Boire avec sa tête

C’est facile d’acheter du vin au Québec: on n’a qu’à ouvrir la porte d’une succursale de la SAQ et prendre une bouteille sur les étalages. C’est toutefois plus difficile de boire avec sa tête.

Lorsqu’on entre dans une succursale, les vins qui sont mis de l’avant le sont plutôt en fonction du budget marketing qui leur sont associés. Il est toutefois possible de faire des choix responsables, pour l’environnement, pour le vigneron derrière le vin ou tout simplement pour soi. Et ce n’est pas nécessairement le choix facile!

Un choix pour l’environnement

Sur la table, on fait des pieds et des mains faire une place de choix aux aliments locaux, bio et élevés avec soin. Pourquoi ne pas faire le même genre de choix jusque dans le verre?  En succursale, difficile de faire les bons choix puisque la section bio a souvent l’air d’une arrière pensée. Et plusieurs vins hors de cette section sont faits selon l’agriculture biologique, biodynamiques ou simplement de manière le moins très peu interventionniste, avec tout le flou que ça comporte.

Par contre, il n’y a pas de recette miracle pour identifier ces vins parmi tous les autres sur les tablettes. Certains porteront le logo d’un des différents organismes de certification, AB pour les vins français faits de raisins cultivés en agriculture biologique, Demeter pour ceux qui suivent les principes biodynamiques. Mais une certification formelle demande beaucoup d’efforts de la part du vigneron et un coût assez important. La règle de base, faites un peu de recherche avant l’achat ou demandez à un conseiller en vin de la SAQ, il saura vous aiguiller. De manière générale, vous avez plus de chance de trouver ces produits dans les produits de spécialité que dans les produits réguliers.

En cas de panne d’inspiration, tournez-vous vers les vins de Catherine et Pierre Breton, qui produisent des grands vins dans la vallée de la Loire ou vers le merveilleux Cerasuolo di Vittoria de COS, pour goûter toute la fraîcheur de la Sicile.

Chez COS
Chez COS

 

Un choix pour le vigneron

Derrière toute bouteille de vin, il y a un (ou plusieurs!) être humain et on a souvent tendance à l’oublier. C’est dans le partage que le vin prend tout son sens, que ce soit le partage entre amis ou directement entre le vigneron et le consommateur.

On fait ces rencontres dans les différents salons des vins, lorsque les producteurs sont en visite ou lorsqu’on a la chance de voyager dans une région viticole. Ainsi, le choix du vin devient personnel et sentimental. On est aussi en mesure de mieux cerner les producteurs que l’on veut encourager. Trouver le moyen

Je garde une place toute spéciale pour Andrea Sottimano, le premier vigneron à qui j’ai rendu visite en voyage, en 2009. Dans les collines de Barbaresco, la famille Sottimano produit des vins de cinq différents crus sur l’appellation Barbaresco, en plus d’une cuvée de Barbera, de Dolcetto et un vin sec de Brachetto, une jolie curiosité.

Vieilles bouteilles de 1975 en garde chez Sottimano.
Vieilles bouteilles de 1975 en garde chez Sottimano.

En rétrospective, j’étais passablement nerveux lors de la visite et j’aurais aimé mieux me préparer au sujet de la région, de sa démarche et j’aurais probablement pu en tirer beaucoup plus. Je garde une place de choix dans mon cellier pour la bouteille de Cotta 2006 que j’ai ramené de chez lui et prend toujours plaisir à acheter les vins qu’il produit.

Un choix pour soi

Au final, c’est vous qui choisissez ce que vous mettez dans votre corps, et combien vous dépensez pour votre vin. Boire avec sa tête, c’est aussi penser à soi. Trouver des manières de mieux boire, avec le même budget vin, même si ça implique d’en acheter moins. Boire moins, boire mieux.

Il n’y a pas de magie. Intéressez-vous, continuez à lire, à poser des questions et tirez vos apprentissages des réponses qu’on vous donne. Les choix qui seront bons pour vous finiront par émerger au-dessus de la mêlée, tout naturellement.

Le petit vin de la coop…

Sur le blog de la SAQ, on parle récemment des vins produits par des coopératives de producteurs, qui sont souvent dénigrés par les amateurs. Plusieurs coopératives ont une historique de privilégier les rendements plutôt que la qualité dans le choix de ses raisins. Toutefois, cette impression est en train de changer, car certaines coop ont raffiné avec un souci du détail plus important de manière à conserver les caractéristiques du terroir même si les raisins proviennent de plusieurs producteurs différents.

