Vin sans alcool – Torrès Natureo Syrah 2015

Lors de la première grossesse de ma conjointe, on avait exploré les quelques options sans alcool disponibles sur les tablettes de la SAQ, sans succès remarquable. L’exception notable, le Natureo Muscat de Torrès, un vin blanc désalcoolisé fait à base de muscat qui est tout à fait recommendable. Cet article est d’ailleurs un des articles les plus populaires sur le blog, depuis les trois dernières années et qui figure semaine après semaine parmi les plus lus.

Natureo Torrès Syrah 2015 (Photo: SAQ.com)
Natureo Torrès Syrah 2015 (Photo: SAQ.com)

C’est fort de cette expérience positive que j’ai ouvert récemment une bouteille du Natureo Syrah 2015, qui se détaille pour la modique somme de 11,30$ sur les tablettes de la SAQ.

Dans le cas du blanc, une acidité naturelle assez vive venait contrebalancer la quantité de sucre résiduel importante dans le verre (45 g/L, presque trois fois plus de l’infâme Apothic Red). Au final, on avait l’impression d’avoir du vin dans notre verre. Avec le rouge, on est bien loin du compte.

Le nez est sur les cerises un peu artificielles, pas très loin du Coke à la cerise. En bouche, je vais être poli en disant que c’est tout croche… Ça fait un gros boum de fruits au départ, puis le sucre prend la relève (ici, c’est 31 g/L) et le tout disparaît – presque heureusement – très rapidement.

Morale de l’histoire, si vous cherchez un vin rouge sans alcool potable, le Natureo de Torrès n’est pas votre solution, contrairement au vin blanc de la même gamme. (Conseil de pro, ne perdez pas votre temps avec les autres vins rouges sans alcool présents à la SAQ, ils ne sont guère mieux…)

Argyros Atlantis 2015

Quand on pense à la Grèce, ce sont souvent les images de Santorini qui arrivent en tête de liste. Les maisons blanches accrochées à la falaise, les dômes qui rivalisent avec le bleu du ciel ou le coucher de soleil qui ne semble plus en finir.

Santorini (Photo: Mariusz Kluzniak @ Flickr)
Santorini (Photo: Mariusz Kluzniak @ Flickr)

Depuis quelques années, les vins de Santorini ont aussi le vent dans les voiles. Les amateurs de vins commencent ainsi à connaître les merveilles qu’on peut tirer de l’assyrtiko. Présent presque exclusivement sur dans les îles grecques, c’est dans le sol pauvre et volcanique de Santorini qu’il s’exprime le mieux.

Pour s’initier, on peut se tourner vers l’Atlantis, d’Argyros, qu’on retrouve de manière continue au rayon des spécialités dans bon nombre de succursales de la SAQ. Ici, l’assyrtiko compte pour 90% de l’assemblage, complté par de l’aidani et de l’athiri. Les vignes sont franches de pied car le vignoble de l’île n’a jamais été dévasté par le phylloxera.

Argyros Atlantis 2015 (Photo: SAQ.com)
Argyros Atlantis 2015 (Photo: SAQ.com)

On aura dans le verre toute la chaleur qu’on peut imaginer de Santorini, avec un côté fruits exotiques bien présent. On garde toutefois toujours dans le verre un côté minéral – presque salin – qui équilibre le vin, même lorsqu’il se réchauffe dans le verre. On évitera aussi de le servir trop froid, puisqu’on passerait à côté toute son ampleur aromatique. Il fera de bien belles choses avec tout ce qui vient de la mer: l’accord avec des spaghetti alle vongole me fait saliver juste à y penser…!

Les Québécois ont visiblement adopté ce vin et il s’est taillé une place de choix au rayon des spécialités. En restant sous la barre des 20$, il pourra continuer de combler l’été de plusieurs amateurs de vin et nous permettre de se rapprocher un peu plus du bleu de Santorini.

12 bons choix à la SAQ Dépôt

Les succursales SAQ Dépôt ont le vent dans les voiles, en attirant les consommateurs avec un rabais de 15% lors de l’achat de 12 produits ou plus. Karyne Duplessis-Piché nous apprenait au printemps que pour l’année fiscale 2015-2016, les 5 succursales ayant le plus grand volume de ventes étaient toutes sous la bannière Dépôt, loin devant toutes les autres.

SAQ Dépôt (Photo: Etalex.ca)
SAQ Dépôt (Photo: Etalex.ca)

Le rabais offert est de 15% lors de l’achat de 12 bouteilles et est dégressif selon le nombre de bouteilles acheté. On note qu’une canette de bière compte aussi pour une bouteille, ce qui est utile pour compléter une caisse et atteindre le rabais de 15%.

Le service conseil toutefois est plutôt limité et comme sur les tablettes se côtoient sans distinction des produits ordinaires et génériques, du Ménage à Trois et autres Apothic Red de ce monde et des produits tout à fait recommendables, voici une douzaine de vins triés sur le volet, disponibles soit à la SAQ Dépôt de Québec ou de Montréal.

