La Sicile fait rêver, avec ses côtes ensoleillées donnant sur la Méditerranée, ses eaux turquoises, la vallée des temples, les poissons fraîchement pêchés et apprêtés simplement, le marché de Palermo…
D’un point de vue vinicole, le soleil du sud gorge les raisins de sucre et les vins qui en résultent sont à l’image de la région: généreux, colorés et qui en mettent plein la gueule. Aussi, on est loin des petits domaines familiaux de la Bourgogne ou du Piemonte, les grands domaines de la région produisant souvent des millions de caisses par année. Au final, les vins qui y sont produits sont souvent très bons, mais pas nécessairement distinctifs. Pour des bons exmples, allez chercher un Cusumano ou vin de Donnafugata. Vous ne serez pas déçus de ce que vous aurez dans le verre, mais est-ce particulièrement Sicilien?
Certains vignerons sont toutefois en marge de ce style de vin, en cherchant à produire des vins plus en finesse, en fraîcheur et qui représentent plus fidèlement leur terroir. La figure de proue de ce mouvement est Arianna Occhipinti, dont un petit arrivage de son SP68 2011 (Nero d’Avola et Frappato) a causé la frénésie dans les SAQ de la province il y a deux semaines. En un peu plus 3 heures, la majorité des 900 bouteilles disponibles se sont envolées.
J’ai pu goûter au SP68 2010 en avril grâce à Leslie Trites à Tastecamp et j’avais mis la main sur quelques fioles du Frappato 2010 en importation privée chez Oenopole et je peux affirmer que le buzz est amplement mérité et il faudra surveiller le prochain arrivage, prévu au printemps 2013.
Entretemps, pour goûter à cette Sicile de fraîcheur, vous pouvez mettre la main sur une fiole de Frappato de l’Azienda Agricola COS. Ce regroupement de trois amis d’université (Giambattista Cilia, Cirino Strano et Giusto Occhipinti, l’oncle d’Arianna…) font du vin depuis les années 1980, un peu à contre-courant des méthodes habituelles. Pour certains de leurs produits, les fermentations sont faites en amphores, un peu comme on retrouve en Géorgie.
Le Frappato disponible à la SAQ est un exemple de fraîcheur, de modération et d’accessibilité. Le nez est sur les cerises légèrement amères, les fraises et les épices. On reconnaît certains accents du sud, sans que ça ne prenne toute la place. En bouche, une saine acidité garde le tout en équilibre et ça se boit comme du petit jus… On pourrait le comparer à un bon cru du Beaujolais, en version un peu plus sudiste.
Associez-le à un plat de pâtes tout simple et il fera des miracles. Dans mon cas, ce fut des spaghetti avec chorizo, tomates cerises fraîches et épinards tout juste tombés et le mariage avec l’amertume des épinards et la fraîcheur des tomates a été tout à fait réussi.
C’est devenu une tradition chez Creaform, depuis 4 ans maintenant, je participe à l’organisation d’une dégustation pour les collègues. Il s’agit entre autres d’une occasion de se réunir entre amis après les heures de bureau, mais j’en profite aussi pour initier certains à des vins qu’ils n’auraient pas achetés autrement.
Le format est toujours un peu le même: un apéro puis trois vagues de trois vins en confrontation pour finir avec un dessert. On essaie autant que possible de faire des services thématiques, par exemple 3 pinot noirs du monde, mousseux et champagne, etc. On y sert les vins à l’aveugle et, pour s’amuser un peu, on pose des questions amenant les gens à réfléchir sur les vins.
Cette année, on désirait souligner les 10 ans de Creaform par le thème de nos services. On a donc réuni 6 vins provenant des pays où Creaform a des bureaux de même qu’un service de vins du millésime 2002, année de fondation de la compagnie. Bref, un thème très “corpo”, mais qui a donné des résultats intéressants!
