Pélerinage rapide en Bourgogne

Peu de régions capturent l’imagination autant que les grands crus bourgignons: Romanée-Conti, la Tâche, Clos de Vougeot, Richebourg et Montrachet sont des noms qui résonnent comme des notes de musique aux chanceux qui ont eu la chance de s’y tremper les lèvres. Pour les autres (la grande majorité), on peut y rêver…!

Il m’a donc été difficile de résister à faire un saut de puce du côté de la Côte d’Or après une semaine de travail au bureau de Grenoble. Au départ de l’aéroport de Lyon d’où mon vol décollait de toute manière, on peut rejoindre Beaune et le coeur de la région viticole en une heure et demie.

Une journée, c’est évidemment beaucoup trop rapide pour oser “faire le tour” de la région. Ainsi, menu allégé de visite chez deux producteurs, marche dans les grands crus et souper entre amis à Beaune. C’est toutefois suffisant pour quitter avec l’envie d’y revenir rapidement.

De Beaune en allant vers le nord, on suit la célèbre Nationale 74, connue comme la route des Grands Crus. Entourés par les vignes, on reconnaît les noms sur les panneaux de signalisation: Chorey-lès-Beaune, Aloxe-Corton, Nuits-St-Georges.

À la sortie du petit village de Prémeaux-Prissey, premier arrêt au Domaine Michèle et Patrice Rion, où on est reçus par M. Rion lui-même. Le domaine possède 6 hectares de vignes, réparties entre Nuits-St-Georges et Chambolle-Musigny. En dégustation, les coups de coeur vont aux Nuits-St-Georges 1er Cru Clos des Argilières 2007, qui offrait la grâce que seules quelques années de garde peuvent apporter. Au Québec, il reste quelques rares bouteilles du 2006 qui, même s’il se détaille près de 100$, permettra de connaître un vin exceptionnel qui sait vieillir en beauté. Dans un registre plus raisonnable, le Côte-de-Nuits Villages 2011 est tout à fait recommandable.

En continuant vers le nord, on traverse le village de Nuits-St-Georges, pour visiter et déguster chez Pascal Marchand. Ce Québécois en Bourgogne depuis une trentaine d’années fait dans la micro-négoce depuis 2006. Il depuis quelques années associé à Moray Tawse, propriétaire du vignoble ontarien du même nom. Dans les caves du XVIe siècle au centre de Nuits-St-Georges, on déguste un peu de tout ce que fait le domaine: Gevery-Chambertin (des Premier Crus, au village), Pommard, Nuits-St-Georges, pour notre plus grand plaisir. De manière générale, les vins savaient allier puissance et élégance. Mention honorable au Fixin 1er Cru Clos du Chapitre 2012, qui tout juste mis en bouteille, laissait entrevoir de très belles choses. Au Québec, on retrouve une gamme de 2006 haut-de-gamme ainsi qu’un Bourgogne Pinot Noir de l’excellent millésime 2009.

Évidemment, aucune balade en Bourgogne ne serait complète sans une petite balade dans les vignes. Armé d’une liste de parcelles à visiter et de seulement quelques heures, j’ai pu arpenter le vignoble autour de Vosne-Romanée… Au menu, le Clos des Réas (un superbe souvenir de dégustation d’il y a deux ans), la tournée des Grands Crus, Romanée-Conti, La Tâche et La Grande Rue en tête et un petit arrêt au Château du Clos de Vougeot. En joggant le lendemain matin dans les premiers crus autour de Beaune, je me suis promis de revenir plus longtemps la prochaine fois.

Merci beaucoup à Louis Letellier de Québec Millésimes et à Simon Jobin d’Importations Le Pot de Vin pour les contacts chez les producteurs visités. 

 

Le printemps grec

Lorsqu’un amateur de vin parle d’un pays producteur qui l’enthousiasme, la Grèce vient rarement en tête de liste. Au mieux, vous tombez sur quelqu’un comme moi, qui n’hésite pas à recommander un vin grec lorsqu’un collègue demande conseil le vendredi après-midi (ne serait-ce que pour les sortir de leur zone de confort…).

Ainsi, lorsque l’agence Oenopole m’a contacté pour m’inviter à une soirée dégustation autour des vins grecs, je n’ai pas hésité une seconde. Il faut savoir que cette agence d’importation est à l’avant-poste de la mise en disponibilité des vins de la péninsule hellénique au Québec et ces vins composent environ 25% de leur portfolio! J’avais eu quelques bonnes expériences avec leurs produits, mais je ne pouvais pas m’attendre à une soirée du niveau de celle que nous avons eu.

