Cuire ses pâtes dans du vin

Hier, il nous restait un peu du meilleur chorizo en ville, celui qu’on achète chez Bonneau, tout près de la maison. Bien épicé avec juste la bonne dose de pimenton, c’est le secret d’une paëlla bien savoureuse.

Afin d’utiliser ce restant de saucisse, une nouvelle recette gracieuseté de Véronique Cloutier lors de son passage à la di Stasio: des pâtes au chorizo cuites dans le vin. L’idée est d’ajouter une généreuse dose de vin dans l’eau de cuisson des pâtes afin de leur donner un petit kick supplémentaire. Avec des rapinis ou des belles bettes à carde, on a ici une rectte gagnante qu’on va certainement refaire sur une base régulière.

Comme on ne prendra certainement pas un grand cru pour pitcher dans l’eau des pâtes, on peut se demander ce qu’on boit avec ce plat de pâtes, où le chorizo prend pas mal de place… J’ai choisi d’accompagner le tout de Petalos, un superbe vin d’Alvaro Palacios de la région émergent du nord-ouest de l’Espagne, le Bierzo.

À un peu plus d’une vingtaine de dollars (ou 44$ pour un magnum!), il allie parfaitement puissance, fraîcheur, élégance et souplesse. Autour de 14.5% d’alcool? Ça ne paraît même pas tellement le vin est en équilibre. Si vous ne le connaissez pas, allez vous chercher un chorizo et ouvrez vous un Petalos rapidement.

Un peu de lecture vinicole

La fin de semaine s’en vient. L’automne est bien installé. Lors d’une journée pluvieuse et bien froide, il n’y a rien de mieux que de s’installer confortablement sur le divan avec une couverture chaude et une bonne lecture.

Le premier titre est un classique, écrit en 1988 par l’importateur américain Kermit Lynch, Adventures On The Wine Route. Il fut le premier à importer des vins qu’on pourrait qualifier de “nature” aux États-Unis, il y a 40 ans aujourd’hui. Ses sélections sont hautement respectées dans le monde vinicole et ce pionnier est a influencé toute une génération de sommeliers qu’on retrouve dans les grands restaurants américains.

Kermit Lynch dans son élément. (Photo: SF Gate)

Ce roman raconte divers périples dans les diverses régions de France à la découverte de producteurs à représenter. Il est aussi traduit en français, sous le titre Mes aventures sur les routes du vin. Une plume honnête, parfois comique et toujours vraie, comme les vins qu’il importe. À mettre dans la liste des lectures essentielles.

Real wine is more than an alcoholic beverage. When you taste one from a noble terroir that is well made, that is intact and alive, you think here is a git of nature, the fruit of the vine eked out of our earh,ripened by our sun, fashioned by man.

Dans la même veine, il faut avoir lu Naked Wine: Letting Grapes Do What Comes Naturally, d’Alice Feiring, la plus ardente défenderesse du mouvement des vins naturels au sud de la frontière. Ce livre raconte le parcours d’Alice à la recherche de ce qui fait un vin vrai,, “nature”. Son point de vue bien établi et souvent polarisant crée des vagues dans la scène vinicole. On peut aussi suive Alice Feiring sur son blog et via la newsletter qu’elle est sur le point de lancer.

Dans le domaine des livres de référence dans lesquels on peut se perdre, mon préféré est sans aucun doute le World Atlas of Wine, de Hugh Johnson et Jancis Robinson. Un tour du monde des régions vinicoles avec des cartes détaillées (toutes les parcelles en Bourgogne!), un survol des principaux producteurs et un commentaire pertinent sur les vins qui y sont produits. Un must pour tous les amateurs de vins et pour les nerds de géographie. La version française étant plus du double du prix de la version anglaise, je vous recommande donc la version originale!

Hugh Johnson et Jancis Robinson

Finalement, sur le web, le New York Times Magazine vient de publier son édition Food and Drink, avec un portrait de Jon Rimmerman, fondateur de Garagiste, un distributeur de vin basé à Seattle. Dans un registre tout aussi intéressant mais moins vinicole, la tentative de Craig Ramini, un fromager californien, de produire une mozzarella di bufala de haut niveau, aussi bonne que la mozzarella italienne. Il va sans dire que ce n’est pas simple…! Sinon, on se régale avec l’article d’Eric Asimov, qui s’intéresse cette semaine aux vins des Pouilles, qui sont plus que simplement des bons rapport qualité-prix.

