Du Champagne moins cher!

Dans un communiqué récent à l’intention des agences d’importation et des fournisseurs, la SAQ mentionne qu’elle révisera son taux de majoration sur les Champagnes à partir du 2 avril prochain.

Afin de mieux équilibrer et harmoniser ses gammes de prix dans son offre de bulles, la SAQ a révisé à la baisse sa majoration sur les champagnes.

Alors que dans la catégorie des vins, le consommateur peut trouver des produits dans toutes les gammes de prix, des écarts importants de prix subsistaient entre les mousseux et les champagnes.

De plus, pour la période des Fêtes, la SAQ introduira 5 nouveaux champagnes dont le prix de détail se situera sous la barre des 40$. Dans cette catégorie, le produit le moins cher est actuellement le Chanoine Frères Grande Réserve Brut, qui se détaille à 43.75$. Malgré l’introduction de quelques produits en entrée de gamme, un écart de prix important subsistait entre ces champagnes et des mousseux souvent comparables.

Montagne de Reims - moulin de Verzenay (Source: Flickr.com)
Montagne de Reims – moulin de Verzenay (Source: Flickr.com)

Cette introduction est la bienvenue, puisque la différence de prix pour ces produits entre ce que nous offre la SAQ et ce qu’on peut trouver ailleurs sur la planète, entre autres aux États-Unis, est particulièrement grande. C’est un obstacle qui diminue pour découvrir le travail des petits producteurs de la région, auxquels la SAQ semble apporter un peu plus d’attention récemment.

3 attitudes à développer cette année

Ajoutez une unité au compteur des années, rangez le sapin de Noël et on recommence à neuf! Afin de passer une bonne année 2014, voici trois attitudes que je vous souhaite de développer: responsabilité, curiosité et indépendance.

Être responsable

La situation au Québec est plutôt unique dans le monde: la SAQ détient un pouvoir d’achat important et la consommation de vins locaux est très faible au Québec (mais c’est un tout autre débat…). Au final, le consommateur québécois a accès à un portfolio impressionnant de vins provenant d’un peu partout sur la planète et c’est selon moi, une des plus grandes forces de notre monopole provincial.

C’est donc à nous en tant que consommateur à profiter de ce grand portfolio. La SAQ va reconduire que les produits qui sen vendent bien et sera obligée de faire des ventes éclair pour écouler le Château Simard 1998 qu’elle n’arrive pas à vendre… On doit donc voter avec notre porte-feuille et acheter les vins qui, selon vous, devraient être vendus à la SAQ. Vous êtes tannés ou déçus de voir le Ménage à Trois et ses comparses sucrés au devant des étalages? Achetez autre chose et convainquez vos amis de faire de même! Au final, tout le monde sera gagnant.

Comme le mentionne à juste titre Bill Zacharkiw dans la Gazette la semaine dernière, la responsabilité s’étend aussi aux membres des médias et aux sommeliers qui doivent guider les amateurs dans cette quête de nouveaux vins. Le rôle n’est pas de faire la morale, mais plutôt d’agir à titre de guide et de mettre en lumière certains vins qui auraient été ignorés autrement.

Être curieux

Vignoble de Bourgogne - Abac077@Flickr.com
Vignoble de Bourgogne – Abac077@Flickr.com

Parmi les 8666 vins listés dans le catalogue de la SAQ, il doit bien en avoir deux ou trois que vous n’avez pas essayé…! Dans le même ordre d’idées, Wine Grapes, la bible des cépages de Jancis Robinson, Julia Harding et José Vouillamoz liste 1368 cépages vinifiés commercialement. Alors, pourquoi toujours se limiter au cabernet-sauvignon, au chardonnay et au sauvignon blanc? Et encore là, si vous êtes fan de la Bourgogne, il y a certainement une parcelle au nom pittoresque que vous n’avez pas exploré encore…

Être curieux, c’est aussi s’intéresser à ce qu’on a dans notre verre et toujours chercher à en savoir plus. Que ce soit en allant lire sur le site du producteur, sur les forums de discussion (comme Fouduvin.ca) ou en cherchant à savoir d’où le vin vient et pourquoi on le trouve meilleur (ou moins bon!) qu’un autre ou un bon livre d’introduction comme Vive le vin, de Karyne Duplessis-Piché. N’hésitez surtout pas à vous lancer: si vous êtes capables de parler d’un plat devant vous, vous pouvez certainement parler du vin dans votre verre. De toute manière, le langage utilisé par les pros dans les notes de dégustation, c’est un peu inutile pour bien des gens…

Devant l’étalage, on a parfois besoin d’une petite poussée dans le dos pour choisir l’inconnu plutôt qu’une fiole avec laquelle on est bien confortable, mais la déception occasionnelle sera fort certainement outrepassée par les nombreuses découvertes.

