La SAQ s’attaque à la vente en ligne aux États-Unis

On apprend par la plume de Vincent Marissal et Vincent Brousseau-Pouliot dans La Presse ce matin que la SAQ tente de mettre la main sur JJ Buckley, un détaillant américain de vin faisant affaire sur internet.

Ce faisant, la SAQ met le pied aux États-Unis, avec la possibilité de vente dans environ 35 états américains. Ce n’est pas tant le volume de vente qui est ciblé ici par la SAQ, car le réseau de JJ Buckley offre un volume comparable à “une SAQ Sélection qui fonctionne bien”, soit 26 M$ par année, selon Isabelle Merizzi, porte-parole de la SAQ.

La vente de vin en ligne est assez récente aux États-Unis, ayant été autorisée par la Cour Suprême en 2005, alors qu’il a été décidé que les vignobles à l’extérieur des États devraient avoir les mêmes droits que les vignobles “locaux”. Toutefois, la législation a été laissée à chaque État, ce qui la rend particulièrement hétéroclite. Cette législation complexe et particulière est en fait la principale cause derrière l’abandon de la vente de vin sur internet par Amazon, en Octobre 2009.

En achetant JJ Buckley, la SAQ prend le parti d’acheter une expertise déjà établie qui pourra les aider à contourner les écueuils rencontrés par Amazon précédemment. Si la manoeuvre est bien faite, elle pourrait ouvrir un marché important pour la SAQ. La vraie valeur de cette transaction se situe à ce niveau. Plutôt que de tenter de partir de zéro, la SAQ achète une expertise qui a démontré sa capacité à résoudre des problèmes de cette nature. À terme, on vise une augmentation du pouvoir d’achat de la SAQ, mais je crois que ça aidera lors de la négociation de contrats de distribution avec des producteurs pour qui l’option de distribution aux États-Unis avec un partenaire unique est intéressante.

Chez les amateurs, l’annonce semble reçue avec scepticisme et cynisme, puisque les consommateurs québécois ne bénéficieront pas de cette association, du moins pas directement. La SAQ invoque la conservation de son pouvoir d’achat pour les vins rares et prestigieux vis-à-vis les concurrents internationaux comme Carrefour et les détaillants chinois. Une augmentation du volume d’achat d’environ 1% n’est pas perçue comme significative pour arriver aux fins annoncées par la SAQ. Les plus cyniques vont jusqu’à affirmer que le gouvernement va utiliser l’argent de nos taxes pour vendre du vin moins cher aux Américains qu’il en fait à ses contribuables. La vérité est probablement située à mi-chemin entre cette vue plutôt radicale et la formule officielle fournie par notre bien-aimé monopole.

Pour ce qui est de la vente directe au consommateur, il faudrait en premier que le gouvernement fédéral mette finalement à jour sa loi datant de 1928 qui interdit le commerce d’alcool inter-provincial. Cette percée serait significative et aurait un impact direct sur la manière dont le consommateur québécois aurait accès aux bons vins produits au Canada.

Un peu de lecture pour les Fêtes

Le temps des Fêtes invite à la relaxation, à la farniente et à passer du temps sur le sofa (ou dans mon cas, au café…) à faire le tour des liens intéressants proposés par mes amis sur Twitter. Voici donc quelques articles choisis pour vous alimenter durant ce temps d’arrêt…

Sur The Blend Blog, on retrouve un aperçu des vins du millésime 2007 en Barbaresco, 2006 en Barolo et des vins de la maison Pio Cesare en particulier, tiré d’une récente chronique du Wine Spectator. On peut penser ce qu’on veut de l’échelle de pointage proposée par ce magazine, on trouve ici un bon survol de ce qui sera offert dans la région.

