5 grands principes pour monter sa cave à vin

Lorsqu’on commence à s’intéresser au vin, on commence à accumuler quelques bouteilles, puis quelques autres, puis quelques autres encore. Sans trop s’en rendre compte, on commence à parler d’une belle collection… Afin de mettre un peu d’ordre dans tout ça, voici cinq grands principes qui permettront de transformer cette collection en une cave bien vivante et à votre image.

1- Acheter le vin en plusieurs exemplaires

Un des grands plaisir d’avoir une cave est de pouvoir suivre l’évolution d’un vin au cours des années. Pour ça, il faut quand même en avoir plusieurs exemplaires! Pas besoin de remplir la cave jusqu’au plafond avec le même vin (c’est tout de même bon, un peu de diversité), mais il est tout à fait possible de s’amuser entre 2 et 6 bouteilles, selon votre degré d’ambition.

Avec trois bouteilles, on peut se permettre d’ouvrir une bouteille rapidement pour voir de quoi le vin se chauffe et déterminer environ quand la deuxième sera ouverte. Aussi, le fait d’en ouvrir une rapidement permet habituellement d’aller en racheter une pendant qu’il y en a encore sur les tablettes.

2- Connaître ses goûts, mais respecter les classiques

Ces deux avis peuvent paraître contradictoires, mais dans le cas de quelqu’un qui débute dans le monde du vin, on peut tout à fait les concilier.

Source: Megan Mallen @ Flickr.com
Source: Megan Mallen @ Flickr.com

Aussi, lors de nos débuts, on connaît nos goûts avec un peu moins de précision. Même si on a une bonne idée de ce qu’on aime et ce qu’on aime moins, les goûts, tout comme le vin, sont changeants. Un Bordeaux en jeunesse me laisse souvent un peu indifférent, mais avec quelques années de cave, c’est une toute autre histoire…!

C’est aussi en étant curieux qu’on apprend à connaître ses classiques. En participant à des dégustations qui nous permettent de goûter des vins qu’on n’aurait pas osé (ou pu!) acheter autrement, en lisant sur les vignerons qui façonnent les grands crus et en côtoyant de près ou de loin ces grandes régions productrices, on permettra directement à notre cave de gagner en maturité, tout en gardant une couleur bien personnelle.

3- Encaver plus de vin blanc

On sous-estime trop souvent le potentiel de garde des vins blancs, qui vont souvent perdre un peu de leur côté de fruis croquant pour développer une douce oxydation et une complexité parfois insoupçonnée.

J’ai encore le souvenir d’un Soave 1995 servi par Andrea Pieropan au Salon des Vins de Québec il y a quelques années. Avec une quinzaine d’années dans le corps, il était la preuve vivante qu’un vin à 18$ peut vieillir admirablement lorsque il est bien fait.

Mettre plus de vin blanc en cave, c’est aussi être mieux équipé pour faire face à la saison des huîtres, celle du homard et du crabe ou celle de l’apéro sur la terrasse par un bel après-midi d’été.

4- Ne pas acheter que pour dans 20 ans

Une erreur qui est souvent faite lors de l’établissement d’une cave est d’acheter beaucoup de bouteilles pour la longue garde, sans penser à l’horizon de garde du contenu de la cave. C’est déprimant de regarder une cave dans laquelle rien n’est prêt à boire et qu’on a un pincement au coeur à chaque fois qu’on va piger dans la cave.

Aussi, en étalant l’horizon de garde des achats, on évite d’avoir la moitié de la cave à boire rapidement avant que le vin y soit un peu trop fatigué lorsqu’on arrivera enfin à la date à laquelle on avait choisi d’ouvrir ces bouteilles…!

Si vous êtes un fan de Barolo, achetez quelques Langhe Nebbiolo. Si vous êtes fan de Bordeaux, tentez de dénicher quelques fioles d’un millésime plus “petit” comme 2007, ceux-ci vous permettront d’attendre vos 2009 et 2010.

5- Remplir la cave plutôt que la meubler

Oui, j’aimerais certainement être capable de me construire une cave de rêve, avec des beaux racks en cèdre rouge comme on voit dans les revues de décoration. Mais puisque le budget n’est pas illimité, il faut faire des choix. Je préfère ainsi consacrer la majeure partie du budget à remplir la cave plutôt qu’à la meubler.

Source: localsurfer@Flickr.com
Source: localsurfer@Flickr.com

J’utilise personnellement des casier à bouteilles Winerack achetés chez Canadian Tire. Disponibles en 4 grandeurs différentes selon votre ambition, ils n’ont qu’un seul défaut, celui d’abimer les étiquettes si on ne fait pas attention lors des manipulation des bouteilles. Si vous voulez en acheter, soyez patients, ils sont offerts à 40% de rabais de manière récurrente, tel que mentionné sur ce fil de discussion sur Fouduvin.ca.