Être indépendant

Les préférences de chacun en matière de vin sont bien personnelles et en ce sens, la variété offerte par la SAQ permet à un peu tout le monde d’y trouver son compte. Afin de développer votre curiosité (voir #2), c’est parfait. Mais pour s’aider, il est toujours bon de se faire guider un peu. Apprenez à connaître vos sources de conseils car ce n’est pas parce que c’est écrit dans le journal que le vin sera forcément dans vos cordes. De mon côté, j’ai quelques sources que je peux suivre aveuglément, je vous invite à trouver les vôtres.

Surtout, il ne faut pas oublier que c’est en goûtant qu’on forme notre palais et qu’on fait notre propre trace dans le monde du vin.  Fiez-vous à vos instincts, goûtez, regoûtez et partagez car c’est avec des bons amis autour d’une (ou plusieurs) bouteilles de vin que la magie opère vraiment.

Note: Suite à l’écriture de cet article, je suis tombé sur cet excellent texte de Véronique Rivest, qui tient à peu près le même discours. Faites-vous confiance, à bas le snobisme et apprenez à explorer. On aurait difficilement pu mieux connecter. 

L’index du carnet de dégustation

La liste des vins commentés sur le site est désormais accessible dans le menu du site, sous la rubrique Dans le carnet de dégustation. Cette page se mettra à jour automatiquement avec les nouveaux articles, alors n’hésitez pas à y revenir souvent!

 Photo: Pascal MOUISSET - Pascal OLIVIER - 2009
Photo: Pascal MOUISSET – Pascal OLIVIER – 2009

Je constate une grande évolution au sein même de mes notes de dégustation… Disons simplement que je suis un peu moins fier de mon contenu d’il y a 3 ans que celui d’aujourd’hui… Cette nouvelle page vous donnera un accès plus rapide aux archives et vous serez à même de constater les dégâts… Mais bon,il faut bien commencer quelque part! 🙂

(Il reste un petit bug que je n’ai pas encore élucidé et certains vins refusent d’apparaître dans la liste… J’y travaille activement afin d’avoir une liste aussi complète que possible…!)

Un nouveau visuel

Petite note pour mentionner que, comme vous avez certainement pu le constater aux cours des deux derniers jours, j’ai changé le visuel de Chez Julien. L’ancient thème WordPress que j’utilisais n’était plus mis à jour par son créateur et j’étais dû pour un changement…! J’ai tenté de conserver autant que possible la lisibilité et le côté épuré de l’ancien site qui me plaisait beaucoup.

Je suis encore à faire des derniers ajustements, mais si jamais vous notez quelque chose qui ne fonctionne pas, n’hésitez pas à me le mentionner dans les commentaires.

Vins Chartier Créateur d’Harmonies: la table d’abord

À moins d’avoir été déconnecté pendant quelques mois, vous avez certainement entendu parler que François Chartier, sommelier qui se passe de présentation au Québec, lancera une gamme de vins Cuvée Chartier – Créateur d’harmonies le 3 octobre prochain.

La démarche génère le produit. Si on ne change pas la démarche, on va toujours produire la même chose.

Cette affirmation de Franco Dragone, metteur en scène pour le Cirque du Soleil est au coeur du processus d’élaboration de cette gamme de vins. En effet, on lit parfois sur une contre-étiquette qui mentionnait que le vin était bon avec à peu près n’importe quoi, de la viande blanche, du poisson, de la viande rouge, des fromages à pâte molle, bleus, etc. On arrive à ces situations lorsque l’accord avec la table n’est qu’une arrière-pensée dans le processus d’élaboration du vin. Le ridicule de ce genre de contre-étiquettes a amené François Chartier à se questionner sur la place du vin: forcément à table, en accord avec un repas.

Il a ainsi mis à contribution le travail précédemment effectué dans le cadre de Papilles et Molécules, qui tentait de mettre en évidence les possibles liens de complémentarité entre les vins et les aliments au moyen des molécules aromatiques qu’ils partagent. Le but: créer des vins qui sont à la vase conçus pour favoriser l’harmonie avec certains composantes de votre prochain souper.

