Boire moins, mieux et quand même en avoir pour son argent

Depuis quelques semaines, certains chroniqueurs vinicoles de la province ont déchiré leur chemise sur leur tribune respective sur la raréfication des vins à moins de 10$ sur les tablettes de la SAQ.

Vous n’avez pas suivi le débat? Lisez ici deux articles de Marc-André Gagnon sur Vin Québec, un d’Yves Mailloux sur le Huffington Post (qui se termine avec une superbe ironie par le diaporama “The 10 most expensive wines ever”). Pour des points de vue plus variés et nuancés, le sujet a fait l’objet d’une discussion sur le forum Fouduvin.ca.

Vin CheapEffectivement, les chiffres démontrent assez clairement la diminution de cette catégorie : il y a moins de vins de moins de 10$ sur les tablettes par rapport à l’année dernière. Sur le nouveau site de la SAQ, le filtre de prix le moins élevé est “moins de 14.99$”.

Il est évident que la SAQ a comme objectif d’augmenter la valeur moyenne du panier de chacun de ses clients, elle l’affirme elle-même dans ses présentations “Blitz Marketing” destinés à ses fournisseurs. Une des stratégies pour y arriver est d’étoffer son offre dans les catégories les plus actives et mettre en place des moyens pour que les consommateurs choisissent d’acheter une bouteille à 20$ plutôt qu’une à 15$.

Aussi, dans la grille de sélection des produits de la SAQ, on remarque que la performance financière d’un produit compte pour 20% de la note d’un produit régulier (où se retrouvent tous les vins à moins de 10$). Et si ces produits étaient retirés des tablettes entre autre parce que les consommateurs évoluaient vers autre chose? À titre d’exemple, il s’est vendu 525000 bouteilles de Fuzion de moins dans l’année fiscale 2011-2012 qu’en 2010-2011. Au cours de la même période, les ventes de Ménage à Trois, qui se vend quand même près du double, ont explosé. Coïncidence? Je ne crois pas.

Une fois ces constats posés, une seule question demeure pertinente. Est-ce que ça vous affecte vraiment? Personnellement, il y a un bail que je n’ai pas acheté de vin à moins de 10$ et leur disparition ne m’attriste pas outre mesure. Et ceux qui dénoncent cette disparition, à quand remonte la dernière fois qu’ils ont achté et apprécié un vin dont ils décrient maintenant la disparition graduelle…?

En tant que consommateur, on peut aussi prendre des actions pour toujours en avoir pour son argent. On peut tout d’abord commencer par écumer la section Autres Pays dans les succursales de la SAQ. Ces régions moins connues regorgent de perles dont la valeur n’est pas encore influencée par la demande sur les marché mondiaux. Découvrez le moschofilero grec, le grüner veltliner autrichien ou l’assemblage cinsault-carignan du Liban, tous sous la barrière du 15$.

L’autre action que le consommateur peut prendre est de boire moins, mais mieux. Au lieu d’acheter deux bouteilles à 10$, pourquoi pas y aller avec une seule de 15-17$? Ça demande un effort conscient au niveau de la consommation, mais tout le monde sera gagnant au final… Le vin est avant tout un luxe duquel il faut profiter, pas abuser!

Une belle épreuve d’objectivité

Dimanche dernier, j’ai eu la chance de participer à la dégustation qui vise à décerner les Prix du Public Desjardins. L’année dernière, j’avais été invité à la table du magazine Exquis.  Cette année, c’est plutôt le siège de président de table que j’occupais.

Sur les 300 dégustateurs, on m’avait délégué la gouverne de 6 sympathiques blogueurs, Caroline, Francis, Sylvie, Catherine, Catherine et Allison. J’ai donc dû les orienter lors de la dégustation à l’aveugle les 10 vins servis à notre table, dans le but de déterminer s’ils méritent les faveurs des dégustateurs d’un jour. Au total, environ 400 vins ont eu la chance de se mesurer au palais du public.