Orientée sur la découverte des terroirs et des cépages grecs, habituellement méconnus, entre autres à cause de leurs noms intimidants… Ainsi, on a pu se familiariser entre autres avec le moschofilero, le rodvitis, l’assyrtiko et le xinomavro, pour notre plus grand plaisir gustatif. De plus, on a pu constater tout leur potentiel à table avec les (brillants!) accords d’Olivier Godbout.

Comptant pour près de 75% de toute la production grecque, les vins blancs ont tout naturellement pris les devants. On retrouve dans les blancs grecs une tension particulière et une acidité vive, ce qui peut surprendre compte tenu de l’ensoleillement qui orne les couvertures des magazines de voyage… Le sol escarpé, pauvre et bien souvent volcanique, la présence rafraîchissante de la mer, traditions millénaires de vinification. Tout est en place, il ne reste qu’à convaincre le consommateur d’y goûter!

Avec un duo de calmars grillés au paprika fumé et de crevettes épicées à l’ail, trois blancs aromatiques qui feront un malheur lors de l’ouverture de votre terrasse, maintenant que le soleil daigne se pointer le bout du nez. Le Savatiano 2013 de Papagiannakos, correct sans être spectaculaire lorsque servi seul s’est révélé lorsque accompagné du calmar grillé. Quant au moschofilero Mantinia 2013 du domaine Tselepos, il a su allier avec brio l’intensité des fruits exotiques avec un côté droit et salin qui a fait des merveilles avec les crevettes.

On a ensuite pu goûter à deux vins provenant de l’île de Santorini, un caillou volcanique du sud-est de la mer Égée. À cause de la composition du sol, le phylloxera n’a jamais pu s’y implanter et toutes les vignes sont franches de pied! L’assyrtiko y est roi et maître, et est parfois assemblé avec du l’athiri et de l’aidani…

Vignoble de Santorini
Vignoble de Santorini

On a retrouvé dans cette vague les deux stars de la soirée. Le Atlantis 2013 du Domaine Argyros, du haut de ses 18,65$, sera certainement en grandes quantités en cave pour les chaudes soirées d’été, avec ses notes de fruits exotiques et son acidité vive qui garde le tout en équilibre. Quant au Santorini 2012 de Hatzidakis, il était une grosse coche au-dessus de tout le reste. On se demande comment il est possible d’embouteiller autant de qualité pour que 23.55$. Au moment d’écrire ces lignes, il ne reste que 119 bouteilles, réparties dans une poignée de succursales. Habitants de Baie-St-Paul, Rosemère et Sorel, courez vers votre SAQ, vous ne le regretterez pas.

En rouge, c’est le Naoussa Jeunes Vignes du Domaine Thymiopoulos qui a retenu les papilles. On est ici assez proche du Piedmont que j’aime tant, avec un nez complexe de fraises, de poivre et de violettes, avec des tanins fins, mais qui ne laissent pas leur place. Confortablement sous la barre des 20$, il s’agit d’un rapport qualité-prix difficile à battre, qui saura aussi vieillir en beauté dans votre cave pour quelques années, si vous réussissez à ne pas toutes les boires d’ici-là!

Et non, on n’a pas bu de la Restina pendant toute la soirée, contrairement à ce que certains auraient pu penser! Quoique je n’aurais pas dit à un petit ouzo comme point d’orgue à cette soirée particulièrement spéciale…

Merci encore à Élisabeth Lebel d’Oenopole pour l’invitation, à Théo Diamantis pour avoir animé la soirée d’une main de maître et au Cercle de s’être donné à fond dans les accords mets et vins. Les photos de la soirée sont de mon amie Caroline Décoste qui a joué au photographe pendant que mes batteries étaient à plat.  

 

La dure vie de chroniqueur vin

Dans la tête de plusieurs, le travail de chroniqueur en vin est plutôt glamour et consiste en passer de dégustation en dégustation, surfant d’un grand cru à un autre. La réalité est toutefois plus mitigée: les coups de coeur sont souvent beaucoup plus espacés que les écrits peuvent le montrer…

Puisque c’est toujours plus agréable de faire ça bien entouré, mon ami Rémy Charest a invité quelques amis pour partager les impressions, les bouteilles et une agréable soirée!

Sur la table, 10 blancs, 1 rosé et 12 rouges, tous servis à l’aveugle. pas de thématique dans l’agencement des vins,  à part le fait qu’il s’agit d’échantillons envoyés par des agences d’importation pour des fins d’évaluation. La majorité était disponible à la SAQ, mais certaines bouteilles se retrouvaient uniquement ailleurs au pays. Bref, il y avait un peu de tout!