Vous avez des lectures intéressantes à suggérer? Faites-moi en part en commentant cet article!

Cinq vins blancs sous 20$

Après des suggestions de vins rouges, je remets ça avec une sélection toute personnelle de cinq vins blancs sous 20$ qui font une apparition régulière dans ma liste d’achats. En blanc, j’essaie d’éviter les vins “mous” qui n’ont pas cette structure qu’apporte une bonne dose d’acide ou ceux qui cherchent à trop en faire au détriment de l’équilibre général.

Deux italiens

Oui, il existe trop de “cheap pinot grigio” sur les tablettes, ces vins préfabriqués qui semblent tous sortir du même tuyau. Heureusement, les vins blancs italiens ne se résument pas qu’à ça. En Ligurie, cette région côtière du nord-ouest du pays, le vermentino fait des merveilles. À preuve, ce Vermentino Lunae, de l’appellation Colli di Lunae, située tout près de La Spezia et des célèbres Cinque Terre. La cuvée haut-de-gamme de ce domaine a reçu Tre Bicchieri du Gambero Rosso l’année dernière, nous avons donc affaire ici à un domaine sérieux qui sait ce qu’il fait. Dans le verre, on goûte la mer toute proche, sans sacrifier le soleil qui inonde les côteaux rocheux où pousse la vigne ni la générosité des Italiens qui le font. Il fait des miracles avec des poissons grillés et, pour 19.50$, on serait fou de s’en passer. Dans le nord-est, l’appellation Soave a aussi produit des vins génériques pour trop longtemps. Toutefois, depuis une dizaine d’années, une poignée de producteurs plus sérieux et conscients de leur potentiel ont émergé. Mon préféré est sans aucun doute Pieropan, dont le Soave Classico est disponible pour 17.15$, à peu près partout en province. Il tiendra la route sans problèmes au cours des 15 prochaines années, comme en fait foi un 1995 que m’avait fait goûté Andrea Pieropan lors du Salon des Vins de Québec en 2011. Si vous l’ouvrez avant, ayez des pétoncles sous la main, ils iront parfaitement avec le côté presque salin de ce vin. Sinon, servez-le en apéro par une belle journée chaude de l’été prochain. Le plus difficile avec ce vin, c’est d’essayer d’en garder un peu pour le faire vieillir, car il disparaît presque instantanément de la cave…

Riesling, from down under

J’aime beaucoup le riesling, avec ses arômes de pomme, d’agrume reposant sur une trame minérale. On pese habituellement aux terroirs de prédilection de ce cépage à savoir l’Alsace et l’Allemagne où il règne en maître. Toutefois, l’Australie produit de bons rieslings qui méritent d’être explorés. En entrée de gamme, on gagnera à ne pas snober le Riesling McWilliam’s Hanwood Estate, disponible en produit régulier à la SAQ pour 15.45$ (ou avec 15% de rabais supplémentaire dans les SAQ Dépôt). Ce n’est pas un monstre de complexité, mais il fait amplement ce qu’on attend de lui et est un très bon rapport qualité-prix. Initialement classé sous la pastille “Fruité et doux”, il a heureusement été correctement reclassé dans “Fruité et Vif” et c’est tout à fait ce qu’il offre!

Rioja… en blanc!

Le vin le moins cher de cette liste nous vient directement d’Espagne, dans l’appellation Rioja. Plutôt réputée pour ses rouges, la région produit aussi quelques blancs à base de viura (aussi connu sous le nom de macabeo), avec un peu de malvasia et de grenache blanc en accent. Pour 12.40$, le Genoli de la maison Ijalba est une aubaine à ne pas manquer. Il offre un bel équilibre entre le gras qu’on retrouve souvent dans le viura et l’acidité qu’on recherche dans un vin blanc. Une valeur sûre, année après année.

