3 attitudes à développer cette année

Ajoutez une unité au compteur des années, rangez le sapin de Noël et on recommence à neuf! Afin de passer une bonne année 2014, voici trois attitudes que je vous souhaite de développer: responsabilité, curiosité et indépendance.

Être responsable

La situation au Québec est plutôt unique dans le monde: la SAQ détient un pouvoir d’achat important et la consommation de vins locaux est très faible au Québec (mais c’est un tout autre débat…). Au final, le consommateur québécois a accès à un portfolio impressionnant de vins provenant d’un peu partout sur la planète et c’est selon moi, une des plus grandes forces de notre monopole provincial.

C’est donc à nous en tant que consommateur à profiter de ce grand portfolio. La SAQ va reconduire que les produits qui sen vendent bien et sera obligée de faire des ventes éclair pour écouler le Château Simard 1998 qu’elle n’arrive pas à vendre… On doit donc voter avec notre porte-feuille et acheter les vins qui, selon vous, devraient être vendus à la SAQ. Vous êtes tannés ou déçus de voir le Ménage à Trois et ses comparses sucrés au devant des étalages? Achetez autre chose et convainquez vos amis de faire de même! Au final, tout le monde sera gagnant.

Comme le mentionne à juste titre Bill Zacharkiw dans la Gazette la semaine dernière, la responsabilité s’étend aussi aux membres des médias et aux sommeliers qui doivent guider les amateurs dans cette quête de nouveaux vins. Le rôle n’est pas de faire la morale, mais plutôt d’agir à titre de guide et de mettre en lumière certains vins qui auraient été ignorés autrement.

Être curieux

Vignoble de Bourgogne - Abac077@Flickr.com
Vignoble de Bourgogne – Abac077@Flickr.com

Parmi les 8666 vins listés dans le catalogue de la SAQ, il doit bien en avoir deux ou trois que vous n’avez pas essayé…! Dans le même ordre d’idées, Wine Grapes, la bible des cépages de Jancis Robinson, Julia Harding et José Vouillamoz liste 1368 cépages vinifiés commercialement. Alors, pourquoi toujours se limiter au cabernet-sauvignon, au chardonnay et au sauvignon blanc? Et encore là, si vous êtes fan de la Bourgogne, il y a certainement une parcelle au nom pittoresque que vous n’avez pas exploré encore…

Être curieux, c’est aussi s’intéresser à ce qu’on a dans notre verre et toujours chercher à en savoir plus. Que ce soit en allant lire sur le site du producteur, sur les forums de discussion (comme Fouduvin.ca) ou en cherchant à savoir d’où le vin vient et pourquoi on le trouve meilleur (ou moins bon!) qu’un autre ou un bon livre d’introduction comme Vive le vin, de Karyne Duplessis-Piché. N’hésitez surtout pas à vous lancer: si vous êtes capables de parler d’un plat devant vous, vous pouvez certainement parler du vin dans votre verre. De toute manière, le langage utilisé par les pros dans les notes de dégustation, c’est un peu inutile pour bien des gens…

Devant l’étalage, on a parfois besoin d’une petite poussée dans le dos pour choisir l’inconnu plutôt qu’une fiole avec laquelle on est bien confortable, mais la déception occasionnelle sera fort certainement outrepassée par les nombreuses découvertes.

Être indépendant

Les préférences de chacun en matière de vin sont bien personnelles et en ce sens, la variété offerte par la SAQ permet à un peu tout le monde d’y trouver son compte. Afin de développer votre curiosité (voir #2), c’est parfait. Mais pour s’aider, il est toujours bon de se faire guider un peu. Apprenez à connaître vos sources de conseils car ce n’est pas parce que c’est écrit dans le journal que le vin sera forcément dans vos cordes. De mon côté, j’ai quelques sources que je peux suivre aveuglément, je vous invite à trouver les vôtres.

Surtout, il ne faut pas oublier que c’est en goûtant qu’on forme notre palais et qu’on fait notre propre trace dans le monde du vin.  Fiez-vous à vos instincts, goûtez, regoûtez et partagez car c’est avec des bons amis autour d’une (ou plusieurs) bouteilles de vin que la magie opère vraiment.

Note: Suite à l’écriture de cet article, je suis tombé sur cet excellent texte de Véronique Rivest, qui tient à peu près le même discours. Faites-vous confiance, à bas le snobisme et apprenez à explorer. On aurait difficilement pu mieux connecter. 

Un vin sans alcool buvable (oui, ça existe!)