Échantillons prêts pour la dégustation
Échantillons prêts pour la dégustation

En blanc, peu de vins étaient dans ma palette, mais la dégustation à l’aveugle nous réserve toujours quelques surprises. Agréable surprise pour le pinot gris de Kim Crawford, loin de la caricature qu’offre son sauvignon blanc: balancé, bien aromatique et droit. Même son de cloche du côté du gewürztraminer de Sumac Ridge, un cépage qui me laisse particulièrement indifférent habituellement, le trouvant souvent un peu “guidoune”. Dans ce cas-ci, pas d’excès de fleurs ou de savon

CMS Cabernet Sauvignon/Merlot
CMS Cabernet Sauvignon/Merlot

Du côté des déceptions, le Blanc 2013 de Chartier, décidément moins bien réussi que le 2012 que j’avais bien aimé. Était-il encore sous le choc de l’embouteillage? Aussi, le chasselas-pinot blanc de Quail’s Gate nous a laissé sur notre soif, manquant de prestance et d’acidité. Finalement, les Jardins de Bouscassé en a déçu plusieurs, puisque M. Brumont fait habituellement des très belles choses. Dans ce cas-ci, le nez était particulièrement désagréable (mouffette? sac de vidanges?), qui ne donne pas du tout le goût d’y retourner.

Du côté des trucs franchement moches, le Dreaming Tree Everyday, un mélange hétéroclite de raisins provenant de la Central Coast de la Californie. J’ai particulièrement fait le saut lorsque j’ai vu le prix demandé de 17.95$. Un vin un peu mou, avec un sucre résiduel assez important (il est classifié comme demi-sec!) qui plaira aux amateurs de Ménage à Trois.

En rouge, on a eu droit à quelques belles surprises, notamment le pinot noir de Baron Philippe de Rothschild, frais, épicé et particulièrement digeste et au CMS Cabernet Sauvignon/Merlot/Syrah qui a su ressortir à la fin d’une série de 7 cabernets bien modernes qui ont achevé plusieurs des amateurs autour de la table… Dans les deux cas, ils seront sur ma liste d’achat à l’avenir.

On ne pourrait dire la même chose du Red Revolution, un des nouveaux vins à bas prix introduits par la SAQ récemment. Sous un format de 750 ml, on a un liquide boisé, vanillé et sucré à l’excès, qui a su faire l’unanimité autour de la table. Le Cliff 79 Cabernet/Shiraz qui le suivait passait pour un modèle de retenue et de délicatesse, c’est pour dire… Si c’est pour ça la campagne de ramener les vins à moins de 10$ sur les tablettes de la SAQ, je suis plutôt d’avis que la SAQ devrait chercher à étoffer sa catégorie autour de 15$ plutôt que de sacrifier à ce point…

Bref, au sortir de cette soirée des plus agréables, un constat s’impose: le métier de chroniqueur vin n’est pas nécessairement facile et on en voit passer de toutes les couleurs, autant des jolies nuances colorées que plusieurs tons de beige et de brun. La dégustation objective de 23 vins consécutives est une tâche difficile qui demande une bonne dose de concentration et un bon crachoir à portée de main!

Partager des souvenirs

Il n’y a rien comme partager une bonne bouteille entre amis. De plus, lorsque la dite bouteille possède une histoire hors du commun, c’est d’autant plus plaisant. Prenez quelques minutes pour lire l’histoire surprenante de mes deux bouteilles de Crozes-Hermitage 2001 de Paul Jaboulet Aîné.

En voyage au Melia Caribe Tropical à Punta Cana, la dernière chose qu’on pense ramener comme souvenir est une bouteille de vin… Le vin qui était servi lors des repas était scandaleusement mauvais et on s’était résigné à boire de la bière “El Presidente” pendant la durée de notre séjour. Toutefois, le personnel de Vacances Transat nous mentionne que, dans le centre d’achats voisin du complexe, il y avait une boutique de vin et que le Melia ne chargeait pas de droit de bouchon dans ses restaurants.

Melia Caribe Tropical

Direction La Enoteca, donc, sans grand espoir. Rendu sur place toutefois, la surprise a été plutôt agréable. La sélection était surtout composée de vins chiliens, argentins et espagnols et les prix, légèrement plus élevés que ceux pratiqués à la SAQ. Toutefois, certains vins étaient soldés à 30% et 50%, ce qui a permis d’avoir des jolies fioles (un Rioja 2004 de Finca Allende pour une vingtaine de dollars et un pinot noir Greenpoint 2006 pour  moins de 20$).

