La SAQ version 2.0

Quand on pense au web 2.0, les noms de Facebook, Twitter et Youtube viennent à l’esprit. En fait, le terme désigne de manière plus large la tendance qui cherche à impliquer de plus en plus directement l’utilisateur dans la consultation de contenus internet. La SAQ souhaite s’inscrire dans cette tendance afin de mieux rejoindre sa clientèle et de rassembler une communauté où passions et discussions se rencontrent. Ainsi, la société d’état a lancé hier son blogue, une page facebook, un compte twitter ainsi qu’un canal Youtube.

Blogue de la SAQ

À première vue, ça semble bien démarré. Le contenu semble au rendez-vous, les troupes sont motivées et le visuel de l’ensemble est bien réussi. Sur le blogue, on vante les mérites du Fleurie Poncié du domaine de Vissoux, un vin que j’aurais bien aimé garder pour moi tellement il est bon. Mais bon, le secret s’est ébruité et si les vins recommandés sont aussi bons que celui-ci, il faudra rester à l’affût pour profiter de belles découvertes.

Au niveau de la communauté, on y retrouve quelques commentaires épars et beaucoup de “J’aime” de Facebook et de Retweets. Pour qu’une communauté se forme autour de ce blog, il faudra que les blogueurs travaillent fort pour aller chercher plus de réaction des lecteurs et susciter les commentaires. Je crois que la volonté est là, il faudra simplement laisser le temps à l’équipe en place de trouver ses repères et à la communauté de se découvrir et tisser des liens.

Selon un document à l’intention des fournisseurs et des agents, la SAQ souhaite par cette stratégie atteindre les objectifs suivants:

  • Développer une proximité au quotidien avec la clientèle;
  • Supporter et maximiser l’expérience client;
  • Communiquer les partenariats, commandites et nouveautés en temps réel;
  • Joindre une nouvelle clientèle;
  • Générer de l’achalandage en succursale et sur SAQ.com;
  • Publier les activités et promotions.

L’initiative semble bonne pour l’atteinte de ces objectifs, mais encore faut-il que la communauté se sente interpellée et qu’elle sente que ces nouveaux canaux apportent plus d’information de qualité. On leur souhaite bonne chance et on dit bonjour à ce nouveau gros joueur dans le monde du vin 2.0 au Québec.

Du vin en Chine…

Lors de mes deux semaines en Chine, on m’a souvent posé la question suivante: “Et puis, le vin en Chine…?” Dans la majorité des cas, c’était aussi accompagné d’un petit sourire qui en disait long sur la perception des gens sur le vin chinois.

C’est en visitant le pays qu’on prend la mesure de la relation des Chinois avec le vin. Bien qu’on retrouve des vignes en Chine depuis le deuxième siècle avant notre ère, elles furent principalement utilisées comme raisin de table ou pour faire des raisins secs. Encore aujourd’hui, seulement 13% du vignoble chinois, pourtant le quatrième vignoble mondial, est vinifié.

Photo prise lors du Salon international du vin à Hong Kong, le 15 août 2008. (Photo: AFP)
Photo prise lors du Salon international du vin à Hong Kong, le 15 août 2008. (Photo: AFP)

En voulant simplifier un peu, on peut dire que le vin consommé en Chine est rouge et bordelais.

Rouge, parce que le palais asiatique est différent du palais occidental et est plus sensible à l’acidité vive du vin blanc. Ainsi, plusieurs le coupent avec du soda ou du jus de fruit pour en atténuer le goût… De plus, au restaurant, un verre de vin blanc ressemble à s’y méprendre à un verre d’eau, ce qui n’est pas idéal pour quelqu’un qui veut montrer qu’il boit du vin.

Rouge, aussi parce qu’il s’agit d’une couleur qui symbolise le bonheur, la chance et la prospérité en Chine. Or, le symbolisme fait partie intégrante de la culture chinoise et est un facteur important dans le choix du breuvage qui va accompagner le souper.

Bordelais, parce que les Chinois boivent surtout pour le prestige. Le vin est considéré comme un produit de luxe en Chine et plusieurs s’en servent pour afficher leur richesse. Or, le marketing bordelais est très efficace et ils ont su tabler sur la notion de prestige autour de leurs plus grands domaines.

