Dans le cadre du Salon des Vins et Spiritueux de Québec 2009 en mars dernier, la ville de Québec a reçu la visite de plusieurs vignerons qui, associés au restaurateurs de la Capitale, ont produit plusieurs expériences gastronomiques de haut niveau. Lorsque j’ai reçu une invitation de dernière minute d’un ami blogueur pour l’un de ces soupers, j’ai sauté sur l’occasion. Moins d’une heure plus tard, j’étais en bonne compagnie à l’Aviatic Club pour une soirée dont la thématique était simple: en compagnie d’Ingo Grady, director of wine education (quel beau titre!) chez Mission Hill Estate, le chef de l’Aviatic Club, Jean-François Houde, a concoté un menu en accord articulé autour de 5 des vins du domaine.
Mission Hill
Situées dans la vallée de l’Okanagan en Colombie-Britannique, les vignes de Mission Hill couvrent près de 100 km du nord au sud, pour un total de près de 450 hectares de vignes, soit un peu moins d’un cinquième de toute la superficie plantée dans la vallée de l’Okanagan. Cette étendue de presque un degré de latitude leur permet de produire une belle variété de vins, en partant du pinot gris jusqu’au merlot et au syrah. Vinifiés par John Simes, un vigneron Néo-Zélandais à la tête de la vinification chez Mission Hill depuis 1992, les vins veulent atteindre l’ampleur des vins du Nouveau Monde, tout en conservant la finesse associés aux vins du Vieux-Continent. Les produits dégustés lors de cette soirée montrent qu’il est possible d’effectuer un tel compromis avec succès.
L’Aviatic Club
Il s’agissait de ma première visite à L’Aviatic Club, pourtant un restaurant bien connu de la Vieille Capitale. Celui-ci fête d’ailleurs ces 20 ans d’existence cette année, signe qu’il a pu garder la fidélité de sa clientèle. Lors de son ouverture, l’Aviatic proposait des grillades et des plats aux accents Tex-Mex, mais il s’est adapté aux goûts changeants de sa clientèle.
Ainsi, lors de soirées régulières, le menu pourrait être décrit comme international, en ce sens qu’il tire son inspiration d’un peu partout sur la planète: un risotto au poulet grillé et champignons, un carpaccio de boeuf fumé maison, accompagné de poires japonaises ou du thon saisi sur tomates confites avec une tuile de parmesan. Il ne s’agit que d’une sélection dans la carte, mais il y a visiblement de tout pour tous les goûts.
La carte des vins est variée et la sélection des 50 vins change chaque semaine. Les vins sont classifiés par pastilles de goût, un peu comme le concept que la SAQ essaie de mettre en place ces jours-ci. En plus de la variété de la carte, tous les vins sont disponibles au verre ou même au demi-verre. De plus, on offre quatre choix de sélections de trois vins, regroupés autour d’un thème et offerts en format de 2 oz.
Le souper vigneron
L’ambiance était assez festive lors de notre arrivée. Autour du pinot blanc servi en apéro, les gens discutaient avec enthousiasme des découvertes faites lors du Salon des Vins qui venait de se terminer et anticipaient le repas qui allait leur être servi.
Bien que le repas soit maintenant distant de près de 6 mois, je me souviens encore vivement du risotto au veau confit et vieux cheddar, accompagné du Shiraz Réserve 2005. Bien que l’accord mets-vin ait été réussi, c’est vraiment le risotto qui a volé la vedette. Crémeux, onctueux et cuit à la perfection (à la fois la viande et le riz), tous étaient unanimes autour de la table. On croise trop peu souvent des risotti à la viande avec une base de vin rouge et si je dois n’en recommander qu’un, il s’agirait de celui-ci. Il est toutefois dommage qu’il ne soit pas sur la carte régulière du restaurant.
Au dessert, pour accompagner le Vin de Glace Riesling Réserve 2007, le chef nous a concocté un trio de bouchées de chocolat. L’accord était assez audacieux, car habituellement ce type de vin commande plutôt des notes dominantes de noix et de fruits. Toutefois, le chef avait visiblement fait ses devoirs car ce vin était intense et pouvait soutenir et complémenter de manière différente chaque type de chocolat présent dans notre assiette. Sans que les bouchées soient elles-mêmes extraordinaire, le choix de les présenter avec ce vin a su les montrer sous leur meilleur jour.
Le tartare de saumon était bien fait, mais l’accord avec le pinot blanc servi en apéro était plus réussi qu’avec le Riesling Réserve 2007 proposé avec ce plat. Le strudel de champignons sauvages et les aiguillettes de canard fumé ont été légèrement occultés par la qualité des vins qui les accompagnaient, le pinot noir réserve 2006 et le merlot Single Lot Collection 2004 respectivement. De manière générale, ce sont des services réussis, mais manquant le petit éclair présent dans le risotto ou dans l’accord entre le dessert et le vin de glace.
Donc, au final, on y retourne? Assurément, le risotto à lui seul offrait assez de raisons pour convaincre quiconque de prendre la mesure de ce que le chef et son équipe offrent lors d’une soirée régulière. Avec une carte aussi écelctique et une offre de vins au verre aussi variée, je connais plusieurs amis, blogueurs ou non, qui se ferait un plaisir de m’y accompagner, à mon plus grand plaisir.