Toutes les critiques ne sont pas constructives

Mercredi matin, je tombe sur ce commentaire de la part de Marc-André Gagnon, sur son site Vin Québec. Ma réaction fut d’interpeller le critique.

S’en suit une discussion avec le principal intéressé, mais aussi David Pelletier et Marc Chapleau, sur le rôle d’un critque de vins lorsqu’il déguste un vin qu’il juge inadéquat. Ce matin, Marc-André Gagnon publie sur son site un article intitulé Toutes les critiques sont positives qui aborde le même sujet, dont on retrouve un bref extrait ci-dessous. Bon, vous avez tout lu? Vous vous êtes fait une tête?

La critique s’adresse aux consommateurs. Si l’on dit qu’un produit, un vin, un film, un restaurant est mauvais, c’est positif. Positif pour le consommateur qui est ainsi mieux informé et peut économiser de l’argent et s’épargner une déception.

Ça peut sembler négatif pour le producteur. Cependant, le critique ne travaille pas pour le producteur, mais bien pour le consommateur. En fait, c’est positif aussi pour le producteur, car cela l’aide à améliorer son produit. Ça devient ainsi une critique constructive.

Je suis tout à fait d’accord qu’une critique se doit d’être constructive et ce n’est pas le rôle du critique de ne publier que des avis positifs. On se doit d’être éclairé, lucide et honnête envers le lecteur. Un commentaire, qu’il soit positif ou négatif, se doit d’être juste et de refléter la réalité qui est constatée par le critique.

Là où mon opinion diffère, c’est que pour qu’une critique soit constructive, elle doit expliquer ses fondements. Sinon, on sombre dans le commentaire gratuit et le côté constructif est évacué. Il ne s’agit pas d’être négatif pour être constructif ou pertinent.

La présence de défauts dans certaines bouteilles est un autre débat. Doit-on en tenir compte? Certainement. Doit-on faire un commentaire simplement sur la base d’une bouteille défectueuse? Je ne pense pas. C’est une réalité du monde du vin qui mérite d’être mentionnée et qui prend son importance dans le cas de récurrence (on pense ici à entre autres à Moulin Touchais, dont les bouchons ont mauvaise presse…)

Les taux de bouteilles bouchonnés généralement admis tournent autour de 2% et l’industrie du vin s’attaque résolument à ce problème, qui n’est pas simple. Pour faire une analogie un peu boiteuse, doit-on faire une mauvaise critique d’un roman dont l’exemplaire qu’on a en main a eu des bavures lors de l’impression…?

La ligne est aussi fine entre la critique positive et la complaisance qu’entre la critique négative et le bitchage. Il est du devoir de l’écrivain de montrer au lecteur qu’il sait faire la différence.

Adresses gourmandes à Rome

Ah, l’Italie! Avec ses pâtes, son café, son bon vin et la gelato, c’est difficile de trouver une meilleure destination pour les gourmands. Rome, avec son statut de capitale (et de centre du monde civilisé), offre à elle seule des possibilités infinies pour qui sait bien chercher. En plus d’être débordante d’histoire, on y mange bien sans y dépenser une fortune, pour une ville de cette importance.

Voici donc, en vrac, quelques adresses glanées lors de mes trois passages dans la Ville Éternelle. Je n’ai pas la prétention d’affirmer des meilleures adresses de cette grande ville, mais ce sont tous des coups de coeur qui méritent définitivement une visite, qu’on en soit à sa première ou à sa vingtième visite de Rome! Continue reading

Du Champagne moins cher!

Dans un communiqué récent à l’intention des agences d’importation et des fournisseurs, la SAQ mentionne qu’elle révisera son taux de majoration sur les Champagnes à partir du 2 avril prochain.

Afin de mieux équilibrer et harmoniser ses gammes de prix dans son offre de bulles, la SAQ a révisé à la baisse sa majoration sur les champagnes.

Alors que dans la catégorie des vins, le consommateur peut trouver des produits dans toutes les gammes de prix, des écarts importants de prix subsistaient entre les mousseux et les champagnes.

De plus, pour la période des Fêtes, la SAQ introduira 5 nouveaux champagnes dont le prix de détail se situera sous la barre des 40$. Dans cette catégorie, le produit le moins cher est actuellement le Chanoine Frères Grande Réserve Brut, qui se détaille à 43.75$. Malgré l’introduction de quelques produits en entrée de gamme, un écart de prix important subsistait entre ces champagnes et des mousseux souvent comparables.

Montagne de Reims - moulin de Verzenay (Source: Flickr.com)
Montagne de Reims – moulin de Verzenay (Source: Flickr.com)

Cette introduction est la bienvenue, puisque la différence de prix pour ces produits entre ce que nous offre la SAQ et ce qu’on peut trouver ailleurs sur la planète, entre autres aux États-Unis, est particulièrement grande. C’est un obstacle qui diminue pour découvrir le travail des petits producteurs de la région, auxquels la SAQ semble apporter un peu plus d’attention récemment.

Trois rouges à avoir sous la main

La semaine dernière, David Pelletier, qui porte avec brio le chapeau du Sommelier Fou, jasait de manières de regarnir sa cave à vin après une période des Fêtes qui est souvent éprouvante. Il n’est certainement pas le seul à avoir quelques étagères vides après cette période de festivités éprouvante pour toutes les caves…

Voici donc, en vrac, quelques commentaires sur des vins dégustés récemment qui pourront certainement remplir sa section du lundi-au-jeudi de même que la section de moyenne garde de la cave. Sous la barre des 20$ (ou tout près), il feront certainement l’affaire de plusieurs!

