…

On peut en conclure deux choses. Premièrement, parlez-en en bien, parlez-en en mal, mais parlez-en et deuxièmement, que peu importe ce qu’on dise, le consommateur est influencé fortement par les grosses cotes, qu’on aime ça ou non.

Un peu de lecture pour les Fêtes

Le temps des Fêtes invite à la relaxation, à la farniente et à passer du temps sur le sofa (ou dans mon cas, au café…) à faire le tour des liens intéressants proposés par mes amis sur Twitter. Voici donc quelques articles choisis pour vous alimenter durant ce temps d’arrêt…

Sur The Blend Blog, on retrouve un aperçu des vins du millésime 2007 en Barbaresco, 2006 en Barolo et des vins de la maison Pio Cesare en particulier, tiré d’une récente chronique du Wine Spectator. On peut penser ce qu’on veut de l’échelle de pointage proposée par ce magazine, on trouve ici un bon survol de ce qui sera offert dans la région.

Pendant les festivités entourant le Nouvel An, on est susceptible d’ouvrir quelques bouteilles de mousseux. Alors que la méthode d’ouverture de la bouteille m’est maintenant évidente, le verre dans lequel on doit servir le Champagne fait présentement l’objet de discussions… Traditionnellement servi dans des flûtes, de plus en plus de sommeliers préfèrent le servir dans un verre évasé. Deux articles vus récemment traitent de ce sujet: dans Cyberpresse et dans Sommelier Journal (une publication trimestrielle particulièrement intéressante!)

Chez Joe Roberts, de 1winedude, on se questionne sur le marketing des vins portugais, qui misent à fond sur le Touriga Nacional. Je suis d’accord avec son point de vue et crois aussi que l’identité des vins portugais pourrait être mieux affirmée qu’en construisant uniquement autour d’un seul cépage. Qu’en pensez-vous?

Finalement, puisque temps des Fêtes rime habituellement avec excès culinaires, deux liens de bouffe pour terminer. Pour 46% des Italiens, l’identité nationale passe par leurs repas (ici, en italien). On se souhaite que la gastronomie soit aussi imbriquée dans notre culture…! Finalement, lorsqu’on a trop mangé et qu’on veut une petite recette rapide entre deux festins de Noël, on fait comme Francis Laplante sur TranchedePain.com et on cuisine des pâtes à la saucisse et aux épinards de Josée di Stasio. Avec un vin blanc bien riche le suggère Hélène Dion de buvezentous, ou avec une belle Barbera piémontaise… Mioum!

Un regard vers 2010

Le mois de décembre est pour plusieurs l’occasion de faire un bilan de l’année qui vient de se terminer et ainsi revenir sur les belles expériences qui ont vécues au courant de l’année, et ce à tous les niveaux. Dans le monde du vin, ces moments particuliers sont la plupart du temps représentés par des bouteilles, même s’ils représentent souvent de très bons moments passés entre amis. Voici donc un regard vinicole bien personnel sur 2010 qui s’achève, en trois vins choisis parmi plusieurs beaux moments.

Heart & Hands – Blanc de Noirs Sparkling 2008

Au mois d’avril dernier, j’ai eu la chance de participer à TasteCamp EAST 2010, un rassemblement de bloggeurs sur le vin dans la région des Finger Lakes, dans l’état de New York. Trois jours à faire le tour des producteurs de la région en bonne compagnie, ça marque une année. De tous les producteurs visités. le coup de coeur va à Heart & Hands, le tout dernier producteur visité. Leur mousseux blanc de noirs, dégorgé le matin même, avec lequel fut porté le toast de conclusion TasteCamp aurait fait pâlir d’envie certains Champagnes. De plus, les pinots, à la fois le Barrel Reserve et la cuvée d’entrée de gamme, sont superbes. Dommage que leur production soit trop petite pour être exportée au Canada.

Domaine Jean Bourdy – Vin Jaune de Château-Chalon 1945

Les vins jaunes du Jura sont réputés pour leur longévité; le représentant du domaine Jean Bourdy nous a d’ailleurs confié qu’entre “40 et 300 ans, un vin jaune commence à atteindre sa maturité”. Aussi bien dire que ces vins sont indestructibles. Dans le cadre du salon du RAPSIPAV, j’ai eu l’occasion de goûter certains vieux millésimes produits par le domaine Jean Bourdy: un Côte-du-Jura Rouge de 1952, un Côte du Jura Blanc de 1955, côte-à-côte avec le millésime courant. Le clou de cette dégustation était sans contredit le Vin Jaune de Château-Chalon 1945. D’une longueur exceptionnelle et d’une jeunesse insolente, on s’est tous senti privilégiés de pouvoir goûter à cette bouteille car l’occasion ne se représentera probablement pas. Merci!

Mestre – Cava Brut Nature Coquet 2006

La scène: pendaison de crémaillère lors de l’inauguration de notre nouvelle maison. Le reste se passe de commentaire. 🙂 Lors de cette soirée, on a eu droit à un Gran Vina Sol 2001 et un Sociando Mallet 2007, mais c’est vraiment ce moment qui restera de cette soirée.

Merci à Jean-Pierre Lortie de m’avoir montré comment sabrer une bouteille de mousseux et à Rémy d’avoir immortalisé le moment!