Ma coopérative préférée est sans contredit les Produttori del Barbaresco. Provenant du nord-ouest de l’Italie, le Barbaresco se tient habituellement dans l’ombre de son grand frère Barolo. Les deux régions produisent des vins à base de nebbiolo, selon des techniques similaires, avec une différence au niveau du terroir dans lequel poussent les vignes. Situé près de la rivière Tanaro, le Barbaresco est généralement reconnu pour produire des vins un peu plus approchables en jeunesse que ceux produits 15 km plus au sud…

Produttori del Barbaresco - Langhe Nebbiolo
Produttori del Barbaresco – Langhe Nebbiolo

Les Produttori produisent à chaque année environ 420 000 bouteilles, provenant uniquement de nebbiolo. Ils divisent leur offre en trois gammes: le Langhe Nebbiolo, provenant de jeunes vignes, le Barbaresco DOCG, un assemblage des diverses parcelles et une variété de cuvées parcellaires, produites dans les meilleures années.

Présentement disponible à la SAQ pour la modique somme de 22.15$, le Langhe Nebbiolo est une merveilleuse introduction au style de vin produit dans le Piedmont, sans avoir à dépenser une fortune. Un nez typique de roses et de goudron, des tannins fermes et structurés (mais pas nécessairement agressifs, puisque les vignes sont jeunes) et des notes de cerise et de réglisse en finale. Vous vous en douterez, on doit aimer le vin qui ne goûte pas que les sempiternels petits fruits rouges… Le 2008 est le meilleur vin de 22$ que j’ai goûté, alors que le 2009 vient tout juste de prendre domicile dans la cave.

Le Barbaresco DOCG 2006 a recueilli tous les fruits provenant des vignobles habituellement vinifiés indépendamment et une bouteille ouverte cet été par l’ami Rémy Charest m’a convaincu de laisser dormir encore mes bouteilles pour un peu plus longtemps. Par contre, je ne dis pas que je ne me laisserai pas tenter lorsque j’aurai un viande de qualité à griller sur le BBQ…

Sottimano Maté 2008

Sottimano Maté 2008
Sottimano Maté 2008

L’été dernier, lors de notre voyage en Italie, nous avons eu la chance d’avoir été reçus chez Andrea Sottimano, à Neive. En préparation à notre visite, j’ai été intrigué par un phrase dans l’article de la revue Cellier consacrée à ce producteur. Sa mère, qui s’occupe des finances de l’entreprise (tout est très familial dans le Piedmont), ne comprenait pas pourquoi son père et lui s’entêtaient à conserver un hectare de brachetto, qui ne produit et ne rapporte presque rien.

Issu d’une production presque confidentielle, à peine 3800 bouteilles et très peu distribué, le Maté 2008 est fait à partir de ces vieilles vignes de brachetto situées près de Treiso. Normalement, le brachetto est vinifié afin de donner un vin frizzante, donc légèrement effervescent, un peu à la manière du Lambrusco produit en Émilie-Romagne. Dans ce cas-ci, le brachetto est plutôt vinifié afin de donner un vin tranquille, ce qui fait du Maté de Sottimano un vin plutôt unique.

Servi à l’aveugle, il a su confondre un palais bien expériementé. À l’oeil, sa pâle coloration pourrait le faire passer incognito dans une vague de pinots. Toutefois, le nez vient contredire cette première impression. On y retrouve un vin très expressif, floral et épicé, le fruit restant bien en retrait. Tout à fait atypique, il fait alors penser à un croisement entre de la syrah et du gamay. La bouche suit, avec l’acidité typique aux vins italiens et toujours dominée par les épices. Il est très digeste, avec un faible pourcentage d’alcool (12,5%), des tannins soyeux et une finale légèrement salée. Délicieux et un peu déroutant.

Somme toutes, il s’agit d’un vin que l’on aime servir à l’aveugle afin de surprendre ses invités ou d’étendre ses propres expériences de dégustation. On n’a pas souvent l’occasion de rencontrer l’expression d’un terroir aussi particulier et c’est une expérience qu’on ne devrait pas manquer.

Grazie mille Andrea. È la prima dei miei tre bottiglie della cantina, sono impaziente d’aprire le altre due!