Évidemment, ces suggestions sont, comme toujours, sensibles aux goûts personnels, les miens dans ce cas-ci! Pour ceux qui ne les connaissent pas encore, je vous invite à parcourir les archives du carnet de dégustation

Librandi Duca San Felice 2009Du sud de l’Italie, plus précisément de la Calabre (les orteils de la botte), le Duca San Felice 2009 de Librandi est une véritable aubaine. Pour la modique somme de 18,85$ (et même un peu moins si vous parvenez à le trouver en solde comme moi), vous découvrirez le gaglioppo, un cépage italien méconnu qui ne manque pourtant pas de caractère. Cousin du nerello mascalese et du frappato, il nous montre que les vins sudistes ne sont pas dépouvrus d’élégance et de finesse, en plus d’être des formidables vins de bouffe. L’étiquette n’est pas des plus jolies, mais ne vous laissez pas intimider, la beauté est dans le verre.

Toujours dans le registre ensoleillé, on pourrait aussi se tourner vers l’Espagne, plus précisément vers le cépage mencia, qui fait des miracles dans le Bierzo. Dans la Galice voisine, le Mencia 2011 de Gaba do Xil, qui se détaille à 18,00$ mérite toute notre attention. Si vous ne connaissez pas ce cépage, il s’agit d’une belle introduction. À mi-chemin entre la générosité du Nouveau Monde et la fraîcheur et la minéralité, il saura plaire à un large public. Servez-le avec une pizza ou un plat contenant du chorizo et invitez-moi à souper, j’arriverai rapidement!

Les amateurs de Bordeaux à la recherche d’un joli vin à boire maintenant sans avoir à débourser une fortune se tourneront vers le Château La Raz Caman. Le millésime 2008 est présentement annoncé sur le site de la SAQ pour la somme de 20,70$, mais vous trouverez peut-être quelques bouteilles de 2007 au travers. Celui-ci est prêt à boire et offre beaucoup de plaisir dès maintenant, “grâce” au millésime très moyen qu’est 2007 à Bordeaux.

Les vignerons du Brulhois: Vin Noir et soleil

C’est à l’invitation de l’agence La Fontaine Vins et Liqueurs, que j’ai pu rencontrer Isabelle Mignot, des Vignerons du Brulhois. Par cette froide soirée de janvier, la chaleur du Sud-Ouest était tout à fait bienvenue.

À peu près entre mi-chemin entre Bordeaux et Toulouse, on y fait du vin depuis l’époque gallo-romaine, mais surtout depuis le Moyen-Âge, où la région exporte vers l’Angleterre via la Garonne.  Ravagé par le phylloxera, la région se relève depuis une trentaine d’années, jusqu’à la déclaration d’AOC en 2011. Aujourd’hui, une quarantaine de viticulteurs cultivent les 200 hectares de l’appellation, dont presque 90% sont membres de la cave coopérative des Vignerons du Brulhois.

Les temps sont assez durs pour les vignerons français, particulièrement dans les régions qui ne sont pas traditionnellement présentes sur les marchés d’exportation comme le Sud-Ouest. Les vignerons du Brulhois doivent en bonne partie leur vigueur économique au succès commercial du Grain d’Amour, un rosé demi-doux à base de muscat de Hambourg. Très floral avec une légère amertume qui invite à en reprendre une autre gorgée, on a soudainement le goût d’être en été, sur le bord de la piscine…!

Vignoble du Brulhois (Source: http://www.vigneronsdubrulhois.com/)
Vignoble du Brulhois (Source: http://www.vigneronsdubrulhois.com/)

La gamme du Carrelot des Amants est présente au répertoire général de la SAQ et offre un rapport qualité-prix indéniable, tout particulièrement le rouge dont le millésime 2011 est sur les tablettes. Cet assemblage de tannat, cabernet franc (35% chacun), merlot (20%) et autres curiosités comme le fer servadou et l’abrouiou montre une jolie structure tannique et une fraîcheur qui manque trop souvent dans les vins de cette gamme de prix. Pour 12,75$ (et 11,50$ en solde du 6 au 23 février), je vais certainement en faire provision pour les soupers entre amis!

La star de la soirée fut sans contredit le Vin Noir, un assemblage à parts égales de tannat, merlot et cabernet franc, cultivés sur les meilleurs terroirs de l’appellation. Il tire son nom de la couleur que lui impartit le tannat et le terroir de graves riches en oxyde de fer. Dans le verre, on est sur les fruits noirs, la réglisse avec des notes à la fois animales et minérales. La structure est définitivement en place pour faire vieillir le vin en beauté, comme on a pu le constater avec un 2003 en magnum tiré de la cave du restaurant. Les tannins sont encore présents, plus arrondis et enrobés mais le vin avait perdu de son lustre éclatant et gagné en noblesse. Un vin arrivé à son apogée qui, pour moins de 18$, mérite une place de choix en cave pour causer bien des surprises dans quelques années.

Isabelle Mignot, des Vignerons du Brulhois
Isabelle Mignot, des Vignerons du Brulhois, avec mes deux coups de coeur de la soirée

L’autre vin de la coopérative disponible à la SAQ est le Château Grand Chêne 2009, un assemblage à majorité de tannat qui, contrairement aux vins ci-dessus, effectue un court passage en barriques, ce qui le rend plus rond et définitivement plus approchable. Bien que très bien fait, j’ai trouvé qu’il était moins distinctif que le Vin Noir et, pour un prix équivalent, j’aurai tendance à le privilégier.

C’est lors de ce genre de soirées où on arrive sans trop d’attentes qu’on fait les plus belles découvertes. En plus du bon vin, j’y ai fait la rencontre de passionnés de vin, de terroirs et surtout des humains qui mettent le tout ensemble.

Merci encore à La Fontaine Vins et Liqueurs, qui m’a invité pour la soirée et défrayé le coût des vins et du repas.