Mise à jour 2016-10-02: Trois ans après l’écriture de ce billet, il est toujours aussi pertinent et les statistiques de fréquentation du site le montrent bien. Le Natureo blanc a réussi à rester le meilleur vin sans alcool disponible au Québec. Par contre, pour ce qui est du Natureo Rouge, nouvellement disponible à la SAQ, ce n’est définitivement pas aussi bien réussi.

Les sceptiques seront con-fon-dus-dus-dus, disait le capitaine Bonhomme. Et dans le domaine des vins désalcoolisés, ceux qui affirment qu’ils ne sot pas buvables auront raison dans la très grande majorité du temps.

Photo: Torres.es
Photo: Torres.es

Toutefois, si vous avez une femme enceinte dans votre entourage ou que vous souhaitiez tout simplement diminuer la quantité d’alcool servi pendant les Fêtes (et on sait que ça peut être assez important parfois), ne perdez pas espoir. Le Perrier-jus de canneberge n’est pas votre unique solution.

Le Natureo de la maison catalane Torrès est un vin blanc sec fait à base de muscat, qui est ensuite désalcoolisé avec la technique dite du “spinning cone“. Au final, le vin titre que o.5% d’alcool par volume et conserve autant que possible les caractéristiques du vin original. Cette technique est aussi employée par certains vignerons californiens qui souhaitent récolter leurs raisins aussi murs que possible mais conserver le degré d’alcool dans le vin tout juste sous la barre du 14% (souvent pour des raisons fiscales, puisque passé cette limite le vin est plus taxé aux États-Unis).

Lorsque servi à l’aveugle en apéro de la dégustation que j’ai organisé au bureau, personne n’a pu détecter qu’il s’agissait d’un vin désalcoolisé. Le caractère floral et extrêmement aromatique du muscat est à l’avant-plan. En bouche, le vin garde quand même une certaine acidité qui assure que le vin ne soit pas lourd ou pâteux, comme peuvent l’être certains vins sans alcool. Il reste un peu de sucre en fin de bouche, mais l’équilibre est quand même atteint.

Les opinions sur le Natureo sont diverses. François Chartier et Karyne Duplessis-Piché le recommandent alors que ce blogueur britannique, dans un article particulièrement coloré, affirme que la finale disparaît “plus vite qu’un lépreux dans une soufflerie” (!!!).

Pour le modeste prix de 9,10$, vous pouvez vous faire votre propre opinion, mais ne tardez pas puisque la SAQ en commande habituellement que lors de la période des Fêtes et qu’il a tendance à disparaître assez rapidement des tablettes.

2013 en trois temps

Le temps passe vite! Le congé des Fêtes est déjà à nos portes et on pense déjà à 2014. Avant de sabrer le mousseux le 31 au soir, je jette un petit coup d’oeil sur l’année qui se termine.

Un peu moins de vin, beaucoup plus de bonheur

Je vais me souvenir de l’année 2013 toute ma vie puisque c’est en septembre qu’est née Gabrielle, qui illumine nos journées depuis ce temps. À part bouleverser notre quotidien, l’arrivée d’un troisième membre de la famille a modifié mes habitudes d’achat et de consommation de vin… Forcément, le blog a un peu ralenti, faute de vin au début de l’année et faute de temps par la suite…!

C’est ainsi que la cave a pris du mieux, à force de faire quelques achats que je ne pouvais pas laisser passer et de garder les bouteilles significatives pour ouvrir avec ma douce moitié…

zèbre

L’effet collatéral est que je vais surveiller attentivement les vins du millésime 2013, qui a été difficile dans mes régions de prédilection. Après un printemps froid à la grandeur de l’Europe et de la grêle en Loire et en Bourgogne, ça n’a pas été facile en France. Le Piedmont semble avoir été épargné, comme si j’avais besoin de ça pour augmenter la proportion de nebbiolo dans la cave!

Des #Vinsignifiants

Les #Vinsignifiants, c’est un petit groupe de dégustation que j’ai lancé avec quelques amis autour du thème de la simplicité. Quelques fois par année (on vise environ 4 rencontres par année), on se regroupe et chacun amène une bouteille autour de 25$ et un petit quelque chose à grignoter. On sert le tout à l’aveugle dans le plaisir et la convivialité la plus totale.

J’y ai fait de belles découvertes vinicoles et le fait de ne pas savoir initialement ce qui est dans notre verre force à se positionner sans préjugés face au vin et permet d’affiner notre palais.

Ce n’est pas compliqué se monter un groupe de dégustation. Rassemblez des gens avec qui vous êtes à l’aise, engagez-vous à une récurrence avec laquelle tous seront à l’aise et lancez-vous! Pas nécessairement besoin d’être un expert, c’est en goûtant qu’on apprend!

Quelques coups de coeur, tout de même

Cette année, j’ai tout de même goûté à quelques très belles fioles au gré des rencontres et des voyages. En voici donc trois, sans ordre particulier.