Avant tout, il faut se souvenir que le vin qu’on achète est fait pour être bu. Si vous êtes un collectionneur, vous savez que ces conseils (et probablement le blog au complet) n’est pas pour vous. Si toutefois vous encavez des vins pour les ressortir à vos amis lors d’un souper convivial, je vous invite à suivre ces conseils et vous monter une jolie cave qui vous ressemble!

Carnets italiens: un après-midi chez Calabretta

À la fin d’un joli après-midi sur les flancs de l’Etna, on s’arrête au centre-ville de Randazzo, pour y faire la découverte des produits de Calabretta. Situé à une quarantaine de minutes de la station balnéaire de Taormina (ci-dessous), Randazzo est le village situé le plus près du cratère de l’Etna et forme le coeur de cette région vinicole.

Etna, depuis TaorminaSi le nom de Calabretta n’est pas nécessairement familier au Québec, il a su faire sa place dans la viticulture sicilienne. La famille produit du vin depuis le début du XXe siècle, mais il est vendu principalement aux restaurants locaux. C’est toutefois à partir de 1997 que Massimo et Massimiliano Calabretta, respectivement 3e et 4e générations de vignerons, ont décidé d’embouteiller sous leur propre nom.

Lors de notre visite, Salvatore nous a accueilli chaleureusement dans le jardin et nous a fait d’abord visiter les installations. Agrandies au fil du temps, construites sur plusieurs niveaux par la force des choses, le domaine reçoit ceux qui veulent bien visiter, sur réservation préalable. Au jour le jour, Salvatore travaille dans le chai et c’est lui qui nous mène à travers les divers étages et différents vins, Massimiliano étant retenu à l’extérieur lors de notre passage. On a la chance d’avoir quelqu’un qui a les deux mains dans le vin à longueur de journée, pas un amateur de la visite pour touristes de passage.

Dans l’échange de emails avant notre visite, Massimiliano me mentionnait que la dégustation commencerait par un tour d’horizon de 2012, tiré directement des cuves, des barriques et des botti, ces immenses barriques de 50 à 75 hectolites. On goûte ici au Nerello Mascalese avec la vigueur de la jeunesse, des fruits rouge en quantité et des tanins prédominants, bien que dans des terroirs spécifiques comme Solichiatta, il révèle une fraîcheur et un légèreté insoupçonnée. Dans sa version rosée, on a affaire à un vin sérieux qui fera certainement plus d’heureux à table qu’à l’heure de l’apéro. Les jeunes vignes sont rassemblées dans la cuvée GaioGaio, qui se veut un vin de soif, moins complexe mais qui se boit comme du petit jus.

Ce n’est toutefois pas ce que Calabretta veut principalement mettre de l’avant. L’Etna Rosso est conservé pendant 10 ans (!) dans les botti avant d’être embouteillé. Vous avez bien lu, ils passent 10 ans avant de voir les tablettes.  La verticale d’Etna Rosso, toute tirée directement des botti nous a permis de constater directement l’évolution de ce vin. D’un monstre de tanins, il évolue gracieusement tout en conservant un équilibre et une longueur impressionnante. Au bout de 10 ans, il arrive déjà mature et prêt à boire, avec sa belle robe tuilée par les années. La beauté de la chose? Le prix est raisonnable, même ici au Québec…!

Au Québec, le domaine est représenté par Oenopole et est disponible en importation privée. Au moment d’écrire ces lignes, une commande devrait arriver au Québec à la fin-octobre. On pourra ainsi mettre la main sur du GaioGaio 2010 (22$) et des magnums de Etna Rosso 2002 pour 57$. Moins cher qu’un magnum de Liano? N’importe quand!

Merci à Aurélia d’Oenopole de m’avoir mis en contact avec Calabretta. 

Je n’aime pas les notes de dégustation

Ça va faire tout étrange pour un blogueur vin, mais je crois que ça doit être dit: je n’aime pas les notes de dégustation.

Oui, elles sont habituellement écrites dans un vocabulaire hermétique qu’il faut apprivoiser. Oui, un vin peut sentir la cardamone, les framboises, les violettes et goûter la vanille à la fois. Oui, elles sont un passage obligé dans le monde du vin, mais bon… elles ne viennent pas me chercher.

Notes de dégustation... au brouillon!

On peut s’entendre que les notes les moins utiles sont celles qu’on retrouve sur le site de la SAQ, qui sont visiblement composée automatiquement d’après certaines caractéristiques cochées dans un formulaire. Par exemple, on retrouve présentement sur le site de la SAQ la note suivante, qui fait référence au millésime 2004 du cabernet sauvignon Alamos (dont le millésime 2011 est présentement sur les tablettes!):

Vin à la robe rubis foncé. Nez puissant exhalant des arômes de framboise et de basilic. Il évoque également des effluves de torréfaction. Découvrez ce rouge montrant une acidité rafraîchissante et doté de tannins soyeux. Sa texture ample précède une finale assez persistante.