Pendant les festivités entourant le Nouvel An, on est susceptible d’ouvrir quelques bouteilles de mousseux. Alors que la méthode d’ouverture de la bouteille m’est maintenant évidente, le verre dans lequel on doit servir le Champagne fait présentement l’objet de discussions… Traditionnellement servi dans des flûtes, de plus en plus de sommeliers préfèrent le servir dans un verre évasé. Deux articles vus récemment traitent de ce sujet: dans Cyberpresse et dans Sommelier Journal (une publication trimestrielle particulièrement intéressante!)

Chez Joe Roberts, de 1winedude, on se questionne sur le marketing des vins portugais, qui misent à fond sur le Touriga Nacional. Je suis d’accord avec son point de vue et crois aussi que l’identité des vins portugais pourrait être mieux affirmée qu’en construisant uniquement autour d’un seul cépage. Qu’en pensez-vous?

Finalement, puisque temps des Fêtes rime habituellement avec excès culinaires, deux liens de bouffe pour terminer. Pour 46% des Italiens, l’identité nationale passe par leurs repas (ici, en italien). On se souhaite que la gastronomie soit aussi imbriquée dans notre culture…! Finalement, lorsqu’on a trop mangé et qu’on veut une petite recette rapide entre deux festins de Noël, on fait comme Francis Laplante sur TranchedePain.com et on cuisine des pâtes à la saucisse et aux épinards de Josée di Stasio. Avec un vin blanc bien riche le suggère Hélène Dion de buvezentous, ou avec une belle Barbera piémontaise… Mioum!

Aperçu des vendanges 2010 en France

Dans le Figaro de ce matin, on offre un aperçu de la vendange 2010 dans les différentes régions vinicoles françaises. Les résultats seront disponibles dans les prochaines années, mais il est toujours intéressant de se pencher sur le climat dans les différentes régions et surtout de regarder le tout rétrospectivement.

Voici quelques morceaux choisis, en vous invitant à aller lire la chronique complète sur le site du Figaro.

Bordelais -Encore un grand millésime
Dans le Bordelais la très forte médiatisation du millésime 2009, a généré des prix élevés. On se retrouve avec un second grand millésime sur les bras, mais on n’ose plus le clamer. «Personne ne nous croira, mais le millésime 2010 est très grand!» s’excuse presque un propriétaire.

Reprenons les faits. La pluie qui a balayé la France du Nord en août et en septembre, et même touché la France du Sud, a miraculeusement contourné Bordeaux : «Pas une goutte de pluie et pas de chaleur excessive: les conditions climatiques de 2010 sont exceptionnelles. Nous sommes dans les pas de 1989 et 1990», s’enthousiasme Alain Vauthier, le propriétaire de château Ausone, 1er Cru classé de Saint-Emilion.

La comparaison 1989/1990 est la bonne. Après la très forte médiatisation des 1989, déjà, le monde entier avait du mal à admettre la grandeur des 1990, et les prix du 1990 étaient sortis en retrait de 30 % par rapport à 1989. Les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets.

Quel est le profil des bordeaux 2010? Comme le millésime n’était pas précoce, les raisins blancs ont effectué une maturation complète, ce qui n’était pas le cas ces dernières années. Le sémillon en particulier s’en sort très bien et produira de grands vins. Il est trop tôt pour se prononcer sur la qualité des sauternes. Certes, la qualité des sémillons, qui représentent souvent 90 % de l’encépagement, est de bon augure, mais la botrytisation a été un peu tardive cette année.

Les vins rouges sont partis sur un très grand pied, en particulier dans le Médoc. Les pluies des 14 et 15 septembre ont débloqué les maturités qui avaient pris un peu de retard en raison d’un stress hydrique dû à un été trop sec. Partout, les niveaux d’alcool paraissent très élevés avec, contrairement à 2009, de belles acidités, ce qui est un gage de grande longévité. Seul bémol, le stress hydrique a affecté quelques merlots, en particulier sur les sols les plus légers.