Girolamo Russo a Rina 2010

Après avoir eu un gros coup de coeur pour ce vin au Salon des vins de Québec, j’ai eu la chance de visiter Giuseppe Russo lors de notre voyage en Sicile. On s’est promené dans les vignes, on a dégusté ses 4 crus provenant des flancs de l’Etna et on a passé une heure merveilleuse. Le a Rina, provenant des vignes plus jeunes, est plein de fraîcheur et se laisse boire dangereusement tandis que le San Lorenzo 2010 (disponible à la SAQ Signature) offre un extra profondeur, sans pour autant sacrifier en buvabilité.

San Lorenzo

Vignoble de Sainte-Pétronille Riesling 2012

Lorsqu’un vigneron local de talent prend la bonne décision de planter un cépage qui risque d’avoir beaucoup de succès au Québec et qui, en plus, reçoit un coup de pouce de Mère Nature comme en 2012, on se retrouve avec le Riesling 2012 du Vignoble de Sainte-Pétronille dans le verre. Il était disponible en quantité lilliputienne au domaine cet été… Si vous avez réussi à mettre la patte dessus, comptez-vous chanceux et faites des heureux l’été prochain ou lors de la saison des huîtres!

Heart and Hands Pinot Noir 2009

Découvert lors de ma première présence à Tastecamp en 2010 dans la région des Finger Lakes, Heart and Hands avait terminé la fin de semaine en grand. Lors de notre retour de Tastecamp Niagara l’année suivante, il nous a été impossible de résister à faire un détour afin d’aller re-visiter le domaine. Depuis ce temps, cette bouteille dormait patiemment en cave. Elle a couronné à merveille notre dernière rencontre des #Vinsignifiants, sur le thème du Nouveau Monde. On sentait une légère évolution, le fruit était encore à l’avant plan et l’équilibre était parfait.

Heart and Hands

Un vin fait par des passionnés partagé avec des bons amis: si ça peut être aussi le thème de 2014, je serai heureux.

 

Trois mousseux pour les Fêtes

Les Fêtes approchent à grands pas et l’envie de partager les bulles croît exponentiellement. Afin de vous donner des idées, voici quelques bulles dégustées récemment qui méritent qu’on s’y attarde!

Vignoble de Sainte-Pétronille Brut Nature 2010

En vente au vignoble – 28$

Élaboré tout près de Québec, face à la chute Montmorency, ce mousseux est composé de Vandal-Cliche à 75% et de Vidal à 25%, provenant du millésime 2010. Le vin a été embouteillé en juillet 2011, et la seconde fermentation s’est faite directement en bouteille en suivant la méthode traditionnelle. Ensuite, il y a eu vieillissement sur lies pendant 24 mois et le dégorgement a eu lieu en juillet 2013. À cette étape, aucune liqueur de dosage a été ajoutée, pour préserver le caractère frais et croquant du vin. En 2010, 500 bouteilles ont été produites et la production est de 1000 bouteilles pour les années suivantes.

VSP

Contrairement à ce qu’affirme Marc-André Gagnon dans sa courte note, on a affaire à un vin droit avec une belle tension et une longueur appréciable. Servi à l’aveugle à côté des deux vins suivants à un groupe d’une trentaine de personnes, il a été le préféré d’environ le tiers du groupe! La marche était assez haute et il s’est montré à la hauteur.  Je suis bien content qu’il m’en reste une bouteille en cave.

Roederer Estate Brut Anderson Valley

Code SAQ: 294181 – 29,35$

Provenant de la vallée d’Anderson, au nord de la Californie, ce vin est élaboré par la réputée maison champenoise Roederer. Il s’agit d’un assemblage d’environ 60% de chardonnay et de 40% de pinot noir. Le vin est vieilli au moins 2 ans sur les lies avant le dégorgement. Il reste une toute petite touche de sucre résiduel (1.2%) qui est à peine perceptible dans le vin. Il est tout de même classifié comme Brut.

Dans l’assemblage, on retrouve une petite portion de vins vieillis en barriques de chêne, ce qui ajoute une touche de complexité à l’ensemble et est en ligne avec le style de la maison. La production annuelle est de 80,000 caisses.

À la dégustation, on constate qu’il est un peu plus rond et enjôleur en bouche que le Drappier et le Brut de Sainte-Pétronille. Les bulles sont fines et la longueur est trèes bonne. Je le préfère de loin au Mumm Napa, son concurrent direct dans la même gamme de prix.