Les vins d’Andrea Sottimano: la passion du terroir

À notre arrivée au vignoble Sottimano, j’étais nerveux. Il s’agissait de notre première visite chez un producteur du Barbaresco de notre voyage, et on commençait par la visite que j’anticipais le plus. Dans les courriels que nous avions échangés, grâce au contact fait par André Papineau de chez Vinealis, Andrea Sottimano m’avait paru tout à fait sympathique. Pourtant… j’étais nerveux dans l’auto…!

Pour cause… Voici ce qu’en disait le guide Gambero Rosso, dans leur édition de 2007 à propos de la maison Sottimano.

“A visit to the Sottimano estate on the border of the municipalities of Neive and Barbaresco, and a chat with young Andrea and his father, Rino, reveal the clear-headedness, care, research and enthusiasm that they bring to their work in the vineyard and cellar. They have 14 hectares planted to vine that they run with the help of the rest of the family. But proof of the Sottimano pudding is in our tatstings… The wines presented were excellent and revealed a technical expertise based on skilful use of small barrels and examplary stylistic precision and cleanliness.”

Heureusement cette nervosité a vite disparu en pénétrant dans le vignoble familial, où nous avons été accueillis par la soeur d’Andrea, preuve que le vignoble est une entreprise bien familiale. Les vendanges, s’étirant sur une vingtaine de jours, sont ainsi complétées avec moins d’une dizaine de personnes, plus de la moitié étant des membres de la famille!

Nous avons ensuite été entraînés dans la cave et dans les chais par Andrea, le vigneron et meneur de cette entreprise familiale, sous la maison sise à Cotta’. “Mon père a acheté la maison pour la cave uniquement. Des voûtes comme ça, ça n’a pas de prix!” nous confie-t-il dans un joyeux mélange de français et d’italien. Les voûtes sont en effet idéales pour le vieillissement du vin, avec une température stable, mais surtout une humidité très importante.

Vieilles bouteilles de 1975 en garde chez Sottimano, réserve personnelle d'Andrea pour les belles occasions.
Vieilles bouteilles de 1975 en garde chez Sottimano.

Sous les voûtes sont alignés les barriques contenant les vendanges précédentes, qui vieillissent tranquillement. Les barriques sont fabriquées par la maison bourguignonne François Frères, qui approvisionne aussi les grands domaines de la Bourgogne. Seulement 25% de barriques neuves sont utilisées dans l’élevage (et elles sont réutilisées jusqu’à 4 passages), mais elles demeurent un aspect important du travail aux chais. En étroite collaboration avec les tonelliers, les vins sont goûtés et les compositions des barriques sont ajustées, car il n’existe pas une recette unique. “C’est comme un vêtement, il ne va pas de la même manière à tous”.

Tous les Barbarescos de la maison sont donc vinifiés de manière identique. La fermentation et la macération se fait pendant environ 18 jours, sans levures sélectionnées, après quoi le vin est vieilli en barriques pendant 18 à 20 mois. Aucun filtrage ni collage n’est effectué avant la mise en bouteilles.

Andrea Sottimano, en pleine explication. Photo: http://www.lafite.dk/
Andrea Sottimano, en pleine explication. Photo: http://www.lafite.dk/

La même philosophie prévaut dans les champs. Bien qu’ils ne soient pas certifiés bios, aucun pesticide ou engrais artificiel n’est utilisé et les maladies de la vigne sont traitées avec des produits “eco-friendly”. L’intervention de l’homme se veut minimale dans le but de garder le plus possible l’expression du terroir dans le vin.

En ce sens, le Piedmont et la Bourgogne se ressemblent beaucoup. Les deux régions travaillent en monocépage, avec un cépage ne donnant que très peu de coloration au vin (le nebbiolo en Italie et le pinot noir en France). Comme on a pu le constater dans notre dégustation, les deux régions misent aussi sur la finesse et l’élégance plutôt que la puissance. On a aussi pu constater les différences entre les terroirs, une autre chose chère à la fois aux Bourguignons et au Piedmontais.

La visite s’est ensuite poursuivie dans la salle de dégustation. Des 6 vins qui nous attendaient, les deux premiers sont disponibles à la SAQ. Les autres sont peuvent être commandés en importation privée via Le Maître de Chai, l’agence d’importation de Sottimano au Québec.