Rouge

  • 19 Crimes – Un bon assemblage grenache-syrah-mourvèdre pour terminer la saison du BBQ en beauté – 20,10$
  • Marchesi Alfieri La Tota 2014 – Ce barbera fera des miracles avec des pâtes avec une sauce tomate – 26,15$
  • Meia Encosta Dâo – Un classique dans les vins à petit prix qui fera le bonheur de tous pendant la semaine. – 11,95$
  • Coste delle Plaie 2012 – Un autre vin bien réussi de Podere Castorani, qui se bonifiera avec quelques années de cave, si vous êtes assez patients! – 23,45$
  • Château Gaillard 2012 – Un Bordeaux tout à fait classique et toujours bien fait, année après année. – 31,50$
  • Carpineto Dogajolo – Sangiovese et Cabernet Sauvignon s’allient ici pour donner un vin moderne qui ne renie pas ses origines italiennes – 17,85$
  • Pisse-Dru Beaujolais – Oui oui, du Pisse-Dru! Un joli fruité pas compliqué mais qui se boit tout seul, que j’avais bien aimé récemment. À servir à l’aveugle à ceux qui doutent! – 14,95$
  • Villa Antinori – Un classique parmi les classiques au répertoire italien, véritable amabassadeur de la Toscane. – 24,60$

Blanc

  • Podere Castorani Scià – Une aubaine dégustée récemment, qui rafraîchira les quelques soirées chaudes qu’il reste à l’été – 11,75$
  • Pascal Jolivet Attitude Sauvignon Blanc 2015 – Amateurs de sauvignon blanc frais et vifs, aromatiques sans tomber dans la caricature, voici votre champion. – 18.20$
  • Gentil Hugel – Assemblage des principaux cépages alsaciens, le Gentil permet d’avoir un bon aperçu de la qualité de chaque millésime dans la région et offre une belle introduction aux vins alsaciens. – 17,95$
  • Château Sainte-Marie Entre-Deux-Mers – Les blancs bordelais passent souvent sous le radar, mais leur combinaison d’agrumes et de fleurs est particulièrement agréable. – 17,95$

Scià Bianco Terre dei Trulli 2014

Petit mardi soir d’été, il fait chaud dehors. Au menu, une petite salade de crevettes, cantaloup et proscuitto. On cherche à sortir un vin qui ne cassera pas la baraque, mais qui en donnera beaucoup pour le prix demandé.

Mon choix s’arrête sur le Scià Bianco Terre dei Trulli 2014, de Podere Castorani, acheté à la SAQ dépôt il y a quelques temps. Cette gamme de vin semble être commercialisée uniquement au Québec et, qui plus est, le blanc n’est disponible que dans les succursales SAQ Dépôt de la province…

Scià 2014
Scià 2014

J’aime bien les vins de Podere Castorani, le domaine qui appartient à l’ancien pilote de F1 Jarno Trulli. Leur gamme de produits est particulièrement étendue et la qualité est constante, que ce soit dans l’entrée de gamme ou dans les produits plus dispendieux. Dans The Gazette, Bill Zacharkiw les avait nommés Big wine company of the year dans sa rétrospective 2013…!

Ici les Trulli font référence à ces habitations traditionnelles de la vallée de l’Itria dans les Pouilles et non au patronyme de l’illustre propriétaire de la maison. Cet assemblage de Chardonnay (85%) et de Fiano (15%) reflète bien le côté ensoleillé et lumineux de ce coin de l’Italie.

Trulli - par Dorli Photography
Trulli – par Dorli Photography

Dans le verre, c’est floral, rafraîchissant avec un petit côté salin qui nous fait penser à l’océan tout proche. L’absence d’élevage en bois laisse toute la place au fruit. Ce n’est certainement pas le vin le plus complexe, mais il est difficile de demander mieux pour 10$ et c’est certainement un vin qui prendra régulièrement place dans mon panier lors de virées à la SAQ Dépôt.

La sagesse de M. Phaneuf

En visite chez une amie, j’ai eu la chance de mettre la main sur le Guide du Vin 1995 de Michel Phaneuf, un classique qui en était alors à sa 14e édition. Outre le fait qu’on y mentionne dans la biographie de M. Phaneuf qu’il tient une chronique sur le réseau Videoway (pour les plus jeunes, regardez ici…), on y retrouve une mine d’informations sur le monde du vin en 1995.

Le Guide du Vin Phaneuf 1995
Le Guide du Vin Phaneuf 1995

La publication, aujourd’hui entre les mains de Nadia Fournier, a tracé la voie dans le paysage vinicole québécois et est encore très pertinent aujourd’hui, malgré les deux décennies de distance. Flashback en 1995.

Le vin au Québec

Le portrait vinicole du Québec a bien changé aussi dans les deux dernières décennies. Voici comment M. Phaneuf résumait la situation.