En apéro, on reçoit les gens avec des bulles, question de lancer la soirée sur une bonne note. En faisant quelques recherches, j’ai difficilement pu éviter le Prosecco Bisol Talento Pas Dosé 2002, offert pour 39$ à la SAQ Signature. Les bulles sont fines (mais disparaissent un peu rapidement), le nez est expressif et complexe et la bouche est bien ample. Un mousseux de 10 ans à un prix d’ami, sur lequel vous pourrez mettre la main si vous faites rapidement, il n’en reste que 6 à Québec. Heureusement, il y en a une cinquantaine à Montréal et la SAQ Signature expédie les bouteilles gratuitement partout en province.
Le premier service était composé de trois vins blancs, tous très différents les uns des autres. Le sauvignon blanc de Sula Vineyards en a surpris plus d’un car il est élaboré dans le Nashik, à 180 km au nord de Mumbai. Dans le verre, il s’agit d’un bon exemple d’un sauvignon blanc d’entrée de gamme, résolument nouveau monde comme on pourrait le retrouver en Nouvelle-Zélande ou au Chili. Les amateurs de sauvignon blanc ont bien apprécié et le fait de le servir à l’aveugle a permis de passer outre l’étiquette un peu caricaturale avec le soleil moustachu… Pour 14.20$, il entrera sans trop de problème dans votre rotation de vins de semaine.
Ensuite, deux vins un peu plus sérieux, soit le Riesling Egon Müller Scharzhof M-S-R 2011 et le Château Tour Léognan 2010, le deuxième vin du Château Carbonnieux à Pessac-Léognan. Deux vins qui partagent peu, mais qui ont offert tous deux des belles expériences. Le Scharzhof fut une superbe introduction aux rieslings allemands pour plusieurs, tout en jeunesse et en fraîcheur, avec des notes d’agrumes et d’hydrocarbure typiquement retrouvées dans ces vins. Le Pessac-Léognan a divisé l’assemblée. Certains ont détesté le nez, classique Bordeaux blanc avec une bonne dose de sémillon (30% dans ce cas) et un généreux apport de bois. L’autre moitié ont apprécié la complexité du nez et la bouche sans lourdeur. Le contraste avec le sauvignon blanc indien était saisissant et personne n’aurait pu deviner qu’il s’agissait principalement du même cépage…
Le premier service de rouge s’ouvrait avec le vin louche de la soirée. Acheté dans un petit magasin a Tokyo par un collègue un peu pressé, on a pu trouver un peu d’information sur les bouteilles de Soryu Winery à son retour. Avec l’aide précieuse de Google Translate, on a trouvé qu’il s’agissait d’un vin à base de Concord, et qu’il était “brewed without the use of preservatives, such as antioxidants” et qu’il titrait 10.5% d’alcool. Dans le verre, il offrait une couleur presque pourpre et, au nez, on aurait pu le confondre aisément avec du jus de raisin Welch. L’alcool ne se sentait pas du tout, il était complètement dominé par le jus de raisin et le sucre résiduel. Il s’agit certainement de vin qui a fait le plus jaser durant la soirée!
À ses côtés, les autres vins ont un peu été dans l’ombre injustement. Une fois la surprise passée, le pinot noir Grower’s Blend 2009 de Tawse offrait une belle expression de ce cépage que j’ai trouvé tout en finesse et en délicatesse. Toutefois, l’acidité est encore bien présente et la bouteille que j’ai en cave patientera à l’année prochaine.
On a terminé cette vague avec le cabernet sauvignon Tasya’s Reserve 2010 de Grace Vineyards, directement ramené de la boutique du domaine à Shanghai. Initialement, il est ressorti comme un cabernet de belle facture, bien fait, mais sans nécessairement être distinctif. Toutefois, c’est le verre qui restait dans la bouteille et que j’ai bu 3 jours plus tard qui m’a le plus impressionné. Le vin s’était ouvert considérablement et est passé de cabernet correct (mais sans plus) à un beau rouge de facture classique, avec les tanins bien intégrés et offrant une longueur impressionnante. On est ici en face d’un exemple probant qui montre que ce n’est qu’une question de temps avant que la Chine réussisse à assembler à la fois les bons cépages avec les bons terroirs et la bonne main d’oeuvre. Lorsque ça sera fait, je suis persuadé que les vins qui y seront produits en surprendront plusieurs.