Maintenant, des groupes industriels chinois achètent des domaines dans la région bordelaise, même les très modestes et la Chine forme maintenant le plus grand marché d’exportation des vins bordelais en dehors de l’Union Européenne. La stratégie dans ces investissements est principalement de capitaliser sur l’image de marque de Bordeaux pour vendre le vin à bon prix en Chine.

Avec une croissance de 30% par année lors des trois dernières années et une consommation qui est encore sous la barre d’une bouteille par année par habitant, la Chine est un marché alléchant pour tous les pays producteurs. C’est présentement la France qui détient le haut du pavé des exportations vers la Chine et les autres pays producteurs devront rivaliser de prestige afin de séduire les consommateurs chinois qui veulent goûter au prestige du vin.

Toutefois, en faisant de la recherche pour cet article, j’ai découvert le fait que 90% du vin consommé en Chine était du vin chinois.[1. Les chiffres ne précisaient pas toutefois si cette proportion était calculée selon la valeur ou le volume du vin vendu. J’ai lu qu’en terme de valeur, c’était plutôt 60% du vin consommé en Chine qui était produit localement, mais ces chiffres restent à vérifier.] Ce n’est toutefois pas ce que j’ai constaté à Shanghai, ce qui souligne la différence que je présume importante entre la métropole et le reste du pays.

J’ai toutefois dû faire des pieds et des mains pour trouver du vin chinois à Shanghai, outre le Great Wall que l’on retrouve un peu partout dans les dépanneurs et les petites épiceries. Finalement, je suis passé par hasard à côté de la boutique de Grace Vineyard, un vignoble fondé en 1997 dans la province de Shanxi. J’ai bien hâte d’y goûter, le vignoble ayant reçu des bons mots de Jancis Robinson.

Vous voulez goûter aux vins chinois disponibles à la SAQ? Le Chardonnay Dragon’s Hollow sentait le riz (!) et goûtait la barrique alors que le Cabernet-Sauvignon Dynasty goûté récemment au Salon des vins de Québec est correctement décrit comme… aqueux. Bref, si vous voulez prendre la mesure du vin chinois, ouvrez-vous un Bordeaux, ou attendez un peu!

Le Camp du Goût – TasteCamp North 2011

Prenez une vingtaine de blogueurs vinicoles, invitez-les dans une zone vinicole méconnue et organisez des rencontres avec les producteurs locaux. Si en plus, vous organisez un souper dans un restaurant réputé pour sa cuisine locale en leur permettant d’apporter leurs vins et que le tout est fait dans un esprit de découverte et de collaboration, vous obtenez TasteCamp.

J’ai eu la chance de participer à l’édition 2010, qui a eu lieu dans la région des Finger Lakes, dans le nord de l’État de New York. J’en retiens quelques découvertes marquantes (les pinots de Heart and Hands, entre autres), des rencontres spéciales (le riesling Argetsigner de Ravines Wine Cellars à 10h30 le matin, après une marche dans le vignoble d’où il est produit…), mais surtout rencontrer pour la première fois des blogueurs que je lis régulièrement et avec qui j’échange sur Twitter.

La soirée BYOB (apportez votre vin) est un moment fort, alors que chaque convive souhaite faire découvrir un produit de sa cave aux autres. Quelques bouteilles

Cette année, le rendez-vous est du 13 au 15 mai, dans le Niagara ontarien et américain. Vous allez certainement être mis au fait des bons (et des moins bons) coups des vignerons du Niagara le mois prochain!

La SAQ s’attaque à la vente en ligne aux États-Unis

On apprend par la plume de Vincent Marissal et Vincent Brousseau-Pouliot dans La Presse ce matin que la SAQ tente de mettre la main sur JJ Buckley, un détaillant américain de vin faisant affaire sur internet.