Pour dérouter un peu

On termine cette liste en sortant des sentiers battus et on proposant un vin du Jura, en guise d’initiation aux vins avec une petite dose d’oxydation. Le chardonnay Les Parelles “Tradition” offre cette bonne dose de dépaysement pour 18.40$. Puisque le vin a été élevé dans le style oxydatif, on retrouvera au nez des notes de noix, avec une base de pommes et des jolies notes minérales. En bouche, ce n’est pas le plus long, par contre, mais l’harmonie avec la fondue au fromage (prenez de l’emmanthal, du comté et des accents québécois avec du Pikauba) qu’il mérite cette place. Si vous aimez le style, vous gagnerez ensuite à découvrir les vins de Stéphane Tissot et du domaine de Montbourgeau, qui eux sont légèrement au-dessus de la barre des 20$. Et vous, quel est votre coup de coeur parmi les vins blancs à moins de 20$? Faites-en part dans les commentaires!

Cinq rouges sous 20$

Vous avez 20$ à investir lors de votre prochain passage à la SAQ, mais vous ne savez pas quoi choisir parmi les 1000 produits qui sont disponibles à ce prix? Voici 5 coups de coeur qui méritent votre attention lors de votre prochain passage en succursale.

Les Griottes du Vissoux

On commence par un vin qui disparaîtra en moins de deux à la fois des tablettes et de votre verre: le Beaujolais Les Griottes 2011 du Domaine du Vissoux. On profitera des dernières journées chaudes de l’automne pour se replonger brièvement dans l’été avec toute la fraîcheur que ce vin amène. Des petits fruits rouges un peu sûrets, une belle acidité et le goût d’en boire une autre gorgée. Une belle réussite d’un de mes producteurs préférés dans le Beaujolais. Pour 16.25$, mais hâtez-vous, il n’en reste presque plus dans le réseau. Sinon, on surveille avidement un deuxième arrivage.

Du Fer Servadou…?

Si vous mentionnez le Fer Servadou ou l’appellation Marcillac, la majorité des gens vous regarderont avec un drôle d’air. Ils ne devraient pas, car cette appellation du Sud-Ouest est à découvrir et les trois vins qui sont disponibles à la SAQ sont tout à fait recommendables. Mon préféré est la cuvée Laïris, de Jean-Luc Matha, disponible un peu partout (et en ligne) pour la modique somme de 16.15$. Le Fer Servadou (ou Mansois), lorsque cultivé dans les côteaux de Marcillac, donne des vins plus légers que lorsque cultivé à Madiran, situé tout proche. Au nez, on retrouve des notes de poivre et de framboise alors qu’en bouche, on découvre une rusticité pas du tout déplaisante et une belle vivacité. Une belle découverte!

Un Bourgogne modeste

De la bonne Bourgogne, sous 20$? Vraiment?

Tout à fait. Alors que les grandes cuvées se vendent plusieurs centaines de dollars, le Domaine Champs Perdrix ne démérite pas. D’accord, ce n’est pas dans la même ligue que les grands crus de la région, mais il s’agit d’une belle introduction à la région. On prend ici avantage du millésime 2009, encensé par la critique qui donne des vins riches et généreux, même dans les appellations plus modestes comme ce Bourgogne générique. C’est vif et léger, avec un nez sur les cerises et une longueur surprenante. Il est déjà très agréable mais il pourrait aussi tenir quelques années en cave. Au moment d’écrire ces lignes, il en restait surtout dans la grande région de Montréal, mais il vaut bien la peine de faire un petit détour…

Expression de Chinon

La vallée de la Loire est le terroir de prédilection du cabernet franc, un cépage qui ne laisse personne indifférent. Certains lui reprochent sa verdeur alors que d’autres, au contraire, la recherchent. Le Chinon 2009 Expression d’Alain Lorieux est tout à fait dans cette veine. On y détecte des notes de poivron et de fraise, avec une trame fermement ancrée dans la terre. Les tanins sont bien présents et apportent une belle structure, sans toutefois prendre toute la place. Un vin qui ne goûte pas que le fruit, qu’on gagne à découvrir. Il est largement disponible dans toute la province, pour 17.70$.