Cette note ne donne que des généralités sur le vin et pourraient s’appliquer à plus ou moins n’importe quel vin… Toutefois, les articles de Frédéric Fortin sur le blogue de la SAQ sont tout à fait l’inverse de ces notes automatisées. Bien écrites et pleines de personnalité, elles sont particulièrement agréables à lire.

À l’autre opposé du spectre, on retrouve les notes sur le blogue Brett Happens, qui présente les résultats d’un groupe de dégustation à Montréal, le Mo’ Wine Group. Les notes sont concises, précises et contiennent toujours un petit aperçu sur le producteur et la manière dont est fait le vin et, finalement, un conclusion claire à savoir si le vin mérite d’être racheté. La note de dégustation fait pâlir le commentaire qu’on trouve sur le site de la SAQ (et la majorité des autres notes de dégustation…), surtout lorsqu’on compare pour le même vin, par exemple pour le Stags’ Leap Chardonnay 2011 (la SAQ ici, dans l’onglet Infos Dégustation, Brett Happens ici).

Au final, on doit plutôt se demander pourquoi on consulte des notes de dégustation. Si c’est pour savoir si un vin va nous plaire, je crois que ça rate la cible dans la plupart des cas. Si c’est pour savoir d’avance ce que ça va goûter, je n’y vois pas trop d’intérêt et je préfère le découvrir moi-même!

Je préfère sans l’ombre d’un doute me fier à mes amis et à des sources qu’on sait qui sont compatibles à notre palais. Laissez-vous guider, tentez de remarquer  qui conseille les vins que vous aimez et faites des expériences. Vous deviendrez rapidement de plus en plus autonomes lorsque vient le temps de naviguer dans le monde du vin!

Taste Camp 2013 – À la rencontre des artisans du vin québécois

À chaque année, lorsque le mois de mai arrive, je trépigne d’impatience: Tastecam arrive! Cette rencontre annuelle de blogueurs vin (et bouffe) de l’est de l’Amérique du Nord dans une région viticole méconnue fait maintenant partie du calendrier annuel.

Long Island (où je n’y étais pas) puis les Finger Lakes, Niagara et la Virginie ont tour à tour accueilli les campeurs. Cette année, j’étais sur le comité organisateur pour amener tout ce beau monde au Québec!

Pendant une longue fin de semaine, on goûte beaucoup de vin. Du très bon et du moins bon mais un aspect est constant à chaque année: on part à la rencontre de passionnés qui mettent tout leur coeur dans leurs produits. Coup d’oeil sur quelques rencontres marquantes de ce cinquième Tastecamp.

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Des vins pour l’arrivée du beau temps

Le beau temps est finalement de retour au Québec, le mercure est à la hausse et une journée ensoleillée n’est plus synonyme de froid frigorifique comme au mois de février. On invite les amis, on sort les chaises de patio et on ouvre une bouteille pour souligner l’arrivée du beau temps.

Au fait, on ouvre quoi au juste? Voici quelques suggestions qui feront le délice de vos convives (ou, du moins, qui feraient mon délice à moi!).

Crémant de Bourgogne Bailly-LapierrePour commencer, pourquoi pas des bulles? J’aurais bien suggéré le Vive la Joie de Bailly-Lapierre, mais après une apparition dans le dernier magazine Ricardo, il n’en reste que 8 à la grandeur de la province… À défaut de pouvoir mettre la main sur cet assemblage de chardonnay et de pinot noir, on se tournera vers le Crémant de Bourgogne “standard” de Bailly-Lapierre, fait à 100% de pinot noir, celui-ci. Il offrira un nez expressif et des bulles bien fines. Ce n’est pas un champagne, mais c’est bien meilleur que certains champagnes produits à la chaîne et sans véritable âme vendus certainement trop chers (je regarde dans ta direction, Veuve-Cliquot Brut)…

Une autre bonne option est de se tourner vers les rieslings allemands, qui offrent souvent des vins avec un très faible taux d’alcool, parfaits (entre autres) pour l’apéro entre amis. Dans le registre abordable, le Riesling Dr. Loosen fait des heureux année après année. Il ne faut pas se laisser déranger par son petit sucre résiduel et le faible 8.5% d’alcool, il est parfait pour cette occasion!

Morgon 2010 de Foillard

Vos invités sont plutôt amateurs de vin rouge? Pour ce genre d’occasion, j’essaie de privilégier des vins qui ont un taux d’alcool raisonnable et qui se laissent boire tout seul, un Beaujolais est tout à fait approprié! Non pas la célèbre quille de Georges Duboeuf, mais plutôt un vin du sympathique Jean-Paul Brun, comme par exemple son Beaujolais L’Ancien 2011. Du beau gamay de soif, avec un petit plateau de charcuterie, c’est le bonheur! Pour une dose de bonheur supérieure, ouvrez un Morgon 2010 de Jean Foillard, un producteur phare das le Beaujolais, si vous pouvez mettre la main sur une des fioles restantes!