Bref, un deuxième millésime du siècle en deux ans, un 4e dans la première décennie des années 2000. C,est bien beaux, mais un jour les consommateurs vont finir par se tanner du marketing bordelais. Entretemps, ils peuvent toujours compter sur la Chine pour acheter la majorité de leur production

Bourgogne – De belles cuvées de garde
Si les cépages rouges souffrent en Champagne alors que le cépage blanc s’en sort bien, la situation est rigoureusement inverse en Bourgogne. Comprenne qui pourra ! «Si nous avons dû trier le chardonnay, le pinot noir est de grande qualité, avec un très bel état sanitaire», souligne Jean-Claude Mitanchey, le patron du château de Meursault qui progresse d’année en année. Les blancs de la Côte de Beaune s’apparentent aux millésimes 1986 ou 2001, où seuls les meilleurs ont tiré leur épingle du jeu. De meilleures qualités, les vins rouges donneront quelques belles cuvées de garde.

La Côte de Nuits, qui avait déjà subi des gelées hivernales, une floraison chahutée et quelques orages de grêle qui ont réduit les rendements de près de 30 %, a de surcroît pris la pluie qui s’est mise à tomber pendant cinq jours à partir du 24 septembre, alors qu’elle s’apprêtait à couper ses raisins. Les plus patients ont attendu le 4 octobre, ce qui en fait les vendanges les plus tardives des trente dernières années. Comme les charges de raisins étaient faibles, les meilleurs produiront, malgré toutes ces vicissitudes, de fort jolis vins. Mais avec beaucoup de travail.

Comme d’habitude en Bourgogne, il va falloir faire des choix éclairés. Munissons-nous d’un bon guide ou d’un ami de confiance…

Loire – La chasse à l’acidité
Dans la Loire, le mois d’août très frais et le pluvieux mois de septembre ont eu les mêmes conséquences qu’en Alsace, en Bourgogne et en Champagne. Les raisins ont eu le plus grand mal à mûrir, et les acidités sont fortes un peu partout. Le moindre traitement raté, et c’était la catastrophe sur le raisin. Philosophe, un producteur murmurait: «Heureusement, finalement, il y a toujours une année suivante.»

Le millésime 2009 sur le web

Les nouvelles technologies ont fait beaucoup pour la transmission de l’information. Twitter et Facebook sont passés dans le vocabulaire courant et la planète nous semble toujours de plus en plus petite. Les vignerons se sont aussi approprié ces nouvelles technologies afin de nous tenir au courant de leurs opérations. Ce billet fait suite à la dernière édition des Liens en Vrac, qui s’attardait plus spécifiquement à la qualité du millésime 2009.

Vignes, RaeA@Flickr
Vignes, RaeA@Flickr
Le temps des vendanges est particulièrement occupé pour les vignerons, mais plusieurs prennent le temps de mettre à jour leur blog ou leur fil twitter afin de nous tenir au courant des progrès effectués.

Voici donc quelques liens, triés sur le volet, de vigerons blogueurs à propos du millésime 2009. On y retrouve de tout petits producteurs artisanaux aux grands domaines comme Beaucastel et Palmer.

  • Actif depuis octobre 2005, la maison alsacienne Hugel utilise à plein les outils technologiques mis à sa disposition. Les articles sur le blog, bien que peu fréquents, donnent une vue sur les coulisses de cette production familiale. Leur fil Twitter permet de rester au courant de toutes les nouvelles provenant du domaine, soit sur le blog ou sur Youtube.
  • La famille Perrin, producteur réputé dans le Rhône grâce entre autres au Château Beaucastel, semblent pour l’instant satisfaits de la qualité du millésime 2009. Signe que leurs visées sont internationales, leur fil twitter n’est malheureusement disponible qu’en anglais.
  • À première vue, Hervé Bizeul est un blogueur de talent. Il sait parler aux gens, raconter une histoire et rendre le tout particulièrement intéressant. Comble du bonheur, il est aussi vigneron. Puisqu’il s’est donné comme défi de faire un article par jour racontant ses vendanges, c’est devenu un arrêt quotidien dans ma liste de lecture. Et je m’en porte que mieux.
  • À Bordeaux, la famille Despagne, propose un beau vidéo présentant leurs vendangeurs, venant d’un peu partout sur la planète.
  • Au Portugal, Cortes de Cima produit à la fois du vin et de l’huile d’olive. Leurs vins disponibles au Québec sont de très bons rapports qualité-prix (mettez la main sur le Chaminé!) et leur blog, mis à jour régulièrement, permet de suivre l’évolution de la récolte.
  • Le blog Wilma’s Wine World, représentant un vignoble californien, propose un regard sur le millésime 2009 à partir des récoltes passées, en commençant par 1972, première année d’opération du domaine.