Jaboulet Crozes Hermitage 2001
Jaboulet Crozes Hermitage 2001

Derrière la caisse, un panneau indiquant “Ask about our wine club. 30% on Grand Cru Classé wines. 50% on Paul Jaboulet wines.” Ayant remarqué une jolie sélection de Jaboulet avec un peu d’âge (La Chapelle rouge! La Chapelle blanc! Cornas!), je suis curieux mais on me pointe sans trop de cérémonie que je dois être membre du club. Un Crozes-Hermitage 2001 m’était toutefois tombé dans l’oeil, mais je voulais faire quelques recherches pour voir si le prix, environ 40$, avait du sens.

Après m’être convaincu que le prix était correct, je retourne en chercher une bouteille et, en arrivant à la caisse, une sympathique caissière me mentionne: “Do you know that this one is at 50%?” Pas de mention du wine club alors je lui réponds “At this price, I’ll take two!”, malgré un peu d’appréhension au niveau des conditions de conservation…

Au retour, profitant d’un souper entre amis, je relève une bouteille, question de décanter l’important dépôt présent dans la bouteille. À l’ouverture, on pousse un soupir de soulagement: le vin ne semble pas avoir souffert du transfert dans le port de Santo Domingo… Le nez est clairement évolué, sur les feuilles mortes, les fruits séchés sans toutefois perdre le côté épicé qu’on aime tant dans la syrah. En bouche, la surprise se poursuit, en fraîcheur et en équilibre, avec des tanins bien fondus, comme seul 13 ans de vieillissement peuvent le faire. La finale est un peu courte? Pas grave, ça ne fait que rappeler d’ouvrir la prochaine assez rapidement…! 

Quatre vins à surveiller cette semaine

Les vins les plus intéressants sont souvent disponibles en quantités limitées sur les tablettes de la SAQ. Afin d’en mettre quelques bouteilles de côté avant l’épuisement des stocks, voici quelques suggestions parmi les arrivages de cette semaine. Surveillez SAQ.com, puisqu’il est possible que ces vins n’arrivent pas nécessairement partout dans le réseau provincial en même temps.

Domaine Leroy – Bourgogne Fleurs de Vignes – 12209645 – 45,00$

Parmi les grands noms de la Bourgogne, la domaine Leroy occupe une place de choix, les commentaires dithyrambiques des grands critiques mondiaux en font foi. Pour la première fois, on pourra retrouver des fioles de ce domaine mythique sur les tablettes de la SAQ. Le Bourgogne blanc “Fleurs de Vignes” n’est pas donné pour 45$, mais ceux qui veulent goûter à ce qui se fait de

R. Lopez de Heredia – Vina Gravonia Rioja Crianza 2004 – 28.25$

Parlant de domaines mythiques, en voici un de la Rioja. Les vins y sont produits dans la plus pure tradition en vigueur au domaine depuis 1877. Composé entièrement de viura, vieilli 4 ans en barriques (très très usagées) puis ensuite en bouteilles, le Vina Gravonia 2004 d’un vin d’exception, qui arrive sur nos tablettes avec une belle évolution, mais qui pourra se conserver sans problèmes pour les 10 prochaines années. J’ai eu la chance de goûter à un rosé 1991 de la même maison l’année dernière et il m’avait complètement renversé et le 2002 avait marqué un grand coup en 2012 chez les membres de Fouduvin.ca.

Du Bordeaux…

Les amateurs de Bordeaux seront comblés cette semaine, alors que les vins provenant du millésime 2010 continuent à faire leur apparition. Cette semaine, Château Dassault St-Émilion (11519326 – 52$), Château Durfort-Vivens Margaux (11520722 – 76$) et Château La Couspaude St-Émilion (11572338 – 85$) seront disponibles, si vous êtes prêts à payer ce prix pour 750 ml de jus de raisin fermenté. Dans le registre un peu plus abordable, il est possible de se procurer une fiole du Château Les Ormes-Sorbet 2009 (dans l’arrivage Cellier du 17 avril) ou du Château Beau Site 2005, un joli St-Estèphe du solide millésime 2005.

Domaine Bruno Clair – Marsannay Pinot noir rosé 2012 – 25.80$

Signe que le printemps est arrivé (ou plus trop loin), la SAQ recommence à vendre du rosé. Dans la catégorie “rosé sérieux”, le Marsannay Rosé de Bruno Clair fait très belle figure. Alors qu’il sera très bon par lui-même à l’apéro, il ne faut pas négliger de l’amener à table avec un filet de porc aux herbes ou le premier filet de thon juste saisi sur le BBQ! Ce vin fait partie de l’arrivage Cellier du 17 avril.