J’ai un rapport particulier avec la maison Ramos Pinto, après mon passage chez eux dans le cadre d’un voyage au Portugal en 2014. Ce moment privilégié passé avec Ana Rosas et les autres blogueurs de la tournée #douro14, m’a profondément marqué. C’est ainsi normal que lorsque j’ai eu à monter un cours orienté sur la vallée du Douro à l’École Hôtellière de la Capitale que j’insère un des vins de cette maison dans la dégustation.
J’aurais pu choisir un Tawny, une des spécialités de la maison et de madame Rosas en particulier. Finalement, mon choix s’est porté sur le Duas Quintas 2014, le vin rouge d’entrée de gamme de la maison, disponible assez abondamment sur les tablettes de la SAQ. Le nom fait référence à l’assemblage des raisins provenant de eux quintas (fermes) de la maison, celle d’Evramoira et celle de Boms Ares. Evramoira en particulier occupe une place de choix dans l’histoire du Douro puisqu’il s’agit à la base d’une ferme expérimentale, mettant de l’avant les résultats de l’étude faite par João Nicolau de Almeida sur le potentiel des cépages indigènes dans le Douro (une histoire fascinante, à écouter dans le podcast I’ll Drink to That).
Servi à l’aveugle aux étudiants, il a ravi par sa fraîcheur, malgré le caractère chaud et aride du Douro Superior d’où il tire ses origines. On est clairement du côté généreux et ensoleillé du spectre, mais c’est un exemple parfait d’équilibre. Près d’une semaine plus tard, il se montrait toujours bien, le fruit tout juste légèrement moins éclatant qu’à l’ouverture.
Le Ramos Pinto Duas Quintas sera certainement un vin placé assez haut sur ma liste d’achat lorsque viendra (éventuellement un jour on espère) le temps des grillades et du BBQ. Pour moins de 18$, il s’agit selon moi d’un formidable rapport qualité-prix!
La semaine dernière, j’ai eu l’opportunité d’assister à un cours d’introduction aux vins du Niagara donné à l’École Hôtellière de la Capitale par l’ami Alain Laliberté. Ayant visité la région en 2011 dans la cadre de Tastecamp et de nouveau en 2015, il faisait bon de se replonger dans la région et avoir un autre point de vue sur celle-ci.
Au menu, 6 vins servis à l’aveugle offrant un portrait assez fiable de la région en commençant par deux rieslings, un cépage qui offre de très beaux résultats dans la région. Les bouteilles ont été ramenées d’Ontario par Alain, certaines sont disponibles au Québec, mais les quantités sont souvent plus limitées et il faut chercher un peu plus fort…
Le premier est presque transparent et offre un nez classique de pomme verte et de lime, sans être particulièrement complexe. C’est en bouche où ça se gâte, qui est plutôt disjointe (une attaque d’acide qui disparaît pour faire place à une finale sucrée). Je m’attendais à avoir 12-15 g/L de sucre résiduel, mais c’était plutôt 21 g/L…! Ça va prendre pas mal de soleil et une piscine pour que le Fielding Mise du Domaine 2015 trouve sa vraie place.
Le second était pas mal plus dans ma palette. Avec son aspect plus foncé, il annonçait déjà un peu plus de concentration. Le nez est plus riche et mûr – encore sur les notes classiques du riesling – avec un côté floral qui ajoute une belle complexité. En bouche, le sucre est beaucoup mieux intégré et on retrouve une belle petite amertume qui appelle tout de suite une autre gorgée. Un riesling de table de haut vol, que ce June’s Vineyard 2014 de 13th Street.
Place ensuite à un chardonnay, qui ne m’a pas particulièrement plu. On est encore une fois dans les notes classiques du cépage, dans son style boisé – qui prend tout juste un peu trop de place à mon goût. Heureusement, la fraîcheur de la région vient quelque peu sauver la mise et remettre le Tawse Quarry Road Chardonnay 2012 sur les rails. Il ne m’a pas semblé terriblement distinctif et, pour les 35$ demandés à la LCBO, je crois avoir un peu plus de plaisir ailleurs.
On passe ensuite aux rouges, en commençant par un gamay particulièrement joli. Poivre et fraises au nez, avec une bouche toute en fraîcheur qui invite à replonger dans le verre plus tôt que tard. Ce n’est pas le gamay le plus complexe qu’on pourra trouver sur le marché, mais le verre s’est vidé en moins de deux. Ce 13th Street Gamay Noir 2015 s’en est particulièrement bien tiré, bravo encore à Jean-Pierre Colas.