Le dernier service, composé de trois vins du millésime 2002, a aussi été tout en contrastes. Le Movia Veliko Brda 2002, produit dans un domaine à cheval entre la Slovénie et l’Italie, a brillé. Tanins fondus, nez expressif, encore une bonne dose de fruits: tout y était. En plus, pour un prix quand même raisonnable de 39$, elle aura fière allure sous le sapin ou sur une table à Noël. Le Montus Prestige 2002 était quant à lui un monstre de concentration et commencera à se révéler dans les 5-10 prochaines années. Pour l’instant, il est difficile d’approche et en met littéralement plein la gueule, au point de manquer de finesse et de cohésion. Il se replacera sans doute mais si vous en avez en cave, laissez-les filer quelques années. Finalement, le cabernet sauvignon Prediville Reserve en a déçu plusieurs. Il était certes bon, à point et avait intégré son bois, mais pour 80$? Presque tous lui ont préféré le Slovène pour la moitié du prix…
En guise de dessert, un superbe porto Colheita 1986 de Niepoort, qui avait une couleur ambrée très pâle, au point où plusieurs ont pensé que c’était un porto blanc qui avait vieilli. Au final, il s’agit d’une très belle expérience puisqu’il est assez rare de mettre la main sur une bouteille de cet âge (il n’en reste d’ailleurs plus à la SAQ).
Cette soirée est toujours une de mes préférées de l’année au bureau. C’est pas mal de travail à organiser, mais les commentaires et le plaisir qu’en retirent les amis repaye les efforts au centuple. On se revoit l’année prochaine!
Nous voici déjà à la mi-novembre et, sans vouloir alarmer qui que ce soit, Noël approche à grands pas… Pourquoi donc ne pas profiter du solde de 10% à la SAQ cette semaine pour acheter un vin qui va gâter un proche? Voici quelques idées qui auront fière allure sous le sapin. Aussi, si vous voulez me faire plaisir, vous pouvez piger dans cette liste à votre guise!
Tout frais arrivé dans le dernier Cellier, le Château Ferrière Margaux 2009permettra aux amateurs de Bordeaux de se régaler dans quelques années. Le millésime 2009 est acclamé de toutes parts et ce domaine produit des excellents vins avec un constance accrue depuis l’arrivée de Claire Villars Lurton. Pour 53$, il saura probablement donner beaucoup de plaisir dans 10 ans.
Ceux qui me connaissent bien savent mon engouement pour le Nebbiolo, particulièrement lorsqu’il vient de la coopérative des Produttori del Barbaresco. J’en ai parlé àquelquesreprises… On retrouve présentement à la SAQ Signature la série des crus du millésime 2007, Ovello, Pora et Pajè pour une cinquantaine de dollars. On dit que le millésime 2007 dans le Piedmont est plus généreux et plus rapidement approchable que 2006 qui l’a précédé. Il n’en demeure pas moins que ces vins sont encore tout jeunes.
Finalement, on sort un peu des sentiers battus avec un vin slovène, le Movia Veliko Brda 2002. Ce domaine, à cheval sur la frontière entre la Slovénie et l’Italie produit du vin depuis 1820 et produit en biodynamie. Le Veliko, cet assemblage de merlot, pinot noir et cabernet sauvignon est parfaitement à point, avec les tanins fondus, une superbe longueur et toujours une bonne dose de fruit. Il s’agit d’un 39$ particulièrement bien investi.
Au cours de la semaine du 5 novembre prochain, ouvrez l’oeil lors de votre passage en succursale, les vins suivants vont faire leur apparition.