Champagne Drappier Brut Nature Pinot Noir

Code SAQ: 11127234 – 46,75$

Depuis 1808, ce domaine familial a su s’établir sur des parcelles particulièrement calcaires, situées pour la plupart autour d’Urville, où le Pinot Noir, majoritaire, trouve sa plus belle expression et permet de produire des vins aromatiques très élégants.

Comme le Roederer, seuls les jus de première pression sont utilisés, mais ici le vin complète la fermentation malolactique. Par la suite, tous les vins sont élevés en cuves inox pour préserver la fraîcheur et sont très peu sulfités. Vieillissement de 2-3 ans puis aucun dosage à l’embouteillage. On retrouve alors un mousseux particulièrement sec, avec moins de 2g de sucre résiduel par bouteille.

On note que le vin est fait entièrement de pinot noir, contrairement aux deux autres. On peut imaginer des petits fruits rouges au nez et personne n’oserait vous contredire. En bouche, le vin est ample et en mène large et termine sur une légère amertume pas dérangeante du tout qui sonne surtout l’envie d’en reprendre une deuxième gorgée!

De Volnay à Pommard

C’est tout ça la beauté de la Bourgogne. Bien que Volnay et Pommard ne soient séparés seulement que d’un peu moins de deux kilomètres, le pinot noir y prend habituellement deux visages passablement différents.

À Volnay, les vins sont habituellement plus féminins (même si je n’aime pas particulièrement le qualificatif), aériens et délicats. Les Pommards, principalement en jeunesse, sont plus difficiles d’accès, tanniques ou même parfois carrément rustiques. On a toutefois mis ces principes généraux à l’épreuve chez Mystère et Bourgogne. Au menu, un vin de chaque village pour se faire une idée puis une série de quatre à l’aveugle, avant de finir en grande avec un vin d’exception, le tout dans le millésime 2010.

Mystère

Toutefois, fidèle à son habitude, Jean-Pierre Lortie n’allait pas la mettre si facile. Les deux premiers vins, le Pommard du Domaine Coste-Caumartin et le Volnay Premier Cru de Bouchard Père et Fils, contredisaient déjà cette thèse. Le premier était bâti autour de l’acidité et une finesse certaine (bien qu’un peu court) alors que le second était définitivement plus charmeur, ample et complet. L’élevage assez important de bois neuf apportait une richesse à l’ensemble sans toutefois déséquilibrer le vin. Pour 57$, il s’agit d’un très bon rapport qualité-prix qui en offrira pas mal dans quelques années.

Suite, le test de l’aveugle a ensuite bluffé bien des gens. Comme toutes les dégustations à l’aveugle, vous direz (et vous n’avez pas tort…)! Au vote à main levée, la salle était souvent divisée à peu près également entre les deux villages et une seule personne a réussi à identifier les quatre vins correctement.

Le Pommard Les Croix Blanches du domaine Parent, plus sérieux et un peu austère a été rapidement oublié lorsqu’on a servi le Volnay Santenots Premier Cru de Buisson-Charles. Un nez de grande classe, où se mêlait fruits croquants et torréfaction, cerise et café. Le bois est présent, riche, mais pas dérangeant. En bouche, fraîcheur, finesse et longueur. Un très beau produit qui vaut amplement les 82$ demandés.

Lineup M&B

Après un Pommard La Pousse d’Or Clos des 60 Ouvrés malheureusement légèrement bouchonné qui laissait quand même entrevoir un beau potentiel, on est passé au rapport qualité-prix de la soirée, à savoir le Pommard Premier Cru Les Poutures du domaine Lejeune. Un nez floral, une petite touche de bonbons aux cerises couplé à un boisé en retrait, tout y est. En bouche, le vin est à la fois puissant et délicat, avec une finale qui s’étire. Bref, pour 63$, il en donne énormément.

Finalement, on termine du côté de Pommard avec une des stars de l’appellation, le Comte Armand Premier Cru Clos des Épeneaux. La grande Classe, avec un C majuscule. Un nez très riche, complexe et légèrement confit de fraises et de cerises. C’est fin et d’une longueur exceptionnelle et ce n’est pas pour rien que le Climat aspire à la promotion vers le rang de Grand Cru (et qu’il commande le prix de 150$… Définitivement pas à la portée de toutes les bourses, mais il s’agit d’une mémorable expérience de dégustation.

À l’aveugle, du moins en 2010, on constate que les idées reçues sur la différence entre Pommard et Volnay sont moins tranchées que ce qu’on aimerait faire croire. On dit les Pommards austères en jeunesse lors que ceux qu’on a dégusté (incluant les plus grands climats) étaient bien accessibles. Le but n’était pas de chercher à établir un gagnant entre les deux appellations, mais a permis de forger notre palais et offrir un bel aperçu de ce millésime 2010 dans ces deux villages séparés de moins de deux kilomètres…!