Dégustateurs au travail

Dans le cadre de ce concours, le rôle du président de table est d’orienter les dégustateurs d’un jour et de s’assurer qu’ils mettent en application les trois conseils énoncés par Nadia Fournier en entrée de jeu:

  1. Faites-vous confiance: vos référents olfactifs, gustatifs et culturels vous sont uniques et c’est en se lançant que vous aurez raison, et plus souvent qu’autrement!
  2. Tentez de faire abstraction de vos goûts personnels: Il faut tenter autant que possible d’être impartial dans le jugement, mettre de côté nos goûts personnels et analyser l’équilibre et l’harmonie du vin. Il faut aussi essayer de ne pas se faire bluffer par un vin qui cherche à en mettre plein la vue et qui semble bâti sur mesure pour ce genre de concours.
  3. Amusez-vous! Certainement le conseil le plus facile à mettre en application, avec un entourage aussi dynamique…

Au cours de l’après-midi, ont défilé dans notre verre deux mousseux relativement génériques (dont un prosecco définitivement trop sucré), trois italiens blancs particulièrement mauvais (mous et/ou boisés à l’excès), trois espagnols qui avaient bien du bon sens et deux vins de dessert du Québec à la qualité diamétralement opposée. On ne saura jamais vraiment ce qui nous a été servi lors de cette dégustation et c’est probablement une bonne chose, car je ne me ruerai pas au magasin pour aucun d’entre eux.

C’est donc un véritable exercice d’objectivité que nous avons eu à faire. Il fallait prendre chacun des vins qui nous étaient servis et, en 8 petites minutes, se faire une idée assez précise du vin pour remplir avec assurance la feuille de pointage. Quelques médailles ont été distribuées, mais le dévoilement sera fait uniquement dans quelques semaines, une fois les notes compilées.

Au final, quelle valeur accorder à cet exercice de dégustation? Je dirais que l’impact devrait être le même que pour les autres concours de vin qui visent à décerner des médailles. Si votre palais est compatible avec ceux de la majorité du public, vous trouverez certainement dans les Prix du Public Desjardins une chaussure à votre pied.

Toutefois, je suis d’avis que le palais de chacun devrait toujours primer sur les distinctions mises de l’avant par les producteurs, les agences et les médias. Faites-vous confiance et dégustez!

In vino veritas? Naaaaaaah! In vitrum veritas!

Le SAQ.com nouveau arrive le 4 février

Lorsque je me rends sur le site de la SAQ, j’ai l’impression d’emprunter une machine à voyager dans le temps informatique: moteur de recherche super rigide qui ne retourne pas de résultats pour “riesling alsace” alors que Google en sort 1390, une mise en page fixée à gauche du navigateur, Mapquest pour la localisation de succursales… J’imagine que je ne suis pas le seul à avoir ces frustrations…!

Site SAQ Actuel

La SAQ a donc décidé de repenser son site web et d’adresser les principaux problèmes de la version actuelle. Les changements sont orientés en 5 grands axes, jetons un oeil à ce qui s’en vient dans chacun de ses axes!

Nouveau design

Le site fait peau neuve et présente un design revampé. L’esthétique sera cohérente avec les blogues qui ont été lancés il y a deux ans. Fini le site web qui prend seulement 700 pixels dans le coin gauche de l’écran. On passe enfin à un design moderne, qu’on espère aussi pensé pour les appareils mobiles… La navigation est aussi facilitée grâce à la division du site en sections: Produits,  Conseils et Accords et À Propos.

C’est celle des Produits qu’on visitera le plus souvent, car elle permet de naviguer dans les diverses catégories de produits, nouveautés et les promotions. La section Conseils et Accords permettra d’orienter le consommateur vers des recettes, les publications de la SAQ comme Cellier. C’est en quelque sorte le successeur du concept Art de Vivre qui a été retiré des succursales il y a quelques années.