La chaleur du Sud

Avec le Minervois 2011 Les Plots, du Château Coupe-Roses, on retrouve toute la chaleur et la générosité du sud de la France. On y retrouve, au nez, des fruits noirs et des épices amenés par la syrah majoritaire, une ampleur en bouche venant de la grenache et une structure qui n’est pas étrangère au cinsault qui complète l’assemblage. Un vin qui se laisse aimer sans peine, vendu 18.10$ et disponible partout. Il est aussi disponible en format de 500ml, pour ceux qui veulent en faire l’essai…

J’cours les concours…

Il y a quelques semaines, on ouvre une bouteille du Rasteau “Tradition” du Domaine Ortas. Il s’agit d’un bon vin généreux, facile à aimer et, surtout, une très bonne affaire pour les 15$ demandés. Sur l’étiquette, on note la mention, bien en évidence “Médaille d’Or – Concours des Grands Vins de France de Mâcon 2009”. Pour le millésime précédent, on y indiquait plutôt en caractères gras que le vin avait reçu 89 points du Wine Spectator. L’année prochaine, il y aura certainement une autre mention, selon ce qui est donné au vin et ce qui paraît bien sur la bouteille.

J’ai aussi participé comme juge aux Prix du Public Desjardins 2012, un concours où les juges sont tirés du grand public. Chaque table devait évaluer 8 vins et leur attribuer une note selon une grille de pointage bien précise, les vins se méritant une médaille selon le score qu’ils y ont obtenu. Au total, 425 vins ont été dégustés et et 128 d’entre eux ont obtenu une médaille, dont 47 médailles d’or. Au dévoilement des lauréats, Vincent Lafortune, un des organisateurs de l’événement, me confiait qu’il n’était pas surpris des résultats obtenus, le palmarès des vins reflétant assez fidèlement les ventes en succursale.

Photo: Pascal MOUISSET – Pascal OLIVIER – 2009

Depuis deux ans, la SAQ organise une opération marketing avec James Suckling, ancien chroniqueur au Wine Spectator parti à son compte. On y met en valeur des vins qui reçoivent la note magique de 90 points ou plus (ou plutôt, est-ce devenu une note de passage…?). Sur l’affichage en succursale, la note donnée au vin est mise en évidence, mais nulle part on ne trouve de description du vin, qui pourrait orienter le consommateur à savoir où il se positionne par rapport à cette note ou même par rapport au critique dans son ensemble.

Ces médailles et distinctions sont de plus en plus mises de l’avant par les producteurs sur leurs bouteilles. Influencent-elles le consommateur dans son choix? Fort probablement. En jetant un coup d’oeil à la grille de sélection des produits à la SAQ, on constate que ce type de reconnaissance compte pour 25% dans l’évaluation des produits de spécialité, un critère même plus important que la qualité du produit…! Il est donc conséquent que ce genre d’affichage publicitaire sur les bouteilles soit de plus en plus mis de l’avant. Un bon exemple de cet habillage publicitaire est le sauvignon blanc de Kim Crawford, qui liste 5 ou 6 grosses notes accordées aux millésimes précédents par la presse spécialisée.

En tant que consommateur, il faut savoir faire la juste part des choses… Est-ce que le concours mentionné est important et crédible? Est-ce qu’une médaille d’argent dans un concours de vin régional a une valeur pour vous?Est-ce que le critique qui donne une grosse note au vin que vous regardez a un palais compatible avec le vôtre? Il faut d’abord se connaître pour ensuite fare un choix éclairé. Par exemple, je sais que les vins australiens ne sont pas ma tasse de thé, même dans les produits plus haut-de-gamme. Ainsi, je choisirai d’abord un vin moins bien noté dans un style que j’apprécie plutôt qu’un vin noté 95 de la vallée de Barossa et en retirerai plus de plaisir!

En tant que blogueur, j’ai fait le choix de ne pas noter les vins que je commente. Je préfère mettre le vin en contexte, donner mes impressions tout en laissant au lecteur le soin d’aller déguster le vin et de se forger leur propre impression. Pour comparer plusieurs vins et établir un classement, la notation est un mal nécessaire. Par contre, lorsque vient le temps de présenter un seul vin, je suis d’avis qu’on peut en faire une bien meilleure évaluation en omettant la note qui attire tant les regards, parfois même au détriment du vin lui-même et du plaisir de le partager entre amis.

Entre connaissance de ses goûts et reconnaissance extérieure, que préférez-vous?