Ce qui est mis sur les tablettes de la SAQ est le fruit d’un travail de plus de deux ans. Pour l’élaboration de ces cuvées, François Chartier a travaillé avec Pascal Chatonnet, oenologue bordelais, flying winemaker et maître de l’assemblage, de même que différents vignerons dans chacune des régions ciblées. Ainsi, pour chaque région, Chartier a choisi une piste aromatique précise et assemblé les différentes cuvées avec cette idée en tête.

François Chartier et Pascal Chatonnet en travail d'assemblage. Soucre: www.francoischartier.ca
François Chartier et Pascal Chatonnet en travail d’assemblage. Soucre: www.francoischartier.ca

Toutefois, malgré ce qu’on peut entrendre, l’idée n’est pas d’arriver à l’accord unique, mais plutôt, pour reprendre les mots de Chartier, d’encadrer la liberté d’accord et de proposer des pistes à partir desquelles on pourra continuer à créer des accords créatifs.

Pour les cuvées présentées cette année (4 vins cet automne et 2 au printemps prochain), les lots de vin ont été achetés déjà vinifiés aux différents domaines. L’assemblage s’est fait comme on le voit ci-dessus en collaboration avec Pascal Chatonnet et les vins ont été embouteillés dans les domaines respectifs. À partir de l’année prochaine, le travail est fait dès le champ, afin d’arriver au résultat voulu.

J’ai eu le privilège de goûter à ces quatre vins en primeur en compagnie de M. Chartier lui-même et d’une quarantaine de professionnels du milieu de la restauration, sur l’invitation de Philippe Lapeyrie. Merci beaucoup de l’invitation, c’était un réel plaisir.

On pourrait résumer que chaque vin représente très bien le terroir d’où il est issu et qu’on mise plutôt sur le côté digeste et frais que sur l’extraction. Peu importe ce qu’on pense de la démarche d’agencement moléculaire, il reste que les quatre vins présentés sont vachement bons. Je serai certainement acheteur le 3 octobre prochain, surtout à moins de 20$ par fiole.

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Le Blanc 2012Chartier voulait particulièrement travailler avec un producteur qu’il respecte énormément et qui travaille en biodynamie, le Clos des Augustins, à Pic St-Loup. Le vin qui a été produit est sans aucun doute sur la piste aromatique de la roussane, avec des notes d’abricot, de pêche et de miel, avec une bouche qui allie ampleur et minéralité. Il s’agit d’un assemblage de Chardonnay (40%), Grenache blanc (48%) et Rolle (12%) qu’il ne faut pas servir trop froid et qui fera des miracles avec des plats aux saveurs exotiques comme des currys avec une base de lait de coco.

Côtes du Rhône 2012: Provenant persqu’en totalité de Vinsobres, une petite appellation tout au nord de la section sud de la vallée du Rhône, cet assemblage grenache-syrah-mourvèdre est tout en fraîcheur. Ce vin assume très bien son côté animal, qui reste bien en équilibre avec les petits fruits rouges. Bien que l’assemblage soit principalement composé de grenache, c’est la piste aromatique de la syrah qui est mise de l’avant. C’est le temps de sortir l’agneau, les olives, le fenouil, etc.

Fronsac 2010Dans cette grande année, on choisira de carafer ce vin à base de merlot placé sur la piste aromatique du poivron grillé et d’une molécule nommée la priazine. La bouche est charnue et présente des notes de torréfaction et de fruits noirs typiques de Bordeaux. Encore une fois, on est en présence d’un vin digeste qui mise sur la “buvabilité” plutôt que d’essayer d’en mettre plein la gueule. Un beau Bordeaux qui se bonifiera au cours des cinq prochaines années.

Toscana Rosso 2009: Le plus âgé des quatre vins mis en marché, ce sangiovese a été mon préféré de la dégustation. Le nez sur les épices, le moka et les prunes n’était pas le plus expressif, mais c’est en bouche que la magie opère car tout est en équilibre: acidité, légère amertume, longueur, tannins. Bien que l’étiquette suggère un steak (ce qui n’est pas du tout une mauvaise idée…), je me dirigerais plutôt vers des pâtes toutes simples, sauce arrabiata (tomate et basilic, le tout rehaussé d’un peu de peperoncino) et l’accord serait certainement aussi bon.