Ce faisant, la SAQ met le pied aux États-Unis, avec la possibilité de vente dans environ 35 états américains. Ce n’est pas tant le volume de vente qui est ciblé ici par la SAQ, car le réseau de JJ Buckley offre un volume comparable à “une SAQ Sélection qui fonctionne bien”, soit 26 M$ par année, selon Isabelle Merizzi, porte-parole de la SAQ.

La vente de vin en ligne est assez récente aux États-Unis, ayant été autorisée par la Cour Suprême en 2005, alors qu’il a été décidé que les vignobles à l’extérieur des États devraient avoir les mêmes droits que les vignobles “locaux”. Toutefois, la législation a été laissée à chaque État, ce qui la rend particulièrement hétéroclite. Cette législation complexe et particulière est en fait la principale cause derrière l’abandon de la vente de vin sur internet par Amazon, en Octobre 2009.

En achetant JJ Buckley, la SAQ prend le parti d’acheter une expertise déjà établie qui pourra les aider à contourner les écueuils rencontrés par Amazon précédemment. Si la manoeuvre est bien faite, elle pourrait ouvrir un marché important pour la SAQ. La vraie valeur de cette transaction se situe à ce niveau. Plutôt que de tenter de partir de zéro, la SAQ achète une expertise qui a démontré sa capacité à résoudre des problèmes de cette nature. À terme, on vise une augmentation du pouvoir d’achat de la SAQ, mais je crois que ça aidera lors de la négociation de contrats de distribution avec des producteurs pour qui l’option de distribution aux États-Unis avec un partenaire unique est intéressante.

Chez les amateurs, l’annonce semble reçue avec scepticisme et cynisme, puisque les consommateurs québécois ne bénéficieront pas de cette association, du moins pas directement. La SAQ invoque la conservation de son pouvoir d’achat pour les vins rares et prestigieux vis-à-vis les concurrents internationaux comme Carrefour et les détaillants chinois. Une augmentation du volume d’achat d’environ 1% n’est pas perçue comme significative pour arriver aux fins annoncées par la SAQ. Les plus cyniques vont jusqu’à affirmer que le gouvernement va utiliser l’argent de nos taxes pour vendre du vin moins cher aux Américains qu’il en fait à ses contribuables. La vérité est probablement située à mi-chemin entre cette vue plutôt radicale et la formule officielle fournie par notre bien-aimé monopole.

Pour ce qui est de la vente directe au consommateur, il faudrait en premier que le gouvernement fédéral mette finalement à jour sa loi datant de 1928 qui interdit le commerce d’alcool inter-provincial. Cette percée serait significative et aurait un impact direct sur la manière dont le consommateur québécois aurait accès aux bons vins produits au Canada.

Marc Madness – Le tournoi vinicole

La twittosphère vinicole est présentement le théâtre d’un événement particulièrement sympathique, insipiré du tournoi annuel de basketball universitaire américain. L’idée de base peut sembler farfelue au premier abord, mais répond à une question que tout amateur de vin s’est déjà posé: “Si je n’avais qu’un seul cépage pour le restant de mes jours, lequel serait mon choix?

Marc Madness - État des forces au début de la 2e ronde
Marc Madness - État des forces au début de la 2e ronde

C’est ainsi que 16 cépages rouges et 16 cépages blancs ont été choisis et à chaque jour, les sommeliers Joel Wilcox et Jonathan Wilson partent à la défense d’un concurrent. Ultimement, le gagnant est décidé au vote populaire sur twitter, en utilisant le mot-clic #marcmad.

La deuxième ronde est présentement en cours, avec Tempranillo qui a chauffé le favori Cabernet Sauvignon il y a quelques jours. La bataille est présentement sans pitié entre Syrah et Nebbiolo. Du côté des cépages blancs, Sémillon a gagné par un vote contre Albarino, mais aura la vie dure contre Riesling dans quelques jours, qui jouit d’un bon support populaire.

Plus on est de fous, plus on s’amuse. Les premiers matchs comptaient une quarantaine de votes, maintenant, la discussion est suivie par près de 75 personnes, avec d’autres qui se joingnent au fur et à mesure des matchs serrés. Parlant de matchs serrés, si vous avez un compte twitter, venez aider Nebbiolo à gagner aujourd’hui!