  • Le Dolcetto Bric del Salto 2008 m’est apparu tout sur le fruit, comme il se doit pour un bon dolcetto. C’est le seul des vins de la maison qui ne voit pas le bois au cours de son élevage, afin de préserver ce fruit au maximum. En bouche comme au nez, c’est frais et vivifiant et très bien fait. Le millésime 2007 s’est mérité un 90 du Wine Advocate et puisque j’ai goûté les deux lors du voyage, je peux affirmer que j’ai préféré la version 2008, à cause du fruit qui est encore plus présent. [rating:3.5/5]
  • Ensuite, le Barbera d’Alba Pairolero 2007. Élégant avec une belle minéralité, le vin présente le nez exhubérant qu’on retrouve dans des barberas bien faits. C’est un vin avec une belle structure tannique et une concentration de fruits mûrs importante. Le millésime 2006 s’était lui aussi mérité une note de 90 de la part du Wine Advocate. Un superbe barbera qui sera à son meilleur avec un beau plat de viande. [rating:3.5/5]

La dégustation se poursuit ensuite avec les barbarescos de la maison et avec les explications d’Andrea Sottimano, qui parle avec passion de ses terroirs en les pointant sur la carte. Puisque tous ces vins sont vinifiés de la même manière, on a donc dans notre verre uniquement la différence entre les différents vignobles de la maison.

  • Tout d’abord, on commence avec le Barbaresco Fausoni 2006, qui avait été ouvert l’avant-veille. Situé près du village de Neive, ce terroir présente une élégance et un bouquet typique du nord du Barbaresco. Les tannins sont fins et on a une belle longueur en bouche. [rating: 4/5]
  • Ensuite, on passe au Barbaresco Pajoré 2006, lui aussi ouvert l’avant-veille. En contraste avec le Fausoni, le Pajoré, situé plus au sud dans la commune de Treiso, est plus sérieux, plus droit et plus austère. En bouche, c’est soyeux et élégant et très bien fait. Il a beaucoup de potentiel et nécessitera un peu de temps pour livrer son plein potentiel. [rating:3.5/5]
  • On passe ensuite au Barbaresco Cotta’ 2006, vignoble situé dans le sud de la commune de Neive, attenant à la cantina. Beau mélange des terroirs de Fausoni et de Pajoré. On y retrouve les notes florales et la texture soyeuse du Fausoni et l’élégance et la finesse du Pajoré. Le millésime 2205 de vin s’est mérité la note maximale de “Tre Bicchieri” de la part de la bible des vins italiens, le Gambero Rosso. Pour ma part, il s’agit de mon préféré de la série des Barbarescos qui nous ont été servis et qui se mérite amplement les [rating:4.5/5] qu’on lui donne ici.
  • On termine avec le millésime 2001 du Fausoni, ouvert l’avant-veille. Bien qu’il ait perdu un peu de son ampleur au nez, la bouche est toujours aussi soyeuse et élégante. Compte tenu que ce vin de près de 8 ans est ouvert depuis deux jours et qu’il offre toujours aussi de plaisir montre sans aucun doute que les vins peuvent tenir la route encore un certain temps. [rating:4/5]

Ces moments passés en compagnie d’Andrea Sottimano resteront parmi les souvenirs les plus durables de notre voyage en Italie que j’espère me remémorer lors de l’ouverture des bouteilles que j’ai ramené à la maison.

Grazie mille, Andrea.

Résumé photographique de trois semaines en voyage à Barcelone et en Italie…

Une semaine depuis mon retour, j’ai eu un peu de temps pour relaxer et refaire le tour de nos photos de voyage. Je propose donc ici une synthèse photographique de mes trois dernières semaines, passées à Paris, Barcelone et en Italie. Il s’agit de bien beaux souvenirs…!

Paris
Deux jours à Paris, ça passe rapidement, surtout quand on est en bonne compagnie…! De notre marche dans le 2e arrondissement et dans le Marais, je retiens cette photo de Place de la Bastille.

Opéra de la Bastille
Opéra de la Bastille

Barcelone
Il y a tant de belles chose à Barcelone qu’il est difficile de faire un choix. Le Parc Güell, la Pedrera, la Sagrada Familia, el Born, les tapas chez Quimet & Quimet… Je retiens ici mes meilleures photos de la semaine à Barcelone.

Parc Güell
Parc Güell
Depuis la Pedrera
Depuis la Pedrera
Entrée à la Sagrada Familia
Entrée à la Sagrada Familia
Atelier des maquettistes - Sagrada Familia
Atelier des maquettistes - Sagrada Familia
Chez Quimet & Quimet
Chez Quimet & Quimet
Statue de Colomb au bout de Las Ramblas
Statue de Colomb au bout de Las Ramblas

Liguria et Piemonte
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