Le nez du vin suivant ne ment pas: c’est du pinot. Difficile de faire plus classique, avec les petits fruits rouges et une petite note herbacée particulièrement plaisante. La bouche est quelque peu austère et me semble en continuité avec l’esprit bourguignon. C’est frais et on reste loin du côté moderne vers lequel ce vin aurait facilement pu dériver. Le Tawse Pinot Noir Grower’s Blend 2011 (2012 à la SAQ) est un des vins qui m’a le plus plu de toute la soirée.
Finalement, dernier détour du côté de chez Tawse avec le Cabernet Franc Grower’s Blend 2012, encore une expression particulièrement typique du cépage. La légère verdeur caractéristique du cabernet franc au nez n’est pas du tout présente en bouche, où on retrouve une belle trame tannique et un fruit éclatant et bien mûr. Bien fait et apprécié d’une bonne partie de la classe, j’ai préféré la fraîcheur et l’authenticité des deux vins précédents dans la vague.
Je ne le dirai pas assez, les vins ontariens offrent selon moi une valeur insoupçonnée et, de manière générale, significativement au-delà du prix demandé. Alors que la dégustation Somewhereness de février dernier a prouvé que les vins du Niagara et de Prince Edward County peuvent compétitionner au plus haut niveau, celle-ci montre que la province s’en tire généralement très bien dans le milieu de gamme aussi. Si seulement la SAQ pouvait en arriver à la même conclusion et augmenter sa sélection ou la RACJ nous laisser commander du vin directement depuis les vignobles de nos voisins…!
À un peu moins de deux heures de Barcelone se trouve la région du Priorat, qui s’est rapidement forgé une réputation enviable sur la scène internationale pour la qualité de ses vins rouges à base de Carignan et Grenache. Or, les vins blancs provenant de la région sont pratiquement inexistants, formant que 6% de la superficie plantée.
On retrouve présentement sur les tablettes de la SAQ le Barranc dels Clossos 2014, de Mas Igneus. Il s’agit d’un vin élaboré à base de Grenache Blanc à 80% et, selon si on fait confiance à la contre-étiquette ou au site web du producteur, de Pedro Ximinez ou de Maccabeu pour les 20% restants… (J’ai écrit au domaine pour avoir la vérité…!)
Le vin est fermenté an cuves inox, avec 4 mois d’élevages sur lies. Un faible pourcentage (10%) fait un court passage d’un mois dans des vieilles barriques d’acacia.
Dans tous les cas, on est en présence d’un vin qui respire le soleil qui baigne les côteaux catalans. C’est un vin généreux et ample, qui a fait un malheur avec un poulet laqué au miso et au miel. À la fois fruité et floral, le Grenache Blanc amène aussi une légère amertume en fin de bouche qui invite à prendre autre autre gorgée. Un vin bien réussi qui se fera certainement une place de choix dans ma liste d’achats.
J’ai bien hâte de découvrir la région du Priorat à la fin-mai, puisque je serai sur place pendant quelques jours dans le cadre d’Espai Priorat 2017. J’ai hâte!!
Pour une visite réussie au Salon des Vins et Spiritueux de Québec, il est primordial de planifier sa visite correctement. Avec 75 000 pieds carrés d’exposants, on peut facilement s’y perdre et ressortir du Salon en ayant l’impression d’avoir manqué un paquet de choses.
Ce que je préfère avant tout, c’est de rencontrer les producteurs, qui se déplacent jusqu’à Québec pour nous faire découvrir leurs produits. De manière générale, ce sont des vrais passionnés et passer un peu de temps en leur compagnie est toujours une opportunité en or pour apprendre. Gros plan sur 5 rencontres à ne pas manquer.
Brigitte Jeanjean
Une habituée du Québec, Brigitte Jeanjean élabore dans le Languedoc des vins dont les marques sont bien connues des québécois, comme le rosé Le Pive (un must à chaque année) ou le Devois des Agneaux. En plus de faire du bon vin vendu à prix raisonnable, Mme. Jeanjean est d’une convivialité désarmante et vous transportera directement dans le sud de la France avec son accent chantant. Elle sera présente toute la fin de semaine au kiosque de Sélect Vins Advini (136) et en conférence le vendredi à 19:00, le samedi à 17:45 et le dimanche à 13:15. Vous n’avez vraiment pas d’excuse pour manquer le passage de Mme. Jeanjean!