La majorité de ces blogs sont référencés sur Wineblogger.info, une des sources les plus complètes de blogs sur le vin. Triés par langue, ce site cherche à être le portail par excellence pour tous les blogs vinicoles, peu importe leur langue. L’entreprise est louable et on y trouve déjà beaucoup d’information, mais le site est en phase de maturation et doit proposer au lecteur un moyen de trouver de l’information plus facilement. Pour ceux qui ont de la patience, ça vaut la peine d’explorer tout ce qu’on y propose…!

Si vous avez d’autres blogs de vignerons dignes de mention, n’hésitez pas à les partager avec la section commentaires!

Liens en vrac: Édition vendanges 2009

On approche de la fin de l’été (déjà!!) et avec cette période de l’année tous les yeux sont tournés vers les champs car les vendanges approchent. Faisons donc un petit tour de la France vinicole afin de voir ce que les vignerons pensent de ce millésime 2009.

Dans le Beaujolais, les vendanges vont officiellement commencer le 27 août prochain, une date assez précoce. Le millésime s’annonce exceptionnel. Signe du réchauffement climatique, la température moyenne entre mars et juillet est la plus élevée depuis 1968 (à l’exception du millésime caniculaire de 2003). Toutefois, au mois d’août, la température est restée un peu au dessus des normales et très sec, favorisant la maturation et minimisant les maladies. Bref, l’optimisme règne!

En Loire aussi, l’optimisme règne. On attend un bon millésime, semblable à 2005, et qui pourrait venir très bon selon les conditions climatiques qui seront en vigueur dans les deux dernières semaines. Les vendanges, dans les côtes du Rhône septentrionales sont prévues pour les environs du 5 au 15 septembre.

À Bordeaux, aussi le millésime s’annonce beau. Ici, je laisse plutôt parler Pénélope Godefroy, employée de Château Latour interviewée par le magazine anglais Decanter.

En Bourgogne, on s’attend à un autre millésime exceptionnel, un peu comme les millésimes 99, 88, 79, 69, etc… Un autre millésime du siècle en vue…!

Looks like 2009 is en route to be another great vintage like 99, 89, 79, 69, 59 before it……

After a quite cold winter, spring brought warmer temperatures than usual and this from March to May. Followed by some normal rain and a cooler weather but quite in accordance with normal end of spring temperatures. There was an early flower which means an early Sept harvest (Sept 5th). There are no unexpected disease activity, on the contrary it seems that there’s lower disease activity than normal. August has been sunny so far, holding into 80’s and nights have been cool around 50’s. If the weather holds we’ll be having another vintage of the century. 😉

Pour l’instant, les blogs des vignerons sont plutôt calmes et avares de commentaires, probablement puisqu’ils sont occupés aux champs. Lorsque ceux-ci reviendront des champs après les vendanges, on fera un résumé des impressions des vignerons lorsqu’ils auront pu prendre un peu de recul. Quelles sont vos impressions du millésime 2009 si vous avez la chance d’habiter dans une région vinicole ou si vous avez pu constater de visu les conditions qui prévalent où on fait votre vin préféré?