La fraîcheur de la Sicile

La Sicile fait rêver, avec ses côtes ensoleillées donnant sur la Méditerranée, ses eaux turquoises, la vallée des temples, les poissons fraîchement pêchés et apprêtés simplement, le marché de Palermo…

Source: Antonio Ilardo sur Flickr

D’un point de vue vinicole, le soleil du sud gorge les raisins de sucre et les vins qui en résultent sont à l’image de la région: généreux, colorés et qui en mettent plein la gueule. Aussi, on est loin des petits domaines familiaux de la Bourgogne ou du Piemonte, les grands domaines de la région produisant souvent des millions de caisses par année. Au final, les vins qui y sont produits sont souvent très bons, mais pas nécessairement distinctifs. Pour des bons exmples, allez chercher un Cusumano ou vin de Donnafugata. Vous ne serez pas déçus de ce que vous aurez dans le verre, mais est-ce particulièrement Sicilien?

Certains vignerons sont toutefois en marge de ce style de vin, en cherchant à produire des vins plus en finesse, en fraîcheur et qui représentent plus fidèlement leur terroir. La figure de proue de ce mouvement est Arianna Occhipinti, dont un petit arrivage de son SP68 2011 (Nero d’Avola et Frappato) a causé la frénésie dans les SAQ de la province il y a deux semaines. En un peu plus 3 heures, la majorité des 900 bouteilles disponibles se sont envolées.

J’ai pu goûter au SP68 2010 en avril grâce à Leslie Trites à Tastecamp et j’avais mis la main sur quelques fioles du Frappato 2010 en importation privée chez Oenopole et je peux affirmer que le buzz est amplement mérité et il faudra surveiller le prochain arrivage, prévu au printemps 2013.

Entretemps, pour goûter à cette Sicile de fraîcheur, vous pouvez mettre la main sur une fiole de Frappato de l’Azienda Agricola COS. Ce regroupement de trois amis d’université (Giambattista Cilia, Cirino Strano et Giusto Occhipinti, l’oncle d’Arianna…) font du vin depuis les années 1980, un peu à contre-courant des méthodes habituelles. Pour certains de leurs produits, les fermentations sont faites en amphores, un peu comme on retrouve en Géorgie.

Le Frappato disponible à la SAQ est un exemple de fraîcheur, de modération et d’accessibilité. Le nez est sur les cerises légèrement amères, les fraises et les épices. On reconnaît certains accents du sud, sans que ça ne prenne toute la place. En bouche, une saine acidité garde le tout en équilibre et ça se boit comme du petit jus… On pourrait le comparer à un bon cru du Beaujolais, en version un peu plus sudiste.

Associez-le à un plat de pâtes tout simple et il fera des miracles. Dans mon cas, ce fut des spaghetti avec chorizo, tomates cerises fraîches et épinards tout juste tombés et le mariage avec l’amertume des épinards et la fraîcheur des tomates a été tout à fait réussi.

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Julien Marchand

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4 Comments

  • « Pour certains de leurs produits, les fermentations sont faites en amphores, un peu comme on retrouve en Géorgie. »

    Dans le cas de COS, j’aurais dit comme on retrouve au Frioul, en particulier chez Gravner, le pionnier modèrne de cette technique, sauf que d’après les gens de chez oenopole, l’inspiration — du moins pour « Pithos », le nom de la gamme de vins vinifiés en amphores — vient plutôt de la Grèce. Voir :
    http://www.cosvittoria.it/vini_pithos.htm
    http://en.wikipedia.org/wiki/Pithos

  • Et, question comme ça… Les Grecs ont pris ça où? 😉

    Je mentionne spécifiquement la Géorgie car j’y suis allé l’été dernier, mais la fermentation en amphore est certainement une technique vieille comme le vin lui-même.

    Merci pour les liens complémentaires, carswell.

  • « Et, question comme ça… Les Grecs ont pris ça où? »

    Fort possiblement de la Géorgie, d’après ce que j’ai lu. Mais de toute évidence l’inspiration directe pour les vins « amphore » de COS reste la Grèce. Si j’ai bien compris l’explication d’oenopole, les gens du domaine Tetramythos prétendent que « pithos » est une corruption du nom d’un ancien village dans le Péloponnèse, pas loin de chez eux, qui était connu pour la qualté de sa terre cuite.

    Ça serait très intéressant — et probablement assez difficile — d’organiser une dégustation des vins amphore. Les quelques-uns que j’ai goûté étaient tout à fait unique.

  • Merci de l’explication, ça a bien du bon sens!

    Pour la dégustation de ce type de vin, ça serait effectivement bien amusant et probablement très éducatif, autant pour les participants que l’organisateur…!

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