Alain Brumont
On a la chance d’avoir à Québec Monsieur Sud-Ouest lui-même, Alain Brumont. Ambassadeur sans pareil de son coin de pays, il est en quelque sorte l’architecte de la résurgence de cette région sur l’échiquier vinicole mondial avec le Château Montus et Château Bouscassé. On ira le rencontrer pour goûter à ce qu’il fait chez Montus, mais aussi (re)découvrir ses cuvées d’entrée de gamme (comme son Gros Manseng – Sauvignon), qui selon moi offrent toujours un très bon rapport qualité-prix. On retrouvera M. Brumont fort probablement au kiosque 315, avec les Vins du Sud-Ouest.
Isabelle Meyer
Ici, on rencontre l’Alsace à son meilleur. Domaine familial en activité dans la région depuis 1854, le domaine Josmeyer est une superbe porte d’entrée pour découvrir les terroirs alsaciens. Du frais et délicat La mise du printemps jsuqu’à la complexité des grands crus, tout ce que j’ai pu goûter chez eux valait amplement le détour.
J’ai parfois tendance à négliger un peu l’Alsace et oublier qu’on y fait des grands vins où le terroir y joue un rôle d’avant plan et rencontrer Mme. Meyer au kiosque de Symbiose Vins (116) sera assurément une bonne manière de corriger cette lacune.
Marina Tavares
Les portos de la maison Ramos Pinto ont été parmi mes coups de coeur de mon escapade dans la vallée du Douro en 2014. Le Salon des Vins accueillera cette année Marina Tavares, qui donnera notamment une conférence sur l’importance du terroir dans les vins du Douro, le samedi à 18:30. Même si le Porto est en perte de vitesse constante depuis le début des années 2000, on constatera certainement en discutant avec Mme. Tavares à quel point ce vin est ancré dans l’ADN des gens du Douro et on redécouvrira à quel point ça peut être délicieux! Et ça vous donnera le goût de partir illico pour le Portugal…
Gérard Dupuy
Il est facile de mettre la région bordelaise dans le même grand chapeau et de tirer des conclusions hâtives (je sais, je l’ai fait). Profitons donc de l’occasion pour découvrir les petits producteurs bordelais, avec la visite de Gérard Dupuy du Château Beauséjour au kiosque de l’agence Boires. Domaine situé à Puisseguin cultivé en bio depuis la fin des années 1940, on y cultive une vingtaine d’hectares de vignes de merlot, principalement. Une incursion à l’extérieur des grands châteaux traditionnels de Bordeaux qui s’annonce particulièrement instructive.
NB: Il s’agit plutôt de Frédérique Burlot qui sera présente à Québec pour représenter le Château Beauséjour et le Château Langlais, mais qu’à cela ne tienne, la rencontre vaut tout autant le détour!
J’ai adoré mon passage dans Prince Edward County à l’été 2015: le charme tranquille des petits villages de Wellington et Bloomfield, l’omniprésence du lac Ontario, la gentillesse des habitants. Les vins, issues principalement de chardonnay et de pinot noir ont aussi tout pour plaire.
Goûté sur place, le Pinot Noir Closson Chase Vineyard 2012 vibrait de jeunesse et était plein de fruits rouges, avec une tension et une minéralité évidente. Un beau pinot frais et digeste et qui pourra certainement gagner un peu de complexité avec un court séjour en cave. Coup de coeur, je repars avec une bouteille sans hésitation.
J’ai donc été un peu surpris de voir la rapidité de son évolution en cave lorsque je l’ai ouvert la semaine dernière. Les 18 mois passés en cave avaient complètement transformé le vin: le fruit s’était définitivement placé en retrait au profit de notes secondaires et tertiaires: sous-bois, champignons. La minéralité et l’acidité sont toujours là, bien intégrés dans l’ensemble et le fruit jouait plutôt sa part dans le choeur plutôt que d’assumer le lead vocal. Au final, une jolie bouteille, mais à laquelle j’aurais personnellement donné 7-8 ans de plus si elle m’avait été servie à l’aveugle.
Étais-je tombé sur une bouteille au bouchon légèrement défectueux et pas aussi étanche que voulu? À la lumière des commentaires reçus sur la page Facebook lors de la publication de la photo, je ne le pense pas et on peut se demander à quelle vitesse évoluent les pinots de Prince Edward County de manière générale. Ça mérite clairement plus d’expérimentation et un nouveau passage dans cette région vinicole magnifique!