Le nouveau Cellier et moi

Au cours des dernières années, j’attendais toujours avec impatience l’arrivée du magazine Cellier, produit par la SAQ. Oui, je guettais le facteur et m’installais la soirée de sa réception pour la dévorer d’un couvert à l’autre.

Le principe était simple: quatre fois par année, la SAQ produisait un magazine sur une thématique précise tout en offrant un arrivage de vin relié à cette thématique. On a ainsi eu des numéros de haute qualité depuis 2006 portant sur la viticulture familiale au Piedmont, l’arrivée des Bordeaux 2005, l’émergence de la Nouvelle-Zélande, etc. À Québec, Jean-Pierre Lortie organisait même des soirées dégustations fort courues à la SAQ Jean-Lesage afin de faire découvrir les nouveaux produits qui formaient l’arrivage.

Aussi, les comptes rendus des matchs comparatifs, ces dégustations à l’aveugle avec des professionnels du milieu organisées par Marc Chapleau, étaient toujours particulièrment intéressantes à lire.

SAQ - Cellier

Au fil des parutions, on a remarqué que les arrivages étaient parfois moins centrés sur une thématique précise, mais était parfois plutôt séparée en trois ou quatre thèmes. Après 4 ans de loyaux services, la SAQ a décidé de revoir le format de Cellier, pour l’orienter plus “art de vivre” et de le diriger le contenu moins vers le passionné et plus vers l’amateur occasionnel, ce qui a fait pousser ce cri du coeur à Jacques Benoît dans La Presse.

Ainsi, après trois numéros de transition (avec Stefano Faita, et Marco Calliari sur la couverture, entre autres), le Cellier revampé arrive. Une vingtaine de pages au lieu d’une centaine, les textes n’étaient plus signés par des journalistes et exit les articles de fond et les portraits de producteurs. On est passé d’un magazine qui mérite d’être conservé à une circulaire de bonne qualité. Après quelques numéros dans la nouvelle formule à titre de consultant vin, Marc Chapleau, l’éditeur en chef de Cellier, a coupé les ponts avec le magazine et le blogue. Décidément, je ne suis plus le public cible de cette publication.

Aussi, les anciennes publications, autrefois disponibles en format électroniques, ne sont plus accessibles. La seule réponse obtenue du service à la clientèle de la SAQ est copiée intégralement ci-dessous:

Faisant suite à votre demande, veuillez noter que nos anciens magazines ne sont plus disponibles en version électronique.

Nous vous remercions de l’intérêt manifesté envers la SAQ.

On apprenait toutefois dans le plus récent Forum SAQ (le bulletin d’information aux fournisseurs du monopole) que depuis le début de l’année, les produits des arrivages Cellier partent comme des petits pains chauds.

Depuis le début de l’année financière, nos efforts semblent porter fruit puisque la croissance de vente des produits de spécialité dans la bannière Sélection est de deux fois supérieure à la moyenne des bannières Classique et Express. De plus, la vélocité de la vente des produits associés au relâchement du nouveau magazine Cellier est de 10% supérieure à ce que nous avions auparavant.

Est-ce dû à une meilleure mise en marché dans les succursales? Est-ce le changement de format de la revue Cellier? Toujours est-il que je crois qu’en tant qu’amateur de vin, on a perdu un formidable véhicule provenant de notre seul distributeur autorisé.

Que pensez-vous du nouveau Cellier? Aimez-vous le format et les vins proposés? Êtes-vous un nostalgique de l’ancien magazine?

Mise à jour 2013-08-14: Suite à la publication de ce billet, j’ai appris qu’il y aurait 2 numéros Cellier selon l’ancienne version par année, le premier étant dû au mois de novembre 2013. J’ai hâte de voir le contenu de ce magazine, en souhaitant qu’il retrouve la qualité du contenu d’origine. 

Je n’aime pas les notes de dégustation

Ça va faire tout étrange pour un blogueur vin, mais je crois que ça doit être dit: je n’aime pas les notes de dégustation.

Oui, elles sont habituellement écrites dans un vocabulaire hermétique qu’il faut apprivoiser. Oui, un vin peut sentir la cardamone, les framboises, les violettes et goûter la vanille à la fois. Oui, elles sont un passage obligé dans le monde du vin, mais bon… elles ne viennent pas me chercher.

Notes de dégustation... au brouillon!

On peut s’entendre que les notes les moins utiles sont celles qu’on retrouve sur le site de la SAQ, qui sont visiblement composée automatiquement d’après certaines caractéristiques cochées dans un formulaire. Par exemple, on retrouve présentement sur le site de la SAQ la note suivante, qui fait référence au millésime 2004 du cabernet sauvignon Alamos (dont le millésime 2011 est présentement sur les tablettes!):

Vin à la robe rubis foncé. Nez puissant exhalant des arômes de framboise et de basilic. Il évoque également des effluves de torréfaction. Découvrez ce rouge montrant une acidité rafraîchissante et doté de tannins soyeux. Sa texture ample précède une finale assez persistante.