Recherche Améliorée

Il s’agit ici certainement du changment le plus attendu de toute la refonte du site web. L’outil de recherche a été revu de fond en comble et sera plus intelligent. Il peut suggérer des mots clés basés sur la saisie de l’utilisateur et par le fait même, corriger des fautes de frappe.

On peut ensuite filtrer la recherche selon multiples critères, sans avoir à quitter la page de recherche, contrairement à la version actuelle. Pour avoir un avant-goût, l’interface est similaire à celle proposée dans plusieurs sites web, comme celui de Sherry-Lehmann ou de Wine Library.

Recherche sur le site actuel SAQ

Les résultats retournés peuvent non seulement être des produits, mais aussi des recettes ou des Autres Contenus… On verra bien ce qu’on pourra y trouver, mais des articles des revues Cellier ou des blogues faisant mention de nos résultats de recherche seraient appréciés.

Fiches Produits

Les fiches détaillées des produits ont toutes été revues. Celles-ci sont maintenant facilement partageables sur les réseaux sociaux ou imprimables et offre des suggestions de produits comparables dans la même catégorie, utile pour découvrir de nouveaux produits ou si celui qu’on cherche n’est pas disponible dans notre région.

Les informations détaillées du produit laisseront aussi facilement trouver les produits du même producteur et mentionne même le type de bouchon utilisé. L’exemple montré mentionnait un bouchon de liège, mais je ne sais pas si le catalogue fera la différence entre ceux bouchés avec des bouchons de plastique aussi. Les capsules à vis seront certainement mentionnées. On pourra même facilement trouver si le produit est disponible dans d’autres formats.

Les fiches produits laissent aussi une place prépondérante aux accords mets et vins, un axe qui prendra plus de place sur le nouveau site. Dans le cas d’un spiritueux, on y propose plutôt des idées de cocktail à base du produit recherché.

Accords

La section Accords, présentement plutôt négligée n’offrant que des suggestions génériques avec un outil automatisé est revue de fond en comble et est mise de l’avant à plusieurs endroits dans le site, comme dans la fiche de produits.

Il est toutefois aussi possible de partir de fiches recettes disponibles sur le site afin de trouver un vin approprié.

Les sondages sur le comportement du consommateur menées par la SAQ montrent que dans le cadre d’un achat pour consommation à court terme de produits de spécialité, l’accord avec le mets est le deuxième critère utilisé par le consommateur, tout juste derrière le fait de souligner une occasion spéciale. Pas étonnant que la SAQ choisisse de mettre de l’avant cette option dans le site.

Disponibilité en succursale

Le dernier axe de développement est la disponiblité en succursale. Exit la navigation par Mapquest, on passe dans l’ère moderne avec une vraie intégration avec Google Maps.

J’espère aussi que le regroupement de succursales soit revisé afin que le groupe “Grande région de Québec” englobe les succursales de Lévis situées à 15 minutes de la maison et non celle de La Malbaie et Baie St-Paul…

Une fonctionnalité demandée par plusieurs, la recherche parmi l’inventaire de succursales en particulier, est prévue dans une deuxième vague d’amélioration, normalement prévue dans la prochaine année fiscale (de mars 2013 à février 2014). Cette implantation en deux vagues était probablement nécessaire pour faciliter des changements à l’infrastructure des données. On gardera l’oeil ouvert, car la possibilité de filtrer le catalogue de produits selon des critères de disponibilité près de chez soi sera un gros bonus à l’interaction avec le site.

Tous ces changements seront en ligne lundi le 4 février prochain. J’ai bien hâte de pouvoir jouer avec ce nouveau système, pas vous?

Retour sur 2012 et regard vers 2013

Je sais, je sais. Il est un peu tard pour parler de résolutions de début d’année, mais mieux vaut tard que jamais…!