Que boivent les Québécois? Cinq fois plus de vin que de spiritueux, fait unique au Canada. Et beaucoup plus de vin blanc que de rouge, encore que la domination du blanc tende à se résorber (55% en 1993). Les Québécois boivent d’abord du vin québécois, c’est-à-dire ces innombrables vins de table importés en vrac de partout et embouteillés par les vineries québécoises et la Société des alcools. Les vins importés en bouteille ne détiennent que 32% du marché. Globalement, 40% des vins sont vendus dans les épiceries.

Ce qui me surprend le plus, c’est le faible taux de ventes des vins embouteillés directement au domaine (à 32%). Je peux difficilement trouver un chiffre actuel dans le rapport annuel de la SAQ, mais on peut y lire que le chiffre d’affaire tiré du secteur du vin vendu en épicerie (donc, selon la loi, embouteillé au Québec) est d’un peu plus de 10%.

On note aussi le net changement de consommation des vins blancs, passant de 55% à 29.6% en 2016 et ce chiffre même est en augmentation depuis quelques années.

Le marché du vin en 1992 - Source: Guide du vin Phaneuf 1995
Le marché du vin en 1992 – Source: Guide du vin Phaneuf 1995

La montée des prix

Lorsqu’on tombe sur un de ces vieux guides, un des premiers réflexes est de regarder les prix des vins et de rêver d’acheter des grands vins à des prix modiques. Oui, il y a certainement quelques exemples de prix avant l’inflation causée par la demande mondiale, surtout chez les bordelais: Ausone 1989 à 63$, doit 92$ après ajustement d’inflation, Cheval Blanc 1989 à 121$ (178$ après inflation) ou Palmer 1989 à 76$ (111$ après inflation) et on pourrait continuer à trouver d’autres exemples.

Mais c’est surtout la quantité de vins qui n’a pas tant augmenté qui surprend. La courte liste ci-dessous n’est certainement pas exhaustive, mais donne une bonne idée de ce qu’on peut voir, et ce, dans plusieurs gammes de prix.

Autres morceaux choisis

J’aime particulièrement les brefs textes qui nous en apprennent plus sur le contexte qui prévalait à l’époque, comme la brève histoire du boycott des vins de table portugais par la SAQ, représenté par une vingtaine de vins, dont seulement quatre au répertoire général.

L’histoire remonte au milieu des années quatre-vingt, alors que, dans son désir de faire tourner sa chaîne d’embouteillage et sentant qu’il y avait de l’avenir dans ce produit, la SAQ tenait mordicus à importer du Porto en vrac. Sauf que les exportateurs de Porto ont dit non en faisant valoir qu’ils souhaitaient désormais cesser ce genre d’activités afin de préserver la qualité et l’image de marque du Porto sur les marchés étrangers.

Depuis, les Portugais tiennent leur bout. La SAQ aussi, en imposant un boycott partiel aux vins de table portugais. Sauf que, par un mystère dont seul notre monopole a le secret, elle continue d’acheter en quantité industrielle des Porto embouteillés au Portugal. Visa le blanc, tua le noir. Et tant pis pour le consommateur qui doit faire les frais des ces chicanes puériles.

Au sujet des vins ontariens…

La qualité moyenne était acceptable, les blancs étant nettement plus intéressants que les rouges. Succombant à la mode mondiale, les vignerons ontariens passent de plus en plus leurs vins dans le bois, histoire de leur donner un goût international, de chardonnay surtout. Tout cela donne des vins techniquement corrects, mais sans originalité et sans esprit. Je suis chauvin, peut-être, mais tout compte fait, je préfère le goût sauvage et individuel des quelques vins de Seyval produits au Québec.

Sur le marché immobilier à Bordeaux… sans traces d’investisseurs Chinois…

Ces derniers temps, l’activité immobilière a été effervescente à Bordeaux et les transactions nombreuses.

Le Château Latour, premier grand cru classé, a été vendu à l’été 1993 à l’industriel français François Pinault des magasins Le Printemps. Montant de la transaction: 690 millions de francs (150 millions de dollars).

Après avoir échoué dans sa tentative d’acquérir le Château Latour, la famille Wertheimer, propriétaire de Chanel, a mis la main sur le Château Rausan-Ségla, deuxième cru classé de Margaux, pour la somme de 240 millions de francs (52 millions de dollars).

Et, pour finir, un texte toujours aussi pertinent sur La menace du prêt-à-boire. 

Dans un cercle vicieux apparemment insolubles, producteurs et consommateurs semblent avoir perdu de vue que le seul véritable intérêt du vin réside dans sa diversité, au gré des cépages, des terroirs, des climats et des traditions locales. Étrange paradoxe, au moment où les différentes cuisines internationales n’ont jamais été aussi populaires, on se méfie des vins exotiques, préférant le confort du prêt-à-porter et oublier d’explorer les mille et un sentiers tracés par la vigne dans le monde.

Merci M. Phaneuf.