Cette note ne donne que des généralités sur le vin et pourraient s’appliquer à plus ou moins n’importe quel vin… Toutefois, les articles de Frédéric Fortin sur le blogue de la SAQ sont tout à fait l’inverse de ces notes automatisées. Bien écrites et pleines de personnalité, elles sont particulièrement agréables à lire.

À l’autre opposé du spectre, on retrouve les notes sur le blogue Brett Happens, qui présente les résultats d’un groupe de dégustation à Montréal, le Mo’ Wine Group. Les notes sont concises, précises et contiennent toujours un petit aperçu sur le producteur et la manière dont est fait le vin et, finalement, un conclusion claire à savoir si le vin mérite d’être racheté. La note de dégustation fait pâlir le commentaire qu’on trouve sur le site de la SAQ (et la majorité des autres notes de dégustation…), surtout lorsqu’on compare pour le même vin, par exemple pour le Stags’ Leap Chardonnay 2011 (la SAQ ici, dans l’onglet Infos Dégustation, Brett Happens ici).

Au final, on doit plutôt se demander pourquoi on consulte des notes de dégustation. Si c’est pour savoir si un vin va nous plaire, je crois que ça rate la cible dans la plupart des cas. Si c’est pour savoir d’avance ce que ça va goûter, je n’y vois pas trop d’intérêt et je préfère le découvrir moi-même!

Je préfère sans l’ombre d’un doute me fier à mes amis et à des sources qu’on sait qui sont compatibles à notre palais. Laissez-vous guider, tentez de remarquer  qui conseille les vins que vous aimez et faites des expériences. Vous deviendrez rapidement de plus en plus autonomes lorsque vient le temps de naviguer dans le monde du vin!

Organiser une dégustation à l’autre bout du monde

J’ai eu la chance de voyager pour le travail dans le cadre d’une rencontre commerciale avec tous nos partenaires de la zone Asie-Pacifique, tenue à Port Dickson, une petite ville au sud de Kuala Lumpur, sise sur le détroit de Malacca en Malaisie. Puisque ma passion pour le vin est connue chez Creaform, on m’a demandé d’organiser une petite dégustation de vin, afin de briser la glace entre les participants.

Au Grand Lexis, Port Dickson

Effectivement, il s’agit d’un joli projet, avec son lots de défis… Douze heures de décalage horaire. Un pays musulman où l’alcool ne court pas tout à fait les rues. Une centaines de personnes, dont la majorité parle peu anglais et qui n’ont jamais dégusté de vin. Un climat tropical qui réchauffe un verre dans le temps de le dire grâce à la température extérieure de 33 degrés.

Le premier défi aura été de trouver les vins. Impossible de les amener de l’extérieur, puisqu’on devait amener 36 bouteilles. Or, les douanes limitent à 1 bouteille par personne lorsqu’on entre au pays. J’ai donc dû me rabattre sur une boutique locale, identifiée grâce à l’aide précieuse de Wine-Searcher. J’ai ainsi pu trouver WW Wine Warehouse, qui semblait avoir une bonne réputation, pouvait livrer directement à l’hôtel et ont répondu tout de suite à mes questions. La livraison est arrivée comme prévu, même si la fenêtre d’opportunité était d’une seule journée.

Lineup de la soirée!

Au niveau de la logistique, le fait d’organiser le tout dans un hôtel a simplifié la tâche, une fois le droit de bouchon négocié puisqu’ils avaient déjà la base (bien que l’état de certains verres nous confirmaient qu’ils ne servaient pas souvent…) et ils ne lésinent pas sur la quantité de glace dans le petit chariot…

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L’intérêt de cette activité était de faire discuter les gens entre eux, dans un contexte informel. À chaque service, on cherchait à s’assurer que chaque personne qui faisait le service change de groupe et et puisse faire jaser les gens un peu à partir de questions de base à propos du vin qu’ils ont en main.

Et les vins dans tout ça? Ils sont horriblement taxés en Malaisie, donc on n’a rien eu de bien spectaculaire… Les deux blancs étaient de plus haut niveau, le Mas Rabell 2009 de Torres était parfait avec la température locale (lorsqu’il était frais!) et le Torbreck Woodcutter’s Sémillon 2006 avait amorcé son déclin, mais offrait encore un nez évolué d’épices et de fleurs. Pour les rouges, Les Traverses 2007 de Jaboulet était déjà bien sur la pente descendante et le Sangiovese delle Marche Danzante 2006 était un peu mince et acide. Quelques bouteilles avaient visiblement eu chaud aussi, ce qui n’a pas aidé…

Faire découvrir le vin à mes amis asiatiques, dans des conditions pas idéales, mais en ayant beaucoup de plaisir: check!

Le Koshu, un vin typiquement japonais

Du centre-ville de Tokyo, l’amateur de vin peut sauter dans un train vers l’ouest et deux heures plus tard, il se retrouve au coeur du Japon viticole, la préfecture de Yamanashi (s’il ne s’égare pas dans les réseaux de transport en commun de la mégapole…).