Joyeux Noël à tous, en souhaitant que 2011 offre d’aussi bon moments…!

Zoné Vin! prend son envol

Pour sa deuxième édition, Zoné Vin, un événement situé à mi-chemin entre un salon des vins et un 5 à 7 entre amis, se transporte au Cercle sur St-Joseph. La première édition, rassemblait 4 agences d’importation au Quai des Cageux, un magnifique espace sur le bord du fleuve St-Laurent.

Cette fois-ci, l’espace investi est moins spectaculaire, mais plus grand et mieux adapté à la foule qui s’est présentée en septembre dernier. De plus, on a pu faire la connaissance de 10 agences et profiter de tapas sortant tout juste des cuisines du Cercle. Que des additions qui sont les bienvenues et on contribué à rendre la soirée plus complète.

Cuvée de la Diable - Ferme Desrochers
Cuvée de la Diable – Ferme Desrochers

Plusieurs produits ont retenu l’attention, à commencer par la Cuvée de la Diable, un hydromel liquoreux produit par la Ferme Desrochers, située dans la municipalité de Ferme-Neuve, dans Lanaudière. Reconnus pour leur production de miel, ils produisent aussi cet hydromel, vieilli en barriques pendant 46 mois (!), sous voile (!!). Le résultat est particulièrement impressionnant: très complexe, le sucre est bien équilibré et la finale possède une belle longueur. Un produit original qui va sûrement prendre une place de choix dans ma liste de vins de dessert. En prime, c’est même disponible à la SAQ, pour 16$ la demie.

Chez l’ami Rémy Charest, qui représente l’agence Insolite Importation, on a pu goûter une superbe petite arvine de chez René Favre et Fils. Cépage indigène où se mêle joyeusement parfums tropicaux et une finale saline et minérale, la petite arvine est cultivée presque uniquement en Suisse (et un peu dans le nord de l’Italie). Un blanc dépaysant qui vient en cartons de 6, ce qui permet d’en commanderplus facilement que s’il venait en caisse de 12, comme plusieurs importations privées.

Mon top 3 de la soirée est complété par le Prosecco Crede 2009 du domaine vénétien Bisol, disponible à la SAQ et importé par Oenopole. Léger, festif, avec un peu de sucre résiduel qui ajoute un peu d’opulence à l’ensemble. Que c’est bon du Prosecco!

Cet événement nous fait dire: “Vivement le prochain Zoné Vin!”

Importation privée – Mode d’emploi

Au Québec, les vins sont vendus par l’entremise d’une société d’état, la Société des Alcools du Québec (SAQ). Grâce à ce pouvoir d’achat, la variété des produits offert est bien intéressante, avec plus de 10 000 produits présentements listés au répertoire. Malgré ce que certains peuvent en dire, je trouve que nous sommes plutôt bien servis par notre monopole.

Toutefois si, de retour de vacances, vous souhaitez acquérir ce petit rosé désaltérant dégusté sur le bord de la piscine ou le vin de ce petit producteur que vous avez découvert au détour d’une courbe dans l’arrière-pays, il est fort probable que ce vin ne soit pas disponible à la SAQ. Pour mettre la main sur ces produits, on doit se tourner vers l’importation privée.

Il est fort probable que vous avez déjà goûté des vins issus de l’importation privée, puisque ce mode d’achat est bien populaire auprès des restaurateurs. Certains utilisent ce créneau pour donner une signature distinctive à leur carte des vins ou pour agrandir leur portfolio. Les moins scrupuleux utiliseront le fait que le client ne connaît pas nécessairement le prix de détail pour se donner une marge un peu supérieure à l’habitude…

Le processus pour mettre la main sur ces vins est plutôt simple:

  1. On fait du magasinage et on choisit le vin qui nous intéresse. C’est souvent la partie la plus difficile, mais elle est habituellement tout à fait agréable. On fréquente des activités vinicoles (Salons des Vins, dégustations, etc.), on porte attention au restaurant, etc. On peut trouver un répertoire assez complet des agences d’importation de vin sur le site de Samy Rabbat, ou avec les membres du Raspipav, une association d’agences d’importation.
  2. Lorsqu’on a choisi le vin qui nous intéresse, on contacte l’agence qui représente le producteur. Le vin est ensuite livré dans une SAQ près de chez vous (habituellement dans les 7-10 jours suivant la commande), où vous effectuez le paiement. Certaines agences exigent le paiement des frais d’importation directement à eux, dans une facture séparée.
  3. Les vins sont habituellement disponibles en caisse de 12 bouteilles, ou parfois en carton de 6. Un truc afin de pouvoir s’offrir un peu de variété est de monter un groupe d’amis et de partager le tout. Les produits que je propose au bureau ont habituellement un bon succès…!

De plus, les produits sont aussi couverts par la garantie contre les bouteilles défectueuses de la SAQ, puisqu’elles sont vendues par celles-ci. Il faut parfois faire savoir au personnel que cette protection existe, mais c’est bel et bien le cas.

Le tout est bien résumé dans le sympathique vidéo de Rézin.

On peut y faire de belles découvertes, comme certaines que j’ai fait aujourd’hui dans le cadre du salon de la Raspipav… Vous en entendrez parler bientôt sur ce site…!