On retrouve, dans le nord-ouest de l’Espagne, un région viticole qui est en train de se tailler une place de choix depuis quelques années sur l’échiquier modial. Depuis que le vigneron vedette Alvaro Palacios s’y est installé il y a une dizaine d’années, le reste de la planète a commencé à s’ouvrir aux vins produits dans le Bierzo.
Faits à part entière de Mencia, un cépage que l’on retrouve pour ainsi dire nulle part ailleurs, les vins du Bierzo sont reconnus pour leur caractère de fleurs exotiques, de prunes avec des notes anisées, ce qui en fait des vins particulièrement intéressants. De plus, on y retrouve un bon apport de fraîcheur et de minéralité qui n’est pas sans rappeler certains crus du Beaujolais, mais avec des saveurs plus larges et généreuses.
On retrouve chez notre caviste monopolistique québécois une quinzaine de vins du Bierzo, dont les prix varient entre 20$ et 110$, ces derniers représentant ce qui se fait de plus haut-de-gamme dans l’appellation, des vins d’Alvaro Palacios de parcelles sélectionnés et vinifiées séparément.
J’ai pu goûter au Las Lamas Corullon l’année dernière lors d’une visite aux distributrices de la SAQ Signature et, sans pouvoir parler de rapport qualité-prix pour une bouteille de plus de 100$, on était en face d’un vin sérieux, bourré de potentiel et qui saurait faire le pont entre les amateurs du Nouveau Monde (avec ses arômes invitants et généreux) et ceux du Vieux Continent (grâce à son acidité et son équilibre parfait).
Pour avoir une idée de ce qui se fait de bien dans le Bierzo, on peut s’orienter vers le Petalos, la cuvée d’entrée de gamme produite par Palacios. Ces vignes de 60 à 100 ans cultivées en biodynamie apportent tout ce qu’on recherche dans un Bierzo, et dans un bon vin en général. En plus, l’étiquette est particulièrement jolie et pour un peu plus de 20$, il s’agit pour moi d’un achat récurrent.
C’est donc avec ces a prioris favorables qu’on a ouvert une bouteille de Pittacum 2006 la semaine dernière. Au premier abord, on note que le nez est généreux et veut nous en mettre plein la vue. Toutefois, plus le temps passe et plus le bois et le côté confituré prend le dessus. En bouche, même constat. C’est généreux, opulent, soyeux, mais ça manque d’équilibre et de fraîcheur pour faire supporter le 14% d’alcool que commande le vin. On aurait même pu confondre avec un vin australien, probablement fait de Shriaz, tellement ce qui ressort est le maquillage fait par le passage en barriques. On repassera pour la représentativité du terroir! Même après deux jours, le vin n’y gagne pas, le manque d’équilibre initial est trop marqué. Dommage.
Malgré tout, le vin s’est mérité une grosse note de 92 dans Wine Spectator. Avis aux amateurs de vins modernes, celui-ci serait une bonne introduction si vous voulez étendre vos découvertes vers des régions inconnues. Toutefois, ce n’est pas un vin qui tombe dans ma palette et ça me fera plaisir de vous en laisser pendant que je vais poursuivre mon exploration du Bierzo.
Quelques liens complémentaires:
- Bierzo, a New Taste of Spain: Une dégustation faite au New York Times en 2006 d’Une quinzaine de vins du Bierzo.
- Ancient Spaniards for Modern Cellars: Une autre dégustation au New York Times, cette fois en 2009
- Spain’s Next Wine Region: Un portrait globnl de la région dans Travel + Leisure.
Le Mencía se retrouve aussi dans le Dao, au Portugal, sous le nom de Jaen. J’ai pas encore goûté au 2006 il y a un peu plus de 9 mois de ça et la note que j’ai écrite semble allée dans le même sens que tes observations, sauf qu’il semble qu’il se soit davantage déséquilibré. Je crois que j’avais préféré le 2006 au 2005 mais il va falloir que je les revisite pour noter l’évolution maintenant…
C’est peut-être aussi que je suis plus sensible aux bois que toi… 🙂
Merci de l’info pour le Jaen. Ils sont mélangeants les Portugais, avec leurs noms de cépages propres. Parfois, ce sont les mêmes cépages, parfois ce sont des cépages différents. Dans tous les cas, c’est quand même géographiquement assez proche.