Lors de mon séjour au Japon en novembre dernier pour le travail, ma curiosité envers le vin japonais m’a poussé à ramener une bouteille de Koshu Toriibara Vineyard 2011 de Grace Winery. J’ai pu en trouver au Tokyu FoodShow, sous la station Shibuya, après une recherche plus ardue que prévu.

Vignoble de Toriibara, Yamanashi

Selon la légende, le cépage Koshu aurait été introduit au pays du Soleil Levant par des moines bouddhistes au 12e siècle, via la route de la soie. Toutefois, son origine exacte demeure inconnue puisque selon José Vouillamoz dans Wine Grapes, son profil d’ADN ne correspond pas à aucun autre cépage connu. D’abord utilisé comme vin de table, il est vinifié commercialement depuis le 19e siècle. Les Japonais le considèrent comme le cépage signature de l’archipel, puisque c’est le seul endroit sur la planète où il est cultivé.

Puisqu’il a été cultivé comme raisin de table pour si longtemps, la viticulture japonaise utilise traditionnellement des vignes en pergola. Ce mode de positionnement de la vigne est très efficace pour augmenter le rendement et produire des belles grappes, mais ce n’est pas nécessairement ce qu’on recherche dans le but de produire du vin. Certains vignobles commencent à changer cette pratique et opter pour un positionnement des vignes qui permet de mieux contrôler le rendement et ainsi obtenir des saveurs plus concentrées.

Koshu

Grace Winery est un domaine familial fondé en 1923 et c’est présentement la quatrième génération qui est aux commandes, avec la présence d’Ayana Misawa. Le domaine cherche aussi à exploiter les flancs des montagnes de la vallée de Yamanashi, comme dans le cas du vignoble de Toriibara, au tout début de la page.

Dans le champ, le Koshu est reconnaissable à sa peau épaisse et sa couleur rosée. Toutefois, dans le verre, le Koshu est spectaculairement transparent. Il est assez aromatique au nez, avec des notes de pomme verte sur une jolie trame minérale, avec une acidité moyenne. Typiquement japonais, le Grace Koshu Toriibira Vineyard donne plutôt dans la pureté et la nuance, quitte à ne pas avoir une finale en bouche particulièrement longue. Il accompagnera très bien une cuisine toute en délicatesse et en détails, comme des sashimis bien frais.

Koshu Toriibira

Au Québec, difficile de trouver du Koshu. La SAQ a commercialisé une cuvée il y a deux ans dans un Courrier Vinicole et selon le système d’inventaire de la SAQ, il en resterait 4 à Rimouski. Les commentaires sur Fouduvin.ca n’incitent toutefois pas à faire quelques heures de route pour en trouver… Sinon, quelqu’un sait si on en retrouve en imporation privée? Faudra donc retourner au Japon et ce n’est pas l’envie qui manque!

La SAQ veut ajuster son offre de petits formats

Si vous avez visité une succursale de la SAQ récemment à la recherche d’un vin en petit format, deux options sont possibles. Soit vous êtes tombés sur la section des vins de dessert, soit vous avez cherché un bon moment et lorsque arrivé devant l’étagère des vins il a fort à parier que vous avez été déçus par l’offre de produits.

Bien que forcément moins populaires que leurs consoeurs de 750ml, la SAQ semble vouloir améliorer les choses. En effet, dans un communiqué à l’intention de ses agences et des fournisseurs publié 28 mars 2013, le monopole explique les modifications qui seront apportées à son offre de produits.

De ce fait, la gestion du répertoire entre produits courants et de spécialité sera revue afin d’offrir les bons produits aux consommateurs, en tout temps. Les vins en format 750 ml qui se
retrouvent dans le répertoire de produits courants ne pourront plus dorénavant se retrouver en format 250 ml, 375 ml ou 500 ml dans le répertoire de spécialité.

Chablis William Fèvre Champs Royaux 2011 – En demi-bouteille!

Le langage est un peu hermétique, mais ce que j’en comprends est que le contenu de cette section sera revu et qu’un produit régulier en format 750ml ne pourra plus être considéré comme un produit de spécialité lorsqu’il est présenté en plus petit formats.

On pourra donc espérer dans le futur une plus grande diversité dans cette section et des produits trop souvent peu inspirants. Puisqu’un appel d’offre sera mené pour des nouveaux produits dans cette catégorie, j’espère que des agences prendront la balle au bond et proposeront des vins qui méritent notre attention, peu importe leur format…!

Toutefois, si votre conjointe est enceinte de l’héritier et que vous ne voulez pas ouvrir une bouteille complète, il serait judicieux de se tourner vers le Menetou-Salon Morogues du Domaine Henri Pellé ou un Chablis Champs Royaux 2011 de William Fèvre, surtout avec la saison du crabe à nos portes. Sinon, il ne faut pas hésiter à ouvrir une bouteille et la boire sur 2 ou 3 jours. Souvent, si le vin est jeune et fringant, il sera même meilleur le lendemain!