Un retour sur 2012

En 2012, je m’étais fixé 4 résolutions reliées au vin et une orientée sur faire de Chez Julien un meilleur site.

Au point de vue vinicole, je retiendrai que j’ai définitivement réussi à “Boire moins, boire mieux”. En effet, la catégorie des “petits vins de semaine” a plus souvent qu’autrement été remplacée par une bière de microbrasserie québécoise (ou plus souvent qu’autrement, un grand verre d’eau). Ça m’a permis de faire de belles découvertes comme la microbrasserie de l’Ile d’Orléans, qui produit des bières qui ont toutes une personnalité distincte et un habillage particulièrement réussi!

Par contre, je n’ai pas exploré les vins locaux autant que je l’aurais souhaité. J’ai fait des belles découvertes au vignoble de Sainte-Pétronille et au Moine Échanson, où j’ai goûté le cidre “Des bulles, genre” du Clos Saragnat. Heureusement, je vais pouvoir profiter de TasteCamp 2013 pour me remettre à jour sur mes produits québécois.

Au niveau du blog, je suis très content de l’élan que Chez Julien a pris. En 2012, vous avez été près de 12000 à venir me rendre visite et je vous en remercie! J’ai aussi plus (et mieux) écrit, avec plus de 50 articles soit tout près de mon objectif fixé d’un article par semaine. J’ai aussi inauguré ma page Facebook (suivez-la en grand nombre!) et me suis lancé dans la belle aventure de Fou des Foodies (gardez l’oeil ouvert, des belles choses s’en viennent en 2013).

Vieilles bouteilles de 1975 en garde chez Sottimano.

Vers 2013

En 2013, pas de résolutions spécifiques… Le vin se prendra avec des amis, en essayant de maximiser le plaisir de partager une bonne bouteille ou de faire des découvertes. En partager plus, à la fois autour de la table et ici sur le blog. J’espère que vous serez nombreux à suivre mes découvertes!

Déjà, un voyage en Italie (direction Sicile!) est prévu en juin, les découvertes vinicoles seront certainement au rendez-vous. Pour le reste, on ira au hasard des découvertes de l’année!

2012 en 5 vins | Pearl-Morissette Pinot 2007

Le dernier vin de mon top 5 des vins marquants de 2012 est un choix local, pour deux raisons.

Local, car après tout, le Niagara c’est pas si loin! À la frontière avec les États-Unis dans le sud de l’Ontario, cette région viticole est pleine de potentiel. Déjà, des noms comme Clos Jordanne, Stratus et Tawse commencent à être familiers aux oreilles des buveurs de par le monde. Et c’est pour le mieux!

Local aussi car ce vin est le fruit du labeur d’un vigneron québécois qui, après avoir fait carrière en Bourgogne, a été séduit par une fiole du Chardonnay Claystone Terrace du Clos Jordanne. François Morissette a donc décidé de revenir au Canada et de produire du vin de haut niveau. On peut dire qu’il est en voie de gagner son pari!

J’ai eu la chance de mettre la main sur deux bouteilles de Pinot Noir 2007 de Pearl-Morissette lorsque ma conjointe était de passage dans la région cet été. Depuis, cette cuvée, la première produite par le domaine au volume de 117 caisses, est épuisée mais reste disponible dans certains restaurants de la région de Montréal.

Pearl-Morissette Pinot 2007

Un pinot d’une fraîcheur exceptionnelle, avec un bouquet qui fait plier les genoux, une bouche droite et sans artifices et une finale sans fin. Les mots manquent pour décrire avec précision l’émotion qui était dans le verre ce soir-là.

Chose certaine, je vais choisir avec grand soin les convives qui seront autour de la table lorsque j’ouvrirai ma dernière bouteille. Ils n’auront certainement aucun problème à constater qu’ils seront devant un grand vin.

NB. Le domaine est représenté au Québec par l’agence Vinealis et le Pinot Noir 2007 était disponible au domaine pour la modique somme de 54$.