Un chardo canadien
L’an dernier, on avait vu trois chardonnay de Thomas Bachelder faire leur apparition dans un arrivage Cellier. Celui provenant du Niagara fait un retour, cette fois dans le millésime 2010. Je ne leur ai pas goûté, mais l’ami Sommelier Fou semble avoir bien apprécié. Son prix est en baisse de près de 5$ comparativement à l’année dernière, ce qui le rend d’autant plus intéressant…!
Rias Baixas, à découvrir
Un produit de spécialité en approvisionnement continu, le Terras Gauda O Rosal, de l’appellation Rias Baixas est à découvrir si ce n’est pas déjà fait. De l’albariño de haut niveau, qui respire la mer et le soleil et qui fera des merveilles avec un bon filet de poisson grillé aec un peu de jus de citron ou simplement en apéro pour rappeler des belles journées d’été.
Les Remparts de Ferrière
L’année dernière, j’avais eu la chance de goûter aux Remparts de Ferrière, dans le grandiose millésime 2000. Souvent, les Bordeaux ne viennent pas me chercher, mais celui-ci était un modèle d’élégance et était juste à point. Le millésime 2008 fera son apparition en succursale la semaine prochaine et je vais tenter de ne pas le manquer. En 2008, les vignobles de Bordeaux ont certainement eu la vie moins facile qu’en 2000, ce qui réduira certainement l’horizon de garde. Toutefois, Ferrière produit de manière constante des vins de tres bon niveau, comme le mentionne Chris Kissack :
To say the quality of Ferrière has improved in recent years would be nothing short of a gross understatement; under Claire Villar’s direction, the standard of the wines has improved dramatically. Tasting recent vintages, they demonstrate a remarkable consistency, with so-called ‘lesser’ vintages matching closely the sort of quality attained in 2000, 2003 and 2005.
Un des grands vins de la coop
Tout fan du Piedmont le moindrement sérieux connaît la coopérative Produttori del Barbaresco. Certains vont même jusqu’à affirmer qu’il font partie des meilleurs producteurs dans la région. Leur gamme de produit se compose d’un Langhe Nebbiolo (un superbe rapport qualité-prix!), un Barbaresco générique et 9 cuvées parcellaires, qui sont faites uniquement dans les meilleurs millésimes, à des prix tout de même raisonnables pour la qualité qu’on trouve dans la bouteille.
En plus d’un nouvel arrivage du Langhe, on retrouvera un arrivage dans les SAQ Signature du Pora Riserva 2007, tout juste sous la barre du 50$. Avec les fêtes qui s’en viennent, c’est le cadeau parfait pour l’amateur de nebbiolo le moindrement patient…
Hier, il nous restait un peu du meilleur chorizo en ville, celui qu’on achète chez Bonneau, tout près de la maison. Bien épicé avec juste la bonne dose de pimenton, c’est le secret d’une paëlla bien savoureuse.
Afin d’utiliser ce restant de saucisse, une nouvelle recette gracieuseté de Véronique Cloutier lors de son passage à la di Stasio: des pâtes au chorizo cuites dans le vin. L’idée est d’ajouter une généreuse dose de vin dans l’eau de cuisson des pâtes afin de leur donner un petit kick supplémentaire. Avec des rapinis ou des belles bettes à carde, on a ici une rectte gagnante qu’on va certainement refaire sur une base régulière.
Comme on ne prendra certainement pas un grand cru pour pitcher dans l’eau des pâtes, on peut se demander ce qu’on boit avec ce plat de pâtes, où le chorizo prend pas mal de place… J’ai choisi d’accompagner le tout de Petalos, un superbe vin d’Alvaro Palacios de la région émergent du nord-ouest de l’Espagne, le Bierzo.
À un peu plus d’une vingtaine de dollars (ou 44$ pour un magnum!), il allie parfaitement puissance, fraîcheur, élégance et souplesse. Autour de 14.5% d’alcool? Ça ne paraît même pas tellement le vin est en équilibre. Si vous ne le connaissez pas, allez vous chercher un chorizo et ouvrez